Il y a quelques semaines, Fadi Kassem, secrétaire national adjoint du PRCF, réalisait une vidéo intitulée « Nouveaux CNR, Jours heureux et Front populaire : l’analyse et les propositions du PRCF »[i][ , pour dénoncer une véritable entreprise de révisionnisme historique et de confusionnisme politique de la part d’un antijacobin et anticommuniste maladif, déversant sa billevesée traditionnelle (si ce n’est traditionaliste) sur Robespierre, Saint-Just et les sans-culottes, Marx, Engels et Lénine, et plus généralement le communisme.
Rejetant la pensée des Lumières et le rationalisme, cet adepte du « girondinisme » (oubliant au passage que ses idoles ont précipité la France dans la guerre contre les forces réactionnaires d’Europe le 20 avril 1792, servant ainsi d’idiots utiles aux desseins réactionnaires et contre-révolutionnaires de Louis XVI, son Autrichienne et la cour de leurs affidés aristocrates) a justifié son projet en expliquant vouloir réunir les « souverainistes de droite et de gauche » afin de défendre la « politique française » – comme si d’ailleurs la « politique française » avait une signification quelconque : les travailleurs exploités par le capitalisme mondial, européiste ET français (à commencer par le MEDEF) apprécieront ! Exactement tout le contraire de ce que fut le Front populaire, par essence patriotique ET internationaliste, antifasciste ET antiraciste, franchement à gauche ET anticapitaliste.
Deux textes récents vont dans le sens de cette analyse, que le PRCF publie ci-après : le premier, rédigé par Jacques-Marie Bourget et publié dans Le Grand Soir le 27 mai 2020[ii], qui démonte les nombreuses instrumentalisations historiques et politiques de l’anarchiste nihiliste ; le second, publié dans Charlie Hebdo le 29 mai 2020[iii] – choix certainement involontaire mais fort judicieux en termes de lutte contre les forces européistes –, démontrant le confusionnisme politique caractérisant totalement la revue du « philosophe ».
Face aux faux « souverainistes » qui ouvrent la voie au prétendu « Rassemblement national » (Marine Le Pen elle-même applaudit l’initiative d’Onfray !) qui instrumentalisent le drapeau tricolore révolutionnaire tout en vomissant sur le drapeau rouge, et face aux forces de l’euro-« gauche » qui rejettent le drapeau tricolore révolutionnaire et ne proposent qu’un drapeau rose pâle aux côtés de l’abject drapeau européiste, il est plus que jamais nécessaire, comme le firent la Commune de Paris, le Front populaire et le Conseil national de la Résistance, de réunir les drapeaux tricolore et rouge, ceux du peuple révolutionnaire, des sans-culottes, des communards, de tous les exploités et de tous les résistants luttant contre les forces réactionnaires, fascisantes, faussement (voire anti-) « patriotiques », anticommunistes et capitalistes, afin de mettre fin à tout asservissement (capitaliste, euro-atlantiste et impérialiste) de la France, la République, les citoyens et les travailleurs, et de les conduire véritablement vers de nouveaux « Jours heureux », comme le font les signataires de l’appel du 29 mai parmi lesquels le PRCF[iv] : rejoignez l’appel, rejoignez le PRCF !
[i] https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/nouveaux-cnr-jours-heureux-front-populaire-lanalyse-et-les-propositions-du-prcf-par-fadi-kassem-video/
[ii] https://www.legrandsoir.info/ne-dites-pas-a-onfray-qu-il-y-avait-des-communistes-dans-le-front-populaire.html
[iii] https://charliehebdo.fr/2020/05/politique/front-populaire-le-panzer-balai-du-souverainisme/?fbclid=IwAR0JQs9YThiD65fouQwcqAC0PKM7-Q3rhcfTq0z-ObnYDeKkrzJo04yX7d4
[iv]https://www.mesopinions.com/petition/politique/republique-francaise-sociale-souveraine-democratique-fraternelle/88587
Retrouvez le meeting numérique de l’appel du 29 mai au lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=D97emxO_oas
Point de vue versés au débat
Ne dites pas à Onfray qu’il y avait des communistes dans le Front Populaire.
