Par les Club penser la France (CPF), le Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP) et le Pôle de renaissance communiste en France (PRCF).
Le 3 mars 2013
Confortée et approfondie par les acquis de civilisation de la Résistance et de la Libération, la République une et indivisible fondée par la Révolution française est en danger de mort. Ce principe constitutionnel, qui garantit notamment l’unité territoriale de la Nation et l’égalité des citoyens devant la loi, la protection sociale et les services publics, est en effet incompatible avec l’actuelle « construction » européenne, et tout spécialement avec son étape actuelle : le « saut fédéral européen » et son volet territorial : l’Europe des régions.
Ces deux objectifs affichés par les eurocrates sont en effet tournés contre la souveraineté, l’unité territoriale et l’existence même des États constitutifs de l’Union européenne (UE). À l’arrière-plan des décisions préparées à Paris, on trouve la situation très inquiétante de l’ensemble de l’Europe occidentale : outre les politiques d’austérité qui, sous couvert de sauver l’euro, plongent les peuples dans la misère et marginalisent une part croissante de la population, des processus sécessionnistes inquiétants s’approfondissent en Belgique, en Espagne, en Italie, voire au Royaume- « Uni ». Il est difficile de croire que si ces processus vont à leur terme dans les pays voisins, favorisant l’ « évaporation » déjà avancée de la Belgique et de l’Espagne, notre pays sortira indemne de cette balkanisation rampante du sous-continent.
C’est dans ce contexte qu’il faut examiner les projets délétères que sont l’Acte III de la décentralisation, la ratification promise par François Hollande de la « Charte européenne des langues régionales et minoritaires » et le référendum régional prévu le 7 avril 2013 visant à instituer l’Alsace comme « région d’Europe » tournée « vers l’espace germano-suisse ».
Faut-il s’étonner si le MEDEF se félicite des évolutions institutionnelles en cours ? Il en est l’inspirateur direct puisque, dans son manifeste intitulé « besoin d’aire », Mme Parisot se prononce pour la « reconfiguration des territoires », pour de « nouveaux transferts de souveraineté » de l’État vers Bruxelles et vers les euro-régions dans le cadre des futurs « États-Unis d’Europe », sans oublier l’ « Union transatlantique », dont le président Obama a annoncé le lancement dans son « Discours sur l’état de l’Union ».
C’est pourquoi, attachés au progrès social, à la souveraineté des nations et à la coopération internationale entre peuples souverains, le M’PEP, le PRCF et les Clubs « penser la France », appellent ensemble avec vigueur à:
1°) Rejeter dans son principe même l’Acte III de la décentralisation que prépare le gouvernement. Certes, on peut approuver l’objectif d’une déconcentration des décisions administratives et de la décentralisation quand cela peut réellement favoriser la démocratie locale. Mais le démontage institutionnel qu’on nous prépare est d’une autre nature. En effet, la nouvelle étape de la décentralisation proposée par MM. Hollande et Valls vise à dessaisir encore davantage l’État-nation en un moment où il est déjà réduit à la portion congrue par la mise en tutelle de la France sur les plans monétaire et budgétaire. L’Acte III de la décentralisation vise en effet à majorer le pouvoir déjà démesuré des « présidents de région » (sic), à leur permettre de moduler la loi républicaine, à leur donner de nouvelles compétences socio-économiques, à faciliter la création de « régions transfrontalières » effaçant les frontières d’État, à dialoguer directement avec Bruxelles en court-circuitant Paris, à inscrire les régions dans une « concurrence libre et non faussée » entre territoires français au seul avantage des sociétés transnationales.
C’est la porte ouverte au moins-disant social entre territoires, à l’évaporation de la laïcité républicaine sur le « modèle » de l’Alsace-Moselle, au délitement final des services publics d’État, de la Sécurité sociale, des caisses de retraite nationales et du « produire en France » puisque les nouvelles féodalités régionales directement connectées sur Bruxelles réguleront de plus en plus le développement économique, donc à termes les négociations entre employeurs et salariés. Le grand patronat soutient ces projets antinationaux. Il en espère la mort des conventions collectives, des statuts, du secteur public, du SMIG, du baccalauréat national et des diplômes universitaires d’État. Bref, c’est une accélération stratégique de la liquidation de l’ « exception française » héritée de 1789-93 et de 1945-47, avec à la clé une marche précipitée à la privatisation générale des activités.
