Germaine Moreau, résistante, communiste est disparue. Voici l’hommage prononcé par Pierre Pranchère au nom du PRCF à ses obsèques
Hommage de Pierre Pranchère, ancien résistant FTPF, ancien député national et européen, vice-président du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF)
Cher Alain, ta chère maman est partie, elle était une grande figure de la lutte antifasciste. Germaine avait 13 ans lorsqu’Hitler arriva au pouvoir en Allemagne par un coup d’État du parti nazi en 1933. Dans sa famille acquise aux idées communistes elle vivra le grand combat conduit par le Parti communiste pour la formation du Front populaire. L’objectif de la lutte était clair, il fallait battre Hitler qui avait qualifié la France d’ennemi mortel.
Le Front populaire s’imposa en 1936 mais si « les Croix de feu » étaient battues dans les urnes, les forces qui agitaient le slogan « plutôt Hitler que le Front populaire » finirent par l’emporter. Le honteux traité de Munich en septembre 1938 aboutit, le 10 juillet 1940, à Vichy à l’assassinat de la République par le félon Pétain, collaborateur de l’occupant nazi.
Cette tragédie se déroula dans un climat de calomnies ignobles et délirantes d’anticommunisme et d’antisoviétisme. Persécution des communistes après l’interdiction du Parti dès le début de la guerre, peine de mort pour activité communiste décrétée en avril 1940, massacres des communistes, juifs et francs-maçons, livrés comme otages en 1941-1942 par la police française à la gestapo.
Dans cette période héroïque, Germaine Moreau a été de tous les combats du chemin de l’honneur. Elle entra dans la clandestinité dès septembre 1939 avec son mari, Raymond Ridel, dirigeant communiste. Ils rejoignirent la Résistance communiste dès juillet 1940. Germaine frôla l’arrestation lors de la déportation, en 1942, de son mari dans les camps nazis où il décède. Intégrée dans les organismes de direction des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF), elle participa aux combats de l’insurrection-libération. Les décorations qui lui ont été attribuées en témoignent : Croix du Combattant Volontaire de la Résistance (CVR), Croix du Combattant de la guerre 1939-1945 et Chevalier de la Légion d’honneur, les attestations pour tous ces combats ont été délivrées et validées par le responsable Roussel, liquidateur de la Résistance des Francs-Tireurs et Partisans et du Front National (le vrai).
Ce qu’il faut retenir de cette période dramatique mais héroïque, c’est que la classe ouvrière et le peuple de France portèrent un jugement inscrit dans notre histoire avec leur reconnaissance des sacrifices consentis pour la libération de la France par les militants du Parti communiste, le parti des fusillés. Lors des premières élections législatives du 21 octobre 1945 un électeur sur quatre accorda sa confiance à ses candidats. Le Parti communiste devint alors le premier parti de France en voix et en députés.
Cette position aboutit, sous l’autorité du général de Gaulle, à la nomination de cinq ministres communistes qui réalisèrent les bases fondamentales du programme du Conseil National.
J’en garde un souvenir inoubliable. En Corrèze les candidats du PCF, Clément Chausson et Jean Goudoux, emprisonnés et déchus de la nationalité française par les munichois, furent élus triomphalement avec près de 40 % des suffrages exprimés, deux députés sur quatre en Corrèze étaient communistes. Cette situation se prolongea jusqu’en 1958.
Germaine Moreau était comme nous-mêmes convaincue de la nécessité de construire un nouveau programme du Conseil National de la Résistance seule issue à la crise épouvantable qui détruit notre Nation. Son engagement indéfectible aux principes fondamentaux du communisme et à ses symboles que sont la faucille et le marteau, l’a conduite voici plusieurs années à rejoindre le Pôle de renaissance Communiste en France.
C’est avec fierté que je lui rends ce dernier hommage et que je t’adresse, Cher Alain ainsi qu’à toute ta famille, les sincères condoléances de Georges Gastaud, secrétaire national, fils de résistant, de Léon Landini, héros de la Résistance FTP-MOI, président du Pôle, et les miennes profondément sincères.
Pierre Pranchère – Résistant FTP – vice président du PRCF