1915 – 2015 …. il y a 100 ans, Henri Barbusse dans les tranchées commence à écrire « Le Feu » récit publié en 1916 qui recevra le prix Goncourt et battra en brèche la propagande guerrière impérialiste. Fondateur de l’ARAC, dans son combat pour la paix il rejoindra le parti communiste.
C’est aussi en 1915 sur le front de l’Artois, à Lorette qu’apparaît la Chanson de Lorette, connue également par la suite sous le nom de « Chanson de Craonne ».
www.initiative-communiste.fr site web du PRCF en ce 11 novembre vous propose de relire cette tribune de Georges Gastaud et Antoine Manessis, écrite le 11 novembre 2014, alors que se retrouvaient justement à Lorette les dirigeants français, anglais, allemands…..
Quand au bout d’huit jours le r’pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c’est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot
On dit adieu aux civ’lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s’en va là-haut en baissant la tête– Refrain :
Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes
C’est bien fini, c’est pour toujours
De cette guerre infâme
C’est à Craonne sur le plateau
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiésHuit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu’un qui s’avance
C’est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l’ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes– Refrain
C’est malheureux d’voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c’est pas la même chose
Au lieu d’se cacher tous ces embusqués
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendre leur bien, car nous n’avons rien
Nous autres les pauv’ purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendr’ les biens de ces messieurs là– Refrain :
Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peauhttps://youtu.be/6iGEiY6wvDo
C’est au cimetière de Lorette, où gisent des centaines de milliers de jeunes victimes de la première guerre impérialiste mondiale, que vont se retrouver les dirigeants français, allemands, américains et britanniques pour y verser des larmes de crocodiles.
Disons-le tout net : leur « réconciliation » est aussi répugnante que l’a été l’affrontement sanglant de leurs prédécesseurs respectifs lors de la « Grande Guerre ».
En 1914, les Nicolas II, Bethmann-Hollweg, Poincaré et autres bellicistes des deux camps se sont servis des aspirations nationales de certains peuples (notamment les Serbes) pour déclencher une guerre de rapine dont le véritable enjeu – révélé par Lénine en 1917, quand la République des soviets victorieuse à publié les Traités internationaux secrets – était le repartage du monde et l’extension des Empires coloniaux. Tout cela a abouti au Traité de Versailles, au revanchisme hitlérien puis à la Seconde Guerre mondiale encore plus meurtrière.
Cette analyse du caractère de classe de la guerre de 14/18 ne retire rien au courage des jeunes hommes qui, de bonne foi, « croyaient mourir pour la patrie » alors qu’ils tombaient « pour les industriels » selon le mot fameux de l’écrivain Anatole France, l’un des premiers adhérents au jeune Parti communiste SFIC (Section française de l’Internationale communiste).
Cela ne retire rien non plus à la nécessité de réhabiliter les « Fusillés pour l’exemple » que Pétain et Cie ont fait abattre comme des chiens parce qu’en 1917, il fallait absolument couper court aux mutineries et aux fraternisations entre les ouvriers sous l’uniforme des deux camps.
Mais la « réconciliation » actuelle n’en est que plus odieuse et hypocrite.
D’abord, parce que les Etats qui s’embrassent ont toujours les mêmes buts impériaux dissimulés sous des phrases « humanistes », comme c’était le cas à l’époque. Il n’est que de lire le Manifeste du MEDEF intitulé « Besoin d’aire », ce qu’en allemand, on traduirait par l’expression de triste mémoire « Lebensraum », espace vital.
Ces gens qui guerroient tous à divers titres du Proche-Orient à la Libye en passant par l’Afrique occidentale, sont aussi ceux qui, à l’unisson, et sous les auspices de l’OTAN et de l’UE, cherchent noise à la Russie en s’emparant de l’Ukraine par l’entremise d’une clique carrément pronazie. Facile de pleurnicher sur les guerres d’hier, de s’exclamer « plus jamais ça » alors qu’on ne réhabilite même pas les Fusillés pour l’exemple et qu’on envoie les jeunes se faire tuer sur tous les champs de bataille du monde.
