Lettre ouverte de Fadi Kassem, porte-parole de l’alternative rouge-tricolore portée par le Pôle de Renaissance Communiste en France, secrétaire national du PRCF
Le 5 avril 2021
Au camarade Fabien Roussel, secrétaire national du PCF
Cher camarade Roussel,
Tout en menant notre propre travail de terrain, en lien avec les luttes, pour que grandisse une alternative rouge et tricolore orientée vers le Frexit progressiste et susceptible de rouvrir la voie du socialisme au peuple français, nous suivons avec attention ta proposition de porter une candidature PCF formellement indépendante à l’occasion de la prochaine présidentielle.
Nous constatons cependant que nombre de tes camarades de parti, y compris parmi les « ténors », combattent publiquement ta proposition et qu’ils souhaitent ouvertement, sans condition de contenu claire, un ralliement direct du PCF à la candidature Mélenchon. Pourtant, le positionnement de Jean-Luc Mélenchon sur l’UE – question stratégique s’il en est –, sans parler de son refus d’engager un véritable processus de nationalisations, reste à ce stade des plus flous : sous l’influence des Manon Aubry et autre Clémentine Autain, ce positionnement est même en franc retrait sur 2017 où le mot d’ordre de la FI était « l’UE, on la change ou on la quitte« , ce qui, sans trancher clairement les choses, avait du moins le mérite d’ouvrir la perspective de principe d’une rupture progressiste avec l’UE.
Nous constatons d’ailleurs que sur cette question européenne, le PCF comme tel reste dans l’équivoque la plus fâcheuse puisqu’il se prononce à la fois pour « abroger les traités européens » et pour « rester dans l’UE », c’est-à-dire dans la structure impérialiste, supranationale et institutionnellement arrimée à l’OTAN que définissent les traités, eux-mêmes non modifiables sans l’accord unanime des Etats-membres ; Etats parmi lesquels figurent des pays dirigés par l’extrême droite, voire par des nostalgiques déclarés de Hitler, du Régent Horthy, etc. Comme nombre de travailleurs, nous ne comprenons pas comment on peut vouloir rester dans une UE-OTAN dont l' »intégration » est intégralement synonyme de désintégration de la nation (industrie, agriculture, services publics, protection sociale, structure territoriale républicaine, voire langue française sacrifiée à l’officialisation en marche de l’anglais comme langue unique des institutions de l’UE !). Avant de s’engager dans une « mutation » dévastatrice pour lui-même et pour le monde du travail, le PCF avait d’ailleurs toujours frontalement combattu l’intégration européenne capitaliste : c’était encore le cas en 1992 où près de 50% des Français et une forte majorité d’ouvriers, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais, avait dit Non à Maastricht à l’appel de G. Marchais, d’H. Krasucki, etc. Or, depuis 1991, l’UE n’a fait qu’afficher de plus en plus cyniquement son contenu de classe réactionnaire, voire fascisant, puisque désormais, la résolution scélérate votée par le Parlement européen le 16 septembre 2019* valide l’interdiction des PC en Europe de l’Est et exige la mise hors la loi des symboles communistes « totalitaires » (est visé l’emblème du drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau qui flotta sur le Reichstag nazi vaincu au printemps 1945 !) sur tout le continent européen.
Et comment comprendre, camarade Roussel, que dans ta propre région, le Nord-Pas-de-Calais fondu dans les Hauts-de-France, les futurs candidats PCF aux Régionales de juin accepteront dès le 1er tour de servir d’appoint à une cheffe de file euro-écologiste qui est une ennemi déclarée de la République une et indivisible, qui ignore l’usage de sa langue nationale au Parlement européen, et qui est notoirement favorable à une Europe des Länder ?
Comment en outre est-il possible que le secrétaire national du PCF cautionne l’opération politicienne de Jadot, eurodéputé et chef de file d’EELV (qui comme tel a voté la résolution scélérate criminalisant les PC européens mentionnée ci-dessus), en se rendant au rendez-vous (comme le fera aussi Jean-Luc Mélenchon) que ledit Jadot a fixé aux partis « de gauche » ?N’est-il pas évident que Jadot ne cherche qu’une chose : se faire adouber comme « homme de gauche » et se mettre en position de fédérateur des gauches… euro-compatibles et écolo-libérales en vue de la présidentielle ? Comment comprendre que, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon, tu acceptes de te rendre à cet étrange rendez-vous destiné, prétendument, à « unir la gauche » ? De la même manière, comment comprendre ta participation le 12 avril prochain sur « l’union des gauches » avec le PS, EELV et Nouvelle Donne, autant de formations discréditées aux yeux des travailleurs et qui manifestent, outre leur européisme et leur refus de rompre avec le capitalisme et l’OTAN, leur anticommunisme en ayant approuvé l’infâme résolution du Parlement européen ? Compte tenu des positions de Jadot, cela ne peut signifier qu’un retour à l’euro-gauche atlantiste, maastrichtienne, euro-privatisatrice et austéritaire de Jospin, si ce n’est à la « gauche » brutalement antisyndicale et policière de Valls et Hollande ! Il est évident que la MASSE des électeurs communistes et de gauche ne veut, ni de cette euro-gauche contre-réformatrice, ni de ces faux hommes et femmes de la fausse gauche que sont les dirigeants du PS et des Verts, que ce soit au niveau national ou régional.
Nous pensons que tous ceux qui se réclament du grand héritage à la fois social, patriotique, antifasciste et internationaliste du PCF, devraient débattre ensemble des conditions d’une vraie candidature franchement communiste, 100% anti-UE, anticapitaliste, anti-impérialiste et antifasciste, au lieu de cautionner les opérations politico-médiatiques des eurocrates « verts » ou des « socialistes » pro-Maastricht comme Hidalgo ou Jadot. Si l’on veut retrouver la confiance perdue des travailleurs, il faut, sans la moindre ambiguïté politique, combattre ces naufrageurs de la France, du monde du travail, de la vraie gauche, voire de l’antifascisme. Car les vrais antifascistes n’ont rien à voir avec les individus douteux qui, comme Jadot et tous les eurodéputés français « verts » et « socialistes », mettent très officiellement sur le même plan les nazis et les communistes, le Troisième Reich et son principal vainqueur militaire, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, au risque assumé de criminaliser le communisme et de banaliser le nazisme: danger gravissime pour l’avenir du mouvement ouvrier de classe, de la paix et de la démocratie!
C’est pourquoi, bien que tu n’aies pas répondu à notre première proposition de rencontre pour débattre des luttes, des prochaines échéances et de l’avenir du pays, nous renouvelons notre proposition de rencontre, tout en redisant notre ferme hostilité à toute compromission porteuse de confusion, que ce soit avec la social-eurocratie du PS ou avec écolo-impérialistes que sont les dirigeants Verts. Il serait en effet incompréhensible qu’un candidat désireux de représenter les communistes refuse de discuter avec le PRCF alors qu’il court à un rendez-vous fixé par un ANTICOMMUNISTE DE CHOC comme Jadot.
Salutations militantes,
Fadi Kassem