Entretien de www.initiative-communiste.fr avec Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF – 19 mai 2018
Initiative Communiste : Comment le PRCF réagit-il à la situation terrible créée au Proche-Orient et à l’encontre de Gaza par le jusqu’au-boutisme sanglant de Trump, de Netanyahou, de l’Arabie saoudite et des autres régimes impérialistes qui les cautionnent en Occident ?
Georges Gastaud : rappelons d’abord que le PRCF n’a jamais confondu l’antisémitisme, cette variété de racisme qui a notamment conduit à l’extermination nazie, et le DEVOIR imprescriptible qui incombe aux démocrates de combattre le colonialisme massacreur du régime d’extrême droite des Netanyahou et autre Liberman. Aucun amalgame malhonnête ne fera dévier le PRCF, dont le président, Léon Landini, est aussi la figure de proue de l’Amicale des anciens FTP-MOI de Carmagnole-Liberté (qui comptait dans ses rangs de nombreux partisans juifs héroïques), de sa solidarité entière avec le peuple palestinien martyrisé par le boucher Netanyahou sous le protectorat irresponsable de Donald Trump. Comme on l’aura remarqué, les Macron, Hollande et autres hyper-atlantistes n’ont pas crié au « franchissement de la ligne rouge », comme ils l’ont récemment fait pour bombarder la Syrie en court-circuitant l’O.N.U. Macron ne va pas convoquer, ni a fortiori renvoyer, l’ambassadeur israélien à Paris pour si peu : deux mille blessés par balles et des dizaines de tués, lâchement abattus tirés comme des lapins par des gens qui n’étaient nullement menacés dans leur vie !
Fustigeons aussi les « intellectuels » et les journalistes indignes qui reprennent tels quels les mots des bourreaux de « Tsahal » en appelant « affrontements sur la frontière » le tir au fusil à lunette sur des civils armés de cailloux, « implantations israéliennes » la spoliation et la colonisation illégale des terres arabes, « tirs sur Israël » les quelques frappes venues de Syrie qui sont tombées sur le désert du Golan indûment annexé par Israël aux dépens de la Syrie.
Alors, amis et camarades, allons aux manifs unitaires de solidarité, suscitons des réactions unitaires dans les villes où rien de ce type n’est encore prévu, lions la défense des droits du peuple palestinien martyrisé à la défense de la paix mondiale gravement déstabilisée (cf les récentes frappes illégales sur la Syrie de Trump, Macron et May, qui signent l’arrêt de mort de l’ONU et du droit international). Montrons aussi que la déconstruction méthodique du droit international par Trump, la violation systématique par les EUA des traités qu’ils avaient signés (accord mondial sur le climat, traité sur le nucléaire iranien), conduiront nécessairement, si rien n’est fait à temps pour stopper ce processus, à des embrasements transcontinentaux portant en germe l’extermination de notre espèce. Exigeons plus fortement encore que notre pays sorte de l’OTAN, cette machine à mondialiser les guerres US. C’est le seul moyen pour que la France retrouve la diplomatie non alignée qui fut, au moins partiellement la sienne, avant que Sarkozy, Hollande et autre Macron n’aient ouvertement fait de nos armées les supplétives directes de l’Oncle Sam.
Enfin, faisons le lien entre les politiques de guerre et l’euro-austérité. Il est dommageable que le mouvement populaire actuel, malgré sa belle combativité, ne soit pas mis en capacité idéologique de réclamer que l’argent public aille aux services publics et à la protection sociale au lieu d’être dilapidés au profit d’une future armée européenne inféodée à l’OTAN, qui peut à tout moment servir à mater un peuple européen en rébellion et/ou servir de point d’appui à une guerre de l’OTAN contre les peuples russe, iranien ou autres. L’argent pour la santé, les transports, l’enseignement, pas pour l’OTAN ni pour les bombardements !
Initiative Communiste : face à l’ « unilatéralisme » et au bellicisme sans limite de Washington et de ses relais proche-orientaux, ne faut-il pas renforcer l’UE et la « défense européenne » ?
