Par G. Gastaud, porte-parole du PRCF et marcheur franchement communiste du 23 septembre de Bastille à République
Un grand succès populaire qui relance la contestation des ordonnances Macron !
Malgré les attaques furieuses des uns et les bouderies pseudo-puristes des autres, malgré les tentatives très… politiques, d’opposer la résistance syndicale à la résistance politique à ce que J.-L. Mélenchon qualifie fort justement de « coup d’Etat social », la Marche du 23 septembre proposée par la France insoumise et soutenue sur leurs propres bases par d’autres mouvements intervenant sous leurs propres bases (dont le PRCF), malgré le ralliement opportuniste effectué in extremis par des dirigeants qui ont fini par prendre le train en marche (faute de pouvoir le faire dérailler), a été un grand succès populaire. Il était en particulier fort appréciable de voir s’opérer de toutes parts la jonction stimulante du drapeau rouge et du drapeau tricolore. Cette jonction, qui a accompagné les grandes victoires sociales et républicaines du peuple français au XXème siècle (notamment le Front populaire et les combats de la Libération) est en passe de devenir une quasi-évidence pour nombre de progressistes qui boudaient au départ l’alliance de la Marseillaise et de l’Internationale. Honneur aux militants du PRCF qui auront été bien seuls à tenir bon sur cette question hautement symbolique, donc hautement politique (la classe ouvrière au cœur de la nation républicaine !), durant de nombreuses années !
Alors que Macron avait cru mettre un point final à la contestation par sa signature « jupitérienne » des ordonnances, le 23 septembre a montré que notre peuple ne se soumet pas : il « résiste et signe » ; tout est donc ouvert, tenons ensemble le bras de fer !
Les tracts diffusés par le PRCF et ses dynamiques JRCF sont partis le 23 septembre « comme des petits pains » et de nombreux contacts fructueux ont été pris dans la manif, en particulier avec des jeunes très lucides et déterminés qui comprennent qu’une France Franchement Insoumise (FFI !) au capitalisme ne peut faire l’économie d’une rupture franche, nécessairement révolutionnaire, avec l’UE supranationale pilotée par Berlin. Car ce n’est pas tout de combattre le CETA et le TAFTA : la meilleure manière de ne pas y entrer, c’est de SORTIR de l’Union européenne en passe de se muer en Union transatlantique, comme y invite crûment le MEDEF.
Qui procède à des « amalgames » à propos de la « rue » ?
Nombre de commentateurs se comportant en aboyeurs du capital ont attaqué J.-L. Mélenchon sur son prétendu amalgame rhétorique entre Macron et Hitler.
En réalité, ce sont ces média-menteurs qui commettent l’amalgame que JLM n’a nullement fait, ce dernier se contentant de rappeler ce FAIT HISTORIQUE que « la rue », c’est-à-dire le peuple en mouvement, a bel et bien « dégagé » les rois (1792, 1830, 1848…), les fascistes (en 1934) et les nazis (et cela s’appelle, notamment, l’insurrection parisienne de 1944, sous la conduite de Rol-Tanguy et d’André Tollet !), alors que les institutions bourgeoises pactisaient farouchement avec les pires forces réactionnaires.