27 mai 2020
Jacques-Marie BOURGET
Affublé de Philippe de Villiers, de Robert Ménard, de Didier Raoult, d'Alain de Benoist, le suprême narcissique Michel Onfray, après des heures de rames, a franchi le cap qui le conduit vers l'océan des certitudes d'extrême droite. Enfin le philosophe de troisième cycle est à sa place, accessible à la bénédiction de Marine Le Pen.
Onfray mieux de se taire, de la fermer. Ça fait courant d’air en ces temps où vole le Covid de sens. Car on ne lui a rien demandé au philosophe des Relay de gare. Même pas l’heur, celui de plaire ou de déplaire. Mais ces gens-là, BHL et lui, le Normand double crème, se sentent mourir s’ils ne sont pas sous les feux de la rampe là où, s’il le faut, on avance en rampant, non pas jusqu’à la lumière, mais l’illumination cathodique.
Voilà donc, dans une nouvelle livraison de sa pensée ris de veau, qu’il nous prépare façon « Front Populaire ». Dont il serait le Blum, alors qu’il semble oublier que ce Front-là était plein de ces cocos qu’il abhorre. En lançant son attrape-nigaud, le philosophe du bocage poursuit sa démonstration : il ignore trop de choses pour être cru, en particulier l’Histoire. Mais le niveau va monter avec les conseils venus de son nouveau confident – que l’on croyait oublié à jamais – Philippe Douste-Blazy. Responsable de notre diplomatie, il le fût (!) ce comique était si étranger aux affaires que les langues de vipères, qui pullulent au sein des excellences, le surnommait « Mickey d’Orsay » ou le « Con d’Orsay ». On se demande d’ailleurs pourquoi ? Un ministre en charge du destin de la planète qui confond la Thaïlande avec Taïwan, Kosovo et Croatie, ce n’était pas si grave. Faute d’histoire, voilà donc un conseiller qui va pouvoir alimenter Onfray en précisions géographiques.
Le plus modeste des hommes a droit à sa part de vanité, la mienne est d’avoir, très tôt, flairé le Villiers sous les sabots du philosophe de Troisième cycle. Un ami du journal qui m’employait à l’époque m’avait suggéré de m’intéresser à un « intellectuel marginal qui, à Caen, avait lancé une « Université Populaire » ». L’idée était pour me plaire. D’autant qu’il se proclamait « anarchiste ». Mais, à l’examen, j’ai découvert que le « peuple » qu’enseignait Onfray n’était qu’une troupe de petits bourgeois et bourgeois normands, qui ne s’étaient jamais fait d’ampoules aux mains, sauf les jours de grand vent en faisant du voilier. Cette sorte de Rotary de la pensée « ready made » étant, pour le plus gros, financé par des fonds publics. A ce moment-là, concomitance, la publication d’un bouquin particulièrement cucul, signé de notre herbager, m’avait poussé à préférer aller boire un verre au bar plutôt que m’infuser une marinade de Nietzsche façon Onfray. Ce qu’il aime, Michel, c’est la justice. Celle par exemple qui aurait voulu que les sous des contribuables de Caen continuent d’être mobilisés afin de lui payer son « université » en solo. Le tout, donc, pour occuper à l’heure du thé des retraités qui hésitent à tuer le temps entre le macramé, la gemmologie ou le yoga. Quand on est las d’enseigner la philo à Saint Ursule, un lycée technique privé catholique, le mieux est de s’offrir sa Sorbonne perso. Un jour la ville de Caen et le département du Calvados ont dit « niet ».
Le problème c’est qu’Onfray n’est pas Gaston Bachelard qui a largement rattrapé son retard initial, perdu comme employé de la Poste. Notre préposé a obtenu une licence en Maths, une agrégation de Philo et un doctorat de Français, avant de publier « La Psychanalyse du feu » et autres Bibles. Michou, lui, a calé après un doctorat de troisième cycle à 27 ans, et puis c’est tout. Voilà l’étendue des connaissances qui lui permettent de l’ouvrir à tout propos, et aussi les portes de sa boutique franchisée : « Chez Platon tout est bon ». Le dommage c’est que notre philosophe de grande surface n’ait pas eu l’idée d’étudier aussi l’histoire.
