HALTE A L’USURPATION REACTIONNAIRE DES SYMBOLES OUVRIERS, PATRIOTIQUES ET ANTIFASCISTES !
Un appel d’anciens Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P.-M.O.I. et F.T.P.-F.) déterminés à défendre la mémoire du mouvement ouvrier, communiste et antifasciste contre les usurpations.
L’impudeur des anticommunistes est sans limites. Le Pen avait déjà usurpé au profit de l’extrême droite néo-vichyste, xénophobe, versaillaise et colonialiste, le nom glorieux du Front national, le regroupement unitaire créé par le PCF clandestin sous l’Occupation pour unifier la Résistance, combattre les nazis les armes à la main et baliser la route de ce qui deviendrait par la suite, sous la présidence de Jean Moulin et avec l’engagement total de Jacques Duclos, de Pierre Villon et du PCF tout entier, le Conseil National de la Résistance. Dernièrement, c’est l’aigre « philosophe » anticommuniste Michel Onfray qui a osé récupérer l’expression Front populaire, ce grand mouvement antifasciste unitaire des années 1934-37 dont les communistes français formaient l’aile marchante, pour nommer sa nouvelle revue confusionniste, anticommuniste et d’ultradroite. Voilà maintenant que Christophe Barbier, éditorialiste néolibéral, euro-atlantiste, anticommuniste, ne se contente plus de frimer sur les plateaux médiatiques en arborant une grande écharpe rouge dérobée à la symbolique du mouvement ouvrier : la toute nouvelle revue qu’il parraine prétend insolemment s’intituler Franc-Tireur.
Monsieur Barbier, nous qui, alors très jeunes, avons rejoint les Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’œuvre Immigrée (F.T.P.-M.O.I. directement placée sous les ordres du P.C.F. clandestin), ou bien les Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.-F.) placés sous l’autorité politique du Front national pour la liberté et l’indépendance de la France, nous qui avons alors risqué notre vie pour la souveraineté nationale et le progrès humain, comme tant d’autres camarades communistes et non communistes, ouvriers, paysans et intellectuels qui sont morts au combat ou qui ont succombé sous les tortures, nous vous dénions le droit moral de dévoyer la noble appellation de Franc-Tireur pour votre entreprise de dissolution néolibérale et antidémocratique de la France dans l’U.E. supranationale du grand capital arrimée à l’O.T.A.N. Cette « construction » européenne que vous adulez, M. Barbier, flirte avec des pouvoirs fascisants, voire carrément nostalgiques de Hitler, en Europe de l’Est et en Ukraine; cette même U.E. criminalise et cherche à interdire les partis communistes (cf la Résolution néo-maccarthyste du Parlement européen en date du 16 septembre 2018) et le pays de Stalingrad, qui joua pourtant « le rôle principal dans la libération des Français »* ; elle saccage les souverainetés nationales et les acquis sociaux; elle accompagne la marche de l’O.T.A.N. vers une guerre de revanche (un « conflit de haute intensité », dixit le général légionnaire Thierry Burckhardt, chef d’état-major des armées nommé récemment à ce poste par M. Macron) contre ce peuple russe auquel nous devons tant*; de la sorte, l’U.E. est antinomique des valeurs patriotiques, républicaines, antifascistes, internationalistes, progressistes, sociales et populaires qui trouvèrent leur aboutissement en 1945 dans l’indépendance française restaurée et dans les grandes réformes économiques et sociales portées par les ministres communistes d’alors, les Maurice Thorez (nationalisation des Houillères, statut du mineur, statut des fonctionnaires), Ambroise Croizat (Sécurité sociale, retraites par répartition, généralisation des conventions collectives, Code du travail protecteur, comités d’entreprise), Marcel Paul (nationalisation de l’énergie et statut des électriciens-gaziers), sans parler de l’œuvre reconstructrice du physicien communiste Frédéric Joliot-Curie, père du CEA et du nucléaire civil français, ou des travaux des scientifiques communistes Paul Langevin et Henri Wallon jetant les bases de principe d’une Education nationale de qualité pour tous. Bref, la « construction » européenne saccage méthodiquement toutes les avancées de la Libération que démolissent aujourd’hui, sous la férule de la Commission de Bruxelles pilotée par Berlin et supervisée par Washington, les sinistres politiques antidémocratiques appliquées par les gouvernements vassalisés de l’U.E. que servent Christophe Barbier et ses émules : démontage des services publics, délocalisation massive de nos industries, mise en extinction de l’agriculture paysanne et de la pêche artisanale, asphyxie budgétaire de l’hôpital et de l’école publique, report sans fin de l’âge de la retraite, austérité salariale, précarisation galopante du salariat. Sans parler des lois liberticides empilées par les Sarkozy, Hollande, Macron avant tout soucieux de mater les vrais résistants d’aujourd’hui: non pas les défenseurs de l’U.E. en écharpe écarlate, mais tous ceux qui luttent contre l’Europe supranationale capitaliste, sous les plis mêlés des drapeaux rouges et tricolores, aux côtés des syndicalistes de classe et des Gilets jaunes, ou qui travaillent à reconstruire dans notre pays une alternative patriotique et populaire inspirée du programme du C.N.R. intitulé Les Jours heureux.
