EPHEMERIDES POLAIRES – Regards sur l’actualité politique de la semaine
- International – Elections en Turquie
- International – Marche à la guerre exterministe : on voit la pente mais où sont les freins ?
- Lutte – Chacune pour soi et à la queue leu leu à Matignon !
- Europe : Vous avez dit « indépendance » ?
- Antifascisme et paix : DEUX PETITIONS IMPORTANTES A FAIRE CONNAÎTRE AUTOUR DE NOUS:
par Georges Gastaud, directeur politique d’Initiative politique – 20 mai 2023
Elections en Turquie
Les médiacrates font grise mine. Erdogan est en effet en passe d’être réélu alors que, manifestement, le Camp du Bien occidental avait misé sur son très atlantiste concurrent libéral et social-démocrate pour lequel Radio France avait peu discrètement mené campagne. Certes Erdogan est un autocrate fieffé, il est proche des très réactionnaires Frères musulmans, il persécute les Kurdes et il ne peut pas voir les communistes en peinture : très loin de nous donc l’idée de lui apporter quelque soutien politique que ce soit. Mais si les Turcs, et spécialement les « petites gens » de l’Anatolie intérieure continuent à voter massivement pour lui, n’est-ce pas surtout parce que ce personnage atypique incarne à leurs yeux, à tort ou à raison, la fierté nationale turque et le refus de ramper devant la sacro-sainte « Europe » atlantique ?
Cependant, l’issue progressiste pour la Turquie comme pour d’autres pays aux prises avec le choix impossible entre le nationalisme, patriarcal et autoritaire et l’euro-atlantisme oligarchique et dissolvant, c’est avant tout l’essor du combat ouvrier de classe, le renforcement des communistes et l’émergence d’un large mouvement populaire portant à la fois la fierté nationale du peuple et l’émancipation sociale du peuple travailleur en marche vers le socialisme.
Marche à la guerre exterministe : on voit la pente mais où sont les freins ?
Cyniquement réunis à Hiroshima (où, que l’on sache, le criminel bombardement atomique de la ville ne venait pas des Russes…), les Occidentaux excités par les détestables tories anglais ont décidé d’offrir des avions F 16 à Zelensky, ce fauteur de guerre mondiale dont le régime célèbre l’hitlérien Bandera. Bref, c’est toujours la même logique du pire: soit les Russes reculent sur le terrain, et les Occidentaux accélèrent alors l’escalade pour tenter de leur infliger une défaite dévastatrice, soit les Russes avancent et l’UE-OTAN accélère AUSSI l’escalade (à quand maintenant l’intervention ouverte des armées de l’OTAN – et de l’armée française comme telle? – en Ukraine?) pour tenter d’éviter l’effondrement de Kiev. Bref, l’Empire euro-atlantiste ne dispose que d’une vitesse, la marche avant, que d’une pédale, l’accélérateur: telle est la logique exterministe et fanatique de leur position fondamentale, qui est l’unilatéralisme ; en effet, si des partisans du multilatéralisme peuvent par définition transiger et traiter, des unilatéralistes, que sont les USA au moins depuis la chute de l’URSS, ne reconnaissent pas l’autre, qu’il ne veulent pas amener à un traité de paix (voir le sabotage fièrement revendiqué des Accords de Minsk par Hollande et Merkel), mais traîner devant un tribunal international à leur botte comme ils l’avaient déjà fait avec Milosevic. Car par définition, l’hégémonie mondiale ne se partage pas. Bref, on voit de plus en plus se dessiner la pente, voire l’à-pic vertigineux, mais on ne voit pas les freins!
Dans ces conditions, plutôt que de pratiquer le « rassurisme » et d’attendre passivement, comme Godot, la « dédollarisation du monde », ou l’émergence irrépressible des BRICS sans voir combien le COURT-TERME, qui est le temps des décisions militaires, est décisif, il nous faut absolument activer le combat pour la paix, qui est très en retard en France par la faute de l’ensemble des composantes « euro-constructives » de la NUPES, et activer le front anti-exterministe. Plus que jamais, le mouvement de la classe ouvrière (française et/ou mondiale) est, potentiellement du moins, le rempart principal de la paix. Surtout si les vrais communistes font leur travail d’avant-garde en se souvenant des deux paroles suivantes: « le courage, c’est chercher la vérité et la dire » (Jaurès), et « il n’y a rien de plus révolutionnaire que de dire ce qui est » (Luxemburg).
