La percée de Fillon aux primaires de la droite « et du centre (sic) » fait office de déclaration de guerre lancée par la bourgeoisie néo-versaillaise à la face des travailleurs et des progressistes. Le fait qu’un requin néolibéral comme Juppé, l’homme qui a lancé en grand l’alignement néolibéral de la France en 1995, puisse jouer les « modérés » de service, en dit long sur l’ultra-droitisation de la vie politique française. D’autant que l’émergence de Fillon ouvre un nouveau boulevard à Marine Le Pen pour se présenter mensongèrement en « protectrice » du petit peuple dans le cas, pas improbable hélas, où le grand débat télévisé précédant le second tour la mettrait aux prises avec le Thatcher français Fillon.
Face à cette situation très grave, il ne sert à rien d’attendre quoi que ce soit de la primaire « socialiste » qui mettra aux prises Hollande, Valls, ou l’un de leurs acolytes comme Montebourg. C’est en effet le PS qui, par sa servilité devant le MEDEF, l’UE, l’OTAN et Merkel, par ses contre-réformes, par son comportement belliciste, liberticide et antisyndical, a ouvert une voie royale à la thatchéro-fascisation de notre pays.
Il serait tout aussi dangereux d’en appeler à l’abstention sous prétexte de la nocivité (bien réelle) des présidentielles ou de l’absence de candidats authentiquement communistes et de se contenter d’appel hors-sol à la révolution. Celle-ci n’étant pas envisageable immédiatement, tant le rapport des forces est aujourd’hui dégradé pour le camp progressiste, plutôt que de discréditer ce juste mot d’ordre révolutionnaire en le rabâchant comme une formule magique et en prenant le risque de laisser seules (ou à la remorque du réformisme, voire de l’extrême-droite) les masses populaires face au cauchemar qui s’annonce, il faut partir de l’état réel des consciences pour construire les alliances, temporaires ou non, qui permettront de réarmer le mouvement populaire et de l’orienter vers un changement révolutionnaire de société.
Dans ces conditions, le secrétariat national du PRCF unanime appelle toutes les organisations, tous les militants et sympathisants du PRCF, mais aussi tous les militants franchement communistes et franchement progressistes conscients de leurs responsabilités à l’égard du peuple, à :
- Accélérer la diffusion aux entreprises du 4-pages national présentant les propositions programmatiques du PRCF pour sortir la France de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme, pour construire une République souveraine, sociale et fraternelle centrée sur le monde du travail, pour rouvrir concrètement à notre peuple la marche révolutionnaire vers le socialisme ;
- Appeler les travailleurs et les syndicalistes de classe à multiplier les initiatives d’action convergentes pour rompre le climat délétère qui domine la présidentielle : veillons à ce que l’attentisme électoral ne brise pas l’élan vers le syndicalisme de classe et de masse qui a dominé le printemps dernier !
- Tendre fraternellement la main aux militants de la « France insoumise » et, sans cesser de défendre l’orientation stratégique de fond du PRCF, qui est la renaissance d’un vrai parti communiste, bien faire entendre que l’un des enjeux potentiels du 1er tour de la présidentielle consiste à briser l’hégémonie mortifère du PS sur la gauche. Car au jour où nous publions cette déclaration, le réalisme oblige à constater que seule la candidature Mélenchon est susceptible de briser cette domination délétère du PS en apportant une respiration au mouvement progressiste et au syndicalisme de lutte : tant il est clair que ceux-ci seront en fâcheuse posture en mai 2017 si, à un second tour cauchemardesque LR/FN s’ajoute le maintien du PS à la première place à gauche à l’issue du 1er tour, avec peut-être en prime aux législatives, soi-disant pour « faire échec à la droite et au FN », des candidatures uniques PS/PC qui achèveraient de fondre le vote PCF dans une caution indirecte au honteux bilan de Hollande.
