Par Georges Gastaud, auteur de Mondialisation capitaliste et projet communiste – 6 juillet 2023
Face aux menaces guerrières et environnementales pan-destructives qui pèsent sur l’humanité du fait du capitalisme-impérialisme, face au délabrement de moins en moins niable d’une République française bourgeoise en crise structurelle, divers mouvement « alternatifs » promeuvent leur conception du changement en célébrant la force sociale qui peut, selon chacune d’elles, porter la transformation sociale et politique.
« Verts » comme la vie, ou verts… comme la monnaie chère à l’Oncle Sam?
Les milieux écolo-atlantistes, écolos en paroles mais impérialistes en pratique, valorisent l’intelligentsia petite-bourgeoise des « métropoles » euro-mondialisées et de plus en plus anglophones: Ils rêvent d’en faire la force dirigeante du changement conçu à l’échelle de l’UE supranationale ou de ce qu’ils nomment la « gouvernance mondiale » et qui n’est en réalité que l’Empire euro-atlantique centré sur un monde anglo-saxon en mal de suprématie planétaire. Certes, le marxisme-léninisme n’encouragera jamais le mépris populiste à l’encontre des intellectuels tant il est vrai que, comme l’ont établi Lénine puis Gramsci, « il n’est pas de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire » ni reconquête de l' »hégémonie culturelle ». Encore faut-il que les intellectuels qui veulent vraiment changer la société choisissent nettement leur camp social et qu’à cette fin, ils se placent sans équivoque du côté des travailleurs salariés exploités ou du côté des capitalistes, du côté des nations opprimées ou du côté des Empires supranationaux, du côté des forces de vie ou du côté de l’UE-OTAN et des néonazis ukrainiens, cette phalange typiquement exterministe au service de l’Oncle Sam visant au redécoupage impérialiste de la Russie postsoviétique et de la Chine populaire. On est loin du compte avec les Verts allemands et EELV qui, en fait d’avant-garde populaire, se comporte surtout en réalité comme la force la plus belliciste d’Europe, véritable tête de pont idéologique en Europe de Biden et du Parti « démocrate » américain.
« La nation, c’est le peuple »: on n’est pas patriote contre le peuple travailleur !
D’autres, qui se veulent patriotes mais qui risquent fort de n’être au final que les porteurs d’eau superficiellement « tricolores » de la fascisation, idéalisent certains hauts gradés de l’armée en laquelle ils voient, par tradition, la garante de l’intérêt national, sans se demander si cette armée professionnelle et salariée, qui manœuvre couramment en anglais, qui reste empreinte d’esprit néocolonial et dont le cadre de référence depuis Sarkozy est le commandement intégré de l’OTAN, peut réellement être autre chose en cas de crise, si l’on excepte quelques îlots gaullistes émergeant d’un océan atlantique, que l’ultime recours musclé de l’ordre capitaliste euro-atlantique… En réalité, si « la nation, c’est le peuple », comme l’expliquait le héros antinazi Georges Politzer, que peut être un patriotisme sans le peuple et contre le peuple, sachant que le coeur dudit peuple est composé de 90% de travailleurs salariés, ouvriers, techniciens et employés?
« A bas l’Etat »?
D’autres enfin, qui se croient d’extrême gauche, ne cessent de s’émerveiller devant la « spontanéité insurrectionnelle des masses », qu’il s’agisse des Gilets jaunes occupant des ronds-points ou de la jeunesse des banlieues s’en prenant aux symboles de « l’État ». Y compris quand la partie la moins éclairée de ladite jeunesse confond l’Etat (il faudrait dire « le pouvoir d’Etat ») avec… les rares services publics subsistant en banlieue, ce qui aboutit parfois à l’incendie totalement irresponsable des bureaux de poste, des dépôts d’autobus, des MJC ou des maternelles ! Mais dans les deux cas ces révoltes, que le mouvement prolétarien doit évidemment soutenir de manière critique mais nullement méprisante, sont structurellement hors d’état de cibler correctement l’ennemi principal du peuple étant donné que leur terrain de lutte spontané lié à leurs conditions de vie, leur « champ de bataille » si l’on ose dire, tend à les éloigner objectivement de l’affrontement direct avec le capital, qui est le maître de l’État (bourgeois, tout est dans l’adjectif fixant le contenu de classe) et non pas l’inverse…
Centralité de la classe travailleuse dans l’alternative sociale.
Seul en effet le monde du travail, et plus particulièrement la classe ouvrière qui en forme la partie la plus exploitée et socialement la plus aguerrie, vit au coeur de l’entreprise industrielle ou du service public ou privé, où ses conditions d’existence sociale la confrontent quotidiennement au patronat capitaliste et/ou à son représentant, l’État-patron en tant que patron. Encore faut-il que cet antagonisme de classes ne soit pas sans cesse obscurci et biaisé par les états-majors confédéraux et politiques euro-réformistes dont le travail de sape au service du capital et de sa sacro-sainte « construction » européenne, tend à bloquer le tous ensemble des travailleurs et à cibler du même mouvement l’Etat macroniste, l’UE-OTAN et le MEDEF. Or, l’on ne peut à moins ouvrir une alternative globale au mode de production capitaliste en lui opposant la contre-logique d’ensemble du socialisme-communisme de nouvelle génération à l’échelle de notre pays, voire du monde entier.
Et pour cela évidemment, une lutte idéologique permanente menée sur des bases marxistes-léninistes sur la base d’une organisation franchement communiste et franchement disciplinée reste incontournable : la récente défaite programmée du mouvement social (contre-réforme des retraites) conduit par l’Intersyndicale euro-formatée en fournit une nouvelle preuve a contrario.
L’épicentre du changement social reste donc l’entreprise et les projections directes du combat de classes sur la scène sociopolitique, grèves, manifs, blocages. A condition d’être associé en permanence au patient travail politique, idéologique et organisationnel de reconstruction du parti communiste de combat, du syndicalisme de classe et de masse, du mouvement communiste international et de l’alternative politique à la fois antifasciste et anti-UE. Cette analyse théorique classique orthodoxe est confirmée par le mouvement social récent : ses forces d’avant-garde les plus percutantes étaient clairement situées dans les secteurs ouvriers (raffinerie, énergie, transports) instigateurs des blocages et des grèves reconductibles dont, hélas, l’extension méthodique a été torpillée par les mauvais « bergers » des confédés euro-formatées.
Centralité ouvrière, front populaire, deux données indissociables.
C’est sur cette base rouge (car visant au socialisme) et tricolore (car tendant à restaurer l’indépendance nationale de la France) solide que le mouvement populaire pourra à la fois donner à la classe ouvrière son rôle sociopolitique central tout en fédérant les luttes légitimes des banlieues, en les rapprochant des « périphéries » (Gilets jaunes), en donnant à l’engagement patriotique toute sa portée anti-impérialiste (et non pas néo-impérialiste) et en tendant la main aux secteurs pacifiques du mouvement écologiste.
Fr.A.P.P.P.E. ! Front Antifasciste Patriotique, Populaire, Pacifique et Écologiste
Aucun suivisme donc à l’égard de « la jeunesse » prise comme un tout romantique, des « périphéries » largement influencées par le petit patronat, et moins encore des milieux patriotiques bourgeois incapables par eux-mêmes de mener la lutte pour l’indépendance au succès, mais claire réaffirmation du rôle dirigeant de la classe des travailleurs salariés dans la construction du Front Antifasciste Patriotique, Populaire, Pacifique et Écologiste, le Fr.A.P.P.E. que défend le PRCF depuis sa fondation