7 octobre 2018, par le PRCF
Les véritables communistes ne peuvent pas compatir avec Pierre Laurent, dont le projet de base commune vient d’être battu à l’occasion du vote interne organisé sur le projet dit « de base commune ». En effet, ce secrétaire national n’était pas seulement un « mutant » achevé, qui n’a cessé de dénigrer Lénine et le marxisme-léninisme, de s’accrocher aux basques du PS (sur la liste duquel il a été élu à Paris) et de défendre à cor et à cri l’euro et la funeste « construction » européenne dans le cadre du PGE dont il est le vice-président supranational.
On peut cependant être plus qu’inquiet du fait que le texte présenté par la section de Paris-XV, qui à défaut d’être clair et juste sur plusieurs questions, se réclamait du moins peu ou prou du marxisme et du léninisme, n’ait obtenu qu’un faible score de 7%. Même si le « vote utile » en faveur du texte Chassaigne a dû jouer en la défaveur du texte du 15ème, cela montre la réalité des rapports de forces idéologiques au sein du PCF après 40 années de dérives droitières et « eurocommunistes ». Rappelons que la mutation social-démocrate n’a pas commencé au congrès de Martigues de l’an 2000, comme certains en colportent le bruit, mais pour le moins aux 22 et 23èmes congrès de 1976 et de 1979 où les statuts ont été purgés de toute référence à la dictature du prolétariat, au marxisme-léninisme et à l’internationalisme prolétarien…
Le PRCF a dit par ailleurs ce qu’il pensait du texte tiré par André Chassaigne et soutenu à la fois par la commission économique du PCF, dont la contribution délétère à la « mutation » ne s’est jamais démentie, et aussi par nos camarades du réseau « Faire vivre et renforcer le PCF » qui se réfèrent d’ordinaire au marxisme et qui signèrent avec nous il y a trois ans un appel à sortir la France de l’UE, de l’euro et de l’OTAN par la porte à gauche. Le moins qu’on puisse dire est que le « manifeste pour un PC du 21ème siècle » n’est clair que sur une chose : la nécessité de présenter des candidatures PCF à toutes les élections, y compris donc aux futures européennes, l’opposition frontale à Mélenchon et à la France Insoumise tenant lieu d’ « identité communiste ». Sur le fondamental, le texte n’a hélas aucune clarté sur le léninisme (« échec de l’URSS », et non pas défaite contre-révolutionnaire du Mouvement communiste international perdant tous ses repères), sur l’UE (le texte voudrait réorienter la BCE dans un sens social), sur les nationalisations (le mot est absent), sur l’indépendance nationale et même sur la question stratégique de la révolution socialiste, qui n’est pas du tout évoquée.
Sans doute nos camarades de FVR espèrent-ils sincèrement que la chute possible de Pierre Laurent, son éventuel remplacement par Fabien Roussel (rappelons que la Fédération du nord et Alain Bocquet, que l’on présente comme un « dur » au Monde et au Figaro !, a accepté toute la « mutation » huiste et que durant les cinq années de participation « communiste » au gouvernement d’euro-privatisations de Jospin, Bocquet a tenu d’une poigne de fer le groupe PCF au parlement pour qu’il ne vote pas la censure et qu’il fasse le gros dos lors de l’élargissement catastrophique de l’UE-OTAN aux ex-pays socialistes) va permettre un grand remue-ménage qui leur permettra de prendre le dessus à l’occasion de ce qui n’est encore pour l’instant qu’un affrontement feutré entre lignes européistes et réformistes extrêmement voisines.
Disons que pour l’instant on peut fortement en douter vu que les chefs de file des deux textes les plus importants vont tenter de fusionner, ce qui ne peut que tirer encore plus à droite le texte du « manifeste ». Qui vivra verra, et nous appelons les communistes à rester vigilants sur les points décisifs suivants :
- Oui ou non, le PCF va-t-il enfin se prononcer pour une rupture totale avec l’UE-euro-OTAN dans la perspective du socialisme pour la France. Et conséquemment, va-t-il enfin claquer la porte du PGE, ce parti européen indécent qui compte dans sa direction un liquidateur patenté de la RDA (Gysi) et un destructeur du droit de grève en Grèce, Tsipras ?
- Oui ou non une autocritique en règle de la « mutation » catastrophique va-t-elle être engagée et va-t-on enfin faire droit à ceux qui, comme les fondateurs du PRCF, ont subi mille avanies dans le PCF pour avoir crié casse-cou à temps ?
- Oui ou non, le PCF va-t-il appeler à construire le tous ensemble en même temps en désavouant le « dialogue social » délétère pratiqué par l’ensemble des confédérations malgré l’opposition des bases combatives de la CGT ?
- Oui ou non le PCF va-t-il continuer de se mettre en enfilade aux européennes derrière Brossat, la tête de liