Par Georges Gastaud et Rachida El Fekaïr
La saine aspiration de notre peuple à la démocratie directe que symbolise le « R.I.C. » est inséparable des revendications sociales portées par les gilets jaunes, mais aussi par le mouvement syndical de classe. Non sans arrière-pensées, les médias du capital privé et de l’Etat macroniste se focalisent sur cette question du R.I.C. et les militants du PRCF sont parfois interpellés à son sujet. Précisons ceci :
- Le PRCF n’a pas à « rallier » cette revendication démocratique qui figure déjà en toutes lettres dans le programme adopté par notre organisation à l’unanimité de sa conférence nationale de 2011.
- Le R.I.C. ne doit pas être détaché des revendications sociales portées par les Gilets jaunes, pas plus que la forme des institutions ne doit être coupée du contenu de classe de la future République sociale, démocratique, pacifique et souveraine que nous voulons. Oui, il faut augmenter fortement les salaires, les pensions, les remboursements maladie, les indemnités chômage et les autres revenus du Travail qui n’ont cessé de régresser depuis des décennies. Oui il faut taxer fortement le grand capital, l’expatriation fiscale et les grandes fortunes qui résultent du pillage de l’économie française par l’oligarchie prédatrice. Oui il faut reconstruire de grands services publics modernes et pour cela, embaucher massivement des personnels statutaires (postes, hôpitaux, EDF, SNCF, Education nationale, Equipement, perceptions, pompiers, universités, recherche publique, etc.).
- C’est pourquoi le R.I.C., s’il était institué par un gouvernement d’unité ouvrière, patriotique et démocratique, devrait pouvoir porter sur toutes les questions sociales, économiques et institutionneles. Il est certes logique que Macron, commis de Bruxelles, de Berlin et de l’oligarchie « française », veuille circonscrire l’usage du R.I.C. à des bricoles pseudo-« sociétales » car, bien à l’abri des institutions pseudo-représentatives de la 5ème « République » chapeautée par Maastricht et corsetée par le « quinquennat » (pour ne prendre qu’un exemple, la parti-godillot LAREM rafle 80% des sièges de députés alors que 56% des Français ont boudé le second tour des législatives, AUCUN député n’était ouvrier d’active avant d’être élu, les classes privilégiées raflent toute la « représentation nationale »…), « Jupiter » veut pouvoir AU NOM DU PEUPLE gouverner contre le monde du travail, qui forme 90% de la population. Honte aux députés qui cautionnent ce mode de gouvernance grossièrement anti républicain, qui couvrent la répression barbare contre les Gilets jaunes et contre les syndicalistes de classe et qui débattent indécemment d’une énième « loi » liberticide sapant très gravement la liberté de manifester.
- Il faut déjouer la manigance politicienne que fomente l’équipe macronienne: sous le paravent d’un « grand débat » étroitement balisé par la « lettre présidentielle aux Français » (on ne touche pas aux contre-réformes macroniennes déjà faites : Code du travail, privatisation du train, privatisation des barrages électriques, Parcoursup, suppression de l’ISF, réforme du lycée, on « sanctuarise » les contre-réformes à venir : casse du statut de la fonction publique et des retraites par répartition, on ne met pas en cause les traités qui institue l’Europe supranationale, néolibérale et germano-centrée, on ne met pas en cause l’énorme augmentation des crédits destinés à l’armée européenne intégrée à l’OTAN, ni la présence néocoloniale permanente de 11000 soldats français en Afrique…), l’Elysée veut soumettre à un référendum-plébiscite bidon quelques réformettes présélectionnées par le pouvoir, et cela le jour-même des élections européennes. But de la manœuvre, re-légitimer ce président auto-discrédité et rabattre les citoyens, notamment les travailleurs en lutte, vers ces élections européennes qu’à juste raison, notre peuple, à l’exemple des autres peuples d’Europe, boycotte de plus en plus…C’est pourquoi le PRCF invite les travailleurs et les citoyens en lutte à délégitimer catégoriquement le rideau de fumée du « grand débat », à dénoncer le référendum-plébiscite qui le suivra sans doute en mai prochain, à populariser le slogan de masse des Gilets jaunes « Macron démission ! » et à BOYCOTTER le scrutin européen, dont le seul but est de légitimer la casse accélérée de la France, sa vassalisation précipitée à la « République de Berlin » (Traité d’Aix-la-Chapelle) et l’arasement final des acquis de 1936, de 1945 et de 1968. Voter aux européennes, ce n’est pas participer à la légitime expression du peuple français : à l’heure de la « souveraineté européenne », de l’ « armée européenne », du basculement précipité du système scolaire et de l’université au tout-anglais, c’est cautionner le « saut fédéral européen » et la mise à mort de la souveraineté nationale dont Macron est un ennemi déterminé.
- La revendication du R.I.C. ne peut être détachée de la revendication générale d’une nouvelle République française sociale, souveraine, démocratique et fraternelle, substituant la coopération internationale rationnellement maîtrisée aux traités néolibéraux qui favorisent les inégalités explosives, le saccage environnemental et les guerres impérialistes sans fin. Car TOUS les référendums organisés depuis vingt ans en France ont été grossièrement bafoués chaque fois que la réponse populaire n’a pas correspondi aux attentes des prétendues « élites » : ce fut vrai du Non populaire du 29 mai 2005, mais aussi des référendums sur l’organisation des pouvoirs publics en Corse, à La Réunion ou en Alsace : à chaque fois, les autorités locales, approuvées par Paris, sont passées outre aux « non » majoritaire de la population. En réalité, pour que la démocratie directe puisse prospérer en France, en complément d’une démocratie ENFIN représentative des aspirations populaires (proportionnelle intégrale, possibilité de révocation populaire des élus en cours de mandat, mandat impératif pour les élus, comme l’avait établi la Commune de Paris) et respectueuse du monde du travail, bref, pour que le peuple français devienne enfin souverain dans la pratique, il faut sortir par la gauche de l’euro, cette austérité continentale faite monnaie, de l’UE, cette prison des peuples, de l’OTAN, cette machine à mondialiser les guerres yanquis, et d’un système capitaliste de plus en plus inégalitaire, fascisant, anti-écologique et belliqueux.
En un mot, cent fois oui au R.I.C., mais sans le détacher du combat général pour une France affranchie de la dictature euro-atlantique, émancipée de cette 5ème « République » néo-monarchique, « débarrassée du président des hyper-riches » et en marche vers le pouvoir des travailleurs et la propriété sociale des banques et des entreprises stratégiques.
A ce prix, la souveraineté du peuple, la souveraineté nationale et le progrès social pourront marcher du même pas comme ce fut trop brièvement le cas en 1945 quand les ministres franchement communistes Thorez, Croizat, Paul, Billoux, Tillon et Casanova, appliquant le programme du CNR, étaient à l’avant-garde de la reconstruction nationale, républicaine et sociale de notre patrie.
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