« Soucieux » de défendre les langues régionales et locales de France, le député Paul Molac, successivement proche de l’UDB, du PS, d’EELV, de la macronie et désormais membre du groupe parlementaire « Libertés et territoires », vient de faire passer son projet de loi destructeur à l’Assemblée Nationale après être passé par le Sénat.
Au prétexte louable de défendre ce trésor national et patrimonial que représente la diversité linguistique en France, le député Molac, député de la République, s’est fait fer de lance de la remise en cause profonde du caractère un et indivisible de la République, du français comme langue nationale, constitutionnelle et unique de la République, ainsi que du caractère NATIONAL de l’éducation nationale.
S’inscrivant politiquement et temporellement dans le cadre d’une offensive générale du tout-anglais globishisé (cet anglais appauvri du monde des affaires qui ne fait nullement honneur à la langue de Shakespeare) sur le français (dans la publicité, dans de nombreuses universités ou encore dans les grandes entreprises du CAC40, l’anglais devient de plus en plus hégémonique voire OBLIGATOIRE…), ce projet de loi ne viendra pas in fine défendre les langues régionales ni contre le tout-anglais ni même contre l’orgueil et le mépris bourgeois persistant envers les territoires (et en premier lieu les communes!), mépris hérité non pas des jacobins alors largement implantés dans les départements, comme tentent de le faire croire bon nombre d’ainsi-dit « régionalistes », mais bien de la politique ultra-centralisatrice et impériale de Napoléon Bonaparte et du 1er Empire.
En effet, d’un côté l’UE officialise progressivement l’anglais comme sa langue officielle, poussant donc de fait à la co-officialité des langues encore nationales avec celle de l’UE, donc avec l’anglais, celui-ci devenant le langage unique dans de nombreux secteurs. C’est ainsi qu’on voit désormais apparaître de nouveaux papiers d’identités bilingue français/anglais.
De l’autre côté presse l’euro-régionalisme patronal et bobo et son cortège de démantèlement national en tout genre. Afin de se soumettre à la concurrence euro-capitaliste que domine la RFA réunifiée depuis 1990, Macron, le MEDEF et l’UE poussent à la « landërisation » de la France, c’est à dire à la fin de la République une et indivisible, et à l’avènement du « pacte girondin » macroniste, des baronnies locales les plus riches se passant de l’accord de Paris et traitant directement avec Bruxelles et Berlin et disposant au besoin de leurs propres langues régionales pour réécrire le code du travail et la loi au détriment des conquêtes sociales, nationales et démocratiques arrachées par la classe ouvrière et le mouvement populaire national depuis des centaines d’années aux féodaux, aux nobles et finalement à la bourgeoisie capitaliste.
C’est bien dans ce cadre global que s’inscrit ce projet de loi, mais aussi ces affaires de livrets de familles bilingues pas si anecdotiques que ça, ouvrant donc la porte à la la reconnaissance constitutionnelle et donc à la CO-OFFICIALITE des langues régionales et locales aux côtés du français.
Nous posons la question :
Qui et dans quel intérêt pousse à la co-officialité des langues régionales aux côtés du français ?
Autrement dit, de quel côté de la barricade, celle qui sépare d’un côté le français comme langue nationale et constitutionnelle, de l’autre le tout-anglais globishisé capitaliste adopté par le CAC40 et le MEDEF qui ne rêvent que d’Etats-Unis d’Europe et « d’espace vital » pour leurs profits (cf Besoin d’airE, manifeste du MEDEF), se trouve le camp de la défense des langues régionales ou même tel ou tel défenseur de ces langues ?
S’il est vrai que le français a pris le pas sur ces langues pour des raisons historiques et matérielles très concrètes, il est aujourd’hui lui-même menacé sur tous les fronts.
Car ceux qui hier, du haut de leur État bourgeois national, alliés par exemple en Bretagne aux « capitalistes de la conserve », n’avaient cure voire méprisaient la langue bretonne des « travailleurs de la mer et des paysans », sont aujourd’hui les mêmes grand-patrons et capitalistes qui aujourd’hui se sont ralliés au tout-anglais capitaliste de la « start-up nation » parallèlement à leur besoin de s’émanciper du cadre national et d’écraser au passage « à la fois les fiertés nationales et les revendications prolétariennes » (Jean Jaurès).
Que pèsera donc demain le breton face au tout-anglais si son seul rempart concret actuel qu’est le français tombe ? La question se pose pour chacune des langues régionales qui composent la diversité linguistique de notre patrie.
En réalité, les rapports entre la langue nationale et constitutionnelle qu’est le français et les langues régionales qui ont composé durant des centaines d’années l’expression des classes populaires en France, doivent évoluer pour converger du même côté de la barricade de la lutte des classes et se tourner ensemble contre ceux qui, pour défendre leurs profits, ont besoin d’imposer au monde un marché unique, une culture unique, une pensée unique, une langue unique… Celle du capitalisme et des affaires.
La sauvegarde des langues régionales doit se faire non pas contre le français, mais AVEC le français national et populaire et CONTRE le tout-anglo/américain patronal et capitaliste.
Ainsi pourrions nous dire qu’un peu de diversité linguistique nous éloigne de la patrie et du français, mais que beaucoup y ramène, tout autant qu’un peu de langue française éloigne de nos régions et de leurs trésors linguistiques, mais que beaucoup y ramène.
Les locuteurs bilingues méritent mieux que des identitaires et des euro-régionalistes, qui dépècent la France jour après jour pour, pour se défendre et pour défendre notre biodiversité linguistique. Parce que la République est une et indivisible et parce que le Français comme langue nationale et constitutionnelle unique la conforte, le breton, comme le ch’ti, l’alsacien ou encore le corse sont la richesse de tous les Français, de Brest à Strasbourg, de Calais à Ajaccio.