Parlant devant les principaux gradés peu de temps après l’éviction très mal vécue de Pierre de Villiers, alors Chef d’état-major des armées, Macron s’est flatté de porter une forte augmentation des crédits militaires. Bien entendu, aucun officier ne se plaindra de bénéficier de moyens plus importants si ces derniers permettent d’améliorer la condition militaire, dont le livre de P. de Villiers montre l’inquiétante dégradation. Surtout si cette manne budgétaire sert réellement à défendre le territoire national et l’indépendance de notre pays, ce qui est la seule finalité légitime de l’institution militaire.
Hélas, la forte augmentation prévue va dans la direction opposée. Il s’agit d’abord d’abonder la poursuite des opérations en Afrique dont nous avons plusieurs fois montré la signification néocoloniale. De prolonger aussi les opérations inavouables engagées en Libye et au Proche-Orient alors que ces aventures, héritées de Sarkozy puis de Hollande, ont largement discrédité notre pays dans le monde arabe, attiré la foudre terroriste sur notre sol, secondé l’entreprise américaine de « Grand Moyen-Orient » (qui a provoqué des millions de morts suivies de migrations de masse). Et surtout, il faut se souvenir que la décision d’augmenter fortement les budgets militaires en Europe ne vient pas de Paris mais de… Washington. C’est Obama d’abord, puis Trump qui ont publiquement sommé les « partenaires européens » de l’OTAN de porter à marche forcée leurs budgets respectifs à 2, voire à 3% de leurs PIB. Des chiffres dictés de l’étranger qu’ont repris tels quels, soit dit en passant, les programmes présidentiels des Macron, Fillon, Le Pen, Dupont-Aignan et Hamon. Tant pis pour l’emploi productif en France, tant pis pour les services publics civils massivement désossés, tant pis pour le surcroît d’austérité sur les retraites, la Sécu, les maigres indemnités chômage, le SMIG et les autres salaires.
Et tout cela dans quel but ? Macron n’en fait pas mystère, il veut mettre en place la « défense européenne » dans le cadre de l’OTAN, c’est-à-dire en clair, offrir à Berlin sur un plateau la clé de la dissuasion nucléaire française… En attendant sans doute de céder gracieusement à l’Union européenne, donc, encore une fois, à Berlin, le siège dont dispose la France au Conseil de sécurité de l’ONU (ainsi ne verra-t-on plus de veto français à une invasion américaine tel que celui qu’avait utilisé Chirac en 2003 pour empêcher l’ONU de parrainer l’invasion US de l’Irak…) ?
Les militants du PRCF ne demanderaient pas mieux que d’abonder une défense authentiquement nationale telle qu’en aurait fortement besoin une France franchement insoumise à l’UE/OTAN, refusant la domination de l’Axe Washington-Berlin et s’approchant de ce que Jaurès décrivait jadis dans son livre L’armée nouvelle. Mais manifestement, ce n’est pas de cela qu’il est question. Dans les conditions actuelles, l’augmentation du budget militaire servira au contraire à liquider dans son principe même de la défense NATIONALE, à protéger, non pas la paix mondiale, mais la marche vers de nouvelles guerres impérialistes potentiellement mondiales (tournées notamment, contre les peuples russe, iranien, etc.) sous la férule de l’Oncle Sam et de l’Europe allemande, dont Macron est le zélé serviteur.
Les militaires, et plus généralement, tous les patriotes attachés à l’idée d’une « France libre, forte et heureuse », comme disait jadis le PCF, doivent donc refuser d’être dupes du cadeau budgétaire empoisonné que leur fait Macron : d’ailleurs, comment l’homme qui détruit à coups d’ordonnances le modèle social issu du CNR, qui préfère le tout-anglais à sa langue maternelle (cf dernièrement le « One Planet’s Summit » organisé par Macron à Paris …), qui brise le secteur industriel et les services publics d’Etat (Alsthom, STX, mais aussi EDF, SNCF, Hôpitaux, Equipement, autoroutes…) sur l’autel de l’euro-austérité et des délocalisations, pourrait-il servir la défense « nationale » ? La défense est indissociable de celle du PEUPLE, monde du travail en tête si bien qu’on ne peut pas maltraiter le monde du travail, qui forme la majorité écrasante du peuple, sans saborder la nation tout entière.
C’est donc en bloc, dans sa sinistre cohérence antisociale et antinationale, qu’il faut donc rejeter la politique de ce gouvernement, y compris dans ses dimensions militaire et diplomatique.