Bref, sans attendre que les confédés syndicales euro-formatées fassent leur boulot normal de défense de la paix (ce serait déjà pas mal que leurs premiers dirigeants cessent d’encenser lâchement Zelensky!), associons dans les actions présentes et à venir du monde du travail, notamment à l’occasion des manifs du 7 juin prochain, les exigences conjointes du progrès social, de la paix, de l’indépendance nationale (une France auto-enchaînée à l’UE-OTAN s’interdit de défendre la paix!), de la démocratie et exigeons que la France sorte par la gauche de la machine suicidaire de l’unilatéralisme euro-atlantiste. Là est le vrai patriotisme, car si la guerre se continentalise puis se mondialise, un pays de la taille de la France sombrerait définitivement dans les tsunamis militaires et environnementaux qui ne manqueraient pas de suivre.
Chacune pour soi et à la queue leu leu à Matignon !
**Ca y est! Après avoir juré « toutes ensemble et en même temps » que le retrait de la contre-réforme Borne des retraites resterait un préalable à toute reprise des « discussions » avec Macron (ou plutôt, de son « dialogue social » bidon), les directions confédérales de la CFDT, de FO, de la CFTC, de l’UNSA, de la CGC et, hélas aussi, de la CGT, sont toutes allées à la queue leu leu et chacune pour soi, « discuter » gentiment avec Mme Elisabeth Bornée. Ce reniement, un mois seulement après la promulgation de la loi scélérate sur les retraites, revient à aider Macron, dont l’illégitimité démocratique est flagrante, à « tourner la page » d’un affrontement de classes sans précédent depuis 1995, voire depuis Mai 68. C’est aussi piétiner la volonté de lutte des manifestants et des travailleurs grévistes et surtout, c’est refuser de mettre en profit dans l’intérêt des travailleurs et de tout le pays l’énorme discrédit d’un pouvoir archi-minoritaire dans le pays. D’autant que dans le même temps, Macron agit pour que le projet de loi des députés « LIOT » visant à abroger la contre-réforme ne puisse même pas être examiné par l’Assemblée nationale ! **
Bref, les états-majors alignés sur Berger, président en titre de la Confédération Européenne des Syndicats (c’est-à-dire la courroie de transmission « syndicale » de Bruxelles…) piétinent le voeu unanime des grévistes français qui, par centaines de mille, crient toujours « Macron, Macron, retire ta loi / Et casse-toi ! ». Ils ont en effet parfaitement compris, eux, que le Macronat est à la fois l’ennemi des acquis sociaux et le violateur patenté de la souveraineté populaire…
Faut-il pour autant se décourager et dire « tout cela n’aura servi à rien »? Nullement, car ce président indigne de sa fonction a largement été affaibli par le mouvement qui n’a pas dit son dernier mot et doit plutôt chercher comment rebondir à l’automne. Pourquoi pas avec une grande manif de combat unitaire sur les Champs Elysées pour exiger, non seulement le retrait de cette contre-réforme, mais la déconstruction de toutes les contre-réformes maastrichtiennes en cours ou en projet (SNCF, EDF, Education nationale, Hôpital, RSA, chômage, immigration…), l’interdiction des licenciements collectifs et des délocalisations, l’augmentation générale et l’indexation des salaires sur les prix?
Sans omettre d’accuser l’UE, qui orchestre les contre-réformes à l’échelle continentale au nom des « critères de convergence » de l’euro. Et d’exiger que l’argent public détourné pour préparer, derrière l’UE-OTAN, un « conflit global de haute intensité » contre la Chine et la Russie, soit utilisé pour rétablir les acquis sociaux du CNR dans notre pays!
Europe : Vous avez dit « indépendance » ?
Un certain nombre de mouvements gauchistes qui (comme Le Pen, paradoxalement!) confondent patriotisme républicain et nationalisme réactionnaire, reprochent au PRCF de lutter pour l’indépendance nationale au risque de perdre son indépendance de classe et de se soumettre idéologiquement à la « bourgeoisie nationale ». Inversion des réalités ! En effet, le CAC-40 et le MEDEF sont arc-boutés sur la « construction » euro-atlantique qui mène très ouvertement à la liquidation de notre pays: non seulement à l’abandon de sa souveraineté politique, monétaire et militaire, mais à la dissolution de son existence nationale elle-même. Tout cela est écrit, pour qui veut s’informer, dans le Manifeste du MEDEF intitulé « Besoin d’aires » : un texte qui, depuis 2012, invite les autorités hexagonales à construire « les Etats-Unis d’Europe », à multiplier les « transferts de souveraineté » vers Bruxelles, à inscrire l’UE elle-même dans l’ « Union transatlantique » chapeautée par l’OTAN, à liquider les communes et les départements au profit des métropoles et des régions transfrontalières, à liquider les « pesanteurs » sociales issues du CNR (« ce compromis entre gaullistes et communistes à une époque où l’Armée rouge campait à 1000 km de nos frontières », dixit Denis Kessler). Voire à se tenir « ready for the future », c’est-à-dire à substituer l’anglais « langue des affaires et de l’entreprise » (dixit le Baron Seillière…) au français, langue constitutionnelle de notre pays. Ajoutons qu’aucun des grands partis bourgeois, y compris le RN flanqué de Dupont-Aignan, ne veut sortir de l’euro, de l’OTAN et de l’UE, bref qu’aucune fraction significative de la grande bourgeoisie n’est indépendantiste-française (Le Pen ne veut pas prendre de front sa propre classe sociale européiste jusqu’aux yeux!).
