Mesure n°3 : Démocratiser toute la vie publique pour en finir avec la monarchie « républicaine », les élus autocrates et la dictature du Capital
Situation : L’arasement croissant des libertés publiques et démocratiques
Le 23 janvier 2020, Macron s’emporte : « Aujourd’hui s’est installée dans notre société, et de manière séditieuse par des discours politiques, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie, qu’il y ait une forme de dictature qui s’est installée. Si la France c’est cela, essayez la dictature et vous verrez ! ». La réalité est pourtant là : la France connaît un impressionnant recul des libertés publiques et démocratiques depuis au moins l’ère Sarkozy, à mesure que se multiplient les projets de lois et les pratiques du pouvoir autoritaristes et liberticides, la féroce répression anti-populaire et anti-syndicale – au point que l’ONU et le Parlement européen s’en inquiètent publiquement dans le cas des gilets jaunes –, ou la concentration accrue des médias favorisant ainsi l’hégémonie d’un duopole Macron-Le Pen, savamment construit par les deux comme l’atteste le déjeuner de Bruno Roger-Petit avec Marion Maréchal (Le Pen).
1) Des lois et pratiques du pouvoir autoritaristes et liberticides
Depuis au moins Nicolas Sarkozy, les lois et pratiques autoritaristes et liberticides de la part des euro-gouvernements successifs se multiplient, et la liste serait trop longue à établir. En se limitant à la seule année 2020, nous pouvons recenser :
- La relégation des députés au rang de pantins, sans recul critique ; en janvier 2020, les députés LREM ont refusé un projet de loi de leurs alliés de l’UDI pour allonger le congé de parents endeuillés par le décès d’un enfant de 5 à 12 jours – avant que Macron, tel un maître sermonnant ses élèves indisciplinés, appelle les députés godillots de sa majorité à « faire preuve d’humanité ».
- La substitution progressive du « Conseil de Défense » au Conseil des ministres, reléguant ces derniers au rôle de faire-valoir (à commencer par le Premier d’entre eux, Jean Castex). Même Ivan Rioufol pointe, dans Le Figaro, « l’excès d’autoritarisme » au sujet (et pas uniquement) de la tenue désormais routinière du Conseil de Défense !
- Le projet de loi dite « Sécurité globale », conférant une véritable immunité (et une impunité) aux forces de l’ordre pouvant désormais échapper aux images au cours de leurs interventions et, ainsi, aux poursuites ; il n’aurait ainsi pas été possible de révéler la ratonnade subie par Michel Zecler. La Défenseuse des droits, Claire Hédon, évoque des « risques considérables » pour la liberté d’information et le respect de la vie privée.
- Les décrets de décembre 2020 prévoyant le fichage des « opinions politiques » et des « convictions philosophiques et religieuses » – et même l’enregistrement des données relatives aux troubles psychologiques ou psychiatriques et aux addictions –, reprenant de fait le « projet Edvige » que le gouvernement Fillon avait initié en 2008.
- Il en va jusqu’à la tentative du sinistre Blanquer de faire passer, en mai 2020, une fiche Eduscol – destinée à fournir des « pistes de réflexion » aux enseignants – qui appelait à repérer les cas de « fronde contre les mesures gouvernementales » et à prévenir les « idées radicales du communautarisme » « politique » et « social ». Ou comment instaurer une école de type vichyste en traquant les idées subversives pour le Capital…
2) Une répression sauvage croissante
Cette « dérive » – car nous verrons qu’il s’agit en réalité d’une pratique consubstantielle à l’ordre capitaliste euro-atlantique prôné par Macron et ses prédécesseurs – ultra-autoritaire se traduit par une répression sauvage croissante, déjà à l’œuvre sous Sarkozy et accrue depuis la loi Chômage qui poussa Manuel « Militari » Valls à réprimer férocement les contestations. Et depuis ce printemps 2016, la répression n’a cessé de s’accentuer, frappant aussi bien :
- Les militants politiques et associatifs, jusqu’aux dirigeants de la France Insoumise (FI) qui ont vu leurs locaux violemment perquisitionnés par la police en octobre 2018 ;
- Les syndicalistes de combat, de plus en plus poursuivis par leurs directions et/ou la justice, à l’image du secrétaire de la CGT-Énergie de Paris, Cédric Liechti ;
- Les Gilets jaunes victimes de violences telle Geneviève Legay (73 ans !), d’éborgnement (comme Jérôme Rodriguez), de mutilations et parfois même tués ;
- Les journalistes, confrontés à la répression aveugle et violente des forces de l’ordre lors des manifestations, notamment à Paris – sous l’impulsion du fascisant Lallement ;
- Les travailleurs de tous secteurs, des enseignants contestant la contre-réforme Blanquer comme à Melle (Deux-Sèvres), aux pompiers (!) et avocats ;
- Les lycéen(ne)s et étudiant(e)s, victimes de rafles policières comme à Mantes-la-Jolie en décembre 2018 ou de passages à tabac par des milices d’extrême droite comme dans la faculté de droit de Montpellier en mars 2018 ;
- Les migrants et sans-papiers, à l’image de l’évacuation sauvage survenue place de la République à Paris à la fin du mois de novembre, sur ordre du fascisant Lallement.
3) La « liberté de la presse », ou l’hégémonie LREM-RN au sein des médias
Le recul des libertés publiques et démocratiques concerne plus spécifiquement les médias, au sein desquels s’affrontent nettement deux tendances :
- D’une part, les « chiens de garde » des médias privés ou publics (Ruth Elkrief, David Pujadas, Nathalie Saint-Cricq, Léa Salamé et Nicolas Demorand, Sonia Mabrouk, Jean-Michel Apathie, Patrick Cohen, Christophe Barbier, Brice Couturier, Renaud Dély, etc.) défendant l’ordre capitaliste euro-atlantique et la macronie. Ces désinformateurs, vedettes de BFM, Europe 1, France Info, etc., disqualifient syndicalistes, Gilets jaunes, manifestants et grévistes (à l’image des cheminots « preneurs d’otages ») en ciblant les violences perpétrées par les Black Blocs – idiots utiles contre les mouvements sociaux –, combattent toute critique rationnelle de l’ordre établi assimilé à du « complotisme » (sans combattre les véritables complotistes) et font office de petits télégraphistes du pouvoir macroniste à longueur de journée et de soirée.
- De l’autre, les « faux impertinents » surtout présents dans les médias privés, portent la ligne nationaliste réactionnaire voire fascisante, crachent quotidiennement leur venin sur tous les boucs-émissaires – étrangers, musulmans, communistes, syndicalistes, etc. – en ne jurant que par la « France éternelle », évoquent continuellement les questions d’« identité », d’« insécurité » et d’« immigration », sans jamais relier aux questions socio-économiques, géopolitiques, etc., et sans jamais citer toutes les formes d’identités séparatistes (Sens commun, régionalismes, oligarchie capitaliste) et de violences – dont « la violence des riches ». Le plus saugrenu est que les Éric Zemmour (C-News), Pascal Praud (C-News), Charlotte d’Ornellas (Valeurs actuelles et Radio Courtoisie), Eugénie Bastié (Le Figaro), William-Gilles Goldnadel (C-News et RMC), Alain Marshall et Olivier Truchot (BFM-RMC) etc., hurlent à la censure tout en disposant d’un espace d’expression sans cesse croissant et infiniment supérieur aux forces qu’ils combattent.
Explication : La France, monarchie autoritariste sous l’étau de l’euro-fascisation galopante et de la dictature décomplexée du Capital
Cette funeste évolution ne constitue pas une « dérive autoritaire » mais est le résultat structurel logique d’une triple tenaille antidémocratique et antipopulaire que le macronisme, par sa pratique ultra-centralisée et absolue du pouvoir, amplifie dans un sens fascisant.
1) Une monarchie autoritariste révélant l’impuissance de l’État
Tout d’abord, la Ve « République » porte dès sa naissance les germes d’un pouvoir de type monarchique, qui atteint son paroxysme avec Macron et son autoritarisme décomplexé. Mais il ne faut pas oublier « l’exercice solitaire du pouvoir » gaullien et de son successeur Pompidou, le monarchisme aristocratique de Giscard ou l’« hyperprésidence » de Sarkozy. Le président de la République étant juridiquement et constitutionnellement irresponsable et échappant à tout contrôle démocratique, il a les mains libres pour agir comme il le souhaite pendant 5 ans ; or la moindre contestation est de plus en plus insupportable, et d’autant plus que les pouvoirs du président et du gouvernement sont en réalité réduits à peau de chagrin du fait de la confiscation des différents outils de souveraineté par la funeste UE.