Georges Gastaud : ce serait soit illusoire, soit encore plus dangereux que ne l’est la situation actuelle. Illusoire, car l’UE se dit elle-même le « partenaire stratégique de l’OTAN » si bien que les progressistes qui s’imaginent que l’on peut sortir de l’OTAN tout en demeurant dans l’UE sont pour le moins inconséquents. Illusoire encore que de croire que l’Europe allemande, ce conglomérat antisocial et liberticide, qui va jusqu’à soutenir le régime pronazi et russophobe de Kiev, puisse devenir un foyer de paix continental ou mondial. Illusoire toujours de ne pas voir que l’arrimage de Londres à Washington est total, que la masse des ex-pays socialistes d’Europe de l’Est, où la plupart du temps, le PC local est interdit, est aux mains de régimes sauvagement russophobes, fascisants (Hongrie, Pologne, Etats baltes) et pro-américains. Et dans le cas (aujourd’hui peu probable) où, à l’avenir, l’UE deviendrait un Empire totalement opposé aux EUA, quel bénéfice pourrait-on attendre pour les peuples et pour la paix de l’affrontement futur entre Washington et l’Europe à l’allemande ? Il est à cet égard particulièrement scandaleux que Benoît Hamon, qui se prend pour « la gauche » du haut de ses 6%, ose se réclamer de Jaurès pour « vendre » l’Europe de la défense dans le cadre de l’OTAN et des énormes surcroîts de crédits d’armement qu’édicte l’UE pour se conformer aux vœux d’Obama et de Trump. Rappelons à Hamon une phrase de Jaurès dont chaque mot cingle au visage la « gauche » social-impérialiste, c’est-à-dire « sociale en paroles, impérialiste en pratique », comme eût dit Lénine :
« Nous savons que dans l’état présent du monde et de l’Europe, les nations distinctes et autonomes sont la condition de la liberté humaine et du progrès humain. Tant que le prolétariat international ne sera pas assez organisé pour amener l’Europe à l’état d’unité, l’Europe ne pourra être unifiée que par une sorte de césarisme monstrueux, par un saint empire capitaliste qui écraserait à la fois les fiertés nationales et les revendications prolétariennes. Nous ne voulons pas d’une domesticité internationale. Nous voulons l’Internationale de la liberté, de la justice et du droit ouvrier. » (Jean Jaurès 1898).
Bref, le PRCF appelle à combattre non seulement Trump, le fascisant chef de file de l’impérialisme, voire de l’exterminisme capitaliste, mais l’Europe capitaliste de la défense qui ne peut être qu’un supplétif de l’OTAN ou qu’un nouveau mastodonte impérialiste dont la paix mondiale et une France franchement insoumise au capitalisme n’aurait que du mal à attendre !
Initiative Communiste : face à l’intransigeance méprisante de Macron et à la répression policière intense et disproportionnée contre le mouvement gréviste des étudiants, des écologistes et des cheminots, le mouvement populaire peut-il encore gagner le bras de fer de type thatchérien que Macron lui impose pour finir d’aligner la France sur les très régressives normes néolibérales de l’UE, du monde anglo-saxon et du « CETA » ?
Georges Gastaud : je redis d’abord que le mouvement populaire est en droit d’attendre une autocritique de ceux qui ont indécemment rabattu vers Macron en mai 2017 en présentant ce DRH ultra-répressif comme un rempart au fascisme (confondu avec le lepénisme qui est son aile marchante). Or, loin de faire leur autocritique, certains appareils grands ou petits, prétendent exclure du mouvement du 26 mai ceux qui, comme le PRCF, militent depuis toujours avec clairvoyance, non seulement contre le FN, mais pour le Frexit progressiste et pour le « Tous ensemble en même temps ». Certains « journalistes de gauche », confrontés au succès de nos affiches sur ces thèmes vont même jusqu’à les reproduire dans leur presse… tout en coupant la partie basse de l’affiche qui porte la signature du PRCF et le « maudit » emblème de la faucille et du marteau… On ne va pas loin avec des procédés pareils !
