Initiative Communiste poursuit son hommage à notre camarade Pierre Pranchère, décédé le 30 décembre dernier, en publiant une série de discours à sa mémoire
A lire :
- Décès du camarade Pierre Pranchère, Résistant FTPF, membre de la présidence nationale du PRCF
- Hommage à notre ami et camarade Pierre Pranchère
- Le dossier spécial d’IC regroupant l’ensemble des articles de ou en relation avec Pierre Pranchère : cliquer ici
- « Faites ce que j’ai fait à 15 ans, rejoignez le mouvement révolutionnaire » : l’appel de Pierre Pranchère, résistant FTP et vice-président du PRCF
Le discours prononcé au nom du PRCF par Georges Gastaud, secrétaire national adjoint du PRCF, directeur d’Initiative Communiste
Saint Merd de Laplau 5 janvier 2023.
Marcelle, Nathalie,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les amis et les parents de Pierre,
Chers camarades de la CGT, du MODEF, de l’Association pour la mémoire des Maquis de Corrèze, camarades du PCF et du Pôle de Renaissance Communiste en France, le PRCF,
Je vous parle aujourd’hui à la fois comme responsable national du PRCF et comme ami et camarade proche de Pierre pour lequel j’éprouvais à la fois de l’admiration et une affection quasi filiale. J’associe d’emblée à cet hommage le Comité central du PRCF et la Jeunesse pour la Renaissance Communiste en France. Je parle aussi au nom de Léon Landini, le président du Pôle, comme Pierre ancien Franc-Tireur et Partisan (FTP-MOI en l’occurrence), que son grand âge empêche d’être physiquement parmi nous, mais qui est aujourd’hui des nôtres par le cœur et par la pensée.
Ma tâche n’est pas facile car il m’est impossible de me contenter d’une froide approche chronologique de l’impressionnante trajectoire militante de Pierre en oubliant une seconde le visage de l’homme chaleureux, souriant, bon vivant et excellent compagnon qu’était Pierre, ce fils modeste du peuple ouvrier et paysan issu de ce que Pierre appelait « la France rouge ».
Quand j’ai croisé Pierre pour la première fois, j’étais secrétaire fédéral de la Jeunesse Communiste du Lot (UJCF), âgé de 23 ans et co-dirigeant de la section PCF de St-Céré. Pierre suivait la fédé du Lot pour le Comité central du PCF dont il était membre et j’avais alors entrevu (nous étions dans les années 1970) cet homme discret, que l’on ne remarquait guère lors d’une réception, mais qui prenait flamme et devenait un redoutable tribun populaire quand il défendait à la tribune les droits des ouvriers, des paysans, des retraités et des simples gens, ses pareils. Je m’étais simplement dit, à une époque où je m’interrogeais déjà avec angoisse sur certaines orientations inquiétantes de mon parti : « celui-là, au moins, c’est un vrai ! ». J’ignorais pourtant à l’époque que Pierre, ce fils de communiste devenu Franc-Tireur et Partisan à l’âge de 15 ans – mais mon ami Jean-Pierre Combe évoquera sans doute cet aspect de la vie de Pierre plus savamment que moi !– était en Corrèze une figure éminente et respectée de la Résistance populaire, ces Francs-Tireurs et Partisans français et autres FTP-MOI forgés par le PCF clandestin qui, bravant les calomnies anticommunistes, les fusillades, les tortures et les pendaisons nazies, savaient « monter de la mine et descendre des collines », comme dit le Chant des Partisans, pour que renaisse notre patrie républicaine profanée par le fascisme allemand, par ses complices vichystes soi-disant français et par tous ces oligarques dépravés qui déclaraient déjà ouvertement dans les années 30 « préférer Hitler au Front populaire ».