Mais on l’aura compris, le vrai but des cérémonies de Lorette est ailleurs : il s’agit pour le social-impérialiste Hollande (social en paroles, impérialiste en pratique) de célébrer la construction d’un Empire transcontinental, euro-américain, qui, sous le nom d’ « Union » européenne et d’ « Union transatlantique » ne vise qu’à écraser les acquis sociaux, à briser les souverainetés nationales, à liquider les libertés démocratiques (on a enterré les référendums négatifs sur l’UE, on ne consultera même pas les peuples sur le Grand Marché Transatlantique !), à menacer les pays du Sud et de l’Est, à maximiser les profits capitalistes de l’oligarchie financière.
Il est déplorable que certains se réclamant de la gauche continuent de farder cette construction monstrueuse en « vendant » aux peuples les slogans archi-faux d’ « Europe sociale », d’ « euro au service des peuples » d’ « Europe de la paix » . Alors que le nouveau président de la Commission européenne, Juncker est de A à Z l’homme des blanchisseurs d’argent des transnationales. Laissant au seul FN le bénéfice politique de s’opposer à l’UE.
En réalité, la dictature européenne pilotée par Berlin et par ses nouveaux collabos, et coiffée par le rapace Oncle Sam, mène en permanence une GUERRE NON DECLAREE aux peuples souveraines, aux acquis sociaux et démocratiques, au camp des travailleurs, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, à coopérer à égalité.
Honte éternelle à l’impérialisme et au capitalisme qui ont conduit au massacre de dizaines de millions d’innocents. Résistons à la troisième guerre mondiale que nous prépare l’Empire transatlantique en construction. Honte aux Hollande, Sarkozy et Cie qui se servent de l’aspiration à la paix pour couvrir les guerres d’aujourd’hui et pour préparer les affrontements mortels de demain.
La paix, l’Europe des peuples, la souveraineté de la nation brisée par Maastricht, tout cela est entre les mains des travailleurs, des peuples, et avant tout, des communistes et des progressistes unis pour sortir la France de l’euro, de l’UE, de l’OTAN, et du capitalisme fauteur d’exterminations.
Quant à la réconciliation avec l’Allemagne, ce n’est pas pour nous celle des chefs de file capitalistes, les Hollande, Gattaz et autre Merkel occupés à écraser les peuples du Sud et à casser les droits sociaux des travailleurs, c’est l’Europe des luttes, la solidarité avec les cheminots allemands en grève, avec les hospitaliers britanniques en lutte, avec les travailleurs italiens luttant pour leurs droits.
11 NOVEMBRE 1940 : à l’appel de l’Union des Etudiants et des Lycéens Communistes de France (interdite depuis 1939), des milliers de jeunes Parisiens ont manifesté illégalement le 11 novembre 1940 à la barbe de l’Occupant nazi, en se rendant en masse à l’Etoile avec le drapeau tricolore. Parmi eux, Guy Môquet. La répression fut féroce. Honneur à ces héros qui lancèrent la résistance de masse dans la capitale et pour lesquels le pouvoir « de gauche » en place n’aura pas eu le moindre geste !
Extraits des carnets de guerre de mon Grand-Père François RONDEAU
Parti en renfort de Bourges le 04 novembre 1914, je ne tardais pas à rejoindre le régiment dans la forêt d’APREMONT au lieu dit » Le Bois brûlé » à la pointe de Saint MIHEL ( Meuse ) . La première montée à l’assaut que je fis, fut le 20 JANVIER 1915 à 07H00 du matin. Nous prenons une tranchée boche. Peu de pertes, tout en faisant des prisonniers. Nous sommes relevés le 28 janvier. Nous avons 12 jours de repos à COUSANCES AU BOIS ( Meuse ).
Nous reprenons les lignes le 10 février aux redoutes du Bois Brûlé dans le même secteur que précedement. Nous aménageons ce secteur le mieux possible et nous attaquons les 04, 05, 06 et 07 avril 1915 les redoutes allemandes……..suite possible
Nous sommes de nouveau relevés et partons au repos à COMMERCY ( Meuse ).