Sur le fond, oui, le mouvement peut encore gagner. Il y a d’abord eu l’excellente riposte des syndicats d’Air-France qui, par leur victoire au référendum d’entreprise orchestré par la direction, ont contraint leur PDG à la démission en prouvant que la majorité des salariés refusaient de désavouer leurs O.S. – Il y a eu la journée noire – en réalité… rouge – « sans cheminots », où les travailleurs ont offensivement repris possession de leur entreprise. Il y a le grand référendum interne des cheminots à l’initiative des syndicats de lutte, qui ne va pas manquer d’infliger un camouflet à Macron et à sa démocratie de façade : car celle-ci n’est fondée que sur une « majorité » représentative de 44% des Français (56% d’entre eux ont boycotté le second tour des législatives, ce qui signifie un désaccord profond avec le programme macroniste). Il y a la résistance acharnée des étudiants malgré des comportements scandaleux de certains membres des « forces de l’ordre ». Et surtout, l’idée de la grande manifestation nationale de combat pour lancer le « tous ensemble en même temps » avance, même si c’est un peu tardif et même s’il faut regretter le fait que TOUTES les directions confédérales aient d’abord fait barrage à la convergence des luttes entre syndicalistes et militants politiques de la classe laborieuse comme si TOUTES les avancées sociales n’avaient pas été arrachées au coude-à-coude, notamment, par la CGT de classe et par le PCF combatif d’ « avant » la mutation portée par le piètre R. Hue. Sur le plan syndical, il y a aussi ce grand mouvement que nos camarades du Front syndical de classe ont incontestablement initié de prise de distance de nombreuses structures CGT avec la Confédération Européenne des Syndicats (C.E.S.) en vue de revenir au bercail combatif de la FSM : comment n’en serions-nous pas ravis, nous les militants franchement communistes qui, à notre meeting du 4 novembre 2017, avons scandé d’une seule voix : « jaun’, jaun’, jaune, la C.E.S. est jaune ! / Roug’, roug’, rouge, la FSM est rouge ! ». Il y a aussi cette stimulante réflexion de Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, qui explique sur www.initiative-communiste.fr que la grève dure n’est pas calée sur le calendrier parlementaire et qu’il faut revenir au fondamental de la grève : faire perdre de l’argent au patron, y compris en l’occurrence à l’ « Etat-Macron » dont l’unique souci est d’entrer dans les clous de l’euro (les fameux « 3% ») et de rembourser la dette usuraire que la SNCF et notre pays sont censés « devoir » aux financiers. Il y a enfin le grand mouvement des fonctionnaires qui doivent tous comprendre que, s’ils ne bougent pas très vite et très fort, c’en est fait de leur statut, du niveau de leur salaire, du sens même de leurs métiers littéralement privés de sens par la « construction européenne ».
Évidemment il y a aussi de sérieuses lacunes dans le mouvement en cours. Politiquement, la tentative de certains chasseurs de sorcières pour empêcher les militants franchement communistes et d’autres partisans du Frexit progressiste d’entrer de plain pied dans les comités d’organisation du 26 mai est, qualitativement, très dommageable au mouvement social. Il ne s’agit pas seulement du PRCF, dont il est scandaleux que certains tentent de l’exclure alors que sur tous les sujets, notamment sur le « tous ensemble en même temps », sur la « manifestation nationale de combat », sur la nécessaire démarcation des syndicats de lutte d’avec les appareils euro-formatés, sur les convergences entre luttes politiques et luttes syndicales, il est facile de montrer sa contribution pionnière. Plus gravement encore, l’exclusive contre les partisans du Frexit progressiste vise à émousser le tranchant du 26 mai en le confinant dans un tête à tête purement hexagonal avec Macron tout en MENAGEANT l’UE supranationale du capital. C’est méconnaitre le fait patent que TOUTES les contre-réformes de Sarkozy, Hollande, Macron, sont la mise en musique locale cynique et servile de la logique des directives et des traités européens qui sont 100% antinomiques des conquis de 36, 45 et 68. Tant qu’on ne met pas en avant cette logique européenne (néolibérale, patronale, liberticide, supranationale, atlantiste, sourdement belliciste…) pour lui opposer la logique patriotique, démocratique, populaire, internationaliste du Frexit progressiste relançant la perspective du socialisme pour la France, on ne se dote pas des outils politiques et idéologiques indispensables pour fédérer les luttes, pour permettre à des millions de gens de comprendre de quoi « Charlemagne » n’est que l’instrumentiste zélé. Le contenu idéologique et politique des luttes, leur caractère offensivement eurocritique, la mise en