Les points forts du discours de JLM à « République » : manif nationale de combat, appel à la jeunesse…
Mais si les « commentateurs », y compris ceux de la fausse gauche (du type L’Obs) sont si agressifs envers JLM, c’est surtout parce qu’il a notamment, et reconnaissons-le fort brillamment :
- Renvoyé Macron à son arrogance de président mal élu s’appuyant sur des députés représentant 44% des électeurs (56% d’abstentions au second tour des législatives, sans oublier l’avalanche de bulletins blancs et nuls) ; non, Macron n’a aucune légitimité populaire pour mettre en place sa guerre-éclair, au seul service des oligarques du MEDEF et de l’UE, contre le code du Travail, les retraites, la Sécurité sociale, les statuts des fonctionnaires, les nationalisations, les conventions collectives et les autres grands acquis de 1936 et des ministres communistes de la Libération
- Pour gagner, il faut – comme Lénine l’a toujours conseillé (c’est nous, faut-il le dire, qui ajoutons cette idée) –, articuler et non opposer platement les luttes syndicales aux luttes politiques. Quand le pouvoir se comporte en « euro-diKtateur », quand il se moque de la contestation de masse, quand il refuse de vraies négociations (et non des « discussions » bidon dont se satisfait le pathétique Mailly…), quand des députés « en marche » expliquent froidement que le nombre de manifestants et de grévistes leur est d’avance indifférent ; bref quand le seul argument qui reste au « courageux » Macron, est, implicitement, « je suis le pouvoir, j’ai la police, les médias et l’armée et je vous briserai », quelle autre possibilité reste-t-il au peuple dont les droits sont broyés et les représentants humiliés que de contester le POUVOIR LUI-MEME en criant, comme le faisaient spontanément les participants au meeting du 23 : Macron dégage ! ou Macron démission ! ? C’est par exemple une bonne idée (et qui nous change de la nouvelle « main tendue » PERDANTE de P. Martinez à la CFDT…) que JLM a soumise publiquement à la direction CGT que de déferler tous ensemble sur les Champs-Elysées à l’occasion du vote final des ordonnances au Parlement, en faisant défiler les militants politiques derrière les syndicats dans une énorme manifestation nationale exigeant le retrait des textes scélérats. Car il ne faudra pas moins que l’appel unanime des militants du progrès social, syndicalistes et politiques, pour que « prennent » vraiment en bas la grève générale inter-pro et le blocage du profit capitaliste national (et s’il le faut, du profit capitaliste ouest-européen vu que la casse du droit du travail est orchestrée depuis Bruxelles) ! Camarades et citoyens qui lisez ceci, ON NE LES FERA PAS RECULER, ON NE CONTRE-ATTAQUERA PAS FORTEMENT A MOINS, et le PRCF qui, durant toute la lutte du printemps 2016 contre la Loi Travail, n’a cessé de réclamer dans ses tracts (150 000 diffusés aux manifs) la construction d’une manifestation nationale de combat » sous les slogans « grève générale ! » et « ils cassent nos acquis (variante : « notre pays »), bloquons leurs profits ! », ne peut que soutenir cette proposition sociopolitique offensive et audacieuse ;
- Enfin Mélenchon, qui a rappelé qu’à 16 ans on est assez « vieux » aujourd’hui pour devenir un exclu ou un exploité, a invité toute la jeunesse populaire, quartiers, lycées, universités, à « se mettre en mouvement » aux côtés des travailleurs. Car c’est bien la jeune génération que cible le coup d’Etat social contre l’« ordre public social » qui faisait primer jusqu’ici la loi sur les accords d’entreprises : gare au moins-disant social et à l’énorme baisse des salaires qui suivrait rapidement si les ordonnances Macron-MEDEF étaient appliquées prochainement !
Quelques critiques constructives
Cela signifie-t-il qu’il n’y ait aucune critique constructive à adresser à JLM sur son propos du 23 septembre ? Nullement. Même si les attaques contre l’UE antisociale et supranationale, contre le CETA, contre Merkel, ont été franches et directes, on peut regretter que la remise en cause de l’UE et de l’euro, cette monnaie faite austérité continentale, n’ait pas été au centre du discours final. On se souvient de la formule « l’UE, on la change ou on la quitte », qui figure sur les affiches de la FI et dont la mise en débat générale dans le mouvement populaire en lutte conduirait à s’interroger sérieusement sur le Frexit progressiste, et cela d’autant plus que désormais, les faux patriotes du FN tombent le masque de leur pseudo-« euroscepticisme » et qu’ils se rallient rapidement à la monnaie unique, c’est-à-dire au Deutsche Mark, sous la pression de la grande bourgeoisie. Si juste et courageux que soit l’éloge de la « rue », il ne deviendra pleinement effectif que si nous déclinons le mot « rue » comme un impératif (celui du verbe « ruer »), et surtout si nous en faisons un sigle fédérateur : « Résistons à l’Union européenne ! »…
