C’est avant le vote, et non pas après lui, que les électeurs doivent savoir si des militants du PCF et du Front de gauche entreront dans le gouvernement d’euro-austérité préparé par Hollande et Ayrault.
Même si le PRCF a des divergences fortes avec le PCF-PGE (*), les militants du Pôle respectent le(ur)s camarades communistes du PCF qu’ils appellent à lutter de concert pour briser la tenaille mortelle que resserrent sur la France les tenants de l’Europe fédérale (UMP, PS, Modem, Europe-Ecologie) et les sarko-xénophobes de l’UM’Pen en formation.
Et c’est justement pour que les militants et les électeurs du PCF-PGE ne soient pas de nouveau bernés, comme ils le furent entre 198I/84, puis entre 1997 et 2002, lorsque le PCF cautionna deux gouvernements de gestion loyale du capitalisme entièrement au service de l’Europe atlantique, que le PRCF a le devoir de poser au PCF et au Front de gauche deux questions INCONTOURNABLES :
a) OUI OU NON, comptez-vous entrer dans un futur gouvernement formé par MM. Hollande et Ayrault à l’issue des élections législatives ? La réponse donnée par le PCF à son dernier comité national n’est même pas ambiguë : Pierre Laurent indique que la réponse sera fonction du résultat des législatives ; en clair, et sauf erreur d’interprétation de notre part, plus le front de gauche aura de députés et de voix, plus il pourra postuler à son entrée dans le gouvernement ; ce qui fait qu’en l’état actuel des choses, – sauf positionnement contraire des candidats PCF à la députation , les voix en faveur du PCF seraient des voix en faveur de son entrée au gouvernement. OR IL EST IMPOSSIBLE SUR LA BASE DES DONNEES POLITIQUES ACTUELLES d’ACCEPTER UNE TELLE PERSPECTIVE. Non seulement parce que le programme de F. Hollande est fort clair : « l’austérité juste », c’est-à-dire en clair, la priorité au remboursement de la prétendue « dette souveraine » et le « sauvetage de l’euro » ; fût-il accompagné de mesures fiscales que les milliardaires auront tôt fait de contourner dans le cadre de la « libre circulation des capitaux » propre à l’U.E., ce programme d’austérité ne pourra que poursuivre la casse du pouvoir d’achat populaire, de l’emploi productif, des services publics, des remboursements Sécu, des pensions de retraite et des indemnités chômage ;
Il ne peut que faire le jeu de l’UM’Pen en formation en aidant la droite ultra à fusionner et à prendre la tête d’une opposition ultra-réactionnaire au gouvernement social-maastrichtien de Hollande et ce scénario fascisant est d’autant plus à craindre que si des ministres « communistes », verts, etc., entrent au gouvernement d’euro-austérité, les dirigeants des confédérations syndicales françaises intégrés à la C.E.S. auront de nouveau une attitude de collaboration des classes, comme ce fut le cas entre 97 et 2002 ils ouvriraient alors à coup sûr un boulevard à l’extrême droite, laquelle s’apprête à récupérer et à encadrer une fraction non négligeable des couches populaires et moyennes ; voulons-nous vraiment que Marine Le Pen ou son clone UMP soit président(e) de la République en 2017 ou même avant ?
La variante « basse » de cette caution au gouvernement Hollande serait l’appartenance des députés PCF et FDG à une majorité parlementaire rose-verte-rouge pâle ; cela signifierait que, sans entrer formellement au gouvernement, le futur groupe PCF voterait nécessairement le budget d’euro-austérité au nom du « moindre mal ». Sur le fond la situation ne différerait guère de celle qui résulterait d’une entrée franche au gouvernement. C’est pourquoi la seule position juste pour des communistes sera l’OPPOSITION POPULAIRE tournée à la fois contre l’austérité euro- « hollandaise » et contre la droite.
b) Par ailleurs, la question se pose de savoir si le Front de gauche en général et le PCF en particulier ont un « plan B » pour le cas hautement probable où Mme Merkel (et les dirigeants sociaux-démocrates allemands sont, de cet aspect, sur la même ligne stratégique qu’elle) refuserait de permettre à la BCE de prêter à taux zéro aux Etats européens et de mettre au premier plan l’austérité à perpétuité au nom du dogme suicidaire de l’ « euro fort ». Oui ou non le FDG et le PCF continueraient-ils alors, comme le leur intime le Parti de la Gauche Européenne subventionné par Bruxelles, de défendre la mythique « Europe sociale » et l’illusoire « euro au service des peuples » alors même que la majorité absolue des ouvriers de France vomit littéralement la monnaie unique ? Oui on non le PCF serait-il prêt à prendre ses responsabilités en ROMPANT DE MANIERE UNILATERALE avec l’UE et avec son maudit euro pour restaurer la souveraineté budgétaire de la France, mettre en place des coopérations internationales et relancer le progrès social, quitte à rompre avec le capitalisme non en paroles, mais en pratique.
Ces deux questions sont cruciales, non pas pour le PRCF, mais pour l’avenir du mouvement ouvrier et de la nation. Le PCF, subordonné ministériellement et parlementairement à la social-eurocratie, accompagnera l’euro-dissolution de la nation que programme le MEDEF dans son manifeste intitulé « Besoin d’airE ». Et en prime, cette participation du PCF ouvrirait mécaniquement un énorme espace politique à Marine Le Pen et à tous les éléments fascisants qui, dans l’UMP, brûlent de s’allier à elle.
Le PRCF ne demande pas mieux que de soutenir ceux des candidats du PCF qui s’engageront à voter contre la participation du PCF au gouvernement d’euro-austérité comme Georges Hage, président d’honneur du PRCF fut le seul à avoir le courage de le faire en 97, alors qu’il était député du nord et compagnon de route de la première Coordination communiste.
En attendant, les électeurs communistes qui ne veulent pas disparaître totalement derrière le Front de gauche, qui ne veulent pas voter pour le soutien politique à Hollande (une chose est de chasser Sarkozy, une tout autre de soutenir politiquement Hollande) peuvent toujours voter pour les candidats soutenus par le PRCF à Montpellier, derrière Waldeck Moreau (M’PEP) et Véronique Bouazzi, à Hénin-Beaumont, derrière Michèle Dessenne (M’PEP) et Jean-François Maison, dans le Val de Marne, derrière Jean-Claude Peyre et Annie Soulié (PRCF).
Par-delà les élections, préparons les luttes de la rentrée en renforçant «en bas» l’unité de tous les communistes derrière le mot d’ordre : la «sauvegarde de leur euro» ne doit pas primer sur la satisfaction des besoins populaires et sur les exigences de la souveraineté populaire.
(*) appellation qui n’a rien de polémique et qui correspond simplement à un fait: l’affiliation du PCF au PGE et le fait que les deux organisations ont le même chef de file, M. Pierre Laurent.