Des services hospitaliers endeuillés… et massacrés
Cela devait fatalement arriver, et c’est malheureusement arrivé : alors que le nombre de décès liés au coronavirus ne cesse d’augmenter de manière exponentielle depuis quelques jours – nombre qui, selon le Directeur général de la Santé Jérôme Salomon, est bien en dessous de la sinistre réalité –, cinq médecins sont décédés dans le « Grand Est », en Haute-Saône et dans l’Oise ; parmi ceux-ci, un retraité ayant décidé de venir en aide aux hôpitaux saturés et manquant de moyens matériels, financiers et humains. Ce sont les premières victimes parmi ces « héros en blouse blanche » – ainsi nommés par Macron, Philippe, leurs sbires de députes et leurs laquais d’éditocrates et de pseudo-« journalistes »… après avoir méprisé et matraqué les personnels hospitaliers qui manifestaient, comme le 14 novembre 2019 et le 14 février 2020[1] –, des travailleurs qui se sacrifient au quotidien (et pas seulement en période de crise) et qui désormais paient de leur vie la lutte contre le coronavirus. Gageons que malheureusement ce macabre constat est amené à s’aggraver…
Le coronavirus tue, et de plus en plus : en France, la journée du 23 mars est, au moment où est écrit cet article, la plus meurtrière. Évidemment, le gouvernement, qui ne cesse d’appeler à l’« union nationale » et de célébrer les « héros morts pour la patrie », saute sur l’occasion de ce drame pour témoigner de son « affection » et de sa « solidarité » avec les blouses blanches et l’ensemble des familles des victimes. Une « solidarité » masquant pourtant (très mal) le comportement hautement criminel du capitalisme que sert à longueur de temps la macronie, dont l’obsession comptable et rentable d’appliquer l’euro-austérité, la « concurrence libre et non faussée », « l’ouverture à la concurrence » des services publics, etc., débouche aujourd’hui sur le désastre sanitaire que connaît la France. Faut-il rappeler que 17.500 lits d’hôpitaux de nuit ont été fermés entre 2013 et 2019, et que les quelques créations de lits ont surtout bénéficié aux cliniques à but lucratif[2] ? Que le budget 2020 prévoyait une coupe budgétaire de 3,5 milliards d’euros pour le secteur de la santé[3], avec une coupe de plus de 900 millions d’euros en 2019 ? Que 1000 médecins, chefs de services hospitaliers, ont démissionné en janvier 2020 pour protester contre le plan « Ma santé 2022 » d’Agnès Buzyn[4] – désormais l’objet d’une plainte, tout comme Édouard Philippe, de la part d’un collectif de soignants en colère (à juste titre)[5] à la suite des propos tenus par l’ancienne ministre de la Santé ?
Cette colère émane des médecins eux-mêmes, à commencer par le médecin contaminé au coronavirus Jean-Paul Hamon, encore furieux ce mardi 24 mars sur LCI et qui dénonce l’insuffisante production de masques, le sous-équipement en matériel médical, l’impréparation totale de stocks, le retard de livraisons, etc., tout en fustigeant le « foutage de gueule » (permanent) du gouvernement, à l’image du Premier ministre Édouard Philippe en opération de promotion-propagande lundi 23 mars sur TF1[6]. Les personnels soignants sont plus que jamais inquiets et en colère contre ces manquements. Et en colère contre les décisions absurdes qui continuent de s’accumuler, à l’image des médecins Xavier Pothet, Christian Perronne et Olivier Badelon qui ne comprennent pas pourquoi le Haut Conseil de Santé publique et le ministre de la « Santé » Olivier Véran décident d’attendre des résultats d’expériences à grande échelle sur la chloroquine et, surtout, de l’appliquer aux médecins en situation grave… et non aux malades menacés de tomber en état de réanimation[7]. Et quel meilleur moyen de dénigrer cette solution proposée par le docteur Didier Raoult – et qui fait ses preuves, comme le rapporte la députée « Républicains » contaminée Valérie Boyer, en colère contre les médias qui relaient surtout les appels des opposants à la chloroquine – que d’expliquer que le fascisant Donald Trump est séduit par cette idée et que des études et expérimentations chinoises ont prouvé son efficacité… La réponse ? Une grande étude lancée à l’échelle européenne dont les résultats ne seront pas connus avant 6 semaines… et qui passera par une « sélection » (ah, le darwinisme social cher aux capitalistes !).