À cela s’ajoutent des pratiques renforçant l’ultracentralisation du pouvoir présidentiel, qu’ont nourri le passage au quinquennat et l’inversion du calendrier électoral en 2002. Ainsi, alors que « le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation » (article 20 de la Constitution), le président de la République est en réalité le seul décideur. Pour l’historien Nicolas Roussellier, « les vieux concepts de pouvoir exécutif, de pouvoir législatif ou bien même encore de régime représentatif sont probablement aujourd’hui dépassés », justifiant dès lors « la nécessité de concentrer la presque totalité des pouvoirs au profit d’un Exécutif puissant et moderne ». C’est ainsi que raisonnent Macron ET les députés et ministres LREM, mais aussi les LR, PS, RN, etc. Il en résulte un effondrement de la participation à toutes les élections, singulièrement depuis juin 2017 : l’abstention s’est ainsi élevée à 57,5% au second tour des législatives, 50% aux européennes de juin 2019 et près de 60% aux municipales de 2020.
Cette funeste évolution est accélérée par Macron et son entourage de laquais qui lui vouent un véritable culte de la personnalité, à l’image de Christophe Castaner déclarant à l’été 2017 : « J’assume cette dimension amoureuse. Mon niveau d’exigence envers moi-même est tel que si je dois avoir un chef, je dois avoir de l’admiration pour lui. Et Emmanuel est fascinant. Tout l’est chez lui : son parcours, son intelligence, sa vivacité, sa puissance physique même… ». On aurait tort de croire au délire car il s’agit d’une bande d’illuminés – au sens propre du terme : « personne dénuée d’esprit critique, qui soutient une doctrine avec une foi aveugle, un zèle fanatique » – croyant dans le pouvoir charismatique et personnel ; Macron lui-même affirmait à l’été 2015 : « Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. »
Il en résulte la volonté de décider seul de tout, de se passer des « corps intermédiaires », à commencer par les syndicats maltraités – ce qui n’empêche pas directions confédérales (dont celle, hélas, de la CGT) de vanter les mérites du « dialogue social » –, pour faire place à des « spécialistes » et « experts », mais aussi de réprimer sauvagement. Un despote qui, par l’usage disproportionné de la violence d’État, illustre l’idée d’un « État impuissant », un « Fake State » (Frédéric Farah) qui pousse les dirigeants à gouverner par le seul matraquage des opposants – les Gilets jaunes sont particulièrement bien placés pour en témoigner.
2) Une euro-fascisation servant la répression menée par le pouvoir macroniste
La violence d’État peut d’autant plus se déchaîner que le macronisme sévit dans le cadre de l’euro-fascisation. En effet, bien loin d’être un club de « pays démocratiques », l’UE est un organe de fascisation à l’échelle européenne, et ce dès le départ : nombre d’européistes de l’entre-deux-guerres ont soutenu « l’Europe nouvelle » nazie – ce que Bernard Bruneteau a démontré dans Les « Collabos » de l’Europe nouvelle – et participé, après la « non-épuration » (Annie Lacroix-Riz) de l’après-guerre, à la « construction européenne », au point que le premier président de la Commission européenne, Walter Hallstein, était un nazi affirmé.
Cette euro-fascisation se traduit par un triple mouvement :
- La criminalisation du communisme, à la suite de l’adoption de l’infâme résolution du 19 septembre 2019 par le Parlement européen assimilant le communisme au nazisme, résolution adoptée par les eurodéputés RN, LR, LREM, « socialistes » et EELV. Il en résulte un euro-maccarthysme favorisant la haine anticommuniste : la droite néo-franquiste a tenté de faire appliquer cette résolution en Espagne, sans succès ; en Serbie, le nouveau Parti communiste de Yougoslavie est interdit d’élections ; l’Action française a écrit à Darmanin pour réclamer la « dissolution du Parti communiste français », accusé d’être le « Parti des 75.000 collaborateurs » (sic).