Je n’ai donc pas été surpris quand, au début des années 1990, j’ai revu ce visage que je n’avais pas oublié aux réunions de la Coordination communiste du PCF, à celles aussi du Comité Erich Honecker de Solidarité Internationale, aujourd’hui C.I.S.C., une association formée par des militants de base qui défendaient les communistes allemands abandonnés par d’aucuns et lâchement persécutés par la « République de Berlin ». Bref, quoi de plus normal au fond que de revoir paraître Pierre Pranchère à ces modestes structures de défense du communisme léniniste et de la mémoire communiste qu’avait créées des militants PCF du bassin minier de Lens dont j’étais pour s’opposer aux dérives social-démocrates, anti-léninistes et euro-complaisantes qui allaient désormais miner le PCF de l’intérieur, l’inféoder à la social-démocratie et à ses euro-gouvernements de renoncement, puis l’entraîner, malgré nombre de militants qui demeurent jusqu’à aujourd’hui nos frères de classe, loin du chemin victorieux qui fut longtemps celui des Sémard, Thorez, Duclos, Frachon, Timbaud, Croizat, Marcel Paul, Krazucki et autre Martha Desrumeaux.
Et en effet, Pierre fut de tous ces combats avec constance, lui qui, après avoir risqué sa vie pour la France, puis donné son âge médian au Parti communiste français, avait le sentiment, non pas d’avoir dû finalement quitter ce parti mais plutôt d’avoir été « quitté par lui » ; tant il est vrai que, lui l’ancien permanent fédéral, lui l’ancien membre du Comité central du PCF, lui l’ancien député de Corrèze, lui l’ancien membre influent du Conseil général de Corrèze et l’ancien député européen, se voulait moins fidèle à un appareil qu’à un idéal : l’idéal d’un pouvoir populaire débouchant sur une société sans classes affranchie du capitalisme par l’engagement constant des communistes contre l’impérialisme, contre le fascisme et la xénophobie, contre la soumission nationale sous couvert d’Europe atlantique, et plus globalement contre tout ce qui dégrade le travailleur, les peuples et les citoyens.
Pour maintenir ardente la flamme du communisme révolutionnaire, Pierre aura méthodiquement aidé, au niveau national comme dans ce département corrézien qu’il chérissait entre tous, à développer la Coordination communiste, puis le Comité National Unitaire des Communistes animé par le député nordiste Geo Hage, puis la Fédération Nationale des Associations pour la Renaissance Communiste, la FNARC, avec le soutien d’Henri Alleg, figure de proue de l’anticolonialisme, et enfin l’actuel PRCF qu’il coprésidait aux côtés de Léon Landini, de Jean-Pierre Hemmen, d’Henriette Dubois, Jeanne Colette et Hermine Pulvermacher, elles aussi héroïnes de la Résistance communiste. Mais oui, les communistes, vous savez bien, ces monstres que Vichy traitait déjà de terroristes et qu’aujourd’hui encore, le Parlement européen ose mettre au même rang que les nazis quand il trace un signe égale entre le Troisième Reich exterminateur et son principal vainqueur militaire, cette URSS aujourd’hui décriée par les uns et reniée par d’autres, dont le Général de Gaulle déclarait pourtant en 1944, lors d’une visite d’Etat à Moscou :
« les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans notre libération »…
Pour ne pas être trop long et faire place aux autres orateurs, je me contenterai ici de souligner deux traits éminents de Pierre Pranchère en tant qu’homme public.
Tout d’abord, la défense intraitable de la mémoire résistante. Sans parler de son engagement structurant auprès des amis des Maquis de Corrèze, j’ai en tête l’indignation de Pierre quand, tout récemment encore, de faux « scoops » hélas partis du Limousin, puis froidement repris par la suite sur une chaîne de radio nationale dans l’ignorance totale du démenti public effectué à ce sujet par Nathalie, ont été lancés à l’encontre des FTP corréziens alors que le point évoqué à charge contre eux avait dès longtemps été exposé sans fard et très précisément recontextualisé dans le livre Maquis de Corrèze coordonné par Pierre.
