Déclaration du secrétariat national du PRCF – 26 aout 2021 [1]
C’est peu dire que l’allocution présidentielle du 12 juillet a profondément divisé les Français sans empêcher pour autant l’épidémie de rebondir et les hôpitaux de s’emplir à nouveau, notamment, et de façon tragique et scandaleuse, aux Antilles. Au soir même de cette allocution cyniquement clivante, les deux secrétaires nationaux mandatés par le secrétariat national pour impulser la bataille idéologique du Pôle durant l’été ont publié un appel (entretemps maquetté et diffusé sous forme de tract) invitant à refuser l’ensemble des dispositifs liberticides et antisociaux annoncés par Macron. Cet appel se concluait par la phrase « elle vient la grande explication! » avec ce pouvoir d’autant plus autoritaire que, comme les Régionales l’ont à nouveau prouvé, le macronisme est ultra-minoritaire dans le pays, et plus encore dans les couches populaires : bref, comme nous l’avons démontré dès le 10 mai 2017, ce pouvoir n’est pas seulement antisocial, liberticide et antinational, il est aussi profondément illégitime et antidémocratique…
Dans ces conditions, tous ceux qui veulent que le mouvement de protestation actuel dépasse le clivage paralysant entre pro- et antivaccins et qu’il débouche sur le « tous ensemble en même temps » des syndicalistes de classe, des militants politiques progressistes, des patriotes républicains et des Gilets Jaunes épris de progrès social et de démocratie directe, se doivent de répondre de la manière la plus rassembleuse possible à la question suivante :
Que ferait un gouvernement populaire soucieux à la fois de prévenir autant que faire se peut et de traiter quand il le faut cette pandémie à rebonds incessants, et d’unir contre elle tous les citoyens de bonne volonté désireux de protéger leur santé et celle de leurs proches tout en construisant une véritable politique collective de Santé publique?
Le secrétariat national du PRCF considère que, par-delà la diversité des opinions pouvant légitimement exister sur les vaccins actuellement disponibles en France, une large majorité de travailleurs et de citoyens pourrait s’unir sur les idées suivantes :
a) il faut d’abord, c’est un minimum, mettre un terme à toutes les odieuses opérations en cours ou en préparation visant à supprimer encore et encore des postes de soignant, des lits d’hôpital, voire des hôpitaux et des services hospitaliers.
Quitte à dire haut et fort « M….! » à Bruxelles, dont l’ignoble et récurrente sommation faite à la France de « réduire les dépenses de santé » n’a fait que s’amplifier depuis 2011 et le Pacte budgétaire européen, il faut « mettre le paquet » sur la formation et sur le recrutement large de soignants, sur leur haut niveau de qualification technico-scientifique, de garanties statutaires et de rémunération, sur la reconstruction de l’hôpital public – où la logique planificatrice fondée sur les besoins doit l’emporter définitivement sur les injonctions austéritaires des gestionnaires de de la zone euromark – et aussi sur la formation massive de médecins de toutes sortes, généralistes en tout premier lieu, en supprimant l’odieux « numerus clausus » au long cours qui, depuis les années 1970, a raréfié, voire désertifié notre médecine de ville (notamment dans les villes populaires et les zones rurales). Il faut aussi créer partout où c’est nécessaire des dispensaires publics en mettant en place des Etats généraux de la politique sanitaire permettant aux professionnels de toutes les structures publiques et privées de dialoguer et de définir, en concertation avec les usagers et les syndicats de soignants, les bases d’une politique sanitaire nationale de long terme. Cela implique aussi de revendiquer haut et fort la démocratisation profonde de la Sécurité sociale : rompant avec les effets bureaucratiques du plan Juppé-Notat, la Sécu doit revenir au principe posé par Ambroise Croizat lors de la fondation de la Sécu en 1946: gestion démocratique par les seuls élus syndicaux des assurés sociaux à l’exclusion de tout représentant de l’Etat et du patronat, mise en application du principe cher à Marx « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins! », fin de la dévolution aux « mutuelles » de toute une série de remboursements imputables à la solidarité nationale.
b) il faut ensuite, c’est là encore un minimum, nationaliser Sanofi et relocaliser un maximum de centres de recherche et de production des médicaments.