- La « chasse aux sorcières » anti-syndicaliste à travers toute l’Europe : en Grèce, le « social »-traître Tsipras, qui a capitulé devant les oukases de l’UE, a restreint le droit de grève ; en Belgique, le président du syndicat FGTB a été condamné à un mois de prison avec sursis pour avoir organisé le blocage d’une autoroute lors d’une grève générale en 2015 ; en France, les syndicalistes sont de plus en plus pourchassés, et la macronie pérennise l’« état d’urgence sanitaire » pour interdire les manifestations.
- La tolérance et la caution implicite aux forces réactionnaires et fascistes, du fait de l’absence de réaction face à la manifestation annuelle d’anciens Waffen-SS en Lettonie chaque mois de mars, la présence de néo-nazis au pouvoir en Ukraine, le tabassage de députés communistes en Grèce, les slogans antisémites et les tentatives de délégalisation du Parti communiste en Pologne, etc. Tout un symbole : en France même, des milices de Génération identitaire ont bloqué des migrants à la frontière des Alpes en avril 2018 tout en arborant des drapeaux avec l’inscription « Defend Europe » (en anglais !).
Ainsi se confirment les prophéties de Lénine, qui déclarait dès août 1915 que « les États-Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles, ou bien réactionnaires », et de Jean Jaurès qui affirmait dès 1898 : « Tant que le prolétariat international ne sera pas assez organisé pour amener l’Europe à l’état d’unité, l’Europe ne pourra être unifiée que par une sorte de césarisme monstrueux, par un saint empire capitaliste qui écraserait à la fois les fiertés nationales et les revendications prolétariennes. »
3) Une dictature totalitaire du Capital hégémonique et fascisante
Au-delà de Macron et de l’UE, c’est la dictature totalitaire du Capital qui, en dernier ressort, s’exerce sur les travailleurs et les citoyens, à travers les politiques d’euro-destruction des conquêtes sociales et démocratiques, d’euro-démantèlement des services publics et d’euro-arasement des libertés publiques.
Cette dictature se retrouve particulièrement au sein des médias, au sujet desquels Lénine rappelait que « dans notre société, ce qui se cache en fait derrière cet écran libéral [la liberté de la presse], c’est la liberté pour les classes possédantes, qui se sont accaparé la part du lion dans la presse, d’empoisonner impunément les esprits et d’introduire la confusion dans la conscience des masses ». Et qui de mieux pour le confirmer que deux « chiens de garde » :
- Dans l’émission « Le Premier pouvoir » diffusée sur France Culture le 2 octobre 2004, Laurent Joffrin avoua : « Il y a toujours une puissance diffuse ; il y a des gens qui sont tellement puissants qu’ils n’ont même pas besoin de parler. Ça ne les prive pas de toute influence sur l’orientation, évidemment : quand on crée un journal, on ne va pas tout à coup donner les clés à une équipe de journalistes qu’on aura recrutée pour les besoins de la cause. Il est logique que le propriétaire fixe une orientation. »
- Dans l’émission « Radioscopie » diffusée sur France Inter le 16 décembre 1989, sur une question portant sur la censure des journalistes par leur direction, Franz-Olivier Giesbert fut catégorique : « Écoutez, ce sont des choses qui arrivent dans tous les journaux, et ça me paraît tout à fait normal. Je pense que tout propriétaire a des droits sur son journal. D’une certaine manière, il a lui le pouvoir. Vous parliez de mon pouvoir : enfin, mon pouvoir, excusez-moi, mais c’est une vaste rigolade ! Il y a des vrais pouvoirs : les vrais pouvoirs stables, c’est celui du Capital, ça c’est le vrai pouvoir. Et il est tout à fait normal que le pouvoir s’exerce. »
Giesbert reconnaît donc que les journalistes ne représentent nullement le « quatrième pouvoir », subordonné au pouvoir du Capital qui s’exerce d’une manière totalitaire sur la presse. Pour preuve : 10 milliardaires – dont Patrick Drahi, Xavier Niel, Arnaud Lagardère, François Pinault, Vincent Bolloré et Bernard Arnault – contrôlent 90% des médias du pays. Cette concentration explique (en partie) que la France soit 34e au classement de la liberté de la presse dans le monde. « Liberté de la presse » de surcroît très relative, car le duopole Macron-Le Pen se partage les faveurs des médias. Macron, qui doit son élection d’avoir été le « candidat des médias » – Pierre Bergé, coactionnaire du Monde, a apporté son « soutien sans la moindre restriction à Emmanuel Macron » en janvier 2017 – bénéficie encore de l’appui d’amis puissants ; quant à Bolloré, propriétaire de Canal Plus et C-News, il mène une guerre idéologique et médiatique pour porter la fausse contestataire Le Pen au pouvoir en 2022. À cela s’ajoute l’emprise totalitaire des GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft – et des réseaux antisociaux comme Twitter, qui censure à tout va les contestataires de l’ordre capitaliste euro-atlantique, à commencer par les militants communistes et progressistes, les syndicalistes de combat et les Gilets jaunes.