Toujours dans ce registre mémoriel je manquerais à la mémoire de Pierre si je n’évoquais la fidélité de Pierre, qui maîtrisait le russe, à la défense de l’Union soviétiquecontre le déluge incessant d’antisoviétisme, puis de russophobie de transfert qui, au risque de nourrir de terribles conflits mondiaux à venir, n’a cessé de noircir sans mesure le pays d’Octobre 1917 et de Stalingrad. Cette défense, Pierre la menait les yeux grands ouverts, car s’il refusait avec horreur que l’on mît le chef de l’Armée rouge au même niveau d’exécration que le grand exterminateur Hitler, Pierre n’était pas de ceux qui s’aveuglaient sur les défauts et déviations qu’a connus à tel ou tel moment, et dans des conditions historiquement données de retard initial et d’encerclement mondial, la première expérience socialiste de l’histoire engagée par la Révolution d’Octobre. Simplement, les barricades n’ont que deux côtés, et s’il est légitime, pour un militant léniniste, d’exposer ses critiques constructives à ses camarades de combat pour faire avancer la cause commune, il est déloyal de changer subrepticement de cap dans le combat antiimpérialiste, dans la lutte anticapitaliste, en confondant révolution et contre-révolution, critique légitime des déviations et reniement des difficiles combats révolutionnaires initiés en leur temps respectifs par Robespierre, Marx ou Lénine.
Le deuxième trait sur lequel j’insisterai, c’est l’unité profonde, dans la pensée de Pierre, du patriotisme populaire et de l’internationalisme prolétarien, du drapeau tricolore et du drapeau rouge frappé des outils ouvrier et paysan, de la Marseillaise et de l’Internationale que nous chanterons tout-à-l ’heure. Indissolublement, la Résistance menée par les communistes français et par les organisations de combat qu’il créèrent sur le sol national, l’Organisation spéciale d’abord (l’O.S.), et cela dès 1940, les Bataillons de la Jeunesse, puis tout ensemble les FTP-MOI qui dépendaient directement de Charles Tillon, et les FTPF qui dépendaient du Front National pour l’Indépendance et la Liberté de la France créé par le PCF, était très clairement antifasciste, car il fallait défaire partout le monstre nazi, patriotique, car il fallait libérer le territoire national, et internationaliste car l’émancipation humaine restera inachevée tant qu’un seul être humain sur terre sera exploité et tant qu’un seul peuple demeurera opprimé. Et Pierre n’a par ex. jamais cessé, tout en combattant l’Europe supranationale dominée par Berlin, tout en dénonçant l’OTAN comme une machine de guerre au service de Wall Street, d’honorer les communistes allemands qui avaient rallié nos maquis ou encore d’accueillir dignement en Corrèze nos camarades de l’Arbeiterbund für den Wiederaufbau der KPD. Par ailleurs, Pierre était un ami indéfectible de Cuba socialiste, du peuple sahraoui et du peuple palestinien et de son leader historique Yasser Arafat, qu’aucun historien sérieux ne traiterait d’islamo-terroriste !
Je ne puis conclure sans évoquer l’ami, le vétéran amical qui parlait sur un pied de parfaite égalité avec les jeunes camarades de la JRCF, le solide paysan corrézien qui n’avait pas son pareil pour trouver et pour préparer les champignons, pour vous offrir une bouteille de cidre maison dont le bouchon grésillait quelque peu, semant une pittoresque inquiétude auprès des autres voyageurs dans le wagon-couchette du retour sur Paris !