Quant au projet de métropolisation du territoire, il liquiderait ce qui subsiste des Communes et des départements – cet héritage de la Révolution française. Il aggraverait les déséquilibres territoriaux, diminuerait l’offre de services publics, étranglerait la ruralité, rendrait encore plus difficile la vie quotidienne de nos concitoyens – notamment de ceux qui sont d’origine populaire – en les obligeant à des déplacements de plus en plus importants pour se soigner, s’éduquer, traiter leurs affaires administratives ou pour se ravitailler. Car c’est la suppression d’un maximum de services de proximité qui est prévue pour « faire des économies d’échelle » au détriment des citoyens tout en maximisant le retour sur investissements des grandes entreprises.
2°) Refuser la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. Il ne s’agit évidemment pas de mépriser les langues régionales, ce patrimoine culturel indivisible de la nation qu’il faut enseigner dans le cadre de l’Éducation nationale tout en revalorisant fortement l’enseignement du français, « langue de la République » aux termes de la Constitution. Mais il faut refuser que les langues régionales ne servent de prétexte à la division ethnicisante des territoires, au désétablissement de fait du français, à la destruction de fait du statut de la fonction publique (ce sera le cas quand un fonctionnaire ne pourra plus être nommé dans la région dont il ne parle pas la langue régionale), à une montée en puissance dangereuse des mouvements sécessionnistes et irrédentistes sur les frontières du pays. Et aussi à une officialisation rampante du « tout-anglais » promu par l’UE et par le MEDEF au détriment des langues nationales des pays d’Europe. Le tout-globish envahit toute l’Europe. C’est le moment choisit par Geneviève Fioraso, la ministre de l’Enseignement supérieur, pour démanteler de fait la loi Toubon à l’université pour étendre l’enseignement en anglais. Les défenseurs républicains des langues régionales doivent faire cause commune avec la défense de la francophonie – si menacée du Québec aux communes francophones de la région de Bruxelles – contre l’imposition à l’Europe d’une langue unique, facteur de discriminations linguistiques, de pensée unique et de destruction de la diversité culturelle européenne et mondiale.
3°) Appeler nos compatriotes alsaciens à voter non ou à boycotter le référendum régional du 7 avril 2013 portant fusion des trois collectivités publiques alsaciennes. Le but réel de cette consultation régionale est d’autonomiser l’Alsace par rapport au reste de la France, à la placer dans l’orbite de l’économie allemande, à lancer le mouvement d’autonomisation des euro-régions de France vers l’isolement, le cavalier seul et la mise au rebut des lois laïques de 1905. Le but est de dénationaliser des territoires rendus autonomes et en concurrence avec tous les autres. Le but est de continuer à démanteler le pouvoir des parlements nationaux, par en haut avec les traités de l’Union européenne, et par en bas avec la création d’euro-régions. C’est la démocratie et la République qui sont en cause.
Nous appelons à la constitution de « Brigades républicaines ». Elles seront composées de volontaires qui agiront sur le terrain pour faire rejeter ce référendum.
C’est une reconstruction de l’unité territoriale de la France qui est nécessaire. Par la reconquête de la souveraineté du pays dans les domaines politique (sortie de l’UE), monétaire (sortie de l’euro), militaire (sortie de l’OTAN) et économique (sortie de l’OMC et du FMI). C’est ainsi que notre peuple pourra réindustrialiser son territoire, rééquilibrer sa balance commerciale, résorber le chômage de masse, développer tout le territoire national de manière harmonieuse, coopérer avec les autres peuples sur la base de nouveaux traités progressistes internationaux, liquider la domination mortifère des « marchés financiers », reconstruire les services publics d’État et la protection sociale, préserver la fonction publique territoriale… En un mot construire une nouvelle République sociale, souveraine et fraternelle.
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