Il est indigne que le pays de Pasteur et de Calmette se soit montré incapable de mettre au point rapidement son vaccin et que Macron se soit plié à la décision de l’UE de définir, sur des bases plus géopolitiques que sanitaires, la liste des vaccins acceptables (exclusion, par pur préjugé politique, des vaccins cubains, chinois et russe, alors que Poutine avait proposé à Macron de disposer gratuitement du brevet russe!). Du reste, si Sanofi avait été capable d’inventer à temps un vaccin français, la France eût été impuissante à le fabriquer en masse tant le « produire en France » industriel a été dévasté au nom de « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » édictée par le Traité de Maastricht. Bref, la reconstruction d’une politique sanitaire est indissociable de la reconstruction planifiée d’un grand « produire en France » et de la renationalisation intégrale, avec gestion démocratique et transparente à la clé, de la filière du médicament. Il faut également mettre fin à l’énorme et récurrent scandale, typique du Capitalisme monopoliste d’Etat en vigueur sous le masque du « néolibéralisme », des « grands médecins » et autres mandarins appointés par de grandes firmes capitalistes et qui sont également « experts » ou « consultants » de l’Etat ou des médias en matière de choix sanitaires.
c) en finir avec l’irresponsable et criminel interdit de soigner qui a été initialement édicté en France dès mars 2020
sans préjuger en rien, ni en pour ni en contre, des propositions et recherches thérapeutiques existantes, il s’agit à la fois de les financer à hauteur suffisante pour qu’elles puissent être validées ou invalidées impartialement, et d’en finir avec l’irresponsable et criminel interdit de soigner qui a été initialement édicté en France dès mars 2020 (avec à la clé le court-circuitage des milliers de médecins de familles), le souci principal de l’Etat et de ses hauts décideurs sanitaires étant, non pas d’orchestrer la prise en charge des patients Covid avec le concours éclairé de l’ensemble des acteurs médicaux publics et privés, y compris les médecins libéraux, mais de confiner sans soins les malades chez eux en leur enjoignant d’attendre la brutale aggravation éventuelle liée à la survenue du dévastateur « orage de cytokine ». Comme le disait déjà Ambroise Paré au XVIème siècle, et comme n’a cessé de le dire notre commission Santé et son bulletin « Anticorps rouge », le rôle de tout médecin et de tout chirurgien est de « guérir parfois, de soulager souvent, de soigner toujours! ». Les chefs de file de la politique sanitaire nationale, qui ont quasiment criminalisé ceux qui, à tâtons, tentaient de soigner et de prendre en charge les malades, devront tôt ou tard rendre des comptes de leurs incuries, de leurs conflits d’intérêt inavoués et/ou de leur glaciale inhumanité.
d) concernant les propositions vaccinales existantes,
le PRCF ne se prend nullement pour un comité d’experts et il estime en outre que le rôle des militants communistes n’est certainement pas d’aider Macron à diviser le monde du travail en opposant les vaccinés aux personnes qui continuent de refuser, non pas les vaccins en général (il va de soi que des communistes, amis du progrès scientifique, ne sauraient refuser « la » vaccination qui a sauvé des millions de vies depuis Jenner), mais tel ou tel type de vaccin. Symétriquement, confondre le refus de l’obligation vaccinale avec l’engagement d’une campagne jetant la suspicion sur la campagne vaccinale en cours, ce serait faire la même erreur que celle qui consisterait à confondre le droit au divorce avec un appel à divorcer massivement. Pire, ce serait tomber dans l’énorme panneau dressé par Macron quand il somme les Français de choisir leur prétendu « camp » en la matière, que ce soit en stigmatisant les soignants qui, minoritairement, refusent d’être vaccinés tout en respectant méticuleusement les gestes-barrières, ou que ce soit, à l’inverse, en sommant les organisations syndicales et politiques progressistes de sortir de leur rôle en dénonçant les vaccins existants quitte à se fracturer gravement à l’interne. D’autant que le vrai problème n’a jamais été en France, et n’est toujours pas à ce jour, de forcer quelques centaines de milliers de Français, qui n’en veulent à aucun prix, à se vacciner, ou pis encore, à faire vacciner leurs enfants si, en leur âme et conscience, ils jugent cela trop risqué, mais que, depuis des mois et encore aujourd’hui (voir la terrible situation des Antilles, sans parler des pays du Maghreb!), des millions de gens qui voulaient ou qui voudraient se faire vacciner, en particulier des « travailleurs de première ligne » comme les enseignants ou les assistantes maternelles par ex., ne peuvent pas l’être ou n’ont pas pu l’être, suite aux choix erratiques de l’UE, à l’incompétence du gouvernement français et au fait que notre industrie pharmaceutique abandonnée au grand capital n’a pas été capable d’inventer, faute de moyens scientifiques et industriels, un vaccin français, ni de mettre à la disposition des Français la totalité des vaccins disponibles dans le monde de manière que les personnes qui suspectent (à tort ou à raison, c’est une autre question!) les procédés à ARN puissent se rabattre sur des vaccins plus traditionnels: l’essentiel étant que la masse des gens se protège et qu’elle protège les autres face à un virus mondialisé qui ne cesse pas de muter. BREF, NE TOMBONS PAS DANS LE PIEGE DU POUVOIR qui voudrait nous faire choisir entre deux impasses :
- la première, celle de l’autoritarisme macroniste (passe sanitaire et vaccination obligatoire déguisée avec une insupportable discrimination des citoyens) accompagnant tout un lot de mesures liberticides dépassant de loin les questions sanitaires (sanctuarisation de l’état d’urgence, « loi de sécurité globale », soumission de la justice à la police, flicage de l’internet, etc.),
- -la seconde étant celle d’une idéologie libertarienne de droite portée par Trump à l’échelle mondiale et par Philippot en France, et qui consiste à refuser par principe toute intervention sanitaire de l’Etat, à rejeter comme « dictatoriale » en soi le principe de vaccination obligatoire, à ignorer la dimension centralement collective de la Santé publique et à concevoir la liberté de manière individualiste en la coupant à la fois des découvertes scientifiques présentes et futures et du rôle planificateur et prescripteur de normes collectivement définies qui incombe à tout Etat digne de ce nom.