La critique gauchiste du PRCF est donc 100% erronée: c’est au contraire le mot d’ordre creux et dangereux de l’ « Europe sociale, démocratique, pacifique et écologiste » qui arrime le mouvement populaire à la grande bourgeoisie et à sa « construction » euro-atlantiste entièrement tournée contre la paix, la démocratie et les acquis sociaux. En outre, comment lutter pour le socialisme sans dégager les traités totalitaires et contre-révolutionnaires constitutifs de l’UE qui disposent que « l’UE est une économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée »?
Conclusion: pour reprendre la route révolutionnaire menant au socialisme pour la France, et dans l’immédiat, pour reconstruire le mouvement ouvrier de classe et le parti communiste de combat dont le peuple a besoin, il faut rompre avec le mythe social-impérialiste de l’ « Europe sociale », il faut un Frexit progressiste créant, dans l’affrontement même avec l’UE et ses suppôts hexagonaux, les conditions de la révolution socialiste et d’une véritable Europe des luttes qui ne se fera pas DANS l’UE, mais CONTRE elle et en exigeant de BRISER, et non d’adoucir, les CHAÎNES de l’UNION EUROPEENNE.
Restauration de l’indépendance nationale et rétablissement de l’indépendance politique, syndicale et idéologique de classe du prolétariat (donc reconstruction du parti communiste de combat et du nouveau syndicalisme rouge) sont deux aspects solidaires du même mouvement pour l’émancipation populaire. CQFD, « ce qu’il fallait démontrer ».
DEUX PETITIONS IMPORTANTES A FAIRE CONNAÎTRE AUTOUR DE NOUS:
D’une part l’Appel-pétition pour la défense de l’historienne Annie Lacroix-Riz, que Médiapart a injuriée et qualifiée de négationniste (alors que notre camarade, modèle du chercheur rigoureux, est la petite-fille d’un déporté juif mort à Auschwitz!) et que le média faussement de gauche d’Edwy Plenel, l’ex-médiacrate du « Monde », a même insidieusement appelé à censurer en fustigeant les rares sites osant encore publier des auteurs coupables de ne pas diaboliser l’URSS…
Cette chasse aux sorcières qui fait de Staline le double de Hitler (comme s’y efforce aussi un récent livre de Jean-Jacques Marie, toujours à la pointe du consensus antisoviétique) n’a d’autre effet que de criminaliser le communisme tout en dédiabolisant le nazisme. En effet, cet amalgame scandaleux, qui banalise les nazis tout en humiliant les communistes, donne aujourd’hui en Ukraine les jolis résultats qu’on voit: quasi interdiction de fêter la victoire de l’Armée rouge le 9 mai dernier, mais inauguration partout de plaques commémorant l’odieux Bandera, qui combattit l’Armée rouge tout en génocidant des milliers de juifs et de Polonais. Et à l’Ouest, banalisation de l’extrême droite, déjà au pouvoir de Rome à Tallinn, et diabolisation des communistes, dieu qu’elle est jolie la Gross Europa en marche vers le « conflit global de haute intensité » avec les pays à jamais maudits d’Octobre 17, de Stalingrad et de la Longue Marche!
l’appel-pétition lancé par la commission philosophie du PRCF « pour la paix, contre l’exterminisme ».
Déjà de nombreux universitaires, mais aussi syndicalistes français, bulgares, roumains, grecs, etc. ont signé cet appel qui, prenant appui sur un écrit classique de Kant sur la paix, montre qu’aucune guerre pouvant mener à l’extermination générale de notre espèce ne saurait avoir de justification morale. Il faut donc tout tenter pour combattre le jusqu’au boutisme belliqueux, les livraisons d’armes sans limites, avions offensifs inclus, tout en exigeant le retour à la négociation et à la désescalade.
signez la pétition : Refusons la très suicidaire marche en cours vers une guerre mondiale d’anéantissement : l’appel lancé par des philosophes