Bourrage de crâne belliciste
Aux cris de « à bas le totalitarisme russe ! », nos médias d’Etat « pluralistes » aux mains de la Macronie sont à l’unisson de nos médias privés « démocratiques » aux mains d’oligarques bien français comme Bolloré. Leur triste mission de classe est de chauffer à blanc jour après jour l’opinion publique méthodiquement désinformée et harcelée. Tout ce qui vient de l’armée de Kiev – et de ses « conseillers » occidentaux en « com » ? – est immédiatement répercuté sans distance ou presque, tous les démentis du camp d’en face sont à peine mentionnés et aussitôt moqués, l’affaire étant entendu d’avance et l’instruction se faisant exclusivement à charge. Pudeur absolue notamment sur les graves accointances de Kiev avec les nazis d’Azov qui viennent de se faire tailler en pièces à l’Est de l’Ukraine. Quant aux « débats » sur les plateaux télés, ils « opposent » si l’on peut dire, des partisans de l’outrance guerrière aux partisans de la guerre à outrance, tout quidam émettant un doute timide étant immédiatement traité en suppôt de Poutine ou en « idiot utile » du Kremlin.
Surtout, écartons vite tout commentateur démentant, sur la base des faits les plus patents, la version officielle stupide d’une guerre imprévisible déclenchée par un « fou » dans laquelle l’UE et l’OTAN n’auraient aucune responsabilité. Comme si, depuis 1991, et plus encore depuis le putsch de Maidan contre le président élu Ianoukovitch, ce n’était pas l’OTAN suivie par l’UE, qui n’avait pas cessé de s’étendre vers l’est en violant les promesses solennelles des Américains de ne pas déborder des frontières orientales de l’ex-RDA. Surtout, ne disons jamais que la Crimée a massivement voté pour son rattachement à la Russie et que les Républiques populaires dites « autoproclamées » du Donbass sont massivement soutenues par la population. Surtout ne rappelons pas aux téléspectateurs que les accords de Minsk garantis par Paris et Berlin n’ont jamais eu un commencement d’application par Kiev, sans cesse excité contre Moscou par les milices d’extrême droite, par les Etats-Unis et par les gouvernements boutefeux de Varsovie et des Etats baltes. Surtout ne parlons jamais, ou seulement pour le mettre en doute, du massacre continu de la population ouvrière et russophone du Donbass, que l’ex-président fasciste Porochenko voulait « faire vivre dans les caves », par l’armée de Kiev de 2014 à nos jours. Surtout ne signalons pas aux téléspectateurs que Condoleeza Rice et les Etats-Unis ont torpillé l’ambassade de Jacques Chirac tentant de neutraliser l’Ukraine pour éviter une guerre (cf. le numéro d’avril du Monde Diplo).
Des « Criminels de guerre » à géométrie variable…
Mais surtout, quel scandale que de voir tous ces petits « journalistes » propres sur eux et sur elles, et bien entendu « de gauche », se demander jour après jour après Biden « comment juger Poutine comme criminel de guerre », ou « comment destituer Poutine », eux qui n’ont jamais rien demandé d’analogue quand l’OTAN a bombardé 79 jours durant Belgrade sans mandat de l’ONU (avec l’aval du « socialiste » Jospin), quand l’alliance Paris-Londres-Washington excitée a détruit l’Etat libyen légal en créant le chaos dans tous l’Ouest africain, ou quand les Américains ont provoqué l’écroulement sanglant de l’Irak sur la base de mensonges d’Etat. Y avait-il alors des « débats » sur les plateaux TV pour demander que G.W. Bush et ses sbires (Colin Powell, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Dick Cheney, Condoleeza Rice…) soint jugés séance tenante comme le criminel qu’il est ? Y en-a-t-il eu qui demandèrent jamais naguère que Kissinger, l’homme qui a fomenté le renversement d’Allende avec Pinochet et qui, après Kennedy, Johnson, Nixon, a littéralement noyé le Vietnam sous le napalm, subissent un Nuremberg de l’impérialisme américain ? Où sont les plateaux TV pour exiger que les dirigeants israéliens successifs qui, aux dires d’Amnesty International, mènent une politique d’apartheid contre le peuple palestinien, subissent les sanctions internationales qu’ils méritent et se retrouvent eux aussi devant un tribunal international ? Et quid des dirigeants wahhabites saoudiens menant une guerre d’anéantissement au Yémen, où 16 millions de personnes souffrent de la famine ?!