Pour unir le peuple et éventer le piège politique tendu par Macron, nous devons au contraire revendiquer, à la fois, la liberté pour ceux qui sont absolument contre le vaccin de ne pas subir ce qu’ils vivraient comme un viol, mais aussi la liberté pour ceux qui veulent être rapidement vaccinés de disposer partout des possibilités qualitatives et quantitatives nécessaires, notamment dans les quartiers populaires. Et pour ceux qui s’interrogent encore, il faut qu’existent des moyens institutionnels permettant de discuter de manière approfondie avec leur médecin traitant (les consultations destinées à ces discussions doivent être remboursées par la Sécu et payées au praticien). S’il s’agit de soignants exerçant au sein d’un service, pour permettre le dialogue entre les personnels et les médecins sans aucune menace de sanction ou de pression « mandarinale » pesant sur eux, nous suggérons que ce soient les syndicats d’hospitaliers qui organisent les rencontres de manière aussi démocratique et ouverte que possible avec la présence des médecins volontaires. Bien entendu, tout le monde doit refuser le licenciement des soignants dits réfractaires car il serait scandaleux que, après les avoir démagogiquement encensés hier quand ils prenaient tous les risques pour soigner sans protection aucune, on les congédie désormais en les traitant comme des parias et des mauvais Français.
En outre il ne faut pas se focaliser uniquement sur les vaccins : par exemple, l’école et sa protection sont un enjeu central où les protocoles sanitaires et les moyens de les appliquer restent dérisoires sous le pilotage cynique, voire covido-sceptique de l’inhumain ministre Blanquer, adepte peu discret de l’inhumaine et barbare théorie de l’immunité collective, dont l’unique souci est de maintenir à tout prix « l’école ouverte » pour que les parents puissent continuer à travailler à tout prix en générant la plus-value capitaliste. Avec les parents d’élèves et les syndicalistes enseignants combatifs, il urge, non seulement de soutenir le renforcement des protocoles sanitaires avec les embauches correspondantes, mais d’exiger haut et fort la démission de Blanquer, qui est aussi le casseur du lycée à la française, des disciplines scolaires et du baccalauréat national donnant accès directement à l’Université, libre accès que réduit singulièrement le dispositif socialement sélectif « Parcours sup ».
