Bien que plus faible que celle de 2007, la participation aux présidentielles 2012 reste importante. Cela ne signifie pas que la masse des Français approuverait d’enthousiasme le principe de cette élection du chef de l’Etat au suffrage universel qui, couplage avec les législatives aidant, remet tous les pouvoirs à un homme qui échappe ensuite à tout contrôle: plus prosaïquement, cela signifie que les Français se saisissent d’une des rares possibilités, si dévoyées soient-elles, que leur offrent les institutions antidémocratiques du régime en place, pour peser tant bien que mal sur l’orientation du pays. Plus que jamais, le PRCF continuera donc d’appeler à une Constituante permettant au peuple de recouvrer sa souveraineté confisquée à la fois par le capital financier, par l’U.E. et par la monarchie déguisée qu’est la 5ème « République ».
Comme prévu, les candidats du second tour sont ceux de l’UMP et du PS, les deux piliers de la désastreuse « construction européenne ».
Sarkozy est sanctionné pour sa politique grossièrement antisociale, antinationale et antidémocratique, qui a heurté une majorité d’électeurs et qui a provoqué un décrochage évident des milieux populairess à l’égard du « candidat des riches ». Le PRCF, qui dès le 7 mai 2007 avait dénoncé l’illégitimité de ce président fascisant, se félicite de ce rejet qui montre que malgré l’incessante propagande néolibérale subie, le peuple français n’a pas renoncé aux valeurs de liberté, égalité et fraternité, même si le score du FN relativise fortement, hélas, cette appréciation.
Le score de Hollande témoigne à la fois, d’une part et de manière déformée, de l’attachement du « peuple de gauche » aux valeurs de progrès social, d’autre part, de la persistance de l’illusion selon laquelle le PS serait un « parti de changement »: il s’agit pourtant depuis plus de vingt ans d’un des piliers de la destruction euro-libérale de la France populaire : « l’austérité juste » de Hollande annonce à mots couverts une politique à la Papandréou ou à la Zapatero pour notre pays. Il faut cependant tenir compte du fait que beaucoup d’électeurs populaires n’auront voté Hollande que pour se débarrasser du fascisant président sortant et pour éviter que le FN n’arrive au second tour ; des millions d’électeurs « hollandais » ne sont pas dupes et n’ont émis qu’un vote-sanction anti-Sarkozy. Les vrais partisans du changement social devront donc s’adresser aux électeurs populaires de Hollande dans la perspective des luttes à venir contre l’austérité « à la grecque » que l’UE somme par avance le futur président de mettre en batterie dès son entrée en fonction.
Marine Le Pen obtient un score très élevé qui témoigne de manière inquiétante de la force de la xénophobie en France (d’autant que le vote UMP porte une très forte composante islamophobe) ; il ne faut pas se cacher par ailleurs que le FN capitalise et dévoie aussi, sur des bases xénophobes, l’attachement de l’électorat populaire à la nation que la gauche établie se refuse obstinément à prendre en charge sur des bases progressistes et républicaines. Une fois de plus il apparaît que la politique xénophobe de Sarkozy n’a pas asséché, mais dynamisé le FN. Le score du FN s’explique aussi largement par le fait que l’extrême droite a constamment feint de défendre la France contre le désastreux euro, cette arme de destruction massive des acquis sociaux et de la souveraineté nationale. Il est lamentable, redisons-le avec force, que la « gauche de la gauche » ait renoncé de fait à ce combat anti-UE et anti-euro, en laissant l’héritière Le Pen monopoliser mensongèrement le thème de l’indépendance nationale. Il est lamentable que depuis tant d’années des forces euro-gauchistes et « euro-constructives » diabolisent le drapeau tricolore et la nation en abandonnant au FN ces signifiants majeurs qu’il faut au contraire lui disputer sur des bases progressistes. Plus que jamais il faudra également combattre l’anticommunisme qui gangrène les esprits dans toute l’Europe contre-révolutionnaire de Maastricht, y compris dans la jeunesse (imbibée d’antisoviétisme dès l’école). C’est l’anticommunisme et l’antisoviétisme qui forment le terreau permanent de l’extrême droite : la responsabilité des dirigeants mutants du PCF-PGE, qui durant trois décennies ont abandonné le combat idéologique et qui ont renié le combat de G. Marchais et d’H. Krazucki contre la monnaie unique, est écrasante dans la désorientation idéologique de notre pays et d’une partie de sa jeunesse. Plus que jamais les antifascistes devront résister à la fascisation rampante de notre pays car il est vraisemblable que les dirigeants les plus fascisants de l’UMP vont se rapprocher du FN pour capitaliser les mécontentements créés par la crise profonde du capitalisme.