Les fautes de la « mondialisation CAPITALISTE heureuse »
Lister les fautes – car ce sont des fautes, et non des erreurs – de la part de la macronie maastrichtienne, faisant suite à l’ensemble des fautes commises par les gouvernements euro-maastrichtiens précédents (Chirac/Raffarin/Mattéi, Sarkozy/Fillon/Bachelot-Bertrand, Hollande/Valls/Touraine), est d’autant plus indispensable que ces fautes, renvoyant aux euro-dogmes imbéciles et criminels, sont l’inévitable résultat de la logique capitaliste. Au point d’ébranler les farouches défenseurs de la « mondialisation heureuse » comme Dominique Seux qui, tout en défendant le capitalisme, concède sur France Inter ce mardi 24 mars 2020 :
« Mais le procès au libéralisme est fondé : la mondialisation qui a sous-traité la production de biens de santé (les masques, les tests, certains médicaments) à la Chine devra être revue : il faudra relocaliser la santé.
Ensuite, on découvre qu’en période de crise l’Europe peut envoyer balader ses principes et ses pudeurs habituelles, c’est donc possible. Y compris Bruxelles. Y compris l’Allemagne. Y compris la BCE. Et on se dit que ce qui est possible pour une crise sanitaire devra l’être pour la crise climatique dont les effets sont plus lents mais tout aussi dramatiques. »
Bien entendu, aucun rapport pour cet euro-ébat néolibéral entre le désastre sanitaire actuel et les politiques de destruction des services publics criminelles menées par la Troïka Banque centrale européenne-Commission européenne-Fonds monétaire international, ce triumvira(l)t de la mort dont les gouvernements euro-asservis ne cessent d’appliquer toutes les directives et autres « recommandations », et parfois de manière zélée comme Macron, Philippe et leurs laquais de députés bien plus préoccupés par la « réforme » (une contre-réforme !) des retraites il y a encore 3 semaines – au point d’utiliser l’article 49-3)[8] que par l’anticipation de la terrible crise sanitaire qui se profilait…
Car la logique capitaliste ne s’accommode pas, et de tout temps, de préoccupations humaines, sanitaires ou environnementales : seules comptent la rentabilité immédiate et la nécessité de « produire coûte que coûte », comme l’affirme le président du MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux[9], inquiet du « ralentissement de l’économie » (comprenez par-là : de la perte des profits capitalistes) du fait des craintes des travailleurs d’être exposés au coronavirus. Heureusement pour lui, celui-ci peut compter sur l’appui du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, de la ministre du Travail Muriel Pénicaud – qui fit passer les fameuses ordonnances démantelant le Code du travail en 2017 – « scandalisée » qu’une entreprise du BTP ose arrêter des chantiers et estimant qu’« il n’y a pas de notion d’indispensable ou pas »[10], et tout simplement du gouvernement tout entier, dont l’inique projet de loi instaurant un « état d’urgence sanitaire » permet aux patrons d’attaquer les conquêtes sociales et démocratiques[11]. Pour preuve : outre le repos dominical, le repos hebdomadaire et les congés payés, le patronat peut désormais s’attaquer à la semaine de 35 heures… pour exploiter 60 heures par semaine !
Le capitalisme, ou la haine des travailleurs et du genre humain
Les éditocrates et pseudo-« journalistes » aux ordres peuvent bien appeler à soutenir les blouses blanches, à respecter les consignes et fustiger les inconséquents, à pleurer sur les morts… ces dernières sont très sélectives, et surtout pour passer sous silence les victimes parmi les communistes et syndicalistes. Ainsi passe sous silence auprès des médias – à l’exception de l’Humanité et de la Marseillaise – la disparition du philosophe Lucien Sève, auquel le PRCF a immédiatement rendu hommage[12] ; ainsi est décédé un élu CGT de 45 ans, responsable de la sécurité au centre commercial O’Parinor, à Aulnay-sous-Bois dans la région parisienne[13], sans que les chaînes d’« information » en continu aient pris la peine de le signaler. Ce traitement médiatique à géométrie variable n’est pas nouveau : que l’on se souvienne de l’évocation lapidaire de la disparition de Georges Séguy, l’ancien dirigeant de la CGT lors des grandes luttes victorieuses de 1968, en plein été 2016.