e) il ne faut pas couper le débat sanitaire du reste de la politique nationale ;
c’est pourquoi le mot « dictature sanitaire » employé ici et là est impropre: d’abord il crédite le pouvoir d’imposer une dictature pour des raisons purement « sanitaires », c’est-à-dire pour des motifs nobles, alors que ses pratiques liberticides visent à un conditionnement politique et comportemental bien plus global. Ensuite, il peut arriver dans le principe que des mesures sanitaires « dictatoriales » soient parfois légitimes et nécessaires (c’est par ex. l’URSS qui a obtenu de l’ONU en 1957 une campagne vaccinale mondiale contre la variole, ce qui a permis d’éradiquer ce microbe et de sauver des centaines de millions de vies à terme: quitte à heurter les prétendus libertaires, anarchistes ou « libertariens », les communistes ne sont pas contre toute dictature et ils se souviennent du mot d’ordre des républicains antiques « le salut du peuple pour loi suprême »). Et surtout, c’est ne pas voir que, par-delà la question de l’épidémie, les pouvoirs maastrichtiens successifs, et pas seulement Macron, mais les Raffarin, Sarkozy, Hollande… travaillent inlassablement à disloquer la France (euro-privatisations, euro-délocalisations, « pacte girondin » régionalisant et démembrant la République indivisible, casse généralisée des acquis sociaux, politique d’anglicisation déclassant la langue nationale), à la fasciser sur tous les terrains, pas seulement sur le terrain PRETENDUMENT sanitaire, tout en sapant la paix mondiale et en préparant ouvertement un « conflit de haute intensité » avec la Russie et avec la Chine. Ce serait une erreur que de se focaliser seulement sur le passe sanitaire alors que sont dans la ligne de mire, à très court terme, les retraites par répartition, les indemnités chômage, l’Education nationale, la Sécu (contre laquelle Denis Kessler sonne la charge au nom du MEDEF), ce qui reste de la grande industrie métallurgique française (fusions capitalistes transnationales de Renault et de PSA…), la SNCF et EDF, le Code du travail et les statuts, et par dessus tout cette paix mondiale dont le maintien conditionne le règlement de toutes les autres questions : pour défendre les libertés et le progrès social, encore faut-il que la France existe encore, que la République ne soit pas totalement disloquée, que l’humanité ne périsse pas, que le capitalisme et sa course insensée au profit maximal ne finissent pas par saloper l’environnement sur tous les plans.
f) saisir que structurellement, l’euro-mondialisation capitaliste est la matrice exterministe globale
la radicalité communiste, républicaine, syndicale, etc., ne consiste pas à se rebeller abstraitement contre « le système », ni à chercher des conspirations partout (même s’il arrive qu’il en existe vraiment), mais à saisir que structurellement, l’euro-mondialisation capitaliste est la matrice exterministe globale de pratiques industrielles, agricoles, halieutiques, forestières, commerciales, militaires, culturelles, totalement dérégulées qui engendrent à jet continu des chocs environnementaux globaux, des méga-incendies incontrôlables, des virus émergents planétisés à la vitesse des échanges déréglémentés, des pollutions et des gaspillages géants, une course aux armements de tous les instants, sans oublier les migrations de masse résultant des guerres, des blocus et des « sanctions » impérialistes, etc.
Dans cet esprit, il faut revendiquer la levée des brevets sur les vaccins et la dé-privatisation de l’ensemble des médicaments antiviraux, et les mettre tous à la disposition gratuite des peuples, notamment des peuples du Sud dont les citoyens vivent souvent dans des conditions terribles, sans infrastructure sanitaire et sans sécurité sociale aucune. Ce qui ne pourra se faire sans sortir de l’Union européenne asservie à l’OTAN et à la mondialisation capitaliste ni, s’agissant de la France, sans la nationalisation démocratique des banques et des autres secteurs clés de notre économie.
En effet, en matière de lutte antivirale comme en matière de luttes sociales, il n’y a que deux choix possibles : le choix communiste et républicain du « tous ensemble en même temps » victorieux des travailleurs, des citoyens et des peuples faisant face ensemble aux questions posées, ou le choix capitaliste et impérialiste mortifère, voire exterministe et fascisante, du « chacun pour soi », du « moi-je » et de l’égoïsme du plus fort, du plus riche et du mieux-portant. Avec, en l’occurrence le risque de rebonds viraux de plus en plus graves et de virus mutants de plus en plus agressifs et/ou contagieux.
[1] Au moment d’adopter ce texte, nous apprenons les manœuvres visant à écarter le professeur Raoult à Marseille. Nul n’est dupe du prétexte de l’âge utilisé pour l’éliminer de l’IHU-Méditerranée qu’il a eu largement le mérite de concevoir et d’organiser. Il ne s’agit pas non plus de valider ou d’invalider telle ou telle de ses positions médicales ou vaccinales anciennes ou récentes, ce qui n’est pas le rôle de notre organisation politique. En revanche, le PRCF constate que, quels que soient les reproches qu’aient pu lui faire les syndicalistes CGT de l’IHU, Raoult est surtout écarté par la Macronie parce que, au début de la pandémie, il a refusé l’interdit de soigner édicté par les autorités médicales nationales et parce qu’il a dénoncé les énormes conflits d’intérêts dont certains grands conseillers médicaux du pouvoir proches de Giléad étaient et restent suspects. De ce point de vue, l’éviction de l’infectiologue marseillais relève manifestement de la vengeance et de la purge politiques lesquelles ne feront qu’accroître la confusion, la division et la suspicion au lieu d’unir le corps médical et la population pour combattre l’épidémie.