17 février 2017 – Par Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, et Antoine Manessis, responsable de l’action unitaire
De Menton à Boulogne-sur-Mer, du Jura au Finistère, de Tarbes à Paris en passant par Toulouse, Tulle ou St-Pierre-des-Corps, les militants du PRCF diffusent, principalement aux entreprises, le 4-pages national de leur organisation. Sa Une explique pourquoi, en toute indépendance, le PRCF apporte un soutien « critique, mais constructif et dynamique » à la candidature Mélenchon. Mais surtout, ce tract ciblé sur la classe ouvrière et le monde du travail explique pourquoi le Frexit progressiste, la sortie par la gauche de l’UE, de l’euro et de l’OTAN est nécessaire pour construire une France Franchement Insoumise (FFI) à l’euro-mondialisation capitaliste et pour mettre en place la République sociale, souveraine et fraternelle engagée dans la marche au socialisme.
En réalité, face à une campagne présidentielle délétère où le pire peut prendre plusieurs visages, de la fascisante « France en ordre » lepéniste à l’État policier cher au thatchérien Fillon en passant par l’ultra-atlantisme du banquier Macron, l’intervention franchement communiste la plus unie possible est une urgente nécessité.
En effet, s’agissant de la candidature Mélenchon, qui peut seule – malgré ses actuelles limites de classe – ouvrir un espace politique progressiste indispensable aux luttes, elle est aujourd’hui soumise à une tenaille politique qui a déjà des effets pernicieux et qu’il serait vain de prétendre ignorer :
- d’un côté, on trouve l’ex-ministre PS Hamon; entièrement acquis à l’UE, Hamon veut accélérer la dissolution de la France en mettant en place un gouvernement de la zone euro ; dévoyant l’héritage de Jean Jaurès dont il se réclame, il veut attribuer à l’OTAN (et/ou à la future « défense » européenne) 2% du PIB comme le réclament à la fois Clinton et Trump dans le cadre de la marche vers la guerre anti-russe. Malheureusement, la candidature B. Hamon a partiellement réussi à gauchir, sinon la politique du PS, du moins son image de marque et il convient de ne pas nier cette réalité ;
- L’autre mâchoire de l’étau est formée par l’appareil du PCF-PGE (pas seulement par la « direction » P. Laurent, qui mène déjà des discussions avec le PS : car nombre de cadres départementaux du PCF vont dans le même sens !) plus euro-formaté et socialo-dépendant que jamais ; cet appareil, qui depuis longtemps n’a plus de communiste que le nom, brandit l’ « union de la gauche » à tout prix pour éroder de droite la candidature Mélenchon (jugée trop anti-UE et anti-PS !), pour sauver l’allié stratégique PS d’une quatrième place déstabilisante et pour tenter de porter Hamon au second tour. A défaut de refonder la moindre alternative progressiste anti-UE, l’appareil PCF-PGE pourrait ainsi tenter d’obtenir du PS le sauvetage acrobatique des députés PCF. Quitte – donnant-donnant ? – à soutenir Valls, El Khomri, Le Drian, Touraine et Cie dans leurs circonscriptions respectives ? Et pourquoi pas, pendant qu’on y est, en appelant à reconduire les sortants de gauche dès le 1er tour (interpelé par le PRCF à ce sujet, le président du groupe PCF à l’Assemblée a choisi la non-réponse) ?
De son côté, J.-L. Mélenchon et la France insoumise prêtent le flanc à la manœuvre Laurent/Hamon d’érosion en annonçant « des candidats F.I. partout », y compris contre les députés PCF sortants. Or cela ne peut que cabrer légitimement à la fois les militants communistes et les « insoumis » unitaires de ces circonscriptions, sans parler de celles où un candidat PCF fut battu par le PS en 2012 et où une reconquête restait théoriquement possible. Pour notre part, nous sommes loin de tenir l’actuel groupe PCF au parlement – qui a voté l’état d’urgence liberticide – pour un vrai groupe communiste. Mais nous sommes solidaires des militants et des électeurs qui veulent préserver cet espace parlementaire potentiellement utile à la renaissance du vrai parti communiste qui manque cruellement à notre peuple. Pour autant, les militants du PCF doivent être conscients de ceci : il est de plus en plus contradictoire pour le PCF de poser au sauveur de l’espace « communiste » qu’il dit représenter tout en vidant cet espace de tout contenu tant soit peu communiste et anti-UE !