cause directe, sur des bases progressistes, de l’UE-OTAN, de l’euro et des politiques de guerre ne sont pas moins importants qu’une manifestation de masse pour battre Macron : aussi, parlons de la circulaire ferroviaire dans les luttes, évoquons les directives qui mènent à détruire l’Office national des forêts, les Mutuelles, la Sécu, le Code du travail, le bac, le lycée et l’université à la française, EDF, etc. : ce sont là de vrais « critères de convergence » à l’usage du mouvement populaire et de sa capacité, non seulement de se fédérer lui-même mais d’unir la majorité du peuple de France sous les deux drapeaux du combat patriotique et du combat social, comme surent le faire les communistes durant le Front populaire ou dans les maquis FTP. A l’inverse, faire le gros dos sur l’Europe sous prétexte d’ « unir », c’est mentir par omission aux travailleurs (car dans le cadre de l’UE, la suite des régressions est CERTAINE et la lutte pour le socialisme FORCLOSE), et surtout, c’est remettre au centre de la problématique les gauches euro-soumises, celles qui depuis Mitterrand nous chantent sur tous les tons « l’Europe sociale », « l’Europe de la paix », le « service public européen », le « socle social européen », l’ « utilisation sociale de la BCE » et cent autres billevesées qui stérilisent l’Europe des luttes tout en démotivant les défenseurs des conquêtes sociales gagnées au prix du sang dans le cadre national.
Enfin est-il indispensable que chaque ténor de la gauche établie en France « montre patte blanche » à toute occasion en « reconnaissant la « légitimité d’E. Macron » ? Si l’on entend par là que, dans le cadre du dispositif politique verrouillé de la présidentielle et suite au pilonnage médiatique dont il a joui, Macron a bien obtenu plus de voix que ses rivaux aux deux tours, on fait là un constat arithmétique empreint d’une grande platitude. Mais si l’on veut dire que Macron est légitime pour continuer à « défaire la France », selon la juste expression employée par Adrien Quattennens sur France-Info le 17 mai, tout démocrate véritable ne peut que suspecter une telle « légitimité ». Souvenons-nous que la Première République française, celle de 1792, avait inscrit dans sa Constitution cette phrase qui cingle au visage tous les Jupiter en leur Olympe : « quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour toute fraction du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». Bien entendu, nous n’appelons pas à l’insurrection violente : car la vraie violence, c’est le viol par Macron et Cie du Non populaire à la constitution européenne, c’est l’officialisation inconstitutionnelle du drapeau et de l’hymne européens, c’est l’arasement des acquis sociaux et de ce qui reste du produire en France (Alstom, STX, Renault absorbé de fait par Nissan, etc.), c’est la casse du statut des cheminots (dont Macron ne parlait pas dans son programme), c’est le viol de l’article II de la Constitution qui dispose que « la langue de la République est le français » (les devises favorites de Sir Emmanuel sont France is back et Make the Planet great again), c’est le viol de l’article II de la loi laïque de 1905 quand Macron réunit les évêques en violation du principe selon lequel « la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte » ; c’est le démontage de la nation française, sa dissolution accélérée, sans aucun mandat populaire et pour cause, dans la « souveraineté européenne » et le « gouvernement de la zone euro » ; c’est le dépeçage de la République une et indivisible dans le « pacte girondin » ; c’est la fin des conventions collectives par les ordonnances travail et la casse des diplômes nationaux. Où et quand un président, qui ne peut tirer sa légitimité que d’agir par et pour le peuple, peut-il arguer de son élection, surtout quand elle est biaisée par l’influence occulte du grand capital, pour, de fait, dissoudre le peuple et toute ce qui lui permet concrètement d’être un peuple ? Il suffit de relire le Contrat social de Rousseau pour saisir qu’un gouvernement, j’allais dire un REGIME, qui matraque le monde du travail, majorité écrasante et cœur battant du peuple français, qui dissout la nation, qui méprise les syndicats, contourne le parlement et qui rabaisse à toute occasion la langue même de son pays, n’est absolument pas légitime pour « défaire la France ». Mais il y a peu de chances que ces Messieurs de la gauche établie cessent leurs courbettes devant Macron, vu que nombre d’entre eux s’est empressé de faire voter pour lui au soir du premier tour au lieu d’appeler à l’abstention massive ou au vote nul ou blanc au second tour, comme l’ont fait le PRCF et, signalons-le, une large majorité des militants insoumis consultés sur internet.
