Le temps de l’euphorie (relative) est passé pour les partis de la « gauche » établie. Si les médias aux ordres ne cessent, depuis le premier jour, de guetter le moindre faux pas de la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale » (NUPES), résultat de compromis(sions) électoralistes, et d’alimenter la traditionnelle haine de classe contre la « gauche radicale » (sic), force est de constater que la belle « unité » affichée avec enthousiasme au printemps dernier, au point de parfois déboucher sur des scènes pathétiques – à l’image de la « romance » entre Jean-Luc Mélenchon et Olivier Faure en mai dernier[i] –, se heurte à la réalité des divergences politiques, idéologiques et stratégiques passées sous silence par les principaux acteurs à l’origine de la NUPES. Seulement voilà : ce n’est pas en cachant la poussière sous le tapis qu’une alliance composée de bric et de broc peut tenir dans le temps, surtout lorsque l’on refuse de nettoyer sa maison. Autant d’éléments favorables à une expression de plus en plus prononcée des divergences internes au sein de la NUPES.
La « NUPES », ou l’abandon de la France insoumise de 2017
Qu’il fût troublant de voir Jean-Luc Mélenchon tout guilleret le soir du premier tour de l’élection présidentielle, tout heureux de son bon résultat arithmétique, alors que le scénario de cauchemar à propos duquel ne cessait d’alerter le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) depuis des années se reproduisait, à savoir un faux « duel » et vrai duo Macron-Le Pen au second tour ; la suite était connue d’avance… Troublant quand on songe qu’une nouvelle fois, l’ordre euro-atlantique parvenait à caser l’un de ses poulains à la tête du pays afin de poursuivre « l’œuvre de destruction » de la République une et indivisible, de la souveraineté populaire, de l’indépendance nationale, de la langue française, des conquêtes sociales, des services publics, du produire en France et des libertés démocratiques. Un trouble confirmé par le choix schizophrénique qui s’en est suivi pour les législatives : celui de s’allier au Parti dit « socialiste » et aux faux écologistes d’EELV, sans oublier le Parti « communiste » français (PCF) auréolé d’une nouvelle déculottée électorale, Fabien Roussel terminant même derrière Jean Lassalle. Choix d’autant plus schizophrénique alors qu’au même moment, les partisans de Mélenchon multipliaient les accusations à l’encontre des électeurs de gauche n’ayant pas « voté utile » en faveur de leur poulain – ces accusations visant toutefois surtout Fabien Roussel, réhabilitant même par moments un anticommunisme primaire.
Qu’à cela ne tienne : l’alliance était conclue dans une euphorie que les protagonistes se plaisaient à comparer à la dynamique électorale du Front populaire au printemps 1936 ; et qu’importe si ce dernier se voulait beaucoup plus ambitieux sur le plan politique et social, sans avoir à affronter la maléfique Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) qui a détruit la souveraineté économique et monétaire du pays. Oubliées toutes les divergences profondes sur l’OTAN, sur l’Union européenne (UE), sur la destruction du Code du travail, etc. C’est à se demander si dans le fond, il y a réellement eu des divergences profondes entre les « Insoumis » et leurs nouveaux alliés, notamment sur l’UE et l’OTAN : à écouter Manon Aubry, Manuel Bompard ou Clémentine Autain, le doute est plus que permis… Et la tonalité d’ensemble était donnée par Olivier Faure le soir du premier tour de l’élection législative : répondant aux attaques des « journalistes » haineux des médias aux ordres et de la droite réactionnaire et fascisante accusant la NUPES d’être une « gauche radicale » voire même « islamo-gauchiste » (il est vrai qu’en centrant le « combat pour les libertés » sur l’autorisation du burkini dans les piscines municipales de Grenoble, Eric Piolle tendait bien le bâton pour que la NUPES se fasse battre…), le Premier secrétaire du PS jurait ses grands dieux que jamais la NUPES ne sortirait de l’euro, ni de l’UE (cela, on le savait déjà), ni même de l’OTAN. Fantastique capitulation en rase campagne de la part des états-majors de la « France insoumise » et du PCF qui, depuis l’intervention russe en Ukraine où la guerre sévit depuis février 2014, ont subitement abandonné l’ambition de sortir l’OTAN ou n’en pipent mot : « ce n’est pas le moment » selon Fabien Roussel, désignant Vladimir Poutine comme l’ennemi sans s’émouvoir de la prolifération des néo-nazis ukrainiens depuis plusieurs décennies en Ukraine, ni s’inquiéter d’une nouvelle offensive de l’OTAN…