FORET D’APREMONT – SAILLANT DE SAINT MIHIEL
Notre régiment le 95ème RI a tenu ce secteur de combats meurtriers et acharnés pendant plus d’un an. C’était un secteur très mauvais mais nous y étions habitués. Nous avons attaqué plusieurs fois, y compris baionnette au canon pour faire diversion face à l’ennemi mais ces ordres nous ont couté de très nombreuses pertes de camarades par balles, éclats de grenades ou d’obus, pour finalement rester sur nos positions.
Nous avons quitté le secteur de la tête a vache le 18 janvier 1916 pour faire parti des divisions volantes.
Plaine de la WOEVRE et BONZEE. Secteur de réserve ou nous sommes restés quelques jours sans tirer un coups de fusil.
Nous reprenons les ligne peu de temps après et ce, jusqu’au 28 JANVIER 1916 de ce même secteur. Repos à Roube (?) pendant 1 mois ( armée de VERDUN ).
Montée à VERDUN le 24 fevrier 1916 après une marche forcée de 70 kilomètres . A 16H00 nous arrivons à FLEURY après 70 km à pieds sans manger et sans repos. Nous recevons l’ordre de mettre sac à terre, les couvertures en sautoire, vivres de réserves dans la musette et baionnette au canon. Nous partons en soutien de camarades en très grandes difficultés. Nous allons attaquer malgré la fatigue immense que nous éprouvons tous. Nous avançons jusqu’en avant de DOUAUMONT, il est 20H00 nous n’avons pa sencore vu de boches mais l’artillerie allemande nous écrase par ses tirs de barrage incessants. A 21H00 nous recevons l’ordre de nous replier sur le village de DOUAUMONT car parait-t-il nous prenons le risque d’êtres contournés. Nous creusons de petites tranchées car demain nous allons certainement être attaqués. La nuit est calme. Le lendemain 25 février 1916 nous recevons l’ordre d’attaquer de nouveau. Nous avançons aux mêmes emplacement que la veille. A ce moment les boches attaquent avec force le 2ème bataillon de chasseurs qui se trouve à notre gauche. Nous nous replions de nouveau sur DOUAUMONT mais sans l’atteindre car à ce moment s’engage une furieuse mêlée ou tous les débris des régiments prennent part pour conserver DOUAUMONT point stratégique. Enfin vers 14H00 les boches cessent leur attaque et nous restons maitre du village. Une faim effroyable se fait sentir par tous car voici le 3ème jour que nous avons manger 2 biscuits par jour. Nous ne sommes pas au bout de nos peines, il fait un frois terrible, la neige tombe aussi. Comme nous n’avons pas d’eau, nous ramassons la neige que nous mettons en petite boule et que nous suçons car nous souffrons de la soif horriblement. Enfin la nuit vient. Nous en profitons pour essayer d’étabir une liaison avec le 85ème RI mais aucune patrouille ne les trouve ! De plus les boches sont partout. Le jour vient mais nous sommes tant éprouvés qu’ordre est donné de nous laisser en réserve. Les boches qui n’ont pas pu prendre le village la veille recommencent un effroyable bombardement à 7H00 sur DOUAUMONT ce 26 février. Ces bombardements s’arretent vers 20H00. Le village n’est plus qu’un monceau de ruines. Nous remontons en lignes le plus vite posible. Les tirs de barrage reprennent en feux roulants fauchant tout. Les boches veulent à tout prix prendre ce village stratègique. En effet 5 nouvelles vagues d’assaut se suivent, nous tirons toutes nos munitions. C’est un enfer affreux de corps, de terre et d’acier. Un fléchissement se produit sur notre gauche et nous somme presque encerlés. Mais à ce moment le hazard veut qu’un bataillon du 2ème sénégalais arrive à la rescousse. Le clairon sonne la charge et nous voici dégagés pour un temps. La nuit est revenue, c’est le silence, nous entendons les gémissements des blessés et des mourrants, ce qui me déchire le coeur. Mais à ce moment (il est presque 20H00) un obus arrive sur 3 camarades et moi-même. Je n’entends pas l’éclatement, je me sent soulevé, ma gorge se serre. Je crois que tout ce que j’ai dans le ventre m’est remonté à la gorge, puis je vois tout tourner et je reste là. Combien de temps ? Je ne saurais le dire……Quand je reviens à moi ce n’est plus mon régiment qui est sur les lieux, c’est 110ème RI.