De même, les références fortes de JLM à ce que Lénine appelait « la Grande Révolution » devraient-elles être complétées par des appels à mener jusqu’au bout le combat de classe contre l’exploitation capitaliste : sans cela, la référence et à la République sociale et la « même loi pour tous » restent largement incantatoires, contournées qu’elles sont en permanence par la classe bourgeoise. En réalité, comme le disait encore Lénine, « on ne peut avancer d’un pas en avant si l’on craint d’aller au socialisme ». Mais ces lacunes évidentes dans le discours de JLM, qui témoignent notamment de la pression qu’exerce sur la FI son aile petite-bourgeoise (type Ensemble…, dont la présence vise aussi à tirer le mouvement vers la droite, vers l’illusoire « euro-construction ») ne signifient en rien que les vrais communistes ou que les syndicalistes de classe devraient hautainement snober les actions de masse de la France insoumise, bien au contraire : « Qui craint le loup n’aille pas en forêt » disait encore Lénine** à l’adresse des « révolutionnaires purs et durs » qui boudent le mouvement « imparfait » des masses au lieu de dialoguer fraternellement avec lui pour le faire progresser sur la base de sa propre expérience. Certes, « la FI est la FI » et « JLM est JLM » : belle découverte, en vérité, pour des « marxistes » ! Mais au lieu de se retirer sur l’Aventin en recensant les « insuffisances » du réformisme de gauche***, quelle force auraient les militants franchement communistes si, comme le PRCF et quelques autres, ils intervenaient « tous ensemble et en même temps » dans ces cortèges imposants et fraternels du peuple en lutte (manifs des syndicats, de la FI, etc.) pour appeler, au rebours des Hamon, Laurent, Autain et Cie, non pas à construire « l’Europe sociale » – ce slogan dont Tsipras a déjà prouvé l’inanité – mais à construire une France Franchement Insoumise à l’UE supranationale, nationalisant les secteurs-clés de l’économie, développant les coopérations transcontinentales et mettant résolument le cap sur le socialisme, c’est-à-dire, soyons clairs, sur la révolution !
« Les contradictions sont la racine de toute vie et de tout mouvement » (Hegel).
Bref, les manques inévitables à ce stade de la FI – car comment un mouvement soutenu par 7 millions de personnes, dont nombre de citoyens vierges de toute expérience politique – ne comporterait-il pas des contradictions entre tendances prolétariennes (anti-UE et tendanciellement, révolutionnaires) et tendances petite-bourgeoises (euro-réformistes, donc susceptibles de se rallier les contre-réformes comme l’a fait Tsipras) ? C’est le contraire qui serait étonnant ! Alors, ne craignons pas les contradictions, agissons sur elles et par elles pour construire patiemment, non dans des combinaisons de cabinet, mais dans les luttes de masse, le Front Antifasciste, Patriotique, Populaire, Progressiste, Pacifique, Ecologique de l’euro-rupture révolutionnaire. Sans opposer ce Front progressiste à l’objectif vital de reconstruire le vrai PCF, allons aux masses en mouvement, allons aux entreprises, aux manifs syndicales et politiques, allons à la jeunesse des lycées, des facs et des quartiers en portant partout l’idée d’une manif nationale de combat anti-Macron pour appeler à la grève générale reconductible et inter-pro. Car l’identité communiste n’est qu’une chimère si elle ne se frotte pas directement, avec force et confiance, à la jeunesse et aux luttes réelles telles qu’elles sont, et surtout, telles qu’elles peuvent devenir si nous y travaillons ensemble !
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*Contrairement à Pierre Laurent, qui s’est longtemps dit communiste et qui évolue pourtant très à droite de la FI, sans parler de B. Hamon, JLM ne s’est jamais dit communiste et sa philosophie politique s’en tient au légalisme et au pacifisme : les chavistes aussi, au début, avant qu’ils ne fissent l’expérience du sabotage impérialiste contre le « processus bolivarien »…
**nous n’avons pas l’habitude de gaver le lecteur de citations, mais on nous pardonnera celles-ci en plein centenaire de la Révolution d’Octobre. Les réactionnaires du Point ne cessent de démontrer, par leurs attaques incendiaires contre – tout à la fois – Lénine et Robespierre, la Révolution russe et la Révolution française, qu’il faut les défendre ensemble contre les « Blancs » de tous les pays et de toutes les époques. Lire à ce sujet l’article sur le lien suivant : https://www.initiative-
***Que l’on sache, JLM ne s’est jamais dit communiste, il s’est dès longtemps affiché réformiste, et sa problématique s’en tient au légalisme et au pacifisme : les chavistes aussi, au début, pouvaient s’imaginer éluder la question de la riposte aux violences contre-révolutionnaires avant qu’ils ne fissent l’expérience du sabotage impérialiste…