Boutefeux exterministes et social-exterministes – Marxisme et kantisme alliés contre l’exterminisme
Mais on l’aura compris : l’objectif de ces étranges médias qui fomentent l’escalade aux cris de « vive la paix ! » et qui prônent le pluralisme chez les autres tout en l’étouffant ici, n’est nullement la recherche du vrai. Il est d’attiser le feu de manière irresponsable en taisant le fait majeur que voici ! quand bien même l’Etat bourgeois russe (dont nous ne nous portons pas garants vu la manière dont Poutine a originellement aidé Eltsine à abattre l’URSS et dont il ne cesse d’attaquer Lénine) serait à 100% responsable de cette guerre, c’est un fait établi que la Russie est la seconde puissance nucléaire au monde. Si par ex., une « zone d’exclusion aérienne » était créée sur l’Ukraine par l’OTAN, comme le demandent à cor et à cris une bande d’énergumènes travestis en « intellectuels », et que la chasse russe abatte alors un avion français ou américain, qui ne voit que ce serait la guerre continentale, puis transcontinentale et nucléaire, avec un danger potentiel d’anéantissement du genre humain, et d’extermination quasi certaine de notre pays, la France. Sans parler de cette Europe que nos « européistes » patentés ont une très bizarre façon d’aimer. Comme le disait le grand philosophe républicain Kant dans le « 6ème article préliminaire » de son Projet de paix perpétuelle : « une guerre d’extermination où la destruction peut atteindre les deux parties à la fois et en même temps la destruction de tout droit, ne laisserait s’établir la paix perpétuelle que dans le grand cimetière de l’espèce humaine. Par conséquent, une guerre de ce genre doit être absolument illicite ainsi que l’usage de tous les moyens qui l’entraînent« . Quant à ceux qui, au nom des « droits de l’homme », sont quasiment prêts à prendre le risque d’une guerre mondiale nucléaire, ce sont, je le répète, des hallucinés dangereux : car de quels « droits de l’homme » pourra-t-il être question quand il n’y aura plus d’être humain vivant sur Terre ? Et quelle étrange « écologie » de parade (militaire) MM. Jadot, Cohn-Bendit et Cie défendent-ils quand ils ne cessent d’attiser l’affrontement Est-Ouest au risque qu’une guerre nucléaire déclenche successivement de l' »hiver nucléaire » suivi de l’emballement définitif du climat. Avec en prime dans l’immédiat, le remplacement du gaz russe par… le gaz de schiste américain par la grande industrie européenne ?