Alors qu’aujourd’hui Michel Onfray se rêve président de la République, avec Villiers Premier ministre, Raoult à la santé (ne pas confondre avec la prison, merci) et Marine Le Pen à l’intérieur, je constate que le personnage n’a que peu changé. En vingt ans, cet homme qui n’écrit que sur papier de soi, a juste monté de quelques grades dans l’amour de lui-même, escaladé des étoiles dans son destin cosmique.
Ce qui m’intéresse de façon non pas « universitaire » mais « primaire », c’est de tenter de dire -un petit peu-, « Ce dont Onfray est le nom ». Prenons Onfray et les Palestiniens, un sujet qui m’habite. A ce propos le petit docteur en philo (donc moins gradé que BHL !) nous explique que si les Palestiniens sont aujourd’hui un peuple martyrisé sur une terre qu’on leur vole, c’est qu’ils furent jadis nazis. Et ils sont justement punis de leur vieil engagement de « collabos » entre 1933 et 1945… Et pour nous démontrer ça, il nous explique que « Husseini, le grand mufti de Jérusalem, était un partisan d’Hitler et a fait le voyage à Berlin ». Exact, mais dans ce grotesque lancé d’histoire en pièces détachées, Onfray ne nous parle pas du contenu de ces nombreux travaux publiés sur la collaboration entre les nazis et des chefs miliciens juifs, l’idée étant de faire guerre commune contre les anglais qui occupaient la Palestine. Lisez Hanna Arendt, elle a noté ce détail. Les Palestiniens ne sont pas plus les acteurs de leur malheur que ces hommes et femmes de confession juive ne le furent dans le cycle de la barbarie qui les a détruits. Pour revenir au non exemplaire Husseini, rappelons à notre Michel que le chef des palestiniens de ce temps n’était pas le mufti mais Abdallah I, roi de Transjordanie. Loin du rôle « capital » que veut aujourd’hui attribuer au mufti -en reconstruisant l’histoire-, le sagace chercheur Netanyahou, c’est qu’Husseini a quitté la Palestine en 1937 pour vivre entre l’Irak, au Liban et en Bosnie. Là il a retrouvé les pères des futurs amis de BHL, ceux qui formaient alors la Légion Handschar, une unité combattante nazie et musulmane. Des miliciens qui n’avaient rien de Palestinien.
Charger un peuple des initiatives mortifères de cet imam, c’est accuser tout le clergé français de collaboration au prétexte que monseigneur Mayol de Lupe était, sous sa soutane, un hitlérien tricolore. Et Awni Abd al-Hadi ? Tu ne connais pas non plus, cher Michel ? Pourtant c’est un ancien de la Sorbonne, qui a contribué à la fondation du Fatah en 1959, un « modéré » mais tellement suivi par le peuple que les Anglais l’ont exilé au Caire. « Les Palestiniens collaborateurs des nazis entre 1930 et 1945 », je crois que même tes nouveaux amis du CRIF n’avaient jamais osé l’écrire. Mais l’honneur de l’Université est sauf puisque tu n’as jamais eu l’occasion d’enseigner tes sottises dans un cénacle autre que le tien.
En dépit d’une relation commune, le professeur Raoult, quand il a un peu de temps après la publication d’un nouveau livre, plus vite écrit qu’imprimé, Onfray aime bien broyer du Mélenchon. Si on écoute le conteur normand, JLM fût, naguère un fanatique d’Ahmadinejad, le flic qui a présidé l’Iran pendant quatre ans, de 2005 à 2013. Voilà, à ce propos, ce que nous livre l’universitaire du petit soir :
« Dire que Ahmadinejad qui à l’époque voulait rayer Israël de la carte était un personnage très sympathique parce qu’il était un ennemi des Américains, ce sont quand même des choses dites par Mélenchon, eh bien ce sont des propos qu’on peut tenir comme ça en l’air, sans que ce soit extrêmement conséquent.
C’est très conséquent de défendre un individu qui veut rayer Israël de la carte, on ne peut pas défendre Ahmadinejad simplement parce qu’il est un opposant des États-Unis quand il a dit qu’il fallait rayer Israël de la carte, qu’est-ce que ça veut dire, c’est un propos qu’Adolf Hitler aurait pu tenir. On ne peut pas dire d’un côté qu’Ahmadinejad est quelqu’un de défendable et de l’autre côté descendre en disant “le fascisme ne passera pas”… » … « Eh bien non, le CRIF a eu raison, de dire à Mélenchon qu’il n’avait pas sa place ici, que les Insoumis n’avaient pas leur place ici, un peu de décence. » Par cet « ici » l’intellectuel XXL fait allusion à l’interdiction faite par le CRIF à Mélenchon d’assister à la manifestation d’hommage à Madame Knoll, une vieille dame de confession juive massacrée par deux barbares. Donc, puisqu’il ne condamne pas Ahmadinejad quand il appelle à « rayer Israël de la carte », JLM n’a pas le droit d’assister à une « marche blanche ».
Ne parlant pas le farsi, afin de connaitre le véritable propos tenu par le sinistre président iranien, je me suis replié sur l’outil du savoir des sots, Wikipédia. Voilà ce que nous dit cette encyclopédie sans philosophes :
« En octobre 2005, lors d’un discours en l’honneur de l’Ayatollah Khomeiny Ahmadinejad a déclaré, reprenant les propos de ce dernier, que « ce régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps », formule qui fut généralement rapportée en Occident sous la forme « Israël doit être rayé de la carte ».
Les commentaires d’Ahmadinejad ont été condamnés par la plupart des gouvernements occidentaux, l’Union européenne, la Russie, le Conseil de sécurité des Nations unies et le secrétaire général Kofi Annan. Les dirigeants égyptiens, turcs et palestiniens ont aussi exprimé leur inconfort face à cette remarque d’Ahmadinejad.
Une controverse sur la justesse de la traduction a ensuite vu le jour. Des spécialistes comme Juan Cole de l’Université du Michigan et Arash Norouzi du projet Mossadegh soulignant que la déclaration originale en persan ne signifiait pas qu’Israël devait être rayé de la carte, mais plutôt que le régime s’effondrerait de lui-même.
Pour être précis ce Juan Cole, autre thuriféraire – avec Mélenchon – du président iranien, est bien mieux diplômé qu’Onfray. Voici son petit CV : « « Juan » Cole est un universitaire américain, historien du Moyen-Orient moderne et d’Asie du Sud, commentateur politique, et intellectuel public. Il est professeur d’Histoire à l’Université du Michigan. »
L’autre expert, Arash Norouzi, qui donne quitus à Ahmadinejad, est un exilé et opposant farouche au régime des mollahs. Ça ne fait rien, puisant dans son puits d’où sort toute vérité Onfray, qui maîtrise aussi bien le farsi que le bas-normand, nous dit ce qu’Ahmadinejad n’a jamais dit.
L’ignoble pour finir. Quand Onfray écrit n’importe quoi sur Freud ou Camus, ce n’est pas grave puisque leur œuvre et de grands chercheurs sont là pour nous informer. Mais quand il s’en prend au jeune héros martyr Guy Môquet pour – c’est un tic – le qualifier de « collabo de nazis », le comique cesse de nous faire rire.
C’est une règle connue des braqueurs, ils savent que c’est idiot de se pointer seuls à la caisse. Alors ils y vont à deux. C’est ce qu’ont fait il y a quelque temps Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, deux universitaires qui s’attaquent à la mémoire d’un mort adolescent. Dans un bouquin répugnant : « L’Affaire Guy Môquet, enquête sur une mystification officielle ». Michel Onfray tombe sur ce bouquin qui le subjugue, et le kantique d’Argentan (ville admirable pour avoir vu naître de vrais créateurs, André Mare et Fernand Léger), ne peut refréner son lucratif métier de briseur d’idoles : allons-y pour cracher sur la tombe du gamin au cadavre percé.
Attention, lecteurs, tenez-vous fermement au comptoir, voilà ce que le normand dit en novembre 2011 : « Je viens de lire un livre terrible intitulé L’Affaire Guy Môquet sous-titré Enquête sur une mystification officielle publié dans la très sérieuse maison d’édition Larousse dans une collection dirigée par Emmanuel Thiébot qui fit un temps partie de l’équipe de l’Université Populaire de Caen. Bravo aux auteurs Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre. Que dit ce livre ? Que Guy Môquet ne fut pas résistant. Thèse sidérante tant elle va contre la mythologie qui fait de ce jeune garçon de seize ans fusillé par les nazis l’emblème de la résistance communiste à l’occupant allemand. »
Et voilà une deuxième mort pour Guy Môquet. Pas scientifique pour un sou, Onfray jubile à la publication d’une thèse policière qui lui va si bien. Sans émettre un doute après que Berlière et Liaigre ont rigolé dans un cimetière de Châteaubriant. Pourquoi fouiller plus si la thèse convient à vos fantasmes ? Certain de lui, dans sa posture ordinaire, Onfray nous dit le pourquoi de sa certitude : « le livre a été publié par Emmanuel Thiébot, un type très sérieux ». Je me suis donc lancé dans une recherche sur le béton produit par ce Thiébot. J’ai trouvé qu’il était « diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris », donc de Sciences Po. Par pudeur cet éditeur-historien doit taire ses tonnes de doctorats et toutes ses recherches publiées dans des revues hautement spécialisées. Il a sûrement tout ça, mais caché pour être heureux.
Glissement progressif de la douleur, l’idée de gauche aujourd’hui est effacée en même temps que son histoire. Et Onfray se veut timonier, son plan est affiché dans son « think-tank » dont les chars font de notre passé table rase. Pour retrouver le temps du travailleur soumis et sans droits, de l’économie sans entraves, de l’impôt et de la solidarité zéro, faisons abus de la gomme à effacer les luttes, refusillons les héros qui sont morts pour la liberté et la dignité. La parole est maintenant donnée aux menteurs, aux imposteurs, aux blanchisseurs de sépulcres. Moi ça m’est un peu égal de vivre ça, je n’en verrai pas le terme. Mais pour ceux qui devront continuer de vivre dans les canots de sauvetage de l’histoire… Va falloir qu’ils rament. A bord de votre radeau vous pourrez lire le prochain opuscule d’Onfray « Il n’y a jamais eu de communistes dans le Front Populaire ».
Jacques-Marie BOURGET
Front populaire : le panzer-balai du souverainisme
Jean-Yves Camus · le 29 mai 2020
Nom trompeur, ligne politique floue et fausse victimisation, la revue de Michel Onfray « Front populaire », n’a décidément pas grand chose pour plaire.
Je n’ai pas d’idée préconçue sur la revue de Michel Onfray, Front populaire. Comme toute publication, je la jugerai à son contenu. Le projet, tel qu’il est présenté par ses initiateurs, appelle toutefois quelques remarques. La première concerne le titre, évident rappel de cet épisode de l’histoire française que constitue le gouvernement en place de mai 1936 à avril 1938, sous la direction de Léon Blum. La revue d’Onfray est souverainiste et veut rassembler des contributeurs de droite comme de gauche, soit tout le contraire de ce que fut le Front populaire : une coalition de gauche, seulement de gauche, dont deux composantes au moins, la SFIO et le Parti communiste, étaient internationalistes. Le clin d’œil historique est donc une tromperie : rassembler la gauche et la droite autour de la nation n’était pas le projet de Blum, qui vit se dresser contre le bloc des gauches un rassemblement de toutes les droites dont le nom, déjà, était… Front national.
Réunir les républicains des deux rives avait été, en 2002, le projet de Jean-Pierre Chevènement. Il reposait sur un axiome simple : « Au-dessus de la gauche et de la droite, il y a la République. » Des gens de gauche, des gaullistes sociaux s’étaient retrouvés dans le refus du traité de Maastricht et des dérives libérales du Parti socialiste, dans le patriotisme et l’attachement à la laïcité. Difficile d’y retrouver, dans la tentative éditoriale d’Onfray, ce qui les motivait. Il y manque, par exemple, cette clarté vis-à-vis du RN que le sénateur Jean-Yves Autexier énonçait en expliquant que le Pôle républicain, continuation de la campagne chevènementiste, présenterait des candidats aux législatives de 2002 « partout, sauf dans la dizaine de circonscriptions où il y a un risque Front national ». Cette démarcation idéologique claire et nette, Onfray la réfute.
