Communiqué du Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) – 6 mai 2021
Mercredi 5 mai 2021, à l’occasion du 200eanniversaire de la mort de Napoléon Ier, Emmanuel Macron a tenu à se livrer à « une commémoration éclairée, pour regarder notre histoire en face et en bloc », faisant allusion à Georges Clemenceau qui, en son temps, combattit la bourgeoisie conservatrice désireuse de dissocier la « bonne révolution » de 1789 de la prétendue « Terreur » robespierriste de 1793.
Ce bicentenaire alimente deux types de réactions aussi stériles que caricaturales. D’un côté, les forces réactionnaires et fascisantes exaltent fanatiquement un empereur qui : rétablit l’esclavage supprimé par les Jacobins en février 1794 ; confina les femmes à un statut d’infériorité ; imposa le livret ouvrier pour réprimer le mouvement populaire ; mit fin à la République en supprimant les libertés démocratiques ; ensanglanta l’Europe dans des guerres de conquête – avant de s’effondrer à la Bérézina, ouvrant la voie à la Restauration – en oubliant que, comme le dit Robespierre en janvier 1792, « personne n’aime les missionnaires armées ». De l’autre, les partisans de la damnatio memoria vouant aux gémonies un homme qui combattit les forces absolutistes d’Europe ; instaura le Code civil, les lycées et le franc germinal ; créa les écoles de Saint-Cyr et de Polytechnique ; stabilisa certains acquis de la Révolution française avec les « masses de granit ». Scientifiquement, le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) refuse de tomber dans les interprétations antidialectiques et antimatérialistes sur un « révolutionnaire contre-révolutionnaire ».
Politiquement, la nouvelle sortie de Macron s’inscrit dans la continuité de sa vision réactionnaire usurpant l’Histoire de France. Et cette fois-ci, il embarque Napoléon Ier et ses contradictions dans son révisionnisme qui cherche à réhabiliter Louis XVI, Thiers, Maurras et Pétain ; le tout, avec l’objectif de légitimer son pouvoir totalement illégitime. Macron « pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort » du roi, radicalement hostile à la souveraineté nationale et populaire et estime qu’il existe un « vide politique » qu’il croit pouvoir combler, convaincu d’être un « homme providentiel ». Macron fait débuter l’histoire de la République le 4 septembre 1870, niant sciemment les deux premières Républiques ayant eu le tort de prendre un (éphémère) visage populaire en 1793-1794 et au premier semestre de 1848 et éludant totalement le massacre de la Commune de Paris en mai 1871. Macron célèbre « au nom de la nation » Pétain et réhabilite le « nationalisme intégral » de Maurras.
En somme, Macron poursuit son entreprise de destruction de la part révolutionnaire et populaire de l’histoire la France, n’en déplaise aux réactionnaires de tout poil qui, à l’instar d’Éric Zemmour, se transforment en restaurateurs zélés de Pétain. En effet, peut-on attendre, de la part du mégalomane « Jupiter », la célébration du 150e anniversaire de la Commune de Paris, qui instaura une République démocratique et sociale, patriotique et internationaliste ? Macron sait-il que Louis XVI se résigna à convoquer les états généraux le 5 mai 1789, afin de trouver une solution au terrible déficit causé par les dépenses militaires et somptuaires de la monarchie absolue ? Pourquoi Macron n’a-t-il pas rendu hommage à Ambroise Croizat, né en 1901 et mort en 1951, fondateur de la Sécurité sociale dont profitent tous les Français – y compris l’oligarchie bourgeoise désireuse de l’abattre ? Quant à nous, PRCF, nous n’oublions pas que Karl Marx est né le 5 mai 1818…
Le discours de Macron constitue un nouveau message mensonger, totalement aux antipodes de la politique réelle qu’il conduit depuis qu’il a intégré le cercle du pouvoir au sein de la commission Attali en 2007. Comment Macron peut-il affirmer que « tout ce qui est fait sans le peuple est illégitime », lui qui passe son temps à gouverner contre le peuple et qui poursuit les euro-politiques destructrices de la République une et indivisible en appliquant l’illégitime traité de Lisbonne, alors que les Français avaient rejeté la pseudo « Constitution européenne » le 29 mai 2005 ?! Comment Macron ose-t-il dire qu’il faut « apprendre » et « connaître » l’histoire, qu’il s’évertue à détruire à la fois par son interprétation réactionnaire, par sa volonté de réécrire une histoire européiste de la France et par son usage invétéré de faux « concepts » démantelé par un nombre croissant d’historiens comme ceux de « totalitarisme » et de « Terreur » – autant de termes faisant la joie des forces fascisantes ?! Comment Macron ose-t-il faire la leçon à des lycéens alors même que, par le biais du sinistre Blanquer, il détruit les lycées et l’ensemble de l’Éducation de moins en moins « nationale » et de l’Enseignement supérieur avec sa sinistre loi intitulée LPPR ?! Enfin, comment Macron peut-il célébrer la souveraineté nationale alors même qu’il souhaite y substituer la « souveraineté européenne », fondamentalement antipopulaire ?!
À l’usurpateur et au révisionniste Macron, convaincu d’incarner le nouveau Napoléon et dont la vision même de l’histoire tend à légitimer l’extrême droite réactionnaire, opposons les Lumières communes que le PRCF porte à travers sa revue théorique ÉtincelleS, ses cafés marxistes, son travail d’érudition de la part de ses philosophes, historiens, économistes publiés par les éditions Delga, ses nombreux articles de réflexion sur Initiative communiste et le site des JRCF. Et préparons la grande célébration du 29 mai 2021, en mémoire à la victoire du NON le 29 mai 2005 et en hommage aux communards assassinés par les canons des Versaillais, dont Macron est l’héritier. Un 29 mai 2021 qui ne doit pas être un jour de commémoration, mais une nouvelle étape dans le combat idéologique et politique contre l’ordre capitaliste euro-atlantique, contre la fascisation galopante, contre le révisionnisme réactionnaire de l’histoire, pour qu’émerge une Alternative Rouge et Tricolore en rupture totale avec l’euro, l’UE, l’OTAN et le capitalisme. Une Alternative seule à même de reconstruire une République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et internationaliste, afin qu’adviennent enfin les « nouveaux Jours heureux » dont les travailleurs et les citoyens de France, héritiers des jacqueries, des sans-culottes, des communards et des Résistants, ont urgemment besoin !