Comité Central du PRCF 6 mars 2022
Depuis l’hiver 2021 et pendant près d’une année, le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) a mené campagne pour proposer une Alternative Rouge et Tricolore. Dans une démarche collective et de responsabilité, le PRCF a, à plusieurs reprises, sollicité des candidats déclarés à gauche afin de procéder à un échange politique en vue de construire une dynamique capable de vaincre la « Bande des Quatre réacs » (Macron, Pécresse, Le Pen et Zemmour) pour l’élection présidentielle de 2022.
Face à l’absence totale de réponse et face aux stratégies égoïstes et euro-compatibles, le PRCF a alors désigné Fadi Kassem, secrétaire national du PRCF, pour prendre la tête d’une campagne visant à centrer le débat politique sur les thèmes majeurs pour l’avenir du pays, des citoyens et des travailleurs : l’indépendance nationale, la souveraineté populaire, la sortie de l’Alliance euro-atlantique, la nationalisation de tous les grands secteurs-clés de l’économie, la réindustrialisation du pays, la rupture avec l’Union européenne (UE) et la mondialisation capitalistes, le sauvetage de la République laïque, une et indivisible, la reconstruction des services publics.
Cette campagne, menée avec enthousiasme et détermination, a permis la diffusion de dizaines de milliers de tracts et de milliers d’affiches dans toute la France, de dizaines de communiqués de presse. Elle a poussé de nombreux nouveaux militants (très souvent des jeunes) à rejoindre le PRCF. Elle a enfin permis de faire connaître le PRCF auprès de milliers de maires. Mais le PRCF est toujours resté lucide face au verrouillage antidémocratique imposé par des médias aux ordres, le Conseil supérieur audiovisuel organisant la censure et le système de parrainages, rendant impossible la présence officielle, dès le premier essai du moins, d’une candidature Rouge et Tricolore.
Désormais, la campagne officielle est entamée et offre un spectacle souvent désolant. A droite, la « Bande des Quatre » réacs rivalise de déclarations toujours plus xénophobes, antisociales et antirépublicaines quand, dans le fond, ces candidats assureront la pérennité de l’ordre imposé par Bruxelles, Francfort, Berlin et Washington en refusant de sortir de l’euro, de l’UE, du capitalisme et même de l’Alliance atlantique, cette menace de plus en plus forte pour la paix mondiale. Pis : les surenchères contre les fonctionnaires, les « assistés », les immigrés, les musulmans, etc., font le jeu d’un candidat parrainé par le groupe Bolloré, et qui réhabilite depuis des années Pétain, Maurras et l’Algérie française.
De son côté, la fausse « gauche » est en état de décomposition finale, elle qui, depuis plus de quarante ans, s’est ralliée à l’ordre euro-atlantique et aux forces du Capital : la déconfiture de Jadot, Hidalgo et Taubira, prêts d’avance à rallier Macron au deuxième tour, n’émouvra pas les travailleurs de France.
Sans parler des candidatures euro-trotskistes, les citoyens aspirant à une alternative populaire se retrouvent donc confrontés à un choix restreint et très insatisfaisant avec les bulletins Mélenchon et Roussel. Le premier, renonçant à la dialectique de 2017 – « l’UE, on la change ou on la quitte ! » –, assure ne plus être « Frexiter », attaque l’électronucléaire civil français sans lequel il est impensable, en l’état, de réindustrialiser le pays, assimile le globish néocolonial à de la « créolisation », considère la Corse comme un équivalent administratif de la Polynésie française et croit pouvoir « désobéir » à l’UE, au FMI et à l’OMC en restant dans leur cadre hyper-verrouillé. Le second mord par certains propos sur les plates-bandes réactionnaires et, en pleine marche du chancelier Olaf Scholz vers l’« Etat fédéral européen », fait croire qu’il va reconquérir la souveraineté économique de la France tout en restant prisonnier d’une zone euro irréformable et d’une UE structurellement indissociable de l’OTAN et conçue de A à Z pour servir le grand Capital.