La dictature du Capital est portée, à l’heure actuelle, à son paroxysme par Macron qui impose une « nouvelle raison du monde », la forme néolibérale actuelle que Pierre Dardot et Christian Laval définissent comme « une homogénéisation du discours de l’homme autour de la figure de l’entreprise », transformant les êtres humains en un « sujet actif qui doit participer totalement, s’engager pleinement, se livrer tout entier dans son activité professionnelle », et dont la « start-up nation » est l’incarnation la plus récente. Car le macronisme, loin d’être un carburant contre le fascisme, le nourrit, comme les industriels, banquiers, financiers et technocrates du Redressement français qui finirent presque tous à Vichy, et dont Macron est l’héritier direct : un ramassis d’« industriels et intellectuels inspirés par un sentiment de patriotisme » qui se « donnent pour mission la défense des intérêts généraux de la France », menacés par « une crise morale, financière et sociale, provoquée par les erreurs de l’École dirigeante », mettant en avant « un esprit dégagé de toute passion politique, de toute influence de parti » à travers « leur compétence de directeurs de grandes affaires, leur habitude du pragmatisme » ; autant d’éléments qui ouvrirent la voie à Pétain et à la Collaboration.
Solutions : Fonder une République réellement démocratique et populaire
Le 29 mai 2005, 55% des Français (et près de 80% des ouvriers) rejetaient le funeste traité établissant une Constitution pour l’Europe (TCE) ; le 4 février 2008, une majorité de parlementaires – dont des « socialistes » comme Manuel Valls – adoptait le traité de Lisbonne proposé par Sarkozy-Fillon. Comme le dit si bien Pouria Amirshahir, ancien député PS, à cette occasion : « La délibération collective, le respect du peuple, le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple : tout ça en fait, c’est du pipeau ! ». C’est d’autant plus du pipeau que comme le signalait à raison Bertolt Brecht, « le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie [bourgeoise, ajouterons-nous] mais son évolution par temps de crise».
Voilà pourquoi le PRCF propose, parmi les mesures d’urgence à adopter :
1) De nouvelles institutions, des pratiques démocratiques
- Élection d’une Assemblée constituante pour créer une nouvelle République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique.
- Fin de l’élection du président de la République au suffrage universel direct ainsi que de son irresponsabilité juridique.
- Suppression du Sénat, remplacé par une assemblée élue représentant travailleurs salariés et indépendants, étudiants et retraités, disposant d’un droit de veto sur tout projet intéressant le monde du travail.
- Scrutin intégralement proportionnel pour toutes les élections.
- Instauration du mandat impératif et révocatoire en cas de non-respect du mandat pour tous les élus et toutes les élections.
- Constitutionnalisation des conseils de quartiers et d’arrondissements ayant le pouvoir de contrôle sur les élus municipaux, les conseils communaux disposant du pouvoir de contrôle sur les élus départementaux, et les conseils nationaux disposant du pouvoir de contrôle sur les représentants de la nation et le gouvernement.
- Démocratie directe et participative encouragée à partir des entreprises, des campus et des lieux d’habitation : discussion du projet de budget de l’État par les citoyens très en amont de son adoption par le Parlement, avec tous les moyens modernes.
- Institution du référendum d’initiative citoyenne, l’assemblée représentative du monde du travail ayant cependant droit de veto sur tout projet d’inspiration patronale visant à liquider les acquis sociaux, le “produire en France” ou les services publics.