Cela ne peut en être de toute façon autrement car, face aux multiples angoisses – fort justifiées – des travailleurs, face aux exigences légitimes des syndicats d’une application stricte des mesures sanitaires et hygiéniques sur les lieux de travail[14], le gouvernement et le patronat répondent par… la priorité au travail. À tel point que les inspecteurs du travail avouent être désemparés, incapables de vérifier que les directions patronales appliquent bien les consignes alors que de plus en plus de travailleurs signalent de graves manquements ; des inspecteurs du travail qui peuvent compter sur… l’absence de soutien de leur hiérarchie, plus prompte à laisser faire des patrons avant tout mus par la recherche immédiate du profit[15]. En somme, rien de nouveau sous l’orage capitaliste, dont ses représentants ont déjà montré par le passé, en temps de guerre, leur attachement à l’« union nationale », comme l’ont parfaitement démontré Annie Lacroix-Riz dans Industriels et banquiers sous l’Occupation, ou Christophe Lucand dans Le vin et la guerre. Comment les nazis ont fait main basse sur le vignoble français :
Avec le retour à la paix et l’intégration de la France au monde atlantique américain, toutes les conditions sont réunies pour que le commerce et la viticulture, si rapidement convertis à l’ordre allemand en 1940, après des décennies de crise, se tournent cette fois résolument vers les marchés extérieurs construits ou restaurés par le nouveau maître à l’Ouest. Mais en créant les conditions d’un gigantesque pillage de l’économie vitivinicole français clos et hiérarchisé, principalement tourné sur lui-même, pour le placer durablement sous la dépendance de marchés extérieurs. Dès lors, tout ou presque orientera les négociants et les viticulteurs français vers des exportations en constante expansion, dans une logique d’accumulation capitalistique renouvelée et affranchie de contraintes réglementaires, conduisant à l’émergence d’un paysage vitivinicole français complexe, traversé par de profondes contradictions.
Dans ce moment tourmenté de notre Histoire, les vignobles français ont donc vécu Le chagrin et la pitié, un monde où le cynisme commercial et la cupidité ont côtoyé l’opportunisme le plus obscène et, parfois, la réserve, voire quelques rares résistances. C’est le temps où la loi du profit et la cupidité l’emportèrent largement sur le sens patriotique. Face aux discours dominants qui, dans ce domaine, ne font toujours état que de faits de résistance, l’accent est mis sur les vérités désagréables. Par-delà le « miroir brisé » et la démythification inachevée de l’événement, les rapports entre le vin et la guerre durant l’occupation nazie nous ouvrent les portes des arrière-boutiques de la France.
En finir avec le capitalisme exterministe et ses bras armés
Que le capitalisme soit un système exterministe, ce n’est pas une nouveauté : vieil ordre daté d’au moins plus de cinq siècles, celui-ci s’est illustré par, pêle-mêle, l’expropriation et l’extermination des populations autochtones d’Amérique et d’Océanie ; la mise en esclavage de millions d’Africains ; l’exploitation du prolétariat industriel par une bourgeoisie capitaliste soucieuse de réaliser les profits les plus rentables ; le soutien appuyé au fascisme et au nazisme – les fours et les gaz ne tombent pas du ciel ! –, à la colonisation et à l’impérialisme ayant débouché sur le pillage des matières premières et le travail forcé (équivalant à l’esclavage pur et simple), et au néocolonialisme à l’image de la Françafrique que continue d’appuyer Macron en protégeant Bolloré[16] ; la désindustrialisation qui débouche sur l’absurde dépendance envers les importations de matériel médical ; la destruction continue de l’environnement ; le mépris et le démantèlement des conquêtes sociales et démocratiques (qui, rappelons-le, ont toujours été obtenues par la lutte et le rapport de forces, et non un prétendu « dialogue social !) ; et bien entendu, la guerre, ce qu’affirmait déjà Bertolt Brecht : « Aussi longtemps que le capitalisme existera, aussi longtemps la guerre existera ».
En finir avec le capitalisme exterministe et sa traduction en soi-disant « mondialisation heureuse » par le biais de l’OMC, du FMI et des « accords de libre-échange », qui démontrent une énième fois leur logique cupide et mortifère en pleine crise du coronavirus, c’est déjà en finir avec Macron, Philippe et leurs sbires, incapables d’avoir une once d’humanité au point de refuser de prolonger le délai de deuil pour des parents ayant perdu leur enfant[17] – avant de rétropédaler pitoyablement… – et qui, en poursuivant les politiques d’euro-démantèlement des services publics et d’euro-destruction des conquêtes sociales et démocratiques, déroule un tapis brun à Le Pen et accélère l’euro-fascisation. C’est également en finir avec le MEDEF, dont le souci de profit l’emporte sur toute autre considération. Il faut aussi d’urgence en finir avec l’euro, cette austérité continentale faite monnaie, et la prétendue « Union européenne », qui passe son temps à renflouer les banques et à imposer des coupes budgétaires à l’ensemble des services publics et la rigueur aux travailleurs, et à son bras armé euro-atlantique l’OTAN, qui exporte les guerres impérialistes dans le monde entier et crée les conditions pour des désastres humanitaires (donc sanitaires).