Jean-Luc Mélenchon pris au piège de l’alliance « à tout prix »
Les divergences ne pouvaient cependant rester invisibles longtemps, encore plus après le résultat des élections législatives qui consacrèrent la spectaculaire et désastreuse ascension du prétendu « Rassemblement national », voyant son nombre de députés passer de 8 à 89 et devenant ainsi le premier parti d’opposition à la Macronie sévèrement désavouée. Pourtant, les lieutenants de la NUPES ne voulaient retenir que le succès relatif de leur stratégie débouchant sur l’obtention de 156 sièges de députés ; et qu’importe si, au-delà du score alarmant du RN, l’abstention culminait à 54%, délégitimant toujours plus l’ordre euro-atlantique et ses satellites, mais aussi les fausses « oppositions » RN-LR-PS-EELV et, de plus en plus, le PCF et la FI. Il fallait acclamer le « succès » électoral(iste) effaçant le traumatisme des législatives en 2017 : au soir du second tour des législatives, Mélenchon pointait à raison l’illégitimité des députés godillots de LREM alors que l’abstention atteignait le score historique de 57% ; mais en 2022, « curieusement », cette critique a subitement disparu… Car ayant refusé d’être de nouveau député, Mélenchon, qui vient d’annoncer qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle en 2027 (comme si cela intéressait les travailleurs confrontés à l’inflation galopante…), est propulsé au statut de tête d’affiche tribunicienne de la NUPES, le « père protecteur » devant assurer la solidité et l’unité du bel attelage résultant de la stratégie Autain du « big bang de la gauche radicale » (sic), visant à rassembler les « insoumis, communistes, anticapitalistes, socialistes et écologistes décidés à rompre avec le néolibéralisme »[ii].
Mais il est bien connu que l’ingratitude succède souvent aux remerciements. Et après que Mélenchon a réussi l’exploit de ressusciter le cadavre en décomposition du PS (humilié via la mairesse de Paris, Anne Hidalgo, à la présidentielle) et de donner un nouvel élan à EELV, voici que ces deux partis girondinistes, européistes, atlantistes, anticommunistes et franchement capitalistes, attaquent dès qu’ils peuvent celui à qui ils doivent leur retour spectaculaire sur la scène politique. Historique et authentique parti « (anti-)social »-traître, le Parti dit « socialiste » s’est abstenu en juillet d’approuver la loi dite « pour le pouvoir d’achat » (le RN fascisant et les réactionnaires LR approuvaient de leur côté, sans surprise, le projet antisocial de la Macronie), quand les autres composantes de la NUPES votaient contre. C’est que les forces Macron-compatibles au sein du PS, ayant grandement contribué à l’arrivée au pouvoir de ce dernier en 2017, ne manquent pas encore aujourd’hui… Mais les plus grosses attaques proviennent des néo(anti-)« sociaux »-exterministes d’EELV, véritables croisés européistes et anticommunistes poussant à la confrontation nucléaire avec la Russie. Passons sur ce dernier point désormais bien connu et soulignons plutôt les vives réactions de Julien Bayou, pour qui la priorité du combat écologique passe par l’interdiction des piscines[iii]– les travailleurs ne pouvant partir en vacances et qui pourraient disposer d’une piscine personnelle apprécieront… – au sujet de la Chine populaire : début août, alors que Jean-Luc Mélenchon condamne à raison les nouvelles provocations des Etats-Unis par le biais de Nancy Pelosi venue saluer la « démocratie » taïwanaise lors d’un voyage officiel à Taïpei, le secrétaire national d’EELV dénonce le « cynisme » de Mélenchon et se pose en défenseur du « peuple taïwanais » en voyant dans l’attitude états-unienne une « soi-disant ‘provocation’ ». Mais comment pourrait-il en être autrement pour un euro-atlantiste illuminé hostile à « un comportement non-aligné. Mais c’est en 1955 en fait, la conférence de Bandung sur le non-alignement, en pleine Guerre froide. On en est très loin je crois » ?[iv] En effet, on est surtout tout proche de l’apocalypse nucléaire, comme n’a pas manqué récemment de le souligner le secrétaire général de l’ONU Antonio Gutierrez…
