Désireuse de faire diversion au rejet massif dont fait l’objet sa politique universitaire ainsi qu’aux scandaleuses conditions de vie faites aux étudiants pauvres, la secrétaire d’État Frédérique Vidal a brandi, dans la foulée de l’hyper-autoritaire Blanquer, la menace d’une chasse aux sorcières « islamo-gauchistes » à l’Université. Vidal a même sérieusement envisagé de mandater le CNRS pour « objectiver » et traquer ledit « islamo-gauchisme » au sein de l’Université française…
La Macronie à droite toute!
Le PRCF n’a nullement appelé en 2017 à voter Macron pour « faire barrage à l’extrême droite », comme l’ont fait la fausse gauche et aussi, hélas, nombre d’universitaires « progressistes ».
Notre organisation n’en est que plus à l’aise pour constater qu’à nouveau, loin de faire barrage aux thématiques xénophobes, antimusulmanes et antiprogressistes grossières portées par l’extrême droite, la Macronie ne fait que renchérir sur elles: on l’avait déjà observé lors du récent débat télévisé entre le ministre Darmanin, le ministre de l’Intérieur de Macron, et Marine Le Pen, la patronne du Rassemblement « national »: le premier y a constamment et peu discrètement tenté de « prendre » la seconde par la droite…
Par ailleurs, les récentes loi macronistes sur la « Sécurité globale » et sur le « séparatisme » islamiste ne font que confirmer la nature incurablement réactionnaire d’un pouvoir inféodé au MEDEF et à l’UE, qui n’a cessé d’aggraver les mesures répressives contre le mouvement populaire, de l’éborgnage répété des Gilets jaunes au matraquage systématique des syndicalistes de classe. En réalité, on ne combat pas et l’on n’a jamais combattu efficacement l’extrême droite anticommuniste, antisyndicale et xénophobe, y compris dans les années 1930, en ralliant les pseudo-« républicains » fascisants au pouvoir.
Pour combattre et abattre l’extrême droite, il faut au contraire construire un Front Antifasciste, Patriotique, Populaire et Écologiste centré sur la défense du monde du travail, sur la reconquête de l’indépendance nationale et sur le rejet de toutes les discriminations, qu’elles visent les « musulmans », les femmes, les syndicalistes de lutte ou les véritables communistes, ces derniers étant ouvertement ciblés par la fascisante résolution votée en septembre 2019 par tous les euro-parlementaires français (hormis ceux de la France insoumise).
Confrontation d’idées ou censure d’État?
Le PRCF a toujours condamné catégoriquement le terrorisme islamiste et ses commanditaires pétromonarchiques: il ne partage donc nullement la complaisance dont certains progressistes égarés font montre, très marginalement, envers les atteintes grossières à la laïcité qui émanent à jet continu des milieux intégristes.
Mais d’une part, le fait principal massif est plutôt, dans notre société gangrénée par des décennies de campagnes lepénistes accompagnées par l’État bourgeois (rappelons qu’initialement, le FN fut délibérément gonflé, voire lancé médiatiquement, par Mitterrand pour des raisons politiciennes), la discrimination massive à l’égard des travailleurs musulmans ou présentés comme tels.
D’autre part, le PRCF ne confondra jamais l’indispensable défense de la loi laïque séparant l’État de toutes les Églises avec les campagnes xénophobes menées par l’ultradroite et accompagnées mezzo voce par la Macronie : car en dépit des clauses de style condamnant les « amalgames », de telles campagnes objectivement xénophobes et racistes ne cessent de présenter « les musulmans » comme autant d’ennemis de l’intérieur. De telles campagnes ignobles ne font que semer des germes de guerre civile tout en valorisant objectivement et simultanément le nationalisme raciste des uns et l’intégrisme salafiste des autres.
Notre effort de communistes, d’internationalistes, d’antifascistes et de patriotes républicains consiste au contraire à unir tous les travailleurs dans le combat anticapitaliste tout en promouvant l’idéal d’une République sociale, souveraine, fraternelle et véritablement laïque, rompant avec l’UE supranationale et néo-cléricale pour rouvrir la voie du socialisme et du communisme dans notre pays. Bien entendu, si de scandaleux dérapages « racialistes » contraires à l’idéal républicain universaliste ont lieu dans telle ou telle faculté, y compris à l’initiative de militants se réclamant de la gauche ou de l’extrême gauche, il faut les combattre sans l’ombre d’une hésitation; mais il faut pour cela recourir à l’argumentation et à la confrontation d’idées et nullement en appeler à la censure d’État, car en l’espèce, toutes les censures se nourrissent l’une de l’autre. C’est pourquoi il faut aussi condamner la prétendue « Cancel Culture » (culture de la censure) bien-pensante et liberticide issue des Universités américaines qui vise à proscrire de l’Université des formes d’expression artistiques jugées non « politiquement correctes » étant entendu que dans tous les cas, le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme caractérisés n’en doivent être sanctionnés qu’avec plus d’intransigeance.
L’anticommunisme connivent, terreau permanent de la fascisation
Pour finir, le PRCF attire l’attention des universitaires de gauche sur le fait que, très logiquement, les menaces de censure d’État à leur encontre ne sont redevenues possibles en France qu’à la faveur d’un omniprésent et très grossier anticommunisme d’État (relayé avec virulence par la gauche, voire par l’extrême gauche établies… !) qui, en permanence, censure, diffame et marginalise de fait les recherches et les chercheurs (historiques, philosophiques, économiques, etc.) dont le « tort » est de heurter la doxa médiatico-universitaire marquée par l’européisme béat, par l’antisoviétisme de confort (le plus souvent travesti en « anti-stalinisme »), par l’antimarxisme connivent et par l’anti-jacobinisme de principe : ce bloc de préjugés contrevient aux idéaux d’esprit critique et d’indépendance intellectuelle dont se réclame le monde intellectuel. Il accélère et facilite le basculement rapide de l’Université française vers les méthodes, les problématiques et jusqu’à la langue de l’impérialisme dominant, ce tout-globish qui écarte et discrimine de fait, anticonstitutionnellement, un nombre grandissant d’enseignements et de séminaires aux citoyens non anglophones.
De même que nous rejetons la thématique fascisante et scientifiquement aberrante de l’ « islamo-gauchisme », – laquelle n’est pas sans rappeler les campagnes fascistes, antisoviétiques et antisémites des années 1930 à l’encontre du « judéo-bolchevisme » ! -, de même invitons-nous instamment les universitaires progressistes à voir à temps, dans leur propre intérêt, que l’anticommunisme de confort et que l’américanisation galopante de l’Université comportent une dimension proprement suicidaire pour l’enseignement public, la recherche scientifique, l’avenir du statut de la fonction publique hérité de Maurice Thorez, et plus globalement, pour l’avenir même de la laïcité républicaine et des libertés dans notre pays.
« …rappelons qu’initialement, le FN fut délibérément gonflé, voire lancé médiatiquement, par Mitterrand pour des raisons politiciennes »
Je ne pense pas que le seul motif de Mitterrand fut de faire des opérations politiciennes dans la promotion de Le Pen. Ce serait faire fi de son passé pétainiste qu’il actualisait chaque année, alors qu’il était Président de la République, en faisant fleurir la tombe de l’ex-maréchal (comme on ne dit plus) Pétain. Au minimum, il n’était pas gêné par le développement de l’idéologie lepéniste, ce qui signe sans doute bien d’autres motifs.
Bonjour
Très bonnes analyses, pertinentes et étayées par des arguments rigoureux et précis…Quelle différence avec le caractère superficiel et tendancieux des Médias dominants !
Merci !