Et pour en finir avec
le capitalisme exterministe, la solution ne passera ni par Le Pen et les faux «
Républicains » et « Patriotes », ni par une fausse « gauche »
eurobéate et en réalité « social »-libérale. Elle passera par la
reconstruction d’un parti communiste fidèle aux principes marxistes-léninistes
et non adepte d’une ligne euro-mutante, d’une gauche patriotique et populaire
associant les drapeaux rouge ET tricolore, la Marseillaise et l’Internationale,
et d’un vaste Front antifasciste, patriotique, populaire et écologiste, un
Fr.A.P.P.E. ouvert aux forces progressistes et patriotiques farouchement
antifascistes, anti-impérialistes et anti-européistes. Et il est d’autant
plus vital d’agir en ce sens que le capitalisme, par essence exterministe, se
traduit jour après jour par la destruction de l’environnement, de la santé, des
conquêtes sociales et démocratiques… et tout simplement de toute trace de vie
sur terre.
[1] https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/retraites-hopitaux-cheminots-avocats-education-nationale-recherche-culture-salaries-exploites-gilets-jaunes-le-prcf-sur-tous-les-fronts-de-classe/
[2] http://www.leparisien.fr/economie/hopital-17-500-lits-de-nuit-fermes-en-six-ans-17-10-2019-8174565.php
[3] https://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/14nov-tous-ensemble-pour-defendre-l-hopitalpublic-nos-services-publics-notre-securite-sociale-contre-leuro-austerite/
[4] https://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/plan-sante-halte-au-massacre-de-notre-systeme-de-sante-1000-medecins-chefs-de-services-hospitaliers-demissionnent/
[5] https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200320.OBS26322/coronavirus-des-medecins-portent-plainte-contre-edouard-philippe-et-agnes-buzyn.html
[6] Voir les liens suivants : https://www.bing.com/videos/search?q=jean-paul+hamon%2c&&view=detail&mid=5A6E2F61E31874BEA6A25A6E2F61E31874BEA6A2&&FORM=VRDGAR&ru=%2Fvideos%2Fsearch%3Fq%3Djean-paul%2Bhamon%252c%26FORM%3DHDRSC3 ; https://www.huffingtonpost.fr/entry/jean-paul-hamon-masques-comptes-a-rendre_fr_5e778af8c5b62f90bc4c7fc5 ; https://www.breizh-info.com/2020/03/21/139074/le-dr-jean-paul-hamon-revient-a-la-charge-contre-le-gouvernement-le-foutage-de-gueule-continue/ ;
[7] Voir notamment : https://www.lefigaro.fr/vox/politique/chloroquine-nous-n-avons-pas-le-temps-d-attendre-20200323; https://www.youtube.com/watch?v=Bf6K8TvirVk#action=share ; Christian Perronne s’est exprimé dans des termes au moins aussi durs lundi soir sur LCI, mais « curieusement », impossible de trouver une vidéo relatant les propos entendus en direct…
[8] Pour rappel : https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/loligarchie-capitaliste-est-aux-abois-elle-utilise-le-49-3-organisons-la-contre-offensive-populaire/
[9] https://www.latribune.fr/economie/france/coronarvius-etat-et-medef-appellent-les-entreprises-a-produire-coute-que-coute-842822.html
[10] https://www.dailymotion.com/video/x7sskyv
[11] Pour rappel : https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/coronavirus-la-macronie-declare-la-guerre-aux-conquetes-sociales-et-democratiques/ Un article reviendra sur les dispositions de la loi adoptée, et qui conserve l’essentiel des dispositions listées dans la déclaration du PRCF du 19 mars 2020.
[12] https://www.initiative-communiste.fr/articles/culture-debats/le-prcf-salue-la-memoire-du-grand-lucien-seve-par-georges-gastaud/
[13] https://www.lefigaro.fr/flash-eco/coronavirus-la-cgt-commerce-annonce-un-premier-deces-dans-le-secteur-20200322
[14] Voir notamment : http://www.financespubliques.cgt.fr/content/communique-cgt-fip-point-covid-19-au-19-mars ; https://www.larepubliquedespyrenees.fr/2020/03/21/safran-bordes-la-cgt-demande-le-confinement-des-salaries,2678935.php ; https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-en-loire-atlantique-fo-et-la-cgt-interpellent-le-prefet-sur-la-securite-sanitaire-6788636
[15] https://www.franceinter.fr/emissions/le-7-9 : Ecouter à partir de 31 minutes.
[16] https://www.camerounweb.com/CameroonHomePage/NewsArchive/Int-r-ts-conomiques-Bollor-voici-pourquoi-Macron-a-humili-Biya-494950
[17] https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/le-macronisme-stade-supreme-actuellement-de-linhumanisme/