Constatant que les dérives pluri-décennales euro-atlantistes et anti-marxistes du P »C »F engagées sous Georges Marchais n’ont fait que s’aggraver avec Hue, Buffet, Laurent puis Roussel, nombre de communistes comprennent que l’urgente reconstruction d’un parti communiste de combat dépend pour une part des convergences d’action entre les organisations qui, comme le PRCF, se sont constituées en rupture avec le parti euro-formaté, OTAN-compatible et socialo-dépendant de Roussel. Certains camarades, à l’extérieur du PRCF, appellent même à la « fusion » des orgas concernées. Le PRCF, qui ne s’est jamais pris pour un parti achevé, qui s’est toujours conçu comme un Pôle et qui n’a cessé d’appeler aux convergences communistes d’action, considère que cette question est trop importante pour être traitée de manière précipitée et émotionnelle, au risque de nourrir un idéalisme dont aucun travailleur ni aucun communiste ne peut se permettre face à la gravité de la situation nationale et mondiale.
QUI PEUT LE PLUS PEUT LE MOINS !
En effet, la fusion ne peut réussir que si elle ne résulte pas d’une décision hasardeuse et de désirs faisant fi des réalités, mais qu’elle procède au contraire d’un double travail préparatoire associant l’unité d’action communiste sur TOUS les sujets intéressant les masses et la discussion approfondie des organisations cherchant fraternellement à cerner les convergences, les points de friction et les questions à approfondir en commun, que ce soit sur le plan théorique, sur le plan historique, sur le plan stratégique, sur le plan tactique et sur le plan des principes organisationnel.
UNIR DANS L’ACTION
Concernant d’abord l’unité d’action, il est évident que des organisations qui n’ont pas assez habitude d’action commune sur les principaux sujets, qui n’ont encore en commun que quelques déclarations communes sur de grands principes, ne peuvent fusionner sans se préparer et sans préparer les travailleurs à de graves mécomptes sur le mode du « un pas en avant, deux pas en arrière ! » L’exemple lamentable du Parti italien de la Refondation communiste, qui a associé précipitamment des léninistes (inconséquents), des « mouvementistes », des anarcho-syndicalistes, voire des trotskistes, et qui, en éclatant sans reste, a porté pour longtemps l’estocade à la reconstruction communiste en Italie, est encore dans les mémoires. Qui n’a pas méthodiquement testé sa capacité de fusionner en cherchant d’abord à éprouver sa capacité à l’action commune ressemble à ces couples d’antan qui commençaient la vie commune lors de leur nuit de noces : ce type de mariage était majoritairement promis, sauf cas minoritaires, aux pires déconvenues agrémentées d’adultère… ou de violence conjugale. Si nous ne pouvons même pas coopérer et tester ensemble dans la durée notre capacité de coopération, comment pourrions-nous durablement cohabiter, et a fortiori ne faire qu’un ?
DISCUSSIONS IDÉOLOGIQUES
Quant aux discussions idéologiques, théoriques, stratégiques, tactiques et organisationnelles, elles ne sont pas moins indispensables à la mise en place d’une unité SOLIDE et le PRCF, qui a passé beaucoup de temps à travailler ces questions en profondeur, n’est pas prêt à les traiter à la va-vite lorsqu’il s’agit, non plus seulement d’un pôle, mais de la marche à cette affaire de première importance historique qu’est la renaissance du PARTI. Comme le disait Lénine, « pas de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire ». C’est pourquoi il faut cerner ensemble si nous sommes bien d’accord, non en apparence mais sur le fond, sur l’histoire du communisme français et international, sur la signification contre-révolutionnaire de la destruction de l’URSS, sur le marxisme-leninisme, le rôle dirigeant de la classe ouvrière et du monde du travail, le parti d’avant-garde, le centralisme démocratique, la dialectique du patriotisme populaire et de l’internationalisme prolétarien, la nécessité de rompre avec l’UE-OTAN pour marcher vers la révolution socialiste et la dictature du prolétariat sans les opposer au Front Antifasciste Patriotique, Populaire, Pacifique et Écologique, etc.
Sommes-nous aussi pleinement d’accord pour associer étroitement la renaissance communiste à celle du syndicalisme rouge et avons-nous la même compréhension de la fascisation en cours, de la marche à la guerre mondiale, du rôle exterministe du capitalisme-imperialisme moderne ? Apprécions-nous de la même manière le rôle de LFI, de la NUPES et du P »C »F actuel ? Plus prosaïquement, avons nous la même appréciation de l’absolue nécessité de délégitimer radicalement la Macronie, y compris sans voir en elle un prétendu rempart anti-Le Pen, de refuser le pseudo « dialogue social » des confédérations euro-formatées avec Macron, de leur affiliation paralysante à la C.E.S. dirigée par Laurent Berger, de la nécessité aussi de délégitimer radicalement l’UE et donc de boycotter le prétendu parlement européen destiné à la légitimer ?
Sommes-nous d’accord pour considérer que l’UE-OTAN est le principal fauteur de guerre mondiale, de dissolution de la France, de destruction de la diversité culturelle et linguistique mondiale, et refusons nous tous le « ni-ni » qui banalise la dangerosité de l’impérialisme états-unien dans le monde ? Condamnons-nous avec la même vigueur la Françafrique néocoloniale et le processus en cours de dissolution de la nation française dans l' »État fédéral européen » centré sur Berlin et supervisé par Washington ?
S’il ne s’agit que d’unité d’action et de débat fraternel, l’existence de divergences ou de fortes nuances sur ces sujets n’est pas forcément rédhibitoire, et les communiqués communs ont montré la capacité à échanger sur certains de ces sujets. Mais s’il s’agit de fusionner et d’aller, à terme, vers un parti commun, l’idée d’y aller au petit bonheur, à la bonne franquette et dans la confusion est la voie royale… pour décevoir les travailleurs et éclater à la première divergence importante.
Procéder ainsi comporterait même la certitude de construire, bien malgré nous, non pas un parti léniniste et d’inspiration bolchevique -seul parti dont la classe ouvrière ait besoin pour se battre et pour gagner -, mais un habit d’Arlequin qui sera moins un parti de classe et d’avant garde qu’un assemblage fragile prédisposé aux tendances, aux incompréhensions et aux divisions paralysantes comme le montrent déjà aujourd’hui les dissensions à l’intérieur du P »C »F-PGE ou l’explosion du NPA l’année dernière.
C’est pourquoi, non pas parce que nous refusons par principe la fusion et la construction la plus rapide possible du parti de combat mais parce que nous voulons une renaissance communiste solide et durable, nous proposons donc fraternellement à nos éventuels partenaires de nous rencontrer régulièrement, de produire régulièrement des textes communs sur les principaux sujets, de les diffuser de manière planifiée et concertée à l’entrée des entreprises, et pour le reste d’engager de franches discussions théoriques et politiques approfondies.
C’est la voie de l’efficacité, celle de la vraie rapidité, celle de la véritable jonction fraternelle de nos organes et pour tout dire, celle qui donnera à la classe ouvrière l’assurance qu’elle pourra s’engager vraiment pour que le parti émergeant de ce processus soit bien SON parti, c’est-à-dire l’état-major de classe entièrement fiable et dévoué capable de mener durablement le peuple travailleur à la victoire finale.