DECLARATION DE LA COMMISSION INTERNATIONALE du PRCF – 10 mai 2022
par Fadi Kassem, Georges Gastaud, Aymeric Monville
IL Y A LOIN DE LA COUPE AUX LEVRES…
L’article que nous reproduisons ci-dessous l’établit, chiffres à l’appui : l’objectif des hégémonistes euro-atlantistes, qui est à la fois d’isoler la Fédération russe, de l’écraser militairement et de la découpler de la Chine populaire afin de préserver et d’aggraver l’hégémonie mondiale étatsunienne, est loin d’être atteint malgré l’empilement de « sanctions » illégales et l’envoi massif d’armes sophistiquées à Kiev et à ses bataillons néonazis. On pense notamment au sinistre « Bataillon Azov », présentement en déroute à Marioupol, et dont nos médias indignes présentent les membres répugnants comme autant de « résistants »…
Non seulement les B.R.I.C.S. (43% de la population mondiale !) ne s’associent pas aux sanctions décrétées par le bloc anglo-saxon et ses suiveurs européens, mais les relations commerciales et industrielles entre la Chine (bientôt première économie mondiale…) et la Russie (seconde puissance militaire mondiale) se développent à un rythme accéléré ; en témoigne la construction spectaculaire du premier pont ferroviaire russo-chinois. Décidément, il y a loin de la coupe aux lèvres pour les fauteurs euro-atlantistes de troisième Guerre mondiale désireux d’isoler, d’écraser, puis de diviser la Fédération Russie !
RESISTANCES MONDIALES A L’HEGEMONISME EURO-ATLANTISTE
Très clairement, le nouveau monde émergent du XXIe siècle ne supporte plus l’hégémonisme occidental. D’autant que ce dernier ne cesse d’écraser les peuples d’Europe harassés de mesures austéritaires tout en divisant le peuple étatsunien menacé de guerre civile et de nouvelles régressions sociétales lourdes (cf. la remise en cause du droit des femmes américaines à l’IVG…).
En réalité, le sens profond du développement historique mondial est au non-alignement et au refus encore tâtonnant, et souvent inconséquent, de l’hégémonisme et de l’impérialisme, mais aussi au progressif basculement du centre géopolitique du monde vers l’espace indo-pacifique. Ce rejet de l’hégémonisme-impérialisme est vrai en Afrique, où les peuples rêvent d’unité socialiste panafricaine et refusent les interventions aux accents néocolonialistes ; c’est aussi vrai en Asie, où le Vietnam et la Chine semblent se rapprocher et où les forces communistes montent en puissance comme en Inde ; c’est enfin vrai en Amérique latine, où Cuba et l’ALBA tiennent bon et suscitent un nouvel élan, fût-il encore confus et inconséqunt, des forces progressistes et antifascistes du sous-continent (Chili, Pérou, Honduras, Mexique, voire Brésil et même Colombie…).
Aux Etats-Unis même, le mouvement ouvrier mène de grandes grèves comme on l’a vu récemment chez John Deer et Amazon ; le mot « socialisme » n’est plus tabou dans la jeunesse et le mouvement d’émancipation des Afro-Américains (cf. entre autres le mouvement « Black lives Matter ») et le mouvement d’émancipation des femmes pour la défense de l’IVG ne se laissent pas intimider par les campagnes ultraréactionnaires, suprémacistes et fondamentalistes.
En Europe, sous des formes souvent biaisées, l’UE ébranlée par le Brexit ne tient plus que par sa fuite en avant permanente, sourdement refusée par les peuples, vers toujours plus d’atlantisme, de fédéralisme impérial, d’euro-austérité et de soumission à l’Axe germano-américain pourtant fissuré par de profondes fractures inter-impérialistes.