Fabien Roussel, moteur autophobe de l’anticommunisme
Si Jean-Luc Mélenchon ne pipe mot sur les basses attaques d’EELV qui semble disposer d’un totem d’immunité, ce n’est nullement le cas de Fabien Roussel. Déjà attaqué – en partie à raison – par des militants et sympathisants insoumis dès le soir du premier tour de l’élection présidentielle en étant accusé d’avoir fait perdre le chef de file de l’Union populaire par le biais de son misérable score[v], le secrétaire national du PCF est la cible quotidienne des saillies insoumises lorsque ce dernier émet des réserves critiques à l’égard de la NUPES. Cela a été le cas à l’occasion de son discours à la Fête de l’Humanité de septembre 2022, lorsque Fabien Roussel appelait à « parler autant aux Français des champs » qu’à ceux des villes. Si ce propos est au prime abord bienvenu, Roussel a, une nouvelle fois, réalisé une sortie « remarquée » lorsqu’il a déclaré prôner « une gauche du travail, et pas des allocs »[vi]. Adepte de « formules-choc » (les fameuses « punchlines » dont sont friands « journalistes » et réseaux « sociaux » anglomanes) nécessaires pour masquer son propos creux et vide, Fabien Roussel a encore donné le bâton pour se faire battre (cela, on s’en moque) et pour nourrir l’anticommunisme. Car ce qu’aurait dû préciser le secrétaire national du PCF pour « clarifier » son propos (mais en est-il seulement capable ?), c’est que sans allocations en régime capitaliste, il est impossible de vivre de son seul travail (quand ils en ont !) pour des millions de travailleurs qui, parce qu’ils n’ont pas le choix, se tournent alors vers les allocations. Dès lors, cela n’a aucun sens d’opposer travail et allocations, ces dernières (dont le montant est presque toujours inférieur à un revenu issu du travail, contrairement aux légendes véhiculées par le patronat et la droite réactionnaire) ne pouvant être mises de côté par des millions de famille dans le besoin vital. Est-ce cela qu’a voulu dire Fabien Roussel ? On ne le saura jamais.
En revanche, ce que l’on sait, c’est que Fabien Roussel est un adepte de l’autophobie servant de moteur à l’anticommunisme. Cela fait des années que le secrétaire national du PCF s’illustre, à l’image de sa première sortie médiatique à l’automne 2018 lui ayant permis de rendre hommage à Alexandre Soljenitsyne, « un écrivain qui a écrit de grands livres, qui a dénoncé le stalinisme, qui a quitté la Russie, qui a quitté l’URSS à l’époque », sur France Culture[vii]. Et voilà qu’après avoir célébré le réactionnaire atlantiste, Roussel se sent obligé de rendre un vibrant hommage à l’euro-liquidateur Gorbatchev, présenté comme un « homme de paix »[viii], puis à la reine d’Angleterre Elizabeth II qui a « tenu son rang »[ix] (y compris dans les combats contre la décolonisation et contre l’URSS…), sans piper mot du combat des travailleurs et des communistes britanniques pour instaurer la République. Mais la parade est trouvée à chaque fois : justifier ses propos alambiqués par la fameuse formule « on a mal compris ». Tout comme « on a mal compris » lorsque Fabien Roussel affirmait que Staline n’était pas un camarade pour lui et que l’histoire du PCF n’avait aucun rapport avec l’URSS ou la Chine populaire[x] – quoi de plus logique, cependant, pour un adepte de Gorbatchev… Tout comme « on a mal compris » lorsqu’il crachait sur les kolkhozes[xi] et qu’il assimilait le centralisme démocratique à Emmanuel Macron[xii] (sic). Tout comme « on a mal compris » quand il affirmait que « Joe Biden pourrait prendre sa carte au Parti communiste ».