C’est pourquoi, tout en renouvelant notre soutien critique à la candidature Mélenchon – un soutien d’autant plus indispensable que cette candidature est attaquée sur des bases droitières par ces supplétifs de l’UE que sont Hamon et le PCF-PGE – le PRCF a adressé une Lettre ouverte à J.-L. M. pour l’appeler à durcir sa campagne contre l’UE et l’OTAN, à marquer davantage l’unité des thèmes sociaux et patriotiques (alliance du drapeau rouge et du drapeau tricolore, de la Marseillaise et de l’Internationale), à se recentrer sur le produire en France, les nationalisations, le progrès social. Sans cela il sera impossible à la classe ouvrière de faire la décision entre la candidature social-maastrichtienne de Hamon et la candidature J.-L. M., dont l’intérêt vital est d’ouvrir sans frilosité le débat sur le « Frexit progressiste ». C’est aussi le seul moyen de contrer sérieusement Le Pen, que la glauque affaire Fillon propulse sur l’avant-scène, et dont il est anormal que seule parmi les « présidentiables », elle ait condamné l’infâme slogan olympique affiché en anglais sur la Tour Eiffel. Non, il n’est pas « réactionnaire » de défendre sur des bases progressistes la France, sa langue et le produire en France ; et ce qui, au contraire, est honteux et réactionnaire, c’est que la gauche caviar, l’ « eurocommunisme » et l’ « extrême » gauche bobo aient si longtemps abandonné le patriotisme populaire, frère de l’internationalisme prolétarien, au « front national » fascisant et xénophobe !
Dans ces conditions, sur quoi et comment les militants franchement communistes doivent-ils intervenir ensemble, qu’ils soient ou non membres du PCF ?
- Doivent-ils gloser à l’infini sur le fait – belle découverte ! – que J.-L. M. est un réformiste de gauche (il le revendique !), qu’il n’a pas rompu avec l’illusion du mitterrandisme, et qu’en effet il ne faut pas attendre de lui qu’il sauve le PCF ni a fortiori qu’il se soucie de la renaissance du vrai parti communiste : c’est au contraire la tâche des communistes que de s’unir dans l’action pour reconstruire !). Si d’ailleurs des progressistes non communistes se réclamaient d’emblée de la révolution prolétarienne, quel besoin les communistes auraient-ils de construire un large Front antifasciste, patriotique, populaire et écologique pour isoler le grand capital et sortir de sa maléfique « construction » européenne ? En réalité, opposer le rassemblement antimonopoliste à la révolution socialiste est une dérobade politique qui vise, soit à substituer la « révolution citoyenne » à la révolution socialiste qui reste l’horizon révolutionnaire objectivement indépassable, soit à cultiver l’illusion gauchisante (du moins dans le cadre des rapports de forces présents et prévisibles) du « socialisme tout de suite sinon rien ! » : car dans les conditions présentes, cette posture gauchisante sert surtout à exalter abstraitement la révolution tout en s’interdisant à jamais de rompre avec l’appareil socialo-dépendant du PCF-PGE.
