
En hommage à Henri Alleg, membre (décédé) du comité de parrainage du PRCF, directeur d’Alger républicain, ainsi qu’à Pierre Pranchère, ancien président adjoint du PRCF, ancien député communiste chargé par le CC du PCF des relations avec le Front polisario du Sahara Occidental
Désireux de susciter à bon compte une union sacrée rétrograde, démagogique et revancharde derrière lui, l’illégitime et très minoritaire gouvernement macroniste formé par Bayrou et dirigé de fait par l’ultraréactionnaire Retailleau vient de déclarer une forme de guerre diplomatico-médiatique au gouvernement algérien.
Non dénuée d’esprit néocolonial inavoué (« ah le bon temps des colonies…»), cette attitude historiquement revancharde tend à faire diversion à l’impopularité massive qui affecte l’actuelle équipe minoritaire, belliciste, euro-austéritaire et illégitime présidée par Bayrou. Ce gouvernement est en outre flanqué d’une droite « républicaine », en réalité chouanne et néo-vendéenne (au sens historique du mot), qui cultive la nostalgie de l’empire français, si ce n’est celle de l’Ancien Régime, et qui s’est engagée dans la surenchère xénophobe avec le Rassemblement lepéniste. Ce comportement dangereux, voire provocateur, heurte des millions de Français d’origine algérienne ainsi que des dizaines de millions de gens, et notamment de jeunes qui, des deux côtés de la Méditerranée, n’aspirent qu’au développement de relations apaisées entre les travailleurs et les peuples algérien et français. Comportement d’autant plus irresponsable que, parallèlement, les partisans de la défunte « Algérie française » ne cessent, sous l’impulsion du prétendu « Rassemblement national », de nier l’exploitation née de la colonisation, mais aussi la torture, les massacres, voire la guerre, tout en cherchant à réhabiliter les tortionnaires.
Le déclencheur direct de la crise franco-algérienne, alors que Macron s’était rendu à Alger pour, prétendument, normaliser les relations franco-algériennes (et surtout, pour signer des contrats gaziers indispensables pour compenser la rupture des relations industrielles de l’UE avec la Russie…), a été la reconnaissance par Macron de la prétendue souveraineté du royaume marocain sur le Sahara occidental; pourtant, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes reconnu par la France et par la Charte des Nations-Unies implique d’affirmer haut et fort, hors de tout jeu malsain visant à opposer le Maroc à l’Algérie sur ce dossier, le droit inaliénable du peuple saharaoui à l’autodétermination, voire à l’indépendance.
Un autre déclencheur de la crise franco-algérienne est le refus opposé par l’Etat algérien au renvoi vers son sol de citoyens algériens visés par des OQTF en France. Certes, il est normal que, dans les relations diplomatiques contractuelles d’Etat à Etat, chacun d’eux récupère, s’il y a lieu, et si la législation de l’Etat-hôte (bonne ou mauvaise, c’est une autre question) le permet, les personnes que la justice aurait condamnées et qui auraient été jugées indésirables par le pays hôte. Encore faut-il que lesdites OQTF n’aient pas été prononcées en tout arbitraire par Sa Majesté Retailleau elle-même, et on l’a vu quand la justice française, bafouée et contournée à cette occasion non par le président algérien Teboune mais par… le ministre français de l’Intérieur, a qualifié d’abus l’expulsion d’un ressortissant algérien qui n’avait pas, ou pas encore, été condamné par un tribunal français: alors, qui bafoue « l’ordre et la loi » en France même, en piétinant l’état de droit, et qui, en outre, déborde de son rôle de ministre de l’Intérieur et dicte en fait à la France sa politique étrangère si ce n’est Retailleau, en fonction de son propre agenda politicien et avec la veule complicité de Bayrou et de Macron ?
Ont également nui gravement à l’amitié entre les peuples de France et du Maghreb le positionnement honteux du pouvoir macroniste en faveur de l’Etat israélien génocidaire et le lâchage total par Macron du peuple palestinien massacré, du peuple libanais envahi par Israël et du peuple syrien récemment livré aux islamistes terroristes issus d’Al Qaida. Tout cela s’est opéré en rupture totale avec ce que fut la « politique arabe » de la France au Proche-Orient des années 1960 à 2007 (avènement du sinistre Sarkozy, instigateur de la désastreuse intervention contre la Libye souveraine).
Rappeler tout cela ne signifie nullement qu’il faille idéaliser le comportement de l’actuel gouvernement algérien dont la corruption endémique, la brutalité à l’égard des masses et de la jeunesse algériennes aspirant à la démocratie, les perscéutions engagées contre l’enseignement du français dans les lycées d’Algérie, l’abandon des orientations initialement socialisantes de Houari Boumédiene et le récent comportement mesquin des autorités algériennes à l’encontre d’un écrivain franco-algérien octogénaire (quoi qu’on pense par ailleurs de son oeuvre et de ses positionnements), contreviennent péniblement aux principes universels au nom desquels combattirent nombre de militants anti-impérialistes algériens et français durant l’insurrection anticoloniale, parmi lesquels figurent au premier rang les communistes jadis regroupés autour du journal Alger républicain et du Parti de l’Avant-Garde Socialiste, ex-PCA.
Ce dernier constat ne saurait pour autant atténuer l’obligation internationaliste et antiimpérialiste qui est faite à tous les militants français du socialisme, de la souveraineté des peuples et de la coopération internationale, d’une part de dénoncer en priorité l’impérialisme français hautement toxique et dangereux à l’échelle internationale pour tous les peuples, y compris pour le peuple français. A la recherche d’un second souffle suite à son actuelle débandade politico-militaire de l’Afrique à l’Ukraine en passant par la Roumanie, l’impérialisme français en cours de putréfaction totale « cherche la bagarre » sur tous les fronts. Aggressif de l’Ukraine à l’Afrique subsaharienne en passant par le Maghreb afin d’une part, cet impérialisme de plus en plus aventurier s’efforce ainsi de consolider son emprise défaillante sur le peuple français et de restaurer un semblant de puissance à l’échelle mondiale, fût-ce en se subordonnant au fascisant Trump, à l’Etat fédéral européen dominé par Berlin et, en France comme à l’étranger, à toutes les forces les plus réactionnaires et les plus putrides qui soient.
C’est pourquoi le PRCF accomplit son devoir à la fois patriotique à l’égard du peuple français, et internationaliste à l’égard de tous les peuples, en invitant les forces ouvrières, anti-impérialistes et internationalistes de France à rejeter toute forme d’union sacrée algérophobe, russophobe, palestinophobe, sinophobe ou autre, avec l’abject gouvernement aventurier Macron-Bayrou-Retailleau, à continuer d’exiger la destitution du dangereux Macron et à construire partout, dans l’action au plus près des quartiers, des universités et des entreprises, une solide union populaire de combat pour préparer le changement de société. De manière plus générale, seule une France des travailleurs ayant renoué avec la lutte révolutionnaire pour le socialisme-communisme pourra œuvrer au retour de la confiance entre tous les peuples entourant la Méditerranée sur la base d’une coopération libre, égalitaire et fraternelle entre tous les pays de cette région du monde.