Dans ces conditions, le Comité central du PRCF estime que ce serait mentir aux travailleurs et nuire aux intérêts fondamentaux de la renaissance communiste et de la résistance populaire que d’appuyer, en tant que PRCF, fût-ce de manière critique, une candidature qui, au regard des projets euro-compatibles proposés, constituerait une énième dérive comparable aux capitulations de Mitterrand, Jospin ou Hollande, sans oublier la trahison du Grec Tsipras. Et de fait, nombre de travailleurs hostiles à l’UE du Capital et écœurés par les trahisons successives de la « gauche » établie, s’apprêtent à glisser un bulletin blanc, rouge ou nul dans l’urne, voire à boycotter le scrutin pour mettre le paquet sur les luttes qui repartent de manière offensive dans plusieurs secteurs.
Ces remarques sont d’autant plus justifiées que, de manière variable selon les jours et les discours, les deux candidats cités ont frayé, parfois de manière indécente (Roussel faisant de la Russie l’ennemie principale de la paix, Mélenchon appelant à pavoiser en jaune et bleu tous les bâtiments publics !) avec le consensus impérialiste qui a fait du drapeau jaune et bleu de l’Etat ukrainien allié aux nazis, armé, encouragé et porté par l’OTAN, le symbole d’une nouvelle « Union sacrée » anti-« nationale », non « pour la paix en Ukraine » comme il est dit hypocritement, mais pour l’engagement ultra-dangereux et de moins en moins indirect de notre pays dans la croisade euro-atlantique. Face à cela, notre résistance à la généralisation de la guerre passe non seulement par l’appel à la désescalade, mais par la double dénonciation de l’UE et de l’OTAN qu’il est mensonger, tout le montre aujourd’hui de manière éclatante, de dissocier en appelant à sortir de la seconde tout en restant dans la première qui s’en dit officiellement la « partenaire stratégique » : au point du reste qu’adhérer à l’une, c’est nécessairement s’affilier militairement à l’autre.
Néanmoins, le PRCF, qui fut l’un des premiers « lanceurs d’alerte » à dénoncer la fascisation du pays, se doit aussi de prendre en compte les craintes des camarades qui estiment nécessaire de faire barrage dès à présent à la fascisation en se saisissant, faute de mieux, d’un bulletin Roussel ou Mélenchon. C’est pourquoi les camarades du PRCF souhaitant, à titre personnel, voter pour l’un de ces candidats, pourront le faire, mais sans engager le PRCF comme tel, ni au niveau national, ni au niveau des départements ou des sections locales. Et si jamais l’un de ces candidats était réellement en situation d’être au second tour, le Comité central du PRCF se réunirait exceptionnellement dans les derniers jours précédant le scrutin.
Mais surtout, pas de supputations sans fin et éloignant de l’action, et notamment de l’engagement absolument prioritaire pour la défense de la paix alors que la guerre, trouvant son origine profonde dans l’extension agressive sans fin de l’OTAN-UE depuis l’implosion de l’URSS, sévit en Ukraine et menace de se transformer en une troisième guerre mondiale, qui plus est entre puissances disposant de l’arme nucléaire.
Le PRCF rappelle surtout que la bataille politique et idéologique pour l’Alternative Rouge et Tricolore ne fait que commencer et ne s’arrêtera pas à la séquence électorale biaisée de 2022. Ainsi, et prioritairement, tous les membres du PRCF continueront d’afficher, de diffuser les mesures d’urgence du PRCF et de proposer Initiative communiste aux travailleurs en lutte, à l’entrée des entreprises et dans les manifestations, y compris pendant les élections.
Car plus que d’un scrutin présidentiel euro-verrouillé, l’issue viendra de la « grande explication » à préparer entre une oligarchie brune-bleue-rose disloquant la France dans l’UE atlantique, et le combat sociopolitique porté par des travailleurs et des citoyens qui, lorsqu’ils déclenchent un grand mouvement social comme les gilets jaunes ou les luttes sur les retraites, font trembler la grande bourgeoisie antinationale et de plus en plus fascisante.
Un grand mouvement auquel contribueront les militants du PRCF en rappelant que le seul horizon cohérent et radical possible demeure le Frexit progressiste dans la perspective du socialisme pour notre pays.