Initiative Communiste. – Où en est le PRCF sur le plan de la dynamique militante ?
Georges Gastaud – Sans « gonflette », et sans nier les inégalités de mobilisation et d’organisation, le PRCF et ses dynamiques jeunes militants JRCF sont à l’offensive. Et bien présents auprès du mouvement cheminot et étudiant, – et pas seulement avec des paroles ! -, affichant et tractant largement contre la guerre impérialiste, pour le « tous ensemble en même temps », pour le Frexit progressiste, pour la reconstruction d’un vrai parti communiste, affichant et/ou diffusant des milliers de tracts en Bretagne, à Paris, Marseille, Lille, Grenoble, Lyon, Nice, Lens, Boulogne, Albi, Bordeaux, Toulouse, etc., menant des débats pluralistes à Paris ou dans le Vaucluse, recrutant principalement des jeunes dans la dernière période. Nous avons eu l’honneur récemment de dialoguer amicalement avec les ambassadeurs de Cuba et du Venezuela bolivarien, et ce dernier, Son Excellente Hector Mujica, a accordé à notre site un passionnant entretien filmé. De même, des dirigeants syndicaux de premier plan acceptent de répondre aux questions d’I.C. en tout respect du pluralisme démocratique (lire l’interview de Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminot). A l’approche du 29 mai 2018, nous serons associés à un texte unitaire appelant au Frexit progressiste à égale distance du pseudo-souverainisme fascisant et euro-compatible de la droite ultra, et aussi du slogan mensonger et de plus en plus inconsistant de l’ « Europe sociale ».
La question qui deviendra incontournable à l’issue de l’affrontement de classes en cours, quel qu’en soit le résultat, c’est celle de la RECONSTITUTION DES OUTILS du COMBAT SOCIAL, PATRIOTIQUE et INTERNATIONALISTE: comment passer de la défensive perdante à l’offensive gagnante sans reconstituer un parti communiste de combat reprenant, contre Macron-MEDEF, Le Pen et l’UE-OTAN, le drapeau rouge frappé des outils, et l’associant au drapeau tricolore pour rendre au monde du travail sa centralité politique, idéologique et sociale ? Car hélas, le futur congrès du PCF-PGE n’est pas prêt, ne serait-ce qu’à poser la question de la sortie par la gauche de l’UE-euro-OTAN ; on peut même affirmer, faits à l’appui, que sur certaines questions, le PCF-PGE de Pierre Laurent est très nettement à la droite de la France insoumise !
Par ailleurs, nous ne pouvons qu’applaudir au mouvement de fond qui se dessine à la CGT, mais aussi, à un moindre degré et sous d’autres formes, dans certains secteurs de la FSU, voire de F.O., pour revenir au syndicalisme de lutte. On n’arrêtera plus le mouvement des syndicalistes combatifs : ils se coordonnent de plus en plus à l’inter-pro et débattent du Frexit, de la FSM et d’autres sujets tabous, comme y invitait depuis longtemps le Front syndical de classe. Tant pis si ce retour au syndicalisme rouge déplait à ceux qui ont fait carrière à la C.E.S., cette courroie de transmission de Bruxelles, et tant mieux si ça redonne du tonus à ceux qui ont besoin de gagner enfin une grande lutte nationale parce que eux, ils n’auront pas de parachute doré à leur retraite dans des institutions d’Etat, et qu’il leur faut au quotidien défendre leurs acquis, leur emploi, leur salaire, la valeur de leur diplôme… voire le sens même de leur métier. A chacun ses préoccupations, de place pour les uns, de classe pour les autres !