- accentuer notre campagne pour expliquer que la formule de JLM « l’UE, on la change ou on la quitte ! », n’est qu’un premier pas : certes, c’est une avancée pour la France insoumise que de POSER LA QUESTION d’une sortie de l’UE, et il faut noter que ce premier pas, le PCF-PGE et son candidat putatif sont présentement incapables de le faire puisque pour eux, le simple fait de se déclarer « indépendantiste », comme le fait JLM, ou d’envisager un « Frexit progressiste », constitue une preuve de « nationalisme » aux yeux des dirigeants du PCF-PGE ; mais l’UE étant un dispositif totalitaire, verrouillé par le grand capital pour détruire les acquis, broyer les souverainetés populaires et interdire la marche des peuples au socialisme, le mot d’ordre juste reste bel et bien celui que propose le PRCF : « l’UE, si le peuple de France n’en sort pas par la porte à gauche, il « y restera » ! ». Sur la base de ce mot d’ordre tranchant, la France peut devenir FRANCHEMENT insoumise et des millions d’ouvriers, aujourd’hui découragés ou tentés par le vote pseudo-patriotique en faveur du FN, pourront s’engager offensivement et conquérir la direction d’un large Front antifasciste, patriotique, populaire et écologique contre l’UE-OTAN, contre le FN et les LR, pour l’indépendance nationale, le produire en France, les services publics, la protection sociale, la démocratie, la paix et la coopération internationale.
- Interpeller l’éventuel (pré-)candidat du PCF pour qu’il fasse enfin la lumière, sur le contenu politique de son éventuelle candidature :
- s’agira-t-il oui ou non d’une candidature 100% anti-UE ?
- d’une candidature ferme et renonçant d’emblée à toute idée de faire place à Montebourg ou à un « frondeur » du PS ?d’une candidature dénonçant fortement le PS et son bilan, au lieu de rabattre vers le « rassemblement de la gauche », comme l’a fait jusqu’ici A. Chassaigne, qui n’a cessé de tendre la main au PS failli ?
- d’une candidature refusant d’emblée toute idée de candidatures uniques de la gauche aux législatives, dont le seul effet serait de faire avaler le bilan de Hollande par les électeurs du PCF ?
Sans réponse franche, positive et non dilatoire à ces questions, la référence à l’ « identité communiste » (que l’étiquetage PCF affilié au Parti de la Gauche Européenne ne suffit plus à exprimer depuis longtemps), ne serait qu’un enfumage destiné à préserver l’ « union de la gauche » PS/PC en faillite tout en protégeant l’hégémonie du PS sur la gauche à la sortie du 1er tour. De telles questions ne sont nullement taboues et c’est le devoir des vrais communistes de les adresser ensemble dès maintenant à la direction du PCF et à son candidat putatif, car c’est de clarté politique qu’ont besoin pour s’engager, non seulement la classe ouvrière, mais tous ceux qui veulent reconstruire un vrai parti communiste dont l’urgence s’accroit chaque jour !
- Bien expliquer qu’il y a unité dialectique, et non opposition, entre la nécessité de reconstruire un vrai parti communiste en France, celle d’impulser la contre-attaque du syndicalisme de classe, et celle d’édifier un large front de la classe ouvrière et des couches moyennes pour isoler le grand capital, arrêter et briser la fascisation galopante, rompre les chaînes de l’UE et de l’OTAN, unir le drapeau rouge frappé des « outils » au drapeau tricolore pour permettre à notre peuple, aujourd’hui réduit à une défensive dangereuse, de passer à l’indispensable contre-offensive progressiste.
En allant ensemble sur le terrain porter les décisions démocratiquement prises (à l’unanimité moins une voix) par le comité central du PRCF, et d’abord en tractant à la porte des entreprises et dans les manifs populaires, les militants du PRCF feront tout leur possible pour contrer le risque d’abattement que porte, pour le mouvement populaire, la percée de Fillon. D’urgence, montrons que les vrais communistes sont déterminés, offensifs, rassembleurs et qu’en France, la question de la renaissance du PARTI communiste ne fait qu’un avec celle de l’union populaire, de la contre-attaque progressiste, patriotique, anti-thatchérienne et antifasciste !
Déclaration du secrétariat national du PRCF – 24.11.2016