Tel était cet homme véritable apprécié par tous et respecté de ses adversaires, tel ce Jacques Chirac qu’il avait côtoyé et quelque peu affronté au Conseil général sans qu’aucun d’eux ne se départît de la courtoisie républicaine. Qu’il me soit permis, tout en saluant et en embrassant Marcelle, Nathalie et Colette qui l’ont aimé et servi jusqu’au bout, de citer pour finir le message dont, je crois, Pierre eût aimé conclure son séjour parmi nous : il s’agit de la phrase centrale de l’Appel clandestin Duclos-Thorez du 10 juillet 1940 que Pierre m’a dit avoir clandestinement tracté de ferme en ferme à l’été 40 : « jamais, non jamais, le peuple de France ne sera un peuple d’esclaves ». A l’heure où la supranationalité impériale camouflée en internationalisme, où les lois liberticides et xénophobes déferlent sur l’Europe et la France, où la régression sociale rebaptisée « réforme » balaie les acquis des ministres communistes de 1945, retraites, statuts, conventions collectives, remboursements maladie, nationalisations, la meilleure manière de continuer le combat de Pierre, ce sera de faire vivre au présent cette phrase simple et grandiose qui honore tous les patriotes épris de liberté. Au premier rang desquels le camarade Pierre Pranchère.
DÉCÈS DE NOTRE CAMARADE PIERRE PRANCHÈRE : l’hommage des jeunes communistes des JRCF
Chères et chers camarades,
C’est avec tristesse et émotion que nous vous écrivons pour vous annoncer le décès de Pierre Pranchère, Vice-Président du PRCF et ancien résistant FTP-F, survenu dans la nuit du 29 au 30 décembre.
Le Comité Central du PRCF lui rendra hommage dignement lors de sa réunion du 21 janvier prochain. Un éloge funèbre, écrit par notre Secrétaire National adjoint Georges Gastaud a été publié sur le site d’initiative communiste:
https://www.initiative-
Fils de la paysannerie française, engagé dans la lutte armée contre l’occupant fasciste dès 1942 alors qu’il n’a que 15 ans, Pierre adhère en 1943 aux Jeunesses Communistes clandestines et est membre du mouvement des Francs-Tireurs et Partisans Français.
Après la guerre, il adhère au Parti Communiste Français et devient, à 25 ans, premier secrétaire de la fédération communiste de la Corrèze, fonction qu’il exercera pendant plus de vingt ans. Député de la Corrèze à l’Assemblée nationale de 1956 à 1958, à l’âge de 29 ans. Il est alors le troisième plus jeune député de France. Réélu en 1973, il a ensuite exercé deux mandats de député au Parlement européen. Pierre fut également membre du comité central du PCF de 1964 à 1992. Il prolongea son engagement communiste en rejoignant le PRCF et en en assumant la co-présidence.
Sa vie, qui n’a suivi qu’un seul chemin, celui de l’honneur, est un exemple pour tous les jeunes communistes de la JRCF.
Au revoir Pierre, nous jurons d’honorer ta mémoire par notre lutte déterminée pour le triomphe du communisme !
Le Bureau National de la JRCF
http://jrcf.over-blog.org/2023/12/deces-de-notre-camarade-pierre-pranchere.html
Le terrible silence de Fabien Roussel et de la direction national du PCF.
Si le PCF de Corrèze n’a pas manqué à ses devoir en rendant hommage à la mémoire de Pierre Pranchère, qui a été des années durant le dirigeant de la jeunesse communiste puis de la fédération, le silence de la direction du PCF, et au premier chef de Fabien Roussel est indigne, l’article paru le 4 janvier dans l’Humanité ne sachant s’y substituer. Le même avait pris le temps pour célébrer Delors, l’homme de l’asservissement de la France à l’Union Européenne du Capital.
Les hommages internationaux
Pierre Pranchère était un militant communiste internationaliste exemplaire. C’est donc sans suprise que de Russie à l’Allemagne en passant par l’Espagne ou l’amérique latine, les hommages à son engagement communiste, antifasciste, anti impérialiste sont nombreux.
