A propos de la reprise parallèle des « manifs pour le climat » et des luttes sociales de l’automne pour l’emploi, les services publics et les retraites.
- Par Georges Gastaud, auteur de « Mondialisation capitaliste et projet communiste » (Temps des cerises, 1997), et du Nouveau Défi léniniste (Delga, 2017)
Les médias dominants présentent avec sympathie l’opération (car c’en est une, et d’envergure planétaire !) Greta Thurnberg et les manifs mondialisées « pour le climat ». Elles se disent en effet « apolitiques », ne ciblent aucun ennemi particulier et semblent si « modernes », si différentes de ces manifs sociales si ringardes et si tendues pour les retraites, EDF, la SNCF et les acquis sociaux dévastés par Macron… Ne parlons pas de ces affreux Gilets jaunes si « archaïques » qui ont l’audace, alors qu’ils gagnent 1500 € par mois et qu’ils sont contraints par la spéculation immobilière de bosser à 100 km de chez eux, de refuser l’augmentation exponentielle du prix des carburants…
Eh bien nous, militants franchement communistes, ne tombons pas dans le piège grossier tendant à opposer les défenseurs de l’environnement aux militants de l’égalité sociale. C’est le même système failli, le capitalisme, dont la quête du profit maximal à court terme gaspille les ressources naturelles, provoque des guerres impérialistes et saccage partout les conquêtes des travailleurs. Et notamment, celles des plus jeunes d’entre eux, voués à la précarité par la casse de l’Education nationale, la dévaluation des diplômes et la destruction du Code du travail par Macron et les financiers de sa sorte. Déjà Marx notait, dans Le Capital, que « le capitalisme ne crée la richesse qu’en épuisant ses deux sources, la Terre et le travailleur ». Avant lui, Engels observait, dans La Situation de la classe laborieuse en Angleterre (1843), que le traitement infâme réservé aux ouvriers de Manchester par les industriels s’accompagnait de l’infect empoisonnement de l’air, des sols et des rivières de cette ville manufacturière anglaise.
Mais aujourd’hui, c’est pire encore : historiquement périmé depuis longtemps mais provisoirement remis en selle par la restauration capitaliste en URSS en en Europe de l’Est, le capitalisme-impérialisme est devenu franchement exterministe : que ce soit sur le plan militaire, où le complexe militaro-financier stimule une extravagante course mondiale aux armes nucléaires, sur le plan socioéconomique, où la course au profit creuse d’énormes inégalités entre les pays et à l’intérieur même de chaque pays, sur le plan culturel où la généralisation de l’« American Way of Life » et du tout-anglais envahissant arase la diversité culturelle de l’humanité, et bien sûr sur le plan environnemental – où la mondialisation néolibérale des échanges pollue irréversiblement les terres, les mers et les airs, la re-mondialisation du capitalisme consécutive à la destruction contre-révolutionnaire du camp socialiste est structurellement incompatible avec le développement durable, voire avec la survie simple ! – de l’humanité (et d’une bonne partie du vivant !). C’est l’idée pionnière qu’a toujours défendu le PRCF que « l’exterminisme est le stade suprême du capitalisme-impérialisme », et cela vaut évidemment au niveau environnemental. Et cette idée n’incline nullement à l’ « effondrisme » et à la « collapsologie » à la mode, mais à la mobilisation militante et révolutionnaire selon la combative devise de Romain Rolland et de Gramsci, « pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté » !
La conséquence logique de tout cela, c’est que tous ceux qui veulent vraiment la survie de l’humanité, doivent combattre le capitalisme : un peu d’écologisme superficiel mène à la dépolitisation, beaucoup d’écologie citoyenne conduit au contraire à l’engagement anticapitaliste ! N’ayons pas peur de rouvrir l’horizon et de réfléchir à une autre société, le socialisme-communisme, que celle, proprement INVIVABLE, à laquelle nous mènent les partis du capital et leurs institutions mortifères, Union européenne en tête, avec leur avalanche de directives antisociales, d’ « économie ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée », et leurs traités commerciaux néolibéraux et irresponsables passé avec les financiers d’Outre-Atlantique : CETA, TAFTA et autre accord UE/Mercosur conclu par Macron aux dépens des circuits courts agricoles, industriels et artisanaux…
Bref, si je veux défendre le climat pour du bon sans me faire manipuler par les médias du système capitaliste, sans devenir un bisounours vert pâle à la Jadot, je dois AUSSI combattre Macron-MEDEF et ses contre-réformes, je dois faire montre d’esprit critique envers l’euro-béatitude et envers l’anticommunisme que l’on m’inculque soir et matin dans les médias, et aussi hélas à l’école « républicaine ». Je vais certes aux manifs « pour le climat » (comme le font les Jeunes pour la Renaissance Communiste en France), mais en brandissant des pancartes anticapitalistes et en restant solidaire des travailleurs en lutte que la police de Castaner éborgne et mutile sans merci sur les Champs-Elysées à coups de tazers, de lacrymos à tir tendu et de flash-balls.
Bref, pour que l’humanité, aujourd’hui conduite par les joueurs de pipeau du grand capital, cesse d’être « en marche » vers le suicide climatique, économique et guerrier, je combats la course mondiale insensée au profit maximal que suscite la super-ringarde propriété capitaliste sur les grands moyens d’échange et de production. Bref, face au capitalisme-exterminisme, il est temps de reprendre l’appel révolutionnaire de Fidel et du Che à tous les résistants de notre époque : « le socialisme ou la mort, nous vaincrons ! ».
Tout est dit, c’est excellent !