Malgré le fort engagement des cheminots grévistes et des étudiants en lutte, le bulldozer macronien téléguidé par l’UE et par le MEDEF redouble d’attaques. Exploitant la popularité factice que lui a valu la victoire des Bleus à Moscou (on ne sait plus dire les Tricolores…), Macron accélère l’exécution de la feuille de route berlino-bruxelloise : le statut des fonctionnaires, les retraites par répartition, voire les pensions de réversion et le « pognon de dingue » versé aux « derniers de cordée » sont dans le collimateur d’un pouvoir qui se donne cinq ans pour rendre irréversible la dissolution de la République souveraine et indivisible dans l’acide de la « souveraineté européenne », de la « défense européenne » et du « pacte girondin ».
Face à cette casse généralisée, il faut qu’émerge au plus tôt une perspective révolutionnaire inséparable de l’idée de sortir la France de l’euro, cette austérité continentale faite monnaie, de l’UE, ce broyeur de peuples piloté par Berlin, de l’OTAN, cette machine de mort étasunienne, et du capitalisme, qui n’apporte plus aux peuples que régressions, guerres et fascisation. Plus que jamais – et ça bouge de ce côté-là puisque nombre de syndicats CGT se détachent de la CES jaune pour rallier la FSM rouge ! – les amis du syndicalisme de classe doivent s’unir : car comment construire le « tous ensemble en même temps » des travailleurs si les syndicalistes rouges s’interdisent de former un large front syndical de lutte à l’inter-pro ? Enfin, pour remettre le monde du travail au centre de la vie nationale, il faut reconstruire un Parti communiste de combat dont le PCF-PGE actuel n’est plus qu’une contrefaçon « euro-constructive ». Deux méthodes se présentent alors aux communistes qui veulent reconstruire le parti communiste aujourd’hui démoli.
Révolution de palais ou parti communiste de combat ?
La première méthode consiste, pour s’opposer à Pierre Laurent, l’homme qui rabat systématiquement sur le PS et sur Hamon, à s’allier à tout ce qui passe pour « faire nombre » quitte à jeter aux orties le léninisme, à rallier le thème mutant de « l’échec de l’URSS », à repousser aux calendes grecques (« pour ne pas se diviser ») la question du Frexit progressiste, à taire les mots de nationalisation et de révolution socialiste tout en palabrant sur le communisme pour demain matin et en promettant on ne sait quels « nouveaux pouvoirs » dans l’entreprise alors qu’est éludée la question-clé, celle qui démarque le socialisme scientifique et révolutionnaire de Marx du réformisme utopique d’un Proudhon : celle de l’expropriation capitaliste, du pouvoir des travailleurs, du rôle dirigeant de la classe ouvrière, en un mot, du socialisme pour la France. Parce qu’ils remettent à la Saint-Glinglin la question de la rupture organisationnelle des vrais communistes avec le PCF dénaturé, certains camarades en viennent alors à rallier en position subalterne la fraction parlementaire euro-constructive du PCF, ou pis encore sa commission économie, ce laboratoire faussement « novateur » du révisionnisme mutant. Seul dénominateur commun aux signataires de ce texte : une critique de droite Mélenchon (qu’il faudrait au contraire prendre de gauche en appelant à construire une France franchement insoumise à l’UE !) accusé de «nationalisme », voire de collusion avec Le Pen ! – parce qu’il ose se dire « indépendantiste français », alors que nos grands économistes « communistes » et « novateurs » prétendent sans rire « réorienter la BCE » dans un sens social !
Nous ignorons si une telle méthode peut permettre d’évincer P. Laurent, mais si elle y parvenait sur de telles bases, aurait-on affaire à autre chose qu’à une révolution de palais ? Laquelle, faute de virer les fondamentaux toxiques de la « mutation », finirait de décourager les communistes de ce pays. L’expérience de Rifondazione comunista a d’ailleurs montré en Italie que l’on ne sauve pas le PC en s’acoquinant à des trotskistes et à des semi-mutants euro-béats : car pendant que d’aucuns ne cessent de reculer parce qu’ils craignent de sauter le pas d’une reconstruction communiste effective, Macron organise le « saut fédéral européen », c’est-à-dire par la vente à la découpe de la France de 1789 et du CNR…
La méthode bolchévique : unir les communistes dans l’action
L’autre méthode, bolchevique a été éprouvée par l’histoire : à Tours, on n’a pas vu Cachin et Vaillant-Couturier s’allier au « centriste » Jean Longuet pour battre le droitier Léon Blum. Les partisans de l’Internationale communiste ont rompu avec les « centristes » comme Longuet et se sont tournés vers la classe ouvrière et vers les syndicalistes rouges à partir de positions 100% anti-impérialistes. Et, fort de cette fusion dynamique du mouvement ouvrier de classe et de l’avant-garde marxiste qui définit l’idée même de Parti communiste, la séparation organisationnelle salutaire des réformistes et des révolutionnaires a permis que naisse un parti de combat coupant les liens mortifères avec les « mutants » de l’époque. Sous des formes nouvelles et ouvertes au débat, c’est cette méthode bolchévique que propose le PRCF aux communistes où qu’ils soient organisés. Ensemble, allons aux usines, aux gares, aux centraux EDF en lutte, pour appeler la France à sortir, par la gauche, de l’UE/euro/OTAN. Unissons dans l’action les vrais communistes, tournons-les vers les syndicalistes de classe en portant les objectifs tranchants du Frexit progressiste, du socialisme et de la renaissance d’un PC de combat.
Tourner les communistes vers la classe ouvrière à partir de position 100% anti UE
Même si certains groupes misent sur toute une série de méthodes intermédiaires entre ces deux-là (auto-proclamation d’un « parti communiste » fictif contournant l’adresse aux autres communistes, improbable « reconquête révolutionnaire du PCF cellule par cellule », dissolution finale du PCF dans la FI (Buffet), fusion à petit pas d’un PCF résiduel avec les vestiges du PS (Laurent, Brossat)…), il faut choisir entre ces deux voies : soit vendre son âme pour, au mieux, accoucher d’une révolution de palais semi-mutante. Soit tourner les communistes vers la classe ouvrière à partir de positions 100% anti-UE, sans craindre à terme de reconstruire un parti délesté du boulet réformiste. Cette seconde voie n’est certes pas semée de roses. Mais c’est la seule qui vaille pour que renaisse à temps un parti de combat capable de sortir notre classe et notre pays de la macro-tenaille qui les broie.
- Vincent Flament,
- Benoit Foucambert
- Georges Gastaud
- Fadi Kassem
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Antoine Manessis
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Aymeric MonvilleCommission des relations politiques