D’Allemagne
Une vie qui, des premiers jours de l’enfance jusqu’à sa dernière année – et jusqu’à ce jour du 30 décembre 2023 en la 96e année de sa vie – a vu le camarade Pierre Pranchére incarner un véritable représentant de la Résistance française. Une vie marquée par le fait qu’il s’est engagé dans la Résistance contre l’occupation allemande, le fascisme allemand, dès ses toutes premières années de jeunesse, et qu’il a poursuivi activement les enseignements de la résistance communiste dans tous ses actes de vie révolutionnaire jusqu’à aujourd’hui.
Il est douloureux pour nous que la collaboration la plus étroite, qui a duré des décennies, ait maintenant pris fin avec la mort du camarade Pierre. Une collaboration par-delà les frontières et les pays, dans les journées d’action et les manifestations « La révolution plutôt que la guerre et le fascisme », dans l’unité d’action internationale : « Das Begräbnis oder DIE HIMMLISCHEN VIER » de Berlin à Varsovie, Prague et Paris, comme la participation active du camarade Pierre dans les initiatives individuelles entre nous, communistes, que ce soit en France ou dans le pays de l’annexion de la RDA dans la nouvelle « grande » Allemagne, qui menace à nouveau le prolétariat avec ses guerres depuis le sol allemand depuis longtemps, de telle sorte que pour la troisième fois, la guerre mondiale des puissances belligérantes menace le monde, qu’il s’embrase – dans une guerre contre le prolétariat et ses peuples du monde.
Le fait que la résistance communiste, l’accomplissement dans la victoire de la révolution prolétarienne du socialisme et de sa dictature du prolétariat n’aient pas été obtenus durant la vie du camarade Pierre, nous oblige. nous devons tous transformer son héritage en victoire.
D’Espagne
Du Venezuela
L’hommage d’un camarade militant communiste franco-espagnol : « le camarade Pierre ; il a été, il est et il sera une référence sûre »
Parmi les nombreux et émouvants hommages qui se sont exprimés, nous avons reçu à la rédaction ce témoignage de Esteban militant communiste franco-espagnol qui éclaire
Mon hommage à Pierre Pranchère
Vendredi 5 janvier 2024 dans une salle municipale bondée de Corrèze, l’émotion est forte, très forte et noue la gorge. On se tient debout. L’affluence déborde le fond de la salle. Il faut se le dire, camarades, seul notre amour solidaire pourra surpasser de telles douleurs. Aussi dure qu’elle soit aujourd’hui ne nous leurrons pas : la loi de la vie nous en réserve d’autres. Emotions. Douleurs. Amour solidaire. Et combats communs, pour être dignes de ces combats qu’on remémore. Même si on savait que pour Pierre (comme pour nous tous) ça allait arriver : ça fait mal. La lecture en russe (avant sa traduction française) d’une lettre d’hommage nous fait alors relever la tête.
Le camarade Pierre, je l’ai connu très tardivement dans sa vie : à l’approche des 90 ans de la Révolution d’Octobre. En septembre-octobre 2007, le cinéma de Pessac-Bordeaux programmait une semaine intense avant la fin du mois d’octobre sur le thème. C’est-à-dire plus de films par jour dans diverses salles du matin au soir, avec conférenciers universitaires, puisqu’on est proche de la fac. Un « Festival d’Histoire », en fait un festival anti-communiste et européiste de propagande. Des centaines de visiteurs, dépassant le millier, et des étudiants. Deux militants léninistes et moi-même, avions alors décidé de tenir une table devant ce cinéma pour la durée du festival (proche de chez moi donc on a su s’organiser). Comme j’avais rejoint (en plus du PCF) depuis plusieurs années déjà, l’organisation de Henri Alleg, le Comité Honecker (devenu Comité Internationaliste de Solidarité de Classe), nous proposions une vente de plusieurs numéros différents de la revue « Solidarité de Classe », et gratuitement le texte photocopié de l’Appel de Tillon du 17 juin 1940, texte initiateur des FTP. Que nous distribuions aussi comme militants. Avec en plus, un texte du moment de Pierre Pranchère ex-FTP, ami et camarade de Alleg, haut membre du Comité. Le texte historique de Charles Tillon avait la référence explicite du Musée bordelais où l’on peut voir l’original ; quand au texte de Pierre Pranchère : je lui ai téléphoné pour demander son autorisation tout simplement. Une voix alerte et claire d’un camarade de 80 ans déjà. Nous nous sommes longuement entretenus par téléphone, puis plusieurs fois par la suite. Notre projet militant local l’a de suite charmé. Nous nous sommes alors reparlés en plus, pour analyser l’effet et la réalité de cette table pendant et après le « Festival ». Pas longtemps, car première semaine de novembre, je devais retourner à Cuba (il était important que j’y sois avant le 7…).