En France, le pouvoir macroniste sort en réalité affaibli et largement délégitimé de l’élection présidentielle et la tâche des vrais communistes, syndicalistes de classe et autres véritables progressistes, est de faire germer le « tous ensemble » des travailleurs, de refuser à la fois l’euro-démontage « en marche » de la République une et indivisible et la fascisante xénophobie lepéniste. Pour cela, il faut déployer une véritable Alternative rouge et tricolore portant le Frexit progressiste, la lutte résolue contre l’OTAN et la nationalisation démocratique des secteurs-clés de l’économie.
En outre, comme le prouvent les grèves de masse en Inde, le facteur historique à terme le plus important et le plus progressiste de notre époque tient au renouveau des luttes de classe et de masse du prolétariat et de la paysannerie pauvre. Dans les B.R.I.C.S. notamment, mais pas seulement, les traditions « rouges » sont appelées à se réveiller, remettant sur le devant de la scène les Partis communistes dont l’unité internationale de combat, y compris peut-être l’unité organisationnelle le jour venu, revient nettement à l’ordre du jour de l’histoire. En ce qui concerne les communistes d’Europe, une tâche urgente est de forger l’unité de combat des partis et des organisations communistes contre l’euro-maccarthysme qui, résolutions anticommunistes du Parlement européen et russophobie mêlée d’antisoviétisme aidant, ne peut manquer tôt ou tard, en alliance avec les fascistes, de criminaliser le noble drapeau rouge frappé de l’emblème mondial des ouvriers et des paysans.
MARCHE A LA GUERRE EXTERMINISTE OU REPRISE DE LA MARCHE EN AVANT VERS LE SOCIALISME-COMMUNISME ?
En effet, sur fond de crise explosive latente du capitalisme qu’aggravent encore les sanctions-boomerangs imposées par les Etats-Unis à la Russie et à l’Europe, de crise climatique non traitée et de pandémie gérée chaotiquement par le monde capitaliste, la période d’intense réaction qui a mondialement suivi l’implosion de l’URSS semble atteindre ses limites. En Russie, le souvenir de l’Union soviétique et de ses grands acquis patriotiques et socialistes revient en force. Les débandades à répétition des Etats-Unis en Irak, en Afghanistan et en Syrie ont discrédité le prétendu « nouvel ordre mondial » proclamé par George Bush Senior après l’implosion du camp socialiste. De plus en plus, les peuples aspirent à l’indépendance nationale, au progrès social, à la sagesse environnementale partagée, à la coopération internationale rationnellement coordonnée, au partage des acquis scientifiques et technologiques, à la fin de l’unilatéralisme américain, toutes choses qui sont objectivement impossibles à terme sans que se rouvre en grand pour chaque pays et pour toute l’humanité la marche vers un communisme-socialisme de nouvelle génération impulsé par les forces prolétariennes. Pour cela, ces dernières ont l’urgent besoin d’un grand Mouvement Communiste International, d’un nouvel élan de la pensée marxiste-léniniste et d’une renaissance mondiale du camp anti-impérialiste et anti-hégémoniste. Plus que jamais sur le fond, face au capitalisme-impérialisme hégémoniste et à ses entreprises objectivement exterministes sur tous les terrains (mode de « développement » économique prédateur et gaspilleur, flirt irresponsable avec la guerre mondiale nucléaire, indifférence profonde envers le dérèglement environnemental global, irresponsabilité à l’égard des crises sanitaires mondiales…) retentissent le juste mot d’ordre lancé par Fidel Castro: « la (les) patrie(s) ou la mort, le socialisme ou mourir ! », ainsi que les trois avertissements anti-impérialistes lancés par Jean Jaurès à la veille de la Première Guerre Mondiale : « l’émancipation nationale est le socle de l’émancipation sociale », « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » et « le trust tourné vers l’extermination, voilà le dernier raffinement du capitalisme moderne » !