Avec Fabien Roussel, il faut remonter à Robert Hue pour voir l’autophobie communiste atteindre de telles proportions, le poussant toujours plus dans une dérive réactionnaire célébrée par la presse bourgeoise comme « le communiste préféré de la droite » – titre peu flatteur attribué par le Figaro[xiii]. Autant de postures pseudo « identitaires » dissimulant en réalité une imposture pseudo « communiste » qui, n’ayant pas compris comment détruire la droite réactionnaire et fascisante, multiplie les sorties que cette dernière ne renierait en rien[xiv] : sur les sans-papiers, sur les policiers (dont une partie, clairement gagnée par les idées racistes et fascisantes, multiplie les violences à l’encontre d’une partie de la population), sur les « allocs », etc. Et comme lors de l’édition précédente lorsque Valérie Pécresse et Geoffroy Roux de Bézieux étaient venus parader[xv], la version 2022 de la Fête de l’Humanité n’aura pas dérogé à la règle de l’absurdité d’organiser des « débats » avec des invités fondamentalement anticommunistes ou véhiculant le discours dominant de l’ordre euro-atlantique. L’occasion a ainsi été donnée de voir Bertrand Badie, professeur à Sciences Po Paris, clamer que « la société ukrainienne est entrée en résistance » contre la Russie qui veut développer « un front anti-occidental » (reprenant ainsi le vocabulaire de l’extrême droite appelant depuis au moins les années 1920 à « défendre l’Occident » dans le cadre du « choc des civilisations » avec les « envahisseurs » : Russie, Chine, musulmans, Africains, « judéo-bolcheviques » …) ; et bien entendu, la brochette des « (anti-)sociaux-démocrates » d’EELV et du PS car il fallait bien, malgré tout, célébrer la NUPES, au point d’offrir un stand aux « nouveaux » alliés – « je n’ai jamais connu de stand PS à la fête de l’Humanité », a même relevé avec le sourire Olivier Faure[xvi].
François Ruffin, ou la critique (incomplète) de gauche de la NUPES
Mais plus que les sorties confus(ionnist)es de Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon n’a surtout pas goûté les propos de plus en plus critiques de François Ruffin sur la NUPES, visant clairement ce dernier en appelant à « arrêter les jérémiades »[xvii]. C’est que François Ruffin a (enfin ?) perçu le tournant euro-bobo pris depuis des années par l’état-major de la « France insoumise », sous la houlette de la triplette Aubry-Bompard-Autain tenante d’une ligne d’« union de la gauche » pour combattre le néolibéralisme, mais tout en restant dans le cadre mortifère de l’UEnion européenne et du bloc occidental : après tout, Aubry et Autain n’ont-elles pas paradé avec les drapeaux ukrainiens place de la République – quand Mélenchon, lui, appelait à pavoiser tous les bâtiments publics de France de drapeaux bleus et jaunes ? Ce dernier a tout de même le culot d’affirmer à se détracteurs que la NUPES, « c’est la victoire de la ligne stratégique décidée ensemble en 2012 et mise en commun en 2017 » : pas certain que le PCF l’ait perçu ainsi ; et certain que la NUPES est l’antithèse de la ligne de la France insoumise de 2017, lorsqu’était alors affirmée clairement la dialectique « l’UE, on la change ou on la quitte » qui, à défaut d’une clarté parfaite, avait du moins le mérite de soumettre au débat de masse l’idée d’un Frexit progressiste, raison pour laquelle le PRCF avait alors apporté au soutien critique au voté Mélenchon. Mais depuis, Mélenchon, sous l’impulsion de son entourage eurobéat, est rentré dans le rang, affirmant qu’il n’est pas « Frexiter » et appelant à « désobéir aux traités européens » ; une « désobéissance » assortie de conditions par ses « nouveaux » amis PS et EELV, de sorte qu’elle aura autant de chances de fonctionner que la « désobéissance » de Tsipras en Grèce en 2015 – et l’on voit aujourd’hui l’état des forces de gauche, hors KKE, et des travailleurs dans ce pays…