- Droit de vote et d’éligibilité dans les scrutins locaux pour les travailleurs immigrés, et possibilité d’extension de ce droit à toutes les élections sous réserve de réciprocité avec les États d’origine si leurs ressortissants en France ne sont pas des réfugiés politiques ; et de participation au service militaire national.
2) La consolidation des libertés publiques et des pratiques démocratiques
- Adoption de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 24 juin 1793 à la place de celle du 26 août 1789, inscrite dans la nouvelle constitution avec le préambule de la constitution de 1946 et la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
- Dissolution et interdiction de tous les partis et associant propageant des idées fascistes et racistes : application stricte des principes constitutionnels.
- Dissolution et interdiction de tous les groupes communautaristes appelant et pratiquant l’oppression sociale, la haine ethnique et/ou religieuse, la discrimination sexuelle ou l’exclusion nationale.
- Abrogation de toutes les lois liberticides et criminogènes visant les militants politiques, syndicalistes et associatifs progressistes, ainsi que les mendiants et les sans-papiers.
- Stricte application de la loi au sujet de l’affichage politique au sein des communes, avec lourdes sanctions pour les communes ne proposant pas la surface d’affichage minimale.
- Libération des prisonniers pour activisme de gauche, dont les conditions de détention sont inacceptables et inhumaines.
- Garantie et extension du droit syndical dans toutes les entreprises et administrations.
- Garantie du droit d’asile aux réfugiés politiques et syndicaux luttant pour les libertés démocratiques, le progrès social et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sauf pour les « dissidents » pro-impérialistes et/ou fascistes missionnés pour déstabiliser leur pays d’origine et prolonger leurs campagnes de haine sur le territoire français.
3) Une pleine démocratisation des médias
- Nationalisation et remise aux grands courants d’opinion des monopoles capitalistes de l’information et des titres de presse jouissant d’un monopole régional, selon l’exemple des ordonnances de 1945 sur la presse.
- Transposition des dispositions de la Charte de Munich de 1971 dans une loi rappelant les droits et les devoirs des journalistes.
- Remplacement du Conseil supérieur audiovisuel (CSA) par un Comité national et populaire des médias composé de journalistes, de citoyens et d’élus nationaux et locaux, chargé notamment de combattre les entreprises de désinformation et de diffamation de la part des médias et de faire respecter les dispositions de la Charte de Munich.
- Réaffirmation et renforcement de la loi du 29 juillet 1881, notamment pour les citoyens en droit de se protéger contre les entreprises désinformatrices et diffamatoires.
- Interdiction de toute émission radio/télévision/Internet ou de tout organe de presse diffusant des idées racistes et fascistes, et appelant à l’oppression sociale, la haine ethnique et/ou religieuse, la discrimination sexuelle ou l’exclusion nationale.
- Protection accrue des « lanceurs d’alertes » et des journalistes révélant des scandales et crimes d’État, des affaires de corruption et de mafia, des lois liberticides, etc., contre toute tentative d’intimidation et toute violence de la part d’agents de l’État (notamment les forces de police), d’élus, de militants et de citoyens.
- Mobilisation et démocratisation de l’outil informatique pour systématiser la consultation directe des citoyens : en particulier, instauration d’une « taxe GAFAM » nationale afin de financer un projet numérique-informatique nationalisé et sous contrôle démocratique des citoyens, des journalistes et des travailleurs.
- Plafonnement des salaires des journalistes et interdiction du cumul de la profession de journaliste avec tout emploi au service des grands groupes capitalistes (consultant, analyste financier, conseiller en communication, etc.) et toute participation actionnariale au capital d’une entreprise.
- Revalorisation des stagiaires, pigistes et personnels techniques travaillant au sein d’un organe de presse.
- Promulgation d’une loi consacrant la majorité à plus de ¾ de la propriété d’un organe de presse aux journalistes : interdiction de contrôle de plus du quart d’un organe de presse par un investisseur extérieur.
- Interdiction de licenciement des journalistes de la part des investisseurs extérieurs.
Enfin une analyse du système actuel, résultat d’un passé accablant et pas un simple constat sans explications.
Mieux un ensemble de propositions pour changer enfin d’orientation démocratiquement dans l’intérêt du plus grand nombre.
Merci