Le score de J.-L. Mélenchon est honorable bien que très en-deçà de ce que laissait attendre le succès populaire de sa campagne. Mélenchon a eu le mérite de remettre en circuit des thèmes que le PCF mutant et « euroconstructif » de P. Laurent, l’actuel patron du Parti de la Gauche Européenne, avait totalement désertés : classe ouvrière, révolution, alliance du drapeau rouge et du drapeau tricolore, unité du combat de classe et de la lutte républicaine, bref, tout ce que défendait jadis le PCF de Thorez-Duclos, la CGT de Frachon, et de manière moins conséquente, le PCF de G. Marchais. Malheureusement, Mélenchon est resté au milieu du gué. En prétendant que « l’euro est à nous », qu’il est possible de « réorienter la construction européenne dans un sens progressiste» et de « mettre la BCE au service de l’emploi », en refusant de transformer la dynamique électorale en un mouvement populaire organisé « en bas », Mélenchon et ses mentors du PC-PGE ont refusé d’assumer franchement la seule ligne révolutionnaire de masse crédible : celle de la rupture progressiste claire et nette avec l’UE. Faute de l’avoir fait, ils n’ont pas réussi pour l’instant à aller au-delà du rassemblement de la « gauche de la gauche ».
C’est au contraire le rassemblement majoritaire du peuple de France contre l’oligarchie capitaliste, pour l’indépendance nationale, la coopération internationale et pour le progrès social que symbolisent les principes du Conseil national de la Résistance, qu’il faudrait viser en un moment où le MEDEF appelle à liquider la France au profit des Etats-Unis d’Europe. Cette politique de large rassemblement patriotique et progressiste dans l’esprit du CNR est possible et nécessaire. Mais J.-L. Mélenchon acceptera-t-il enfin de dialoguer à égalité avec les militants communistes, progressistes et républicains patriotes qui veulent tirer la France du broyeur mortel de l’UE ? Le PRCF continuera pour sa part de tendre la main fraternellement aux militants du Front de gauche, qui sont ses frères de classe, tout en les appelant à secouer sérieusement le slogan défaitiste et mensonger de « l’Europe sociale ». C’est seulement sur cette base que les forces anticapitalistes pourront être autre chose qu’une force de pression sur le PS ; car tant que la « gauche de la gauche » se contentera de coller au slogan social-démocrate du PS (la mensongère « Europe sociale » !) elle ne pourra pas sérieusement contrer le slogan du « vote utile » au 1er tour. De ce point de vue, l’appel immédiat de Mélenchon à voter Hollande sans négociation ni contrepartie – après avoir répété dans sa campagne » le programme du PS est à prendre ou à laisser : on laisse ! » – affaiblit déjà la dynamique dont il était porteur, en livrant clefs en main son électorat au Papandréou français. Plus que jamais l’heure est à unir l’antifascisme, le patriotisme populaire anti-UE et l’internationalisme prolétarien.
Même si Hollande est en meilleure posture ce soir que Sarkozy pour le second tour, le total de l’électorat se réclamant de la gauche reste inférieur à 50% et le score du FN est très élevé. Il appartiendra à Hollande de faire le nécessaire pour convaincre, s’il le peut, ceux qu’il n’a pas convaincus au 1er tour. Tout en laissant chaque électeur faire son choix au second tour en son âme et conscience, et sans cesser de dire franchement que Hollande n’est pas moins engagé que Sarkozy ou Bayrou dans le soutien à l’UE, le PRCF appellera les travailleurs à s’unir dans l’action pour sortir Sarko et sa politique, pour sortir de l’UE mortifère, pour briser l’extrême droite et pour mettre en accusation le système capitaliste. 1er rendez-vous de masse, le 1er mai où il faudra éviter les récupérations politiciennes et mettre au 1er plan les revendications populaires : c’est là le meilleur moyen pour battre Sarko-MEDEF et sa politique, pour balayer l’extrême droite et pour briser l’étau mortel de l’Union européenne !
Plus que jamais sont incontournables la reconstruction d’un grand parti communiste révolutionnaire, d’un large Front de résistance antifasciste, patriotique et progressiste, d’un large front syndicaliste menant le combat de classe. Sans cela, la France sera broyée entre la funeste « construction européenne » et la démagogie liberticide de l’UM’Pen. Sans la renaissance urgente d’un vrai parti communiste, il n’y aura aucune issue durable pour tous ceux qui veulent construire une France républicaine en marche vers l’indépendance nationale et le socialisme.