Tout cela, Ruffin semble le comprendre progressivement, surtout après le score alarmant obtenu par le prétendu « Rassemblement national » aux législatives : en effet, ce dernier a obtenu près de 2/3 des députés lors d’un duel face à la NUPES (bénéficiant, en partie, de l’appui de la Macronie et des LR), tandis que Marine Le Pen est arrivée en tête du premier tour de la présidentielle dans plus de 20.000 communes en France, avant tout des communes rurales et populaires. Dès lors Jean-Luc Mélenchon peut bien clamer que : « Nous sommes devenus le premier parti des chômeurs, précaires, jeunes de moins de 35 ans, des centres urbains, nous sommes le peuple des humiliés et opprimés », la réalité est bien différente. Le premier parti des chômeurs, précaires et jeunes de moins de 35 ans, c’est l’abstention, tandis que lorsqu’ils votent, les ouvriers privilégient encore le RN. Autant de données qui n’ont pas échappé à François Ruffin, certainement inquiet de voir se reconstituer une nouvelle « gauche plurielle » dont les travailleurs gardent – à raison – d’amers souvenirs, à l’image du record de privatisations établi par le gouvernement Jospin (auquel ont appartenu des dirigeants du PCF et Jean-Luc Mélenchon, alors ministre de l’enseignement professionnel). Et l’auteur notamment de Merci patron ! et J’veux du soleil (qui rapporte le combat des gilets jaunes dans ses premiers mois) de multiplier les mises en garde contre un abandon des classes populaires reléguées dans « la France périphérique » (quartiers difficiles de certaines banlieues ET moyennes et petites communes rurales). Pendant ce temps, refusant de voir la réalité, les dirigeants de la France de moins en moins « insoumise » s’auto-congratulent des 22% obtenus au premier tour de la présidentielle, tout en niant la réalité de l’abstention et le choix du « vote utile » réel – plus que l’adhésion à un catalogue de mesures – pour un certain nombre d’électeurs le 24 avril 2022.
Cependant, François Ruffin ne va pas au bout de sa logique, qu’il a pourtant exprimée dès le 30 juin 2022 sur France Inter. Ayant déjà pris ses distances depuis plusieurs mois avec l’orientation prise par la « France insoumise » (en dépit de quelques apparitions publiques pour assurer le service après-vente), celui qui fut l’une des têtes d’affiche majeures de la campagne de 2017 multiplie depuis les mises en garde contre la « mondialisation néolibérale » (en réalité, capitaliste), contre « l’UE néolibérale » (ou plutôt : du Capital), etc., mais sans préciser qu’il est IMPOSSIBLE de changer quoi que ce soit en faveur des travailleurs en restant dans ce cadre totalitaire qui prescrit à tous les Etats affiliés à l’UE de s’inscrire dans une « économie de marché où la concurrence est libre et non faussée », ce qui prohibe a priori toute forme de politique socialiste, voire simplement socialisante. De même, François Ruffin aborde fort justement les sujets préoccupants les classes populaires, sans tomber dans le populisme antipopulaire à la Roussel en refusant, par exemple, d’« opposer ‘‘la France qui bosse’’ à ‘‘la France des allocs’’ » ; mais il prévient : « Cette fracture existe dans une partie des classes populaires : il ne faut pas y être sourd. Mais c’est pour la combattre. Que les gens dans les campagnes, dans les bourgs, dans les quartiers, ne se comparent plus à leur voisin, leur cousin, mais à ceux qui se gavent sur leur dos. »[xviii] « La combattre », certes ; mais avec quels MOYENS, quand le camp du Capital euro-atlantique contrôle TOUS les instruments de souveraineté monétaire, budgétaire et économique, mais aussi politique, militaire, médiatique et juridique ? A cette question, François Ruffin ne saurait y répondre pour l’heure, n’évoquant pas la nécessaire RUPTURE avec cet ordre farouchement hostile aux classes populaires.