Rappeler alors le lien historique dès 1940, en France, entre des éléments survivants exilés de l’Armée Populaire Républicaine Espagnole (et des Brigades Internationales), une Armée défaite une quinzaine de mois avant l’Appel en question, et par la suite l’émergence de l’organisation armée FTP est fondamental à mon sens, si l’on parle de Pranchère et des FTP. Car parmi les survivants ex-soldats espagnols, tous n’ont pas été déportés, après les camps français et juin 1940. Pourtant face à une vie militante si longue et si riche comme celle de Pierre Benjamin, on n’en a pas parlé ce vendredi 5 janvier 2024. L’organisation nationale FTPF (précédée dès octobre 1940 par les OS, Organisations Secrètes combattantes, récupérant d’abord les armes de la débâcle) puis les maquis, ont redonné à des soldats communistes pour la plupart, d’une Armée défaite, leur fierté combattante contre l’ennemi commun. C’est une part de l’histoire de la résistance intérieure française. Car la lutte de la Deuxième Guerre Mondiale ne commence pas en 39 ou 40 sinon en 1936 avec le coup-d’Etat fasciste du 18 juillet en Espagne, (voire même dès 1922 en Italie). Pierre Pranchère a juste 9 ans en juillet 1936. Et les Républicains Espagnols dans la Guerre en France par la suite, ce ne sont pas seulement ceux, organisés par le Général Leclerc et son subordonné le Capitaine Dronne, arrivant avec le débarquement allié de Normandie, ceux qui participent à la libération de Paris d’août 1944 (aux 17 ans de Pierre, agent de liaison-FTP depuis plus de 2 ans). Auparavant il y en avait aussi d’autres, plus nombreux et organisés (comme d’autres nationalités) par les maquis des FTPF et FTP-MOI…
Pranchère est devenu pour moi en octobre 2007 une référence. Un exemple militant. Un exemple comme l’étaient depuis longtemps George Hage (rencontré une fois grâce au camarade Gastaud) et surtout comme Henri Alleg (rencontré plusieurs fois) et aussi George Durou (un résistant bordelais, déporté, survivant, de 5 ans plus âgé que Pierre Pranchère, décédé il y a quelques années). Un exemple aussi que j’ai connu plus tard, comme Léon Landini (1 an de plus que Pierre Pranchère, descendant de communistes Italiens, encore vivant lui, et grand résistant). Octobre 2007, beaucoup du public du cinéma pessacais a été attiré par notre table ces jours-là. Beaucoup l’ont ignorée aussi. Le PCF en tant que tel était absent. Mais bien sûr certains ont voulu me faire remarquer que Tillon était un renégat, en s’appuyant sur les événements des années 1950 dans le PCF ; et je leur rétorquais que les choses n’étaient pas si simples faisant remarquer plus de 10-15 ans d’écart entre les faits dont on me parlait et l’Appel, et désignant surtout le texte actuel du communiste Pierre Pranchère : vous voyez, lui, vous ne pouvez pas dire que c’est un renégat, ce n’est pas un renégat… Et je donnais le texte de Pierre Pranchère : c’est une référence le camarade Pierre ; il a été, il est et il sera une référence sûre.