BASES DE L’EXTERMINISME et CONTRADICTIONS IMPERIALISTES
Dès les années 1983-1985, l’auteur de ces lignes diffusait par des moyens artisanaux des analyses démontrant que « l’exterminisme est le stade suprême du capitalisme-impérialisme » : ce qui signifie que le système capitaliste, devenu historiquement obsolescent et « réactionnaire sur toute la ligne » (Lénine), qui plus est dominé par un impérialisme états-unien décadent et pris de vertige géopolitique, devenait de plus en plus incompatible à terme (et peut-être pas à si LONG terme que ça…) avec la survie de l’humanité. Certes, il existe encore des secteurs importants dans la grande bourgeoisie impérialiste, qui sont encore munis de freins mentaux face à de tels développements insensés. Déjà Lénine appelait la jeune URSS à traiter intelligemment avec ce qu’il appelait, non sans guillemets ironiques, la « bourgeoisie pacifiste ». Quant à Youri Andropov, il appelait dans les années 1980 à mettre en place un « Front de la raison » contre l’extermination de l’humanité afin d’isoler les faucons exterministes étatsuniens regroupés autour de Reagan. Mais une tendance objectivement exterministe existe aussi désormais de manière ouverte dans cette partie de la grande bourgeoisie oligarchique qui fait profession de n’avoir plus de limites morales ou mentales. Pour elle, il faudrait tenir bon « quoi qu’il en coûte » contre n’importe quel adversaire systémique du capitalisme-impérialisme-hégémonisme, en « brûlant ses vaisseaux » et en ignorant le frein et la marche arrière. Un peu comme dans ces jeux de dingues typiques d’un certain pays hyperviolent où deux bagnoles se lancent à fond et de loin l’une contre l’autre, le premier des deux pilotes qui freine ou qui dévie étant déclaré vaincu. Bien entendu ces courants sont encore minoritaires, sans quoi nous ne serions plus là pour écrire ce texte ou pour le lire. Bien entendu, si le capitalisme-impérialisme-hégémonisme peut surexploiter le monde sans venir à ces extrémités, il le préfèrera toujours car son but n’est pas la mort, sinon celle des autres, mais le surprofit, la menace de « seconde mort de l’humanité », comme disait le philosophe exterministe André Glucksmann dans les années 1980, étant un moyen pour maintenir à tout prix une domination condamnée par l’histoire. Mais de tels secteurs jusqu’au-boutistes sont déjà largement implantés dans les médias, qui plus est avec des relais non négligeables dans certains secteurs de la « gauche » atlantiste débordante de bonne conscience et de manichéisme fanatisé. La base matérielle de toute cette folie intrasystémique consiste en ceci qu’une bonne partie du grand capital opère de plus en plus d’une manière « hors sol ». Outre le « vieux » secteur militaro-industriel déjà dénoncé par Eisenhower parvenu en fin de mandat, il faut penser au secteur financier et, plus encore, à sa quintessence, le capital spéculatif, suivi par le secteur de la « com » et des médias, la fusion étant parfois flagrante entre marchands de missiles, spéculateurs internationaux et patrons de grands médias. Ces gens sont certes systémiquement liés, de manière parfois très indirecte, au secteur capitaliste productif et industriel, seule base réelle en définitive de la production de plus-value, mais bien plus que ces derniers, ils ont du « champ » par rapport aux réalités quotidiennes de la production, surtout dans nos métropoles capitalistes méthodiquement désindustrialisées. D’où certaines divisions inter-impérialistes ou intra-impérialistes patentes face aux Russes ; car si certains secteurs impérialistes prônent très ouvertement l’affrontement coûte que coûte avec la Russie, d’autres secteurs capitalistes, notamment ouest-européens, ne sont pas ravis de devoir quitter précipitamment le juteux marché russe (Total, Auchan…) ou d’avoir à se se priver du gazoduc North Stream indispensable à la grande industrie d’outre-Rhin (que le prétendument « endormi » Biden n’est pas moins soucieux que ne l’était Trump de percuter par la bande en ciblant la Russie)…
COURT-TERMISME EXTERMINISTE CONTRE LONG-TERMISME REVOLUTIONNAIRE
Une telle analyse n’est pas aussi pessimiste qu’on pourrait le croire. Pour l’immédiat, elle appelle à la plus large mobilisation anti-impérialiste et anti-exterministe sous les mots d’ordre « Paix, négociations, désescalade, MAINTENANT ! ». Dans la durée, il s’agit de construire un large font mondial pour la paix, contre toute forme de conflit pouvant mener à l’extermination nucléaire (ce sont les Etats-Unis qui, depuis les années 2000, se sont retirés unilatéralement de tous les accords signés avec l’URSS en matière de limitation des armements nucléaires et de forces conventionnelles). Non seulement la construction d’une telle alliance large n’affaiblirait pas le contenu de classe des luttes anticapitalistes, et encore moins l’idée juste que le socialisme est la seule garantie forte de la paix mondiale ; mais cela mettrait au contraire les partis communistes, les pays socialistes, le prolétariat, les forces progressistes, tous les syndicalistes capables de faire le lien entre la course aux armements et l’austérité, tous les patriotes français refusant de voir la France s’engloutir dans l’Empire euro-atlantique, en position centrale pour diriger les luttes humaines pour la paix en assumant la dimension anti-exterministe trop longtemps inaperçue du juste mot d’ordre de Fidel Castro : « le socialisme ou la mort, nous vaincrons ! ». Bref, « si tu veux la paix, travaille au socialisme », mais réciproquement, « si tu veux le socialisme, défends la paix » car le capitalisme-impérialisme-exterminisme moderne ne supporte littéralement plus la paix, le progrès social et la démocratie.