La seule Alternative possible est Rouge ET Tricolore !
En somme, en quelques petits mois, la NUPES étale au grand jour ses divisions autour de trois orientations plus ou moins (in)cohérentes et condamnées à l’impuissance. La première est celle de la ligne majoritaire qu’incarne désormais Mélenchon, aux antipodes de la ligne « indépendantiste » de 2017 et qui accorde la part belle au PS, à EELV et à son entourage « euro-bobo » porteur d’une « union de la gauche » à visée électoraliste, combattant le néolibéralisme sans s’en donner les moyens et refusant d’avance le Frexit progressiste, le tout en privilégiant de plus en plus les questions sociétales au détriment du combat de classe dont la NUPES ne saurait être l’avant-garde – au contraire, au regard de sa logique interclassiste. La deuxième est celle de Roussel qui, convaincu que le « PCF is back » (en anglais, forcément, pour faire « djeun ») et d’être le porteur de « l’identité communiste », multiplie les déclarations l’entraînant toujours plus à droite, à la fois par son autophobie maintes fois avérée (de Soljenitsyne à Gorbatchev et Elizabeth II) et par sa propension croissante à parler comme l’extrême droite quand il tente d’évoquer une partie des sujets préoccupant les classes populaires abandonnées par les ressusciteurs de la « gauche plurielle ». La troisième est celle de Ruffin qui, sans tomber tout en ne tombant pas dans le populisme antipopulaire de bas étage de Roussel, a saisi l’écart croissant entre la NUPES de plus en plus en modérée et le camp du Capital toujours plus radicalisé, mais, comme Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon, sans se donner les moyens de ses ambitions alors que les travailleurs sont en demande de radicalité pratique – et non de promesses déjà éculées et sans avenir comme « l’Europe sociale ».
Le PRCF a, depuis des années, maintes fois alerté les états-majors de la « France insoumise » et du PCF[xix][ sur le danger d’une orientation euro-compatible se traduisant par une capitulation en rase campagne, y compris même au sujet de la sortie de l’OTAN que refusent le PS et EELV et que repoussent aux calendes grecques les états-majors du PCF et, de plus en plus, de la France « insoumise » – Mélenchon lui-même quand il souhaitait « être élu Premier ministre »[xx]. Et à l’heure où la colère populaire se traduit par un combat de classes réactivé au Royaume-Uni – du jamais-vu depuis la sinistre ère Thatcher ! –, en Tchéquie, en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Autriche[xxi], l’heure n’est pas aux compromis(sions) version NUPES conduisant à l’euro-trahison, mais à l’affrontement direct avec le camp du Capital et ses institutions, Troïka de malheur et OTAN en tête. Un combat nécessitant de reconstruire un vrai parti communiste, fidèle héritier du marxisme-léninisme (faut-il le rappeler, abandonné par le radié des statuts du PCF depuis 1979…), et d’en finir avec l’ordre euro-atlantique en rompant avec l’euro, l’UE, l’OTAN ET le capitalisme exterministe. Un combat que mène le PRCF renforcé par de plus en plus de jeunes travailleurs (y compris étrangers : italiens, grecs, allemands, etc.) qui ont parfaitement saisi les enjeux de notre temps. Un combat tourné vers les travailleurs, en appui avec les syndicalistes rouges combattant le mensonger « dialogue social » que tentent de promouvoir les tenants du « syndicalisme d’accompagnement », Laurent Berger en tête avec, hélas, la direction confédérale euro-ralliée de la CGT. Un combat nécessitant d’allier le drapeau rouge de l’internationalisme ouvrier et le drapeau tricolore de la souveraineté nationale et populaire, que les gilets jaunes ont remise au goût du jour dans les luttes.