Pourtant je n’ai pas eu le temps de parler suffisamment avec Pierre de la cause saharaouie, je le regrette ; pourtant entre 2008 et 2011, peu de mois après notre rencontre, et Cuba à nouveau, j’ai été pris dans la dangereuse tourmente clandestine saharaouie au sud du Maroc. Jusqu’à peu, ma vie a été faite en partie de déplacements depuis la France ou l’Espagne. Alors, Mohamed Abdelaziz était chef du Polisario (succédant à Ouali Mustapha Sayed) jusqu’en mai 2016, son décès, et là encore j’étais à nouveau à Cuba. Mohamed Abdelaziz c’était le président saharaoui que j’ai connu. Pierre le connaissait bien évidemment. RASD, une République en armes et en exil. C’était pour moi avant 2011, le temps des algériens (que Pierre connaissait aussi) le puissant Général Toufik et le brillant président Abdelaziz Bouteflika, hôtes à Alger… Aujourd’hui les choses sont différentes. Aujourd’hui Brahim Ghali est le chef du Polisario, Bouteflika décédé en 2021 a été remplacé finalement par Abdelmadjid Tebboune, et Toufik aussi a disparu, vieilli, écarté auparavant vers 2012-13 : aujourd’hui le Polisario a décidé d’entrer en guerre ouverte contre la Monarchie du Maroc, fin 2021, rompant un cessez-le-feu de 30 ans, il y a à peine plus de 2 ans. Car une vague diplomatique internationale viole ses engagements référendaires, et « après avoir joué la montre » vole sa souveraineté à la RASD, la République Saharaouie, pour l’attribuer au Maroc, allié des USA (comme d’Israël). Et cela ne se sait pas. Les médias occidentaux et le Maroc étouffent l’affaire. Le rappeler me semble aussi faire honneur à Pierre Pranchère. Car la lutte continue.
Ce n’est pourtant que 10 ans après la rencontre téléphonique initiale de 2007, pour le Centenaire de 2017 organisé par le PRCF à Paris, que j’ai rejoint le Pôle influencé par Pierre lui-même et me souvenant de Henri Alleg. Alors que depuis près de 13 ans je ne franchissais pas ce pas organisationnel, pourtant depuis plus longtemps proche du camarade Gastaud (et de son mouvement « Franchement communiste », rencontré à la Fête de l’Huma à la suite des années 1990, années tant dommageables pour le Parti) : franchir le pas, finalement je l’ai fait du vivant de Pierre, il y a presque 7 ans. Merci camarade Pierre Pranchère pour ton exemple et ton humanité.
Honor y gloria, hasta siempre camarada Pranchère !
L’hommage à Pierre Pranchère par le projet Les résistances de France 3
Maquisard, FTP
Pierre Pranchère est un résistant communiste qui commence à travailler avec les COPA (Centre d’Opérations de Parachutage et d’Atterrissage) pour la réception des parachutages d’armes. Lorsque le groupe est mis en sommeil, il rejoint le maquis du groupe FTP (Francs-Tireurs et Partisans) Réchaussoire, ses deux sœurs se chargeant du ravitaillement et du transport d’informations pour le maquis. Dans ce département, surnommé « la petite Russie » par le général allemand Walter Brehmer, qui demanda même des renforts pour pouvoir pacifier la région, les troupes d’occupation s’aventuraient fort peu dans certaines forêts et villages. Or, le parcours de Pierre Pranchère et de sa famille en est le parfait exemple, le maquis où ils se trouvaient ne fut jamais dénoncé par les habitants du village voisin, ou attaqué par les Allemands. Après la guerre, Pierre Pranchère milite au Parti communiste français et devient l’un des plus jeunes députés de France : il est élu sur plusieurs mandats (1956-1958, 1973-1978).
http://lesresistances.france3.fr/documentaire-limousin/pierre-pranchere