Dès lors, l’orientation des militants franchement communistes, anti-impérialistes et internationalistes, des vrais écologistes et des patriotes progressistes, coule de source :
- L’objectif principal de court terme est de tout faire pour briser la marche à la Troisième Guerre mondiale pan-destructive qu’impulse l’Axe Washington-Londres suivi par Macron à l’unisson de l’UE atlantique. L’hégémonisme euro-atlantique à dominante anglo-saxonne pousse à la conflagration, y compris nucléaire, avec la Russie pour lui infliger une défaite cuisante de manière à couper court, pendant qu’il en est temps, à l’essor irrépressible des pays émergents – et derrière eux, à la « remontada » prévisible du Mouvement communiste international (rappelons en effet que, dans chaque pays des B.R.I.C.S. – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – agissent de grands partis communistes et demeurent de profondes traditions rouges et prolétariennes). Pour parvenir à cet objectif proprement anti-humain, les médias systémiques cultivent la russophobie et la sinophobie, érigeant même l’antisoviétisme et l’anticommunisme en idéologies officieuses, et bientôt officielles. Sans exclure en rien, d’une part de favoriser le dangereux réarmement massif de l’impérialisme allemand, de mettre en place un Empire euro-atlantique dont notre peuple refuse le principe même (« Non » à la constitution européenne), de susciter une écœurante alliance de moins en moins cachée entre l’OTAN et les forces néonazies sévissant de l’Ukraine à la Baltique, au risque d’afficher au grand jour la dimension exterministe du capitalisme-impérialisme contemporain. Plus que jamais, fascisation galopante et exterminisme constituent des dimensions axiales du capitalisme-impérialisme-hégémonisme contemporain !
- Dans l’immédiat, la priorité absolue est de rassembler les forces de paix et de vie contre la marche hégémoniste, impérialiste, voire exterministe du bloc euro-atlantiste. Celui-ci construit jour après jour les conditions d’une confrontation militaire directe avec la Russie, ce qui impliquerait immédiatement une conflagration nucléaire aux effets pan-destructifs. Sans idéaliser en rien le conservateur clérical et contre-révolutionnaire Vladimir Poutine, en déployant la solidarité de classe envers les communistes russes, ukrainiens, polonais, baltes, hongrois, roumains, bulgares, moldaves, biélorusses, etc., en défendant l’héritage anti-impérialiste et antifasciste glorieux de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (et non la nostalgie de la « Grande Russie » tsariste !), nous redisons que l’OTAN, de moins en moins discernable de l’UE russophobe et belliciste, est l’ennemi principal de la paix mondiale. De même, l’Europe atlantique est l’adversaire n°1 de l’indépendance, de la sécurité, voire de l’existence nationale du peuple français. L’urgence politique est donc d’exiger plus fort que jamais la désescalade, les négociations et la paix en Ukraine ; elle est aussi de dénoncer le social-exterminisme et l’écolo-exterminisme de la fausse « gauche » euro-atlantiste – qui se portent sur ce plan à la droite de l’extrême droite elle-même puisque les dirigeants belliqueux du PS et d’EELV sont objectivement devenus, toutes tendances confondues, le fer de lance fanatiquement atlantiste de la marche à la Troisième Guerre Mondiale !
Il faut également stigmatiser l’orientation social-impérialiste des dirigeants du PCF-PGE, Fabien Roussel en tête, qui, en rupture avec la ligne anti-impérialiste et « défaitiste révolutionnaire » du Congrès de Tours, a lâchement ajourné (« ce n’est pas à l’ordre du jour » : cap sur l’électoralisme plat !) toute dénonciation concrète de l’UE-OTAN. Le même Roussel ne parle plus dans ses tracts électoraux que d’« isoler Poutine » sans dire mot des agissements terrifiants de l’Alliance atlantique : cela revient, tout en parlant mielleusement de « paix », à rallier l’union sacrée russophobe en oubliant la juste parole de Karl Liebknecht en août 1914: « l’ennemi principal est dans ton propre pays ! », ainsi que la parole de Jean Jaurès : « le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ».