Décidément, l’anticommunisme et l’antisoviétisme déchaînés n’y peuvent rien : le souvenir des grandes luttes menées par les Francs-Tireurs communistes, et des magnifiques avancées arrachées avec leur aide par le peuple travailleur de France, est encore si vif que les idéologues anticommunistes sont forcés de récupérer et de dévoyer les mots issus de la tradition ouvrière, antifasciste et communiste, pour tenter de nuire aux classes populaires et à l’indépendance de la nation.
Comme le disait La Rochefoucauld, « l’hypocrisie est l’hommage que le vice rend à la vertu« … Il n’en faut que protester plus vivement contre cette révision de l’histoire qui falsifie la mémoire pour mieux priver de leur héritage historique les Résistants passés, présents et futurs. Lesquels, tôt ou tard, referont de notre pays cette « France libre, forte, indépendante et heureuse » que les émules de M. Barbier n’ont cessé de piétiner depuis des décennies sous l’égide de la « construction » européenne.
*En voyage d’Etat à Moscou en 1944, le général de Gaulle y déclara : « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération« .
Signataires
Léon Landini, ancien officier des F.T.P.-M.O.I., grand Mutilé de Guerre, Médaille de la Résistance, Officier de la Légion d’honneur, Médaille de la Résistance décernée par l’Union soviétique, président de l’Amicale Carmagnole-Liberté des anciens F.T.P.-M.O.I. de Rhône-Alpes, président du Pôle de Renaissance Communiste en France
Pierre Pranchère, ancien maquisard corrézien des Francs-Tireurs et Partisans Français, Combattant Volontaire de la Résistance, ancien député de la nation, ancien membre du Comité central du Parti communiste français, vice-président du P.R.C.F.
Hermine Landini-Pulvermacher, ancien agent de liaison des F.T.P.-M.O.I., Chevalier de la Légion d’honneur, chevalier de l’Ordre national du Mérite, ancienne secrétaire générale du Groupe communiste à l’Assemblée nationale
Auxquels s’associent :
Jean-Pierre Hemmen, fils de Jean Hemmen, Brigadiste d’Espagne, membre de l’Internationale communiste, Fusillé au Mont-Valérien. Jean-Pierre Hemmen a lui-même été réprimé pour avoir refusé de porter l’uniforme sous les ordres du général Speidel, ancien officier nazi promu chef d’état-major de l’O.T.A.N.
Georges Gastaud, philosophe, fils de Résistant gaulliste, chevalier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance
Marie-Claire Camus, fille de Raymond Camus (décédé), ancien F.T.P.F. ayant combattu sous les ordres de Charles Tillon (alors chef de file national des F.T.P.) dans les Bouches-du-Rhône
Nathalie Sage-Pranchère, fille, petite-fille et nièce de Francs-Tireurs et Partisans Français
Gilda Guibert, agrégée d’histoire, fille de Franc-Tireur et Partisan de la Main-d’œuvre Immigrée, co-rédactrice de la revue Etincelles
Léon Pulvermacher, ancien interprète à l’O.N.U., Robert Haddad-Parfait, fonctionnaire retraité.