Dans le texte-manifeste de la revue, il reproche au « système » de « montrer la liaison viscérale entre la droite libérale et la gauche libérale » puisque les deux se rassemblent toujours contre « un candidat qui ne serait pas libéral – qu’il soit issu de La France insoumise ou du Rassemblement national important peu ». A contrario, faut-il en déduire que, pour lui, l’important est d’être antilibéral, qu’on suive Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen ? En effet, Onfray entonne un refrain connu : pour imposer son hégémonie, le libéralisme, notamment celui de la « bonne conscience de gauche », aurait « fascisé » la droite de la droite. Une foi déconstruite la malhonnête reductio ad hitlerum, la droite de la droite pourrait enfin être regardée pour ce qu’elle est : une droite souverainiste qui, comme Onfray, veut défendre « le peuple contre le populicide ». Non. Même si le RN n’est pas fasciste, on ne peut faire « Front populaire » avec lui. Ni même avec Philippe de Villiers. Sauf à retomber dans ce qui fut l’ornière du rassemblement manqué des « républicains des deux rives », à savoir que leurs conceptions de la nation convergeaient, mais que la question sociale les séparait, malgré les proclamations du contraire. Pourquoi ? Parce que « le peuple » n’est pas une entité homogène.
Il est aussi un côté horripilant dans la propension d’Onfray à présenter son projet comme l’expression héroïque d’une minorité opprimée par le politiquement correct. Ouvrez les yeux dans les kiosques, camarades : vous n’êtes pas minoritaires, loin de là. Causeur vit sa vie réactionnaire assumée. Valeurs actuelles cartonne. Éléments a réussi à redonner à la « nouvelle droite » une visibilité qu’elle avait perdue depuis le début des années 1980. L’Incorrect a percé sur le créneau national-conservateur, porté par la génération Manif pour tous. La télévision donne la parole chaque jour à Éric Zemmour, Charlotte d’Ornellas, Gilles-William Goldnadel, Natacha Polony et quelques autres. Par comparaison, à l’époque du gaullisme triomphant et du giscardisme, Minute, qui tirait à plus de 100 000 exemplaires, était tricard à l’ORTF et accumulait procès, amendes et même attentats. Le mainstream n’exclut plus que Rivarol, qui le cherche bien. Front populaire sera donc un titre de plus dans une presse « antisystème » qui se porte bien. Sa survie dépendra de la loi indépassable du marché honni : si c’est bon, ce sera lu ; dans le cas contraire, non. À ce stade, une chose est sûre : aucun journal de la gauche alternative, désormais moribonde en kiosque, n’a jamais fait l’objet d’une telle publicité.
Bonjour,
merci pour cet article car il n’est pas toujours facile au fil de sa doucereuse susurration d’extraire l’induction fallacieuse de ce « philosophe », même en gardant son esprit critique en éveil, et en ayant compris l’idéologie véritable en arrière plan de ce beau parleur.
Mon réflexe alors est, comme vous, de vérifier via « l’outil du savoir des sots, Wikipédia »,
« Voilà ce que nous dit cette encyclopédie sans philosophes » _verbeux_ …?(une sursignalisation aurait peut être été là bienvenu : les vrais philosophes ont toutes leur place sur wikipédia).
Bravo, pour l’humour incisif général du texte (malgré que ce soit ainsi plus long d’enter dans le vif du propos)
( ' – dans le début du texte – ne fait pas très joli … html4 html5 … )
Bonjour.
Je commence à avoir la conviction que la gauche se perde une énième fois dans des débats d’idées et laisse échappé la réalité. Korzybski: la carte n’est pas le territoire.
La Révolution du XXIe siècle devrait se baser sur la vue d’ensemble des causes et des acteurs responsables de la crise globale et les solutions évidentes qui semblent être ignorées, contestées et même disqualifiées selon les angles de vue qui cherchent à s’imposer quelque soit l’habit de la dialectique.
