le 11 janvier 2020 – Par Georges Gastaud et Jo Hernandez, responsables PRCF, militants syndicaux de toujours.
Misant sur une répression de plus en plus fascisante* et comptant mesquinement sur l’épuisement financier des grévistes, le gouvernement Macron-Philippe ment sur le prétendu retrait de l’âge-pivot pour tenter de diviser le mouvement.
Honteuse est la position des confédérations CFDT et UNSA :
non contents de brader, dans le dos des travailleurs en lutte, une grève reconductible qui n’appartient qu’aux grévistes, les « bergers » syndicaux de l’UE et de la Macronie en difficulté feignent de croire que le gouvernement leur a concédé une « avancée » : c’est faux. Sans parler des autres aspects ultra-négatifs de la retraite à points, le « retrait » censément « provisoire » de l’âge-pivot par Philippe s’accompagne d’une série de préalables qui le rendent purement fictif. En réalité, Philippe maintient la notion d’équilibre permanent du système ; il continue de se référer au plafonnement minimaliste du financement des retraites par rapport au PIB et refuse d’avance, pour respecter la ligne bleue du MEDEF, d’augmenter les cotisations dites patronales. Pour tout verrouiller, Philippe veut faire voter sa loi avant la « conférence de financement » et il pose le mois d’avril comme date-butoir aux « négociations ». Il promet que si les « partenaires » sociaux (en clair, les complices du MEDEF et de la CFDT/UNSA qui ont déjà augmenté l’âge de la retraite à 63 ans pour obtenir une complémentaire AGIRC/ARCO à taux plein !) n’augmentent pas par eux-mêmes l’âge de la retraite** (ou s’ils ne baissent pas les pensions d’une manière ou d’une autre), le gouvernement imposera sa réforme initiale par ordonnances. Bref, le gouvernement dit aux dirigeants jaunes : soit vous réduisez vous-mêmes les pensions (décotes, malus…), soit vous montez vous-mêmes progressivement l’âge de départ à taux plein, soit nous, gouvernement, nous repasserons l’âge-pivot à 64 ans par ordonnance. C’est l’ « autogestion » de la régression! Il faut être un fieffé menteur pour présenter cet ESCAMOTAGE doublé d’ultimatums comme une « avancée » !
Il n’y a donc aucune concession réelle faite aux dirigeants, non pas « réformistes », mais CONTRe-réformistes des confédérations UNSA et CFDT, même pas de « retrait de l’âge-pivot » : de gré ou de force, il restera en place et s’ajoutera à toutes les régressions que comporte la retraite par points.
Poursuivre et amplifier la mobilisation, dessiner une perspective politique posant la décisive question de la sortie de l’Euro
La mobilisation doit donc continuer sous toutes ses formes, grèves reconductibles, blocage du profit capitaliste, solidarité financière accrue et massive avec les grévistes***.
Politiquement, il est urgent que se dessine une perspective politique progressiste posant la question décisive de la sortie de l’UE et de l’euro par la porte à gauche. Car comme les contre-réformes précédentes frappant le Code du travail, les statuts, les indemnités chômage, etc., cette contre-réforme, résulte directement des « recommandations de l’UE à la France ». Il est insupportable que les directions confédérales, toutes affiliées à la Confédération Européenne des Syndicats (présidée par… Berger !), taisent l’existence des diktats européens dans le seul but de ménager la « construction » européenne dominée par le capital financier.
Continuons et accentuons la résistance. On n’est pas des moutons, on n’a pas besoin de Berger(s) !
Retrait de ce projet qui allongera sans fin la durée du temps de travail tout en basculant des millions de retraités dans la pauvreté.
*par exemple aujourd’hui à Lille, le parcours de la manifestation a été unilatéralement modifié par la préfecture « en raison des soldes en ville ». L’Intersyndicale n’ayant pas obtempéré, la manif a été bloquée et nassée, des dirigeants syndicaux parfaitement pacifiques ont été gazés et jetés à terre, puis la manif a défilé entre des cordons de CRS et des jets de lacrymo. Pendant ce temps, les dirigeants confédéraux UNSA et CFDT, totalement absents de l’action, répercutaient sagement dans les médias la fable gouvernementale sur le prétendu « retrait » de l’âge-pivot.
** « jusqu’à 67 ans en moyenne dans les pays de l’UE » : c’est ce que prescrivent les accords européens de Barcelone signés par Jospin et Chirac en 2002 !
Bravo ! L’UPR dit la même chose : retrait complet de la réforme ..
Sauf erreur de ma part, c’est depuis le two Pack que le gouvernement doit adopter, pour le mois d’avril, un plan budgétaire national compatible avec les recommandations formulées par le Conseil lors du précédent semestre européen. Les coïncidences de calendrier ne sont sans doute pas dues au hasard et témoignent ainsi de qui a la maîtrise du temps politique…