L’allocution présidentielle du 10 novembre n’apporte rien d’autre qu’une confirmation et qu’une aggravation des choix politiques d’un chef de l’Etat surtout préoccupé de mener sa campagne électorale (alors qu’il n’est toujours pas candidat déclaré…) et de prendre de droite les candidats LR (lesquels courent eux-mêmes derrière Zemmour et Le Pen).
Sur le plan sanitaire, aucune annonce forte pour l’hôpital, dont les personnels sont à bout de force et dont certains agents démissionnent, certains en raison de l’obligation vaccinale, les autres pour cause de salaires médiocres et de conditions de travail éprouvantes. Pendant ce temps, les suppressions de lit continuent, des personnes décèdent à domicile faute de place à l’hôpital rural du coin, de plus en plus rares et éloignés et Macron continue à présenter la « construction » européenne alors que, criminellement, la commission de Bruxelles a multiplié les sommations adressées à la France de diminuer ses dépenses de santé pour rentrer dans les clous du sacro-saint euro.
Par ailleurs, l’homélie culpabilisante de Macron sur la « valeur-travail » (ce candidat « ni de droite ni de gauche » est-il autre chose qu’un clone formellement plus lisse de Sarkozy ?) est insupportable alors que des millions de gens qui travaillent dur ont des salaires minables, non seulement dans les métiers ouvriers et employés, mais dans les services publics où, par exemple, les enseignants sont à la ramasse depuis des années (là encore, que signifie la « reconnaissance de la valeur-travail » quand le point d’indice des fonctionnaires est bloqué depuis 2010 ?) – ce qui n’empêche pas le sinistre Blanquer de renoncer à utiliser tout le budget dont il dispose pour l’année 2021… L’attaque est brutale et frontale contre les chômeurs, qui viennent juste de prendre dans la figure une contre-réforme diminuant fortement leurs indemnités – réforme ordonnée par l’Union Européenne dans le cadre du Semestre Européen, et auxquels on annonce arrogamment que l’Etat sucrera leurs indemnités s’ils n’acceptent pas n’importe quel « emploi » sous-qualifié, sous-payé et situé n’importe où. Plus facile que d’augmenter les salaires et d’affronter la pingrerie des grands actionnaires, le souci de l’ex-fondé de pouvoir de Rothschild étant surtout, en fliquant toujours davantage les chômeurs, de diminuer la pression salariale sur le patronat qui résulte toujours des périodes de reprise, fussent-elles provisoires et fragiles, quand les patrons risquent d’être forcés de payer plus pour recruter la force de travail nécessaire.
Et voici aussi que Macron repasse les plats de la contre-réforme des retraites que les salariés français, très majoritaires dans ce pays, refusaient avec force (sauf le syndicaliste jaunâtre qu’est le chouchou des médias Laurent Berger) lors de l’annonce d’un nouveau recul de l’âge de départ : l’ex-Premier ministre LR de Macron, Edouard Philippe, vend la mèche en se prononçant pour la retraite à 67 ans, c’est-à-dire pour la suppression finale du droit effectif à la retraite car les gens finiront pas mourir au travail. Avant 1945, époque à laquelle le ministre communiste Ambroise Croizat institua les retraites par répartition, les ouvriers parlaient ironiquement de la « retraite des morts » ; du reste, les statistiques officielles montrent que l’âge moyen de la longévité en bonne santé BAISSE en France.
La lutte pour le « plein emploi » telle que la conçoit Macron, c’est encore et toujours le recul des droits sociaux, la stagnation des salaires, de nouvelles baisses de cotisations patronales aggravant le déficit de la Sécurité sociale, la casse des statuts et du code du travail, l’aggravation de la précarité : bref, des cadeaux pour le patronat… et pour les travailleurs, le droit de se tuer en heures sup (souvent impayées !) pour joindre les deux bouts, de courir les pourboires, de cumuler les emplois informels ; en un mot, d’avoir cette « vie de merde » dont se plaignent légitimement des millions de salariés, précaires, mais aussi de plus en plus « statutaires ».
Pas d’autre issue, donc, pour notre pays, que la construction du tous ensemble pour renverser le rapport des forces et remettre le monde du travail au coeur de la vie nationale. Pour la France, pour les travailleurs… sans et contre Macron. Il y a urgence.
Par Georges Gastaud, directeur politique d’I.C. (11 novembre 2021)