Mercredi 24 août 2022, Emmanuel Macron a annoncé qu’il fallait se préparer à la « fin d’une certaine forme d’abondance » et, « pour ceux qui en avaient, à la fin de l’insouciance », lors de la réunion de rentrée du Conseil des ministres. Rien de surprenant pour le Tartuffe de la République qui, conformément à son programme appuyé par le MEDEF et l’UE du Capital, a annoncé pendant la campagne présidentielle son ambition de démanteler l’ensemble des conquêtes sociales et des services publics, couvrant le tout de pseudo considérations « écologiques ». Car pour le serviteur illuminé de l’ordre euro-atlantique, il est urgent d’exploiter le contexte d’explosion des prix des produits de première nécessité (énergies, alimentation, logement) pour liquider définitivement les retraites par répartition, l’assurance-chômage, le reste du Code du travail, les hôpitaux (déjà dans un calamiteux état), etc., et ce avant que s’opère la progressive grande bascule dangereuse pour les tenants de l’ordre euro-atlantique.
Car au moins Macron a-t-il raison sur un point : nous vivons bel et bien une période de « grande bascule » pour l’ordre euro-atlantique dont lui et ses sbires, flanqué de ses satellites LR-PS-EELV et de ses pseudo « opposants » du type RN (qui a voté la prétendue « loi pouvoir d’achat »), sont parmi les plus fanatiques partisans. Une « grande bascule » symbolisée par la remise en cause radicale de l’hégémonisme états-unien et de ses affidés (France atlantisée en tête), prêts à mener le monde à une apocalypse nucléaire face au front du refus mené par la Russie et la Chine et face à au grand basculement progressif du centre de gravité du monde vers l’espace indo-pacifique. Une « grande bascule » entamée depuis au moins 50 ans sur le plan environnemental et qui s’est dramatiquement accélérée pendant ce brûlant été 2022, notamment en France où la multiplication des incendies, la sécheresse structurelle ou encore les brutales intempéries ont marqué les travailleurs. Mais surtout, la « grande bascule » pourrait bien concerner le système capitaliste et l’ensemble de ses structures corrompues, à commencer par la maléfique Troïka Commission européenne-BCE-FMI. Une Troïka qui, pendant une décennie, a ravagé la Grèce et ses travailleurs qui ont récemment connu « la fin de la tutelle européenne » et « retrouvé leur souveraineté » (dixit les « journalistes » aux ordres).
Mais dans l’immédiat pour les travailleurs de France, la « grande bascule » pourrait être la « grande explication » avec l’oligarchie bourgeoise, qui vit dans l’opulence symbolisée par les nouveaux dividendes records (44,3 milliards d’euros au deuxième semestre 2021, soit une hausse de 33% par rapport au deuxième semestre 2020). Car l’abondance (énorme) et l’insouciance (de plus en plus chahutée) ne concernent en réalité que l’oligarchie bourgeoise, et certainement pas les millions de travailleurs confrontés à un quotidien de précarité (près de 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté), de chômage, de d’euro-destruction des services publics et d’euro-démantèlement des conquêtes sociales. Ayant parfaitement conscience que le pays est désormais ingouvernable et soucieux de rassurer ses amis du MEDEF, Macron veut préparer les esprits à la résignation et à la « résilience », y compris en prenant prétexte de la guerre en Ukraine pour que les travailleurs se préparent à « payer le prix de la liberté et de nos valeurs », en réalité le prix de la liberté d’exploitation et d’engraissement de l’oligarchie capitaliste.
Face à cela, l’heure n’est plus aux seules complainte et réactions indignées, le lot de la gauche politique et syndicale établie qui, refusant d’affronter drastiquement l’UE du Capital, se contente de dénoncer Macron sans se donner les moyens de mettre fin aux seules véritables abondance et insouciance, celles de l’oligarchie bourgeoise à la tête de l’ordre euro-atlantique. L’heure est en réalité plus que jamais à la mobilisation dans les luttes sociales et à la préparation de la « grande explication » pour que s’opère la « grande bascule » vers la construction du socialisme, sous l’impulsion des travailleurs. Et pour cela, au lieu de développer les discours mensongers du « dialogue social » ou de « l’Europe sociale » comme le fait Martinez à la tête de la CGT ou les forces euro-gauchistes, il est urgent d’œuvrer à la reconstruction d’un vrai Parti communiste et à l’affirmation d’un syndicalisme de classe et de masse, afin de proposer la seule alternative possible : celle de la sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN belliciste ET du capitalisme mortifère pour la Terre et les travailleurs. C’est uniquement à ce prix qu’il sera possible de construire le socialisme en mesure d’apporter l’abondance et l’insouciance aux travailleurs, et ainsi de contribuer aux « nouveaux Jours heureux » dont nous avons urgemment besoin !
déclaration du secrétariat national du PRCF – 25 août 2022