Un camarade nous a quitté, un communiste. Henri Martin, dont le nom reste encore inscrit depuis soixante ans sur les murs de quelques cités ouvrières : « libérez Henri Martin ».
Forgé par le grand Parti Communiste Français, celui du congrès de Tours, du Front Populaire, de la Résistance, il adhère au Parti à 16 ans en 1943, à 17 ans il combat l’occupant nazi dans les rangs des FTPF.
En 1945 il s’engage dans la Marine pour combattre les fascistes japonais en Indochine ; mais arrivé là bas il découvre la guerre coloniale. Il refuse de la faire et est renvoyé à Toulon. Bien que toujours sous l’uniforme, le jeune communiste Henri Martin dénonce la « sale guerre » et mène l’action anticolonialiste parmi les marins. Il est arrêté le 14 mars 1950 sous l’inculpation de sabotage et de démoralisation de l’armée et condamné à cinq ans de prison. L’opération allait en fait plus loin que la fabrication de tracts, c’était une provocation mettant en cause le Parti communiste français, accusé de sabotage,et permettant de le mettre hors la loi.
L’inculpation d’Henri Martin, donna en fait un nouvel élan à la lutte pour la paix en Indochine. La pression populaire imposa sa libération en juillet 1953.
Ensuite Henri Martin fut dirigeant des JC, membre du CC, directeur des Écoles du Parti.
Il fut dès le départ un opposant déterminé à la mutation réformiste du PC. Malgré les différences d’appréciation avec le PRCF sur les conditions de la Renaissance Communiste, nous nous sommes toujours retrouvés côte à côte contre les conséquences mortifères de la mutation. Ce fut le cas entre autres lors du Meeting de la Mutualité.
Nous n’entendrons plus la voix calme si caractéristique d’Henri, argumentant sur l’indispensable unité des communistes qui veulent le rester. Mais nous garderons à jamais le souvenir du grand militant communiste, ferme dans ses convictions, mais toujours modeste et humain.
Pour toute une génération en France et dans le monde, Henri fut le symbole de l’internationalisme prolétarien et de la lutte contre le colonialisme.
Nous sommes fiers d’avoir mené avec lui de nombreuses actions pour que renaisse un grand, un vrai Parti Communiste.
Henri, sois certain que ce jour viendra.
Aux tiens le PRCF adresse toutes ses condoléances fraternelles.
D’AUTRES SONT SEULS AU MONDE
« Un film réalisé par le Secours Populaire Français et les Comités de Défense Henri Martin. Réalisé grâce au concours et au dévouement de nombreux travailleurs, intellectuels, cinéastes ».
http://www.cinearchives.org/Catalogue-d-exploitation-494-193-0-0.html
Description de « l’affaire Henri Martin », portrait hagiographique du jeune marin emprisonné pour son opposition à la guerre d’Indochine, et évocation de l’énorme effort de propagande déclenché pour sa libération.
Après quelques vues de scènes et de paysages champêtres (moisson, vaches et moutons…) situant la jeunesse du quartier-maître et des plans du bagne de Melun où celui-ci est enfermé, une séquence fictionnelle (interprétée par la troupe des Pavés de Paris) reconstitue les moments-clés de son procès (en particulier l’aveu du quartier-maître Hemburger qui retire ses accusations de sabotage du Dixmude). La justification par Henri Martin (joué par Claude Martin) de son engagement permet une évocation de la seconde guerre mondiale (la trahison des dirigeants, les combats de la Résistance, les horreurs de la guerre, les persécutions antisémites, la libération des camps…).
Cette justification est aussi une introduction à une séquence documentaire -traumatique- sur la guerre d’Indochine (bombardement d’Haïphong par la flotte française, exode des populations civiles, napalm et flammes, barbarie coloniale…).
Après une séquence où l’on voit la famille de Henri Matin commenter les nouvelles qui lui sont adressées, la seconde partie du film est entièrement consacrée à la gigantesque bataille menée pour la libération du quartier-maître : prises de paroles dans les ports, les vignobles et les marchés, inscription à la craie et à la peinture de slogan exigeant sa libération (« Libérez Henri Martin », « Paix au Vietnam »), diffusion de tracts à la sortie des usines, lâchés de ballons, accrochages de banderoles, défilés avec pancartes, inaugurations de places et de rues Henri Martin, pétitions, ventes de brochures, prises de positions de personnalités artistiques et scientifiques (Frédéric Joliot-Curie, Roger Vailland, professeur Hadamard), représentation théâtrale des Pavés de Paris, contributions artistiques (bustes et toiles de Henri Martin par Fernand Léger, Pablo Picasso…), meeting des anciens résistants (à Bourges), débrayages dans les chantiers, les usines et les docks… Dans un port du sud de la France, le bateau d’un pécheur est baptisé du nom du marin emprisonné.
Parfois nommée « l’Affaire Dreyfus de la quatrième république », l’affaire Henri Martin révèle entre autres les capacités de mobilisation du Parti communiste français ainsi que son engagement contre la guerre d’Indochine.
Arrêté le 14 mars 1950, Henri Martin fut libéré le 2 aout 1953.
Interdit par la censure, D’autres sont seuls au monde fut saisi par le commissaire de Melun lors d’une projection militante en mars 1953.
Générique : « Un film réalisé par le Secours Populaire Français et les Comités de Défense Henri Martin. Réalisé grâce au concours et au dévouement de nombreux travailleurs, intellectuels, cinéastes.
Réalisation collective (dont Raymond Vogel et Claude Martin)
Poèmes de Paul Eluard et Louis Aragon
Acteurs : Claude Martin, et les acteurs de la troupe des Pavés de Paris
Opérateur : André Dumaître
Prises de vue : participation de Paula Neurisse
Responsable du service d’ordre sur le tournage : René Vautier
Intervenants : Maurice Thorez (sur l’Union Française).
Lieux et monuments : Rosières (monument aux morts), Bagne de Melun, Paris (Arc de Triomphe, HBM, rue de Varennes, rue Alphonse Kaar, Sorbonne), Bourges
Personnalités : Général Revers, famille de Henri Martin, Frédéric Joliot Curie, Roger Vailland, Professeur Hadamard
Lieux, personnes et événements cités : Toulon, 23 novembre 1946 (bombardement d’Haïphong), Zola.