Un combat dans lequel le PRCF est pleinement engagé et que tous les travailleurs ne voulant plus de l’ordre euro-atlantique menant à la guerre antisociale, à l’apocalypse nucléaire et à la possible extermination du genre humain, sont invités à rejoindre rapidement, avant qu’il soit trop tard.
[i] https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/entre-melenchon-et-faure-la-bromance-inattendue-de-la-nupes_198007.html
[ii] https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/lettre-ouverte-du-prcf-a-ladresse-de-la-france-insoumise/
[iii] https://www.lejdd.fr/Politique/piscines-privees-julien-bayou-tente-dattenuer-ses-propos-la-classe-politique-est-vent-debout-4129740
[iv] https://www.initiative-communiste.fr/articles/billet-rouge-2/la-tele-bourgeoise-commande-difficilement/
[v] https://www.youtube.com/watch?v=6khd1vMzS48
[vi] https://www.leparisien.fr/politique/a-la-fete-de-lhumanite-roussel-defend-la-gauche-du-travail-face-a-celle-des-allocs-09-09-2022-FALLGA3QSZHEJBPCSYYWJ7QMXM.php?xtor=AD-366
[vii] https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins/proletaires-gilets-jaunes-meme-combat-fabien-roussel-est-l-invite-des-matins-8994309
[viii] https://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/tandis-que-le-kprf-denonce-le-traitre-gorbatchev-roussel-le-celebre-larbre-mutant-se-reconnait-a-ses-fruits/
[ix] https://twitter.com/Fabien_Roussel/status/1567936232663011330
[x] https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/staline-camarade-ou-pas-roussel-explique-son-hesitation_193938.html
[xi] http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2021/04/entretien-de-marianne-avec-fabien-roussel-le-probleme-de-la-gauche-ce-n-est-pas-sa-division-c-est-sa-faiblesse.html
[xii] https://www.facebook.com/watch/?v=717797295592970&ref=sharing
[xiii] https://www.lefigaro.fr/vox/politique/fabien-roussel-le-candidat-communiste-prefere-de-la-droite-20220127
[xiv] https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/derives-droitieres-racoleuses-de-roussel-les-jeunes-communistes-des-jrcf-sadressent-a-leurs-camarades-de-luec-et-de-la-jc/
[xv] https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/de-la-lutte-finale-a-la-chute-finale-fabien-roussel-ou-le-defi-des-jours-heureux-au-service-de-lintouchable-construction-europeenne-du-capital/
[xvi] https://www.ladepeche.fr/2022/09/10/a-la-fete-de-lhuma-jean-luc-melenchon-defend-la-nupes-face-aux-reserves-de-fabien-roussel-et-francois-ruffin-10535422.php
[xvii] https://www.ladepeche.fr/2022/09/10/a-la-fete-de-lhuma-jean-luc-melenchon-defend-la-nupes-face-aux-reserves-de-fabien-roussel-et-francois-ruffin-10535422.php
[xviii] https://twitter.com/Francois_Ruffin/status/1568546856451379200
[xix] https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/presidentielles-2022-le-prcf-ecrit-a-au-camarade-fabien-roussel-et-au-citoyen-jean-luc-melenchon/
[xx] https://www.euractiv.fr/section/elections/news/pas-de-sortie-immediate-de-lotan-pour-jean-luc-melenchon-mais-un-vote-au-parlement/
[xxi] https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/solidarite-totale-du-prcf-avec-les-luttes-qui-se-developpent-en-europe-occidentale/