Je me sens lourd mais je n’ai rien de cassé et la raison me revient. Des 4 camarades de la 9ème Cie que nous étions 2 sont morts à côté de moi et le 3ème est disparu. Cela me donne la peur mais je sens des forces pour sortir de ce champ de ruines. Les camarades du 110ème RI me disent qu’ils ont relevé mon régiment décimé de moitié et que celui-ci est parti à VERDUN. Je retrouve mon bataillon et le commandant car je suis porté disparu avec mes 4 camarades. Tous sont surpris car ils me croyaient mort avec mes 3 camarades de combats. Maintenant nous partons au repos. Malgré la fatigue beaucoup ne trouvent pas le sommeil après cet enfer. Nous sommes restés en premières lignes du 24 au 26 février pratiquement sans manger et en dormant peu. Notre régiment a perdu 1300 hommes pendant ces 3 jours ! Notre régiment du 95ème RI est cité à l’ordre de l’armée et reçoit la croix de guerre.
Nous quittons DOUAUMONT dans la nuit du 26 au 27 février. Repos à THILLOMBOIS quelques jours (?) . Nouvelle remontée en ligne au FORT DES PAROCHES jusqu’au 22 mars 1916. Nous quittons LE FORT DES PAROCHES le 23 mars pour aller au repos.
Nous reprenons les lignes AUX EPARGES, un secteur dangereux, le 27 mars. Nous quittons LES EPARGES le 08 avril pour monter directement en ligne à BONZéE le 12 avril. Un mois dans ce secteur et nouvelle remontée AUX EPARGES jusqu’au 23 juin 1916. Repos à RECOURT LE CREUX ( Meuse ) . Je pars en permission (ajout à faire sur la minière ) du 24 juin 1916 jusqu’au 12 juillet 1916. Je rejoinds mon régiment le 13 juillet à VERDUN à la batterie de DAMLOUP.
Seconde défense de Verdun pour le 95 ème RI
En premières lignes à la batterie de DAMLOUP et dans le BOIS FUMIN devant le fort de VAUX du 13 juillet au 29 juillet 1916.
Le secteur est très dangereux mais nous tenons 16 jours ! Pas d’attaques à partir des tranchées mais des bombardements d’artillerie affreux. Une seule compagnie ( la 11 ème ) est attaquée par contournement le 17 juillet mais réussi à repousser les allemands au prix de nombreuses pertes en hommes.
Le 21 juillet, es allemands nous bombardent avec des obus à gaz puis du 22 au 29 juillet avec des bombardements classiques mais intensifs. Nous sommes terrés au fond de nos tranchées. Seule notre artillerie réponds à l’artillerie allemande. Le ravitaillement est difficile dans ces conditions.
Notre régiment est relevé de VERDUN dans la nuit du 29 au 30 juillet. Nous partons au repos à LONGCHAMPS sur AIRE ( Meuse ) jusq’au 09 aout 1916.
Dans la nuit du 09 au 10 aout nous reprenons positions aux points X et C des EPARGES jusqu’au 27 septembre 1916.
Ce n’est pas la première fois que nous montons en ligne à cet endroit très dangereux et convoité par les allemands. C’est un mauvais secteur très boueux même sur les crêtes et plein de mines. Nous sommes ravitaillés uniquement la nuit. Bombardements nuits et jours des 2 côtés par les obusiers de tranchées. Les coups de mains sont fréquents des 2 côtés et nous faisons front à 2 attaques à la baionnette au cours desquelles nous repoussons les boches.