La condition humaine est la véritable source de nos malheurs, ce saisir de cela est vitale pour réussir la Révolution. Mais l’anarchie des idées donne le ton pour une convergence du peuple improbable. Nous entendons de tout, que le peuple n’existe pas, que l’individu n’existe pas, que la démocratie est un piège à con, que Marx est quasiment un prédicateur selon certains, que , que, et que le communisme est la voie et la vérité (ce qui est dit clairement ci-haut) et pourtant il a fait faillite contre la puissance capitaliste qui a su faire de la dictature soft par sa propagande sur la majorité des peuples occidentaux. La Russie de Lénine, après le collectivisme de l’économie, au lieu d’engendrer le capitalisme collectiviste et un réel partage dans l’ensemble de l’URSS (Russie et pays annexés après guerre), aurait pu emprunter l’idée de la Cotisation du programme du CNR. Mais qu’elle était l’ouverture du communisme vis-à-vis des avancés que pouvait que d’autres pouvaient apporter ? Quand on a la prétention d’avoir la vérité. Je ne critique pas le capitalisme, il a fait ses preuves et il est condamnable, et empressons-nous de nous en débarrasser, mais pas à la manière du siècle dernier qui a montré ses limites et sa récupération. En Russie et en Chine une minorité bien assit au pouvoir.
Les seuls exemples que sont Cuba et le Venezuela sont en quelque sorte gelés par la guerre du blocus imposé. Et tant que les US auront le dessus, ils le resteront ou tomberont sous ses coups de boutoir.
Mais je continuerai à critiquer le communisme qui n’a pas fait ses preuves, sauf le travail extraordinaire de Marx qui a su concrétiser théoriquement l’existence et les rouages du phénomène de l’exploitation moderne né à l’époque de la révolution industrielle dont Ford fut sans doute le plus grand innovateur, la chaîne de montage, automatisé aujourd’hui et en voie de se répandre dans des domaines improbables (la chaîne des soins du privé).
La communisme du XXIe siècle se veut être un communisme humaniste (?). Et bien je vous renvoie au document de la Naissance sans Violence, et la deux choses compte: l’attention et la perception. Il n’est certainement pas question de science et de théorie de l’époque, puisque Leboyer a du « transcender » ces aspects. Et il ne s’agit pas non plus de chamanisme ou de poésie, mais de la réalité vécu par l’enfant naissant, d’empathie. Et paradoxalement, il a fait environ 1000 naissances dans les même conditions. Un des critères fondamentaux de la science: réalisé la même expérience avec les mêmes résultats dans les même conditions.
Marx a comparé les luttes de classes à la compétition pour la survie, une des facettes de l’Évolution Naturelle, mais considéré comme l’essentiel de celle-ci. D’où les dérives (Crime contre l’Humanité, l’ultime retour de barbares). Mais, la partie n’est pas le tout, n’est-ce pas ? Ou bien, notre aptitude à comprendre est nécessairement partielle, ce qui explique notre aptitude à instrumentaliser et à diviser, à ne pas voir la complémentarité des choses.
Korzybski: la carte n’est pas le territoire, complète Krishanmurti: nos relations sont imbibées d’images de l’autre.
L’idéologie ou la théorie sera toujours la carte, jamais le territoire. L’ancien monde versus le nouveau monde, l’esprit ancien toujours actualisé versus l’esprit nouveau, dont nous ne savons rien, une nouvelle mutation improbable. Ou bien un ensemble de choses que nous pouvons mettre en place qui ferait figure de mutation, qui serait le processus de mutation.
Leboyer, Krishanmurti, Gtof, Korzybski, Abgrall, sur le plan de la condition humaine; un nouveau paradigme économique juste, une éducation initiant à la vue d’ensemble,……
Un ensemble de choses qui serait un facilitateur.
Des facilitateurs (à défaut du vrai terme) en biologie, facilite des processus biologiques et économisent d’importantes sommes d’énergies.
Nous pouvons devenir ses facilitateurs ?