D’autant que, si nous parvenons à empêcher ici et maintenant, les forces impérialistes-exterministes déchaînées de déclencher la conflagration nucléaire Est-Ouest, ne doutons pas que :
- le déclin structurel de l’Oncle Sam, déjà annoncé par notre camarade Henri Alleg dans les années 1980 (cf son livre prémonitoire « Requiem pour l’Oncle Sam »), ne pourra que se poursuivre ;
- l’entente informelle des B.R.I.C.S. – ces cinq pays qui regroupent la presque majorité de l’humanité (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) – ne pourra que monter en puissance ;
- dans ces pays, les partis communistes sont puissants (200 millions de grévistes la semaine dernière en Inde avec les communistes à leur tête, et pas des communistes décaféinés mais des léninistes arborant faucille et marteau !), ou ne demandent qu’à le redevenir ;
- en Amérique latine, les peuples assiégés par Washington (Cuba, Venezuela, Bolivie, Nicaragua, voire Mexique, Pérou, etc.), n’ont pas cédé aux « sanctions », aux tentatives de subversion internes et aux blocus ;
- en Afrique, le néocolonialisme français (que nous ne confondons nullement avec le peuple français, faut-il le dire) est sur le recul, fût-ce sur des bases confuses, voire très préoccupantes (junte malienne persécutant les communistes du parti SADI), tandis qu’au Burkina Faso, les assassins de Sankara viennent, et il faut s’en féliciter, d’être condamnés par contumace à la perpétuité…
Et à l’échelle mondiale, la pandémie du covid a prouvé au monde entier que les pays socialistes ou de tradition socialiste s’en sortaient mieux médicalement que ne l’ont fait les pays-phares de l’impérialisme euro-atlantiste, notamment de son noyau dur anglo-saxon (Etats-Unis de Trump et Angleterre de Johnson) ; ne parlons pas du gouvernement ultralibéral australien qui a récemment regardé brûler son pays en restant les bras ballants, tels Néron contemplant Rome en feu…
CAPITALISME-IMPERIALISME- HEGEMONISME OU BIEN SOCIALISME-COMMUNISME DE NOUVELLE GENERATION?
Plus que jamais, l’avenir est au socialisme-communisme de nouvelle génération, d’autant qu’en Russie, le PC est redevenu la principale alternative à Poutine, et non pas Nawalny. Plus que jamais les peuples, y compris dans les ex-pays socialistes européens où le communisme est persécuté, constatent que le véritable Munich de l’époque moderne a eu lieu quand Gorbatchev, soumis à la pression de l’exterminisme occidental (« plutôt morts que rouges ») et des fusées Pershing, a validé le désastreux troc contre-révolutionnaire « l’abandon du socialisme contre la paix ». Ce Munichois des temps modernes n’aura obtenu en contrepartie de sa veulerie sans égal que la contre-révolution assortie du démantèlement de l’URSS, de la fin du camp socialiste… et de la pression accrue sur la Russie de l’impérialisme états-unien. Avec en prime, l’actuelle remontée du militarisme allemand car l’armée allemande pourrait bien redevenir la première d’Europe vu les budgets d’armement récemment votés sur demande de Scholz. Lequel impérialisme se permet de fustiger le « génocide russe en Ukraine », ce qui ne manque pas de culot quand on sait ce que la Wehrmacht et son ami antisémite ukrainien Stepan Bandera ont commis en matière d’atrocités géantes dans ce pays à l’encontre des juifs, des communistes ukrainiens et des populations loyales à l’URSS.