Les EPARGES sont 3 grandes crêtes qui dominent la plaine de la Woëvre (meuse) . Nous y voyons les usines d’étain (?) maintenant exploitées par les boches.
Nous partons au repos dans la nuit du 27 au 28 septembre.
Nous remontons en lignes le 05 octobre 1916 à la tranchée de CALONNE (meuse). Ce secteur est calme certains jours et mouvementés d’autres jours par le déplacement offensif des boches qui paraissent faire diversion par moment.
Les tranchées de CALONNE sont des boyaux plus ou moins profonds, que nous creusons souvent à la hâte pour assurer la possession d’un terrain que nous avons récemment conquis ou pour arrêter la progression des boches. Les côtes de Meuse sont couvertes d’une forêt à peu près continue. Depuis le promontoire d’Hattonchatel, qui s’avance au cœur de la Woëvre jusqu’aux abords de Verdun, ce ne sont que des bois très accidentés. D’Hattonchatel au fort de Rozelier, un des ouvrages du camp retranché de Verdun, une chaussée, sans cesse sous bois, s’allonge pendant plusieurs kilomètres ; Cette voie maîtresse parcourt la forêt de la Montagne et va passer, toujours sous les arbres, à 3 kilomètres des villages de Saint-Rémy et des Eparges : on l’appelle la Grande Tranchée de Calonne.
Au commencement du mois de mai 1915, nous tenions la tranchée de Calonne à hauteur du village des Eparges.
Dès la fin du mois d’avril, des divisions allemandes renouvelées se ruèrent à l’assaut de nos positions dans ce secteur, en subissant des pertes énormes. Les pentes de la colline furent couvertes de leurs cadavres, car ces combats de la grande tranchée de Calonne furent les plus importants entre Meuse et Moselle, sans aucun résultat pour l’ennemi. Il revint à la charge dans les journées des 22, 23 et 24 juin 1915. Nous les avons toujours repoussé.
Notre régiment , attaquant à l’Est à la tranchée de Calonne, s’emparait de la première ligne ennemie et résistait ensuite à toutes les contre-attaques en subissant de grosses pertes malgré tout.
Les tentatives boches contre les positions que nous avions conquises sur la voie forestière (tranchée de Calonne) qui relie Verdun au promontoire d’Hattonchatel, n’avaient pas cessé de toute la semaine. Malgré l’acharnement de l’ennemi pour gagner ce point stratègique, nous nous maintenions sur le terrain gagné. Les Allemands, espérant chasser les défenseurs des tranchées, employèrent les bombes asphyxiantes et les liquides enflammés. Ces méthodes cruelles firent, en effet, nous firent abandonner un instant les ouvrages, mais une contre-attaque brillamment conduite nous a permis de chasser l’ennemi. Un retour offensif, au milieu de la nuit, fut brisé net par notre feu qui infligea de lourdes pertes aux allemands.
Les 25, 26 et 27 juin, les Boches revinrent encore à la charge. Dans la nuit, ils eurent de nouveau recours aux liquides enflammés dégageant une fumée épaisse. A la faveur de ce rideau, ils purent progresser pendant un moment, mais une fois encore nous reprenions le terrain. L’ennemi cherchait évidemment à atteindre la grande route forestière (tranchée de Calonne) en partant du village de Combres. Ce qu’il n’a jamais pu faire.
Nous quittons LES EPARGES et les tranchées de CALONNE le 11 octobre 1916 pour le camp de SAFFAIS ( Meurthe et Moselle ) le 29 novembre 1916 pour 1 mois de repos.
Mais le 14 décembre 1916, nous partons cette fois-ci pour la SOMME ! Nous montons en ligne entre BERNY et BELLOY en SANTERRE
.
BATAILLE DE LA SOMME du 14 décembre 1916 au 17 janvier 1917.
Notre régiment le 95 ème RI n’y est resté qu’un mois mais j’en ai de bien tristes souvenirs car plusieurs fois je me suis vu enfoncé dans la boue jusqu’à la poitrine. Nous étions en ligne entre BERNY et BELOY EN SANTERRE au RAVIN DU CASTOR.