- Doivent-ils rester figés en remarquant que Mélenchon poursuit ses propres objectifs partisans aux législatives ? Car derrière le discours « mouvementiste », il s’agit évidemment de construire un Podemos à la française : ce qui n’aurait pas la moindre chance de concurrencer sérieusement le PCF si ce dernier était resté proche des ouvriers, marxiste-léniniste, indépendant du PS et de l’UE ! Tout en réfutant cette vieillerie menchévique qu’est le « mouvementisme », il faut surtout que les vrais communistes bannissent cette illusion petite-bourgeoise dans leurs propres rangs, où d’aucuns, qui se disent écarlates, refusent la « matrice léniniste », se gaussent du parti d’avant-garde et répudient le centralisme démocratique en cultivant une approche pseudo-spontanéiste de la reconstruction communiste ? Oui la candidature Mélenchon est contradictoire comme l’est, avec ses défauts et ses qualités politiques, la petite bourgeoisie intellectuelle « de gauche » qui forme la base militante principale de l’actuelle France insoumise et comme l’exprime la formule (politiquement instable, mais potentiellement dynamique), « l’UE, on la change ou on la quitte ! ». Or le rôle des marxistes n’est pas de lever les bras au ciel face aux contradictions, « racines de toute vie et de tout mouvement » (Hegel), mais de les prendre à bras le corps pour en faire le moteur de l’engagement révolutionnaire !
- De même, doivent-ils chercher dans le programme de Mélenchon tout ce qui pourrait jeter le doute sur la nécessité de soutenir sa candidature ou, comme le fait le PRCF, doivent-ils appliquer le principe : « la critique n’atténue pas le soutien, le soutien n’inhibe pas la critique » ? En clair, le but de l’indispensable critique marxiste n’est pas d’aider P. Laurent et B. Hamon à refermer l’espace « insoumis » et à sauver ce faisant le PS en difficultés : il est encore une fois d’aider la France insoumise (et aussi les candidats PCF dont, trop souvent, le programme est encore plus hésitant que celui de J.-L. M. à propos de la rupture avec l’UE) à faire de la France insoumise une France franchement insoumise (FFI !) à l’UE, à l’OTAN, à l’euro et au grand capital !
En résumé, le PRCF appelle les militants franchement communistes, y compris ceux qui sont encore au PCF, à intervenir ensemble à la porte des usines sur la base d’un programme révolutionnaire commun, à appeler sans ambiguïté au vote critique mais constructif pour Mélenchon, à dénoncer la candidature pro-UE et pro-OTAN de Hamon, à fustiger les manigances honteuses auxquelles elle donne lieu de la part du PCF-PGE (et à dénoncer bien entendu a fortiori Le Pen, Fillon, Macron et les autres candidats thatchéro-atlantico-fascisants) , à appeler à lutter pour la paix et pour le progrès social sans attendre les élections ; bref, ne cultivons pas des rancœurs et des divisions paralysantes et reprenons ensemble l’initiative communiste dans la campagne, à la porte des usines et dans les luttes sociales !
Le PCF fait tout pour couler la venue d’une vraie solution pour la Gauche, Marie Georges Buffet voulait elle soutenir JL.Mélenchon dès le départ. C’est bien Pierre Laurent qui a foutu le bordel
au parti en voulant dés le départ soutenir Montebourg et qui maintenant récidive en voulant soutenir Hamon alors que les deux sont pour la même politique capitaliste européenne. Pierre Laurent en agissant ainsi va finir par couler carrément ce qui reste du PCF. Il faut dire qu’il est bien aidé pour cela par F.Wurtz qui a toujours été un pro-européen capitaliste.
Aucune alliance avec le PS , courroie de gauche de la bourgeoisie . Quand finira-t-on avec cette pseudo alliance de gauche qui trahit la classe ouvrière et la jeunesse en permanence ? Pour ma part c’est non depuis les années 60 (mes années de JC) , contre la candidature Mitterrand en 1965 . Et nos dirigeants de l’époque se sont trompés mais jamais sans faire la moindre autocritique . Les dirigeants actuels en sont les continuateurs jusqu’à quand ? En tous cas il faut espérer que la nouvelle génération de militants ne se fera plus tromper comme la nôtre !!!
Bernard SARTON , direction de section d’Aubagne