« DESOBEIR A L’U.E. SUR LES PLANS SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL », MAIS MARCHER AU PAS DERRIERE l’U.E./O.T.A.N. SUR LE PLAN MILITAIRE ? POUR UNE « UNION POPULAIRE » AUTHENTIQUEMENT PACIFIQUE !
- Alors que le pacte de « Nouvelle Union Populaire écologique et sociale » conclu entre LFI, le PCF, le PS, Génération-S et EELV ne parle, en termes fort timides, de désobéir à l’UE que sur le terrain social ou environnemental, abandonnant donc tout projet de désobéir à l’UE sur les terrains aujourd’hui cruciaux de la diplomatie et des affaires militaires et reniant a fortiori la formule mélenchoniste de 2017 « L’UE, on la change ou on la quitte! », les partisans d’une véritable Union populaire, patriotique, antifasciste et écologiste de combat doivent exiger qu’un futur premier Ministre LFI s’engage à sortir immédiatement la France de l’Alliance atlantique (en effet, la France serait mécaniquement impliquée dans une ultime Guerre mondiale si surgit le moindre incident de frontière entre l’Armée russe et, par exemple, le régime polonais maladivement russophobe et américano-formaté…). Notre pays doit stopper toute livraison d’armes à Kiev et oeuvrer d’urgence à la désescalade entre Kiev et Moscou. De même, un Premier Ministre parlant au nom d’une France vraiment « insoumise » devrait dénoncer tout nouvel acte d’allégeance atlantiste d’Ursula von der Leyen, il devrait retirer les troupes françaises de Roumanie, des frontières baltes et de tout autre théâtre public ou secret de belligérance actuelle ou potentielle. Il faut aussi que notre pays réaffirme solennellement que sa force de frappe nucléaire ne « couvre » que les atteintes caractérisées au territoire national et non pas, comme semble l’admettre follement Macron, les atteintes ou prétendues atteintes à l’ensemble du sous-continent européen. Bien entendu, le PRCF continuera de demander la sortie pure et simple de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, car il est mensonger de proposer la sortie de l’OTAN tout en restant dans l’Alliance atlantique et dans l’UE qui n’est que l’appendice européen de ladite alliance.
- Il faut continuer de soutenir Cuba socialiste en refusant le blocus états-unien contre elle et contre le Venezuela bolivarien, soutenir les peuples palestinien, yéménite et sahraoui, exiger la fin de la Françafrique néocoloniale, le retrait d’Afrique des troupes françaises et la fin du franc CFA, la mise en place d’une toute nouvelle politique franco-africaine fondée sur les principes d’égalité et de coopération mutuellement avantageuse avec les pays d’Afrique francophone (sans exclure bien entendu de bonnes relations avec l’Afrique anglophone ou lusophone). Il faut aussi dénoncer la tentative macroniste de « passer le relais » de la Françafrique néocoloniale à l’Europe militaire pour tenter de pallier la crise historique du néocolonialisme français contraint au repli par son échec malien.
Le PRCF continuera de développer ses relations internationales avec l’ensemble des partis communistes, ouvriers et anti-impérialistes qui acceptent le dialogue ; le PRCF dénoncera aussi le « Parti de la Gauche Européenne », dont est membre le PCF, et la Confédération Européenne des Syndicats, qui chapeaute la CFDT, la CGT et FO. Ces structures supranationales et nullement internationalistes ne sont en effet que les relais des institutions capitalistes européennes au sein du mouvement syndicat et à l’intérieur de ce qui reste du cartel en faillite de l’« eurocommunisme ». Dans le même esprit, le PRCF soutiendra encore plus fort la Fédération Syndicale Mondiale, dont l’implantation en France est une urgente nécessité pour l’efficacité du combat de classe, pour l’avenir du syndicalisme rouge, pour la libération des peuples exploités et pour la défense de la paix mondiale.