Pas d’attaque d’infanterie mais des bombardements d’une violence incroyable avec des gaz asphixiants à volonté.
Pas de tranchées, nous étions tous dans des trous d’obus et toujours en alerte jours et nuits. Ravitaillés la nuit et parfois pas du tout car c’est une plaine immense et désolée. Très souvent nous ne trouvions pas les roulantes dans la boue et dans la nuit. Donc pas de ravitaillement.
Nous les retrouvions quelquefois mais certaines étaient déchiquetées par les obus allemands.
Nous sommes relevés le 26 janvier 1917. Nous marchons 5 jours pour embarquer à Saint OMER en CHAUSSéE ( oise ) le 02 fevrier. Nous débarquons le 04 fevrier et nous montons aussitôt en ligne en ARGONNES ( FOUR DE PARIS ) . Nous restons 3 mois dans ce secteur et sommes relevés le 02 avril 1917. Secteur de repos très bien aménagé, aussi c’est avec regret que nous l’avons quitté ( je suis détaché aux moteurs « à électricité » pendant 2 mois pour y faire les réparations). Le 95ème RI quitte le FOUR DE PARIS pour se porter en attaque de nouveau.
Nous embarquons aussitôt à saint MENEHOULD ( Marne ). Le 03 nous débarquons à MOURMELON ( Marne ). Nous dormons à VILLERS MARMERY et le 04 au soir montée à la FERME DES MARQUISES . Travail sur des tranchées de départs jusqu’au 16 avril 1917
.
GRANDE OFFENSIVE FRANCAISE DU 16 AVRIL 1917- Mon régiment le 95ème RI y est engagé.
Le 17 avril à 04H00 nous recevons l’ordre d’attaquer sur le BOIS DE LA GRILLE à gauche du MONT CORNILLET que nous devons enlever à tout prix ! Nous sortons de nos tranchées pour parcourir 600 mètres à découvert. Nous arrivons a prendre 3 lignes de tranchées allemandes, mais arrivé à mi distance du bois nous tombons sur des blocaus en ciment armé. Nous sommes forcés de nous arreter car 2 compagnies viennent de se faire décimer. Les régiments qui se trouvent sur notre droite ne peuvent plus avancer non plus car les boches nous opposent une résistance acharnée. Nous aménageons les tranchées reprises à l’ennemi. A 09H00 les allemands ont reçu du renfort et le 145ème bavarois contre-attaque en force. Nous demandons des tirs de barrage à notre artillerie. Ces tirs se declenchent aussitôt mais sont trop courts et nous sommes hachés dans nos nouvelles tranchées ! Nous envoyons fusées sur fusées pour faire rallonger le tir mais rien n’y fait ! Les boches voyant ça redoublent d’ardeur pour nous assaillir. Le moment devient critique car les grenades nous manquent. Enfin le 2ème bataillon en réserve intervient et nous réussissons à reprendre le peu que nous avions perdu. La bataille dure jusqu’à la tombée de la nuit. Le lendemain 18 avril bombardements et tirs de barrage violents et très fréquents de part et d’autre. Les 19, 20, 21 les combats continus. Nous subissons 5 contre-attaques importantes en 3 jours par le 2ème régiment de la garde impériale allemande. Nous reussissons dans d’effroyables combats à maintenir nos positions pendant 2 jours. Nous sommes relevés par 47èmpe RI. Nous avons énormément de pertes mais nous avons maintenu nos positions en infligeant de grosses pertes à l’ennemi car 3 régiments boches se sont trouvés tour à tour devant nous ( le 112ème RI, le 145ème bavarois et le 2ème de la garde impériale ). Le 95ème RI est cité à l’ordre du corps d’armée.
Enfin dans la nuit du 24 au 25 nous sommes relevés de nos positions. Nous prenons les véhicules pour aller au repos à VAVAINCOURT ( Meuse ) jusqu’au 12 mai 1917.
