22 juillet 2015
Jean Plazanet n’est plus. J’en éprouve une profonde émotion et le sentiment de perdre un ami, un camarade de toujours. J’ai présenté mes plus vives condoléances à Danielle et à sa famille.
Très jeune, Jean s’identifia à l’idéal du communisme, rejoignant, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le parti communiste français. Le parti des fusillés était devenu le premier parti de France et constituait le fer de lance de la mise en œuvre du programme du Conseil national de la Résistance, par l’action de ses ministres : Maurice Thorez, Ambroise Croizat, Marcel Paul, François Billoux et Charles Tillon.
Fidèles à cette œuvre, le 20 mars 2014 à Tarnac, à l’occasion d’une initiative de l’association Maquisarbres, Jean Plazanet et moi-même avons rappelé la nécessité de revenir d’urgence aux principes fondamentaux de ce programme des Jours Heureux, en sortant de la dictature de l’euro, de l’Union européenne et de l’OTAN.
Avant même de militer aux côtés de Jean, j’ai connu ses parents. En 1946, j’étais permanent à l’UJRF, issue des Jeunesses communistes. Les années de l’immédiate après-guerre ont correspondu à une attaque contre les communistes et la résistance des Francs-Tireurs et Partisans (FTP). En 1947, le socialiste Ramadier excluait les ministres communistes du gouvernement. La Troisième force (parti radical, MRP, parti socialiste) s’en prit aux résistants. En Corrèze, Henri Queuille fit poursuivre le président du syndicalisme paysan d’alors, Jean-Baptiste Champseix, ancien commandant FTP. La répression s’élargit jusqu’à la condamnation qui nous frappa, Louis Brondel, forte personnalité de Tarnac, d’autres camarades et moi, en 1950.
Si je rappelle ces faits, c’est qu’à l’époque, comme permanent à la fédération communiste, j’allais régulièrement à Tarnac chargé d’une singulière mission : « faire reprendre le maquis » à un camarade d’origine italienne, Francis Molinari, frappé par un arrêté d’expulsion. Commandant de la 239e compagnie FTP, il avait été héroïque le 7 juin 1944 à Tulle dans l’assaut et la prise de l’hôtel Moderne où siégeait l’état-major allemand. Molinari fut caché par les militants communistes de Tarnac, parmi lesquels les parents de Jean Plazanet. Grâce à leur aide, le gouvernement Queuille ne put expulser publiquement et par la force notre camarade, et nous lui avons fait franchir clandestinement la frontière.
J’ai vraiment milité avec Jean Plazanet à partir du milieu des années 1950. Il participa à l’école fédérale qui se tint chez Clément Chausson, alors député, au Peuch de Saint-Bonnet-Avalouze. Lors de notre rencontre en mars 2014 à Tarnac, Jean Plazanet me rappelait cette période et disait, lui, l’ancien appelé du contingent, combien les députés communistes lui semblaient avoir eu tort (j’avais été élu le 2 janvier 1956) de voter les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet, qui, au lieu de faire la paix, capitula devant les ultras à Alger et s’enfonça dans la guerre.
En 1964, Maurice Thorez tint son dernier meeting à Tulle après avoir visité la Haute-Corrèze. Il décéda quelques semaines plus tard en URSS. Lors de ses obsèques à Paris au Père Lachaise, le père de Jean Plazanet était présent et portait le drapeau rouge de la section de Tarnac, marqué de la faucille et du marteau. Jean aimait le rappeler. C’est ce drapeau rouge, si antinomique de la « mutation », qu’il portait le 9 août 2007 lors d’un rassemblement fraternel du Pôle de Renaissance Communiste en France à Saint-Priest-de-Gimel.
Nos relations ont toujours été marquées par cet esprit de fidélité aux principes du marxisme-léninisme, par l’attachement à la Révolution, comme lorsque Jean présidait aux journées de solidarité avec Cuba organisées à Tarnac, ou lorsqu’il appelait à la commémoration du 70e anniversaire de la victoire de Stalingrad. Je me souviens enfin de cette réunion en mai 2002 où nous avons décidé, avec Jean-Pierre Combe, avec l’appui de Léon Landini, héros de la Résistance FTP-MOI, président du PRCF, et de Georges Gastaud, fils de résistant, philosophe et secrétaire national du PRCF, de présenter la candidature (PRCF) de Jean Plazanet et de Fernand Chavastelon aux législatives de juin 2002.
Très cher Jean, nous poursuivrons cet indispensable combat qui a marqué nos vies entières.
Pierre Pranchère
Ancien résistant FTPF et COPA, ancien député de Tulle, député honoraire au Parlement européen, ancien secrétaire fédéral et membre du Comité central du PCF, vice-président du PRCF, président de la commission des relations internationales.