Nous remontons en ligne dans la nuit du 12 au 13 mai dans le secteur de VERDUN. Importants travaux de galeries souterraines. Nous sommes relevés le 24 juin et partons tous au repos à Saint DIZIER jusqu’au 18 juillet. De nouveau nous remontons en ligne cette fois-ci en CHAMPAGNE – ARDENNES à LA MAIN DE MASSIGES jusqu’au 07 novembre 1917. Ensuite repos à DOMMARTIN LA PLANCHETTE aux environs de Saint MENEHOULD pour faire des travaux de défense plus denses.
Nous remontons en ligne à LA MAIN DE MASSIGES le 01 fevrier 1918 aux mêmes emplacements que précedemment. LA MAIN DE MASSIGES est un secteur ou nous sommes restés 5 mois entrecoupé de journées en soutien. Ce secteur était dangereux et nous avons eu de trop nombreuss pertes dans nos rangs par les gaz asphixiants. Les copains commencent à râler auprès des lieutenants. Nous partons au repos au camp de SAFFETS ( Meurthe et Moselle ).
Je vais quitter le 95ème RI , pour insubordinaion le 05 fevrier 1918 pour aller rejoindre le dépôt du 10ème d’infanterie à AUXONNE ( côte d’or ) et « passer » à l’ ARMéE D’ORIENT.
Carnet écrit pendant mes périodes de repos entre fin 1914 et début 1918 – François RONDEAU
Au sujet de l’autre 11 novembre (celui de 1940) il me semble qu’il serait bon de rééditer le livre d’Albert OUZOULIAS « les bataillons de la jeunesse » (aux Editions sociales 3ème trimestre 69). Il permet de rappeler les noms de ceux, très nombreux, qui ont pris part à la résistance dès 1940 soit en imprimant et en diffusant des tracts, soit en retrouvant les militants dispersés par la débâcle et en reconstituant les organisations, mais aussi en récupérant des armes et en les cachant (car avant de commencer une quelconque lutte armée, il faut se procurer des armes).
Au sujet du 11 novembre 1940, voici ce que j’ai écrit sur ma page facebook le 11 novembre 2010 suite à la visite place de l’Étoile de Sarkozy :
« Le cancre, qui est parvenu à se faire élire président de la république, a fait un petit tour aujourd’hui place de l’Étoile pour honorer les étudiants et les lycéens qui y ont manifesté le 11 novembre 1940. Ni lui, ni aucun des commentateurs de la presse, de la radio ou de télévision, n’ont mentionné le nom de François Lescure. Ils ont tous laissé croire que la manifestation était spontanée ou ils ont voulu faire croire que cette manifestation faisait suite à l’appel du général de Gaulle.
Il est possible que l’appel du 18 juin ait joué un rôle. Néanmoins, il faut savoir que cette manifestation faisait suite à plusieurs manifestations et actions les jours précédents au quartier Latin en protestation contre l’arrestation du professeur Paul Langevin (arrestation le 30 octobre 1940 sans motif évidemment !)
L’appel à manifester le 11 novembre avait été lancé par la jeunesse communiste et par l’UNEF (en particulier par son vice-président François Lescure). Les groupes qui se sont retrouvés place de l’Étoile venaient de plusieurs quartiers de Paris. Dès le matin, les premiers accrochages ont lieu avec des jeunes défilant en groupe et arborant de grosses cocardes tricolores (ce qui était interdit). Vers 13h30, un groupe de lycéens de Janson-de-Sally débouche avenue Victor Hugo conduit par le professeur Lablénie. D’autres, conduits par le jeune lycéen communiste Yvan Denys arriveront plus tard. Un groupe, celui du lycée Buffon, arrive à sa tête Pierre Benoît et le professeur Burgard.
Il s’agissait donc d’une manifestation organisée et qui est commémorée par une plaque qu’on voit place de l’Étoile à la sortie du RER. Les journalistes qui répètent à la radio que rien ne rappelle cette manifestation, sont des ignorants mais ils n’ont rien à craindre : l’ignorant en chef est à l’Élisée ».
PS : ce commentaire n’est pas sous l’article sur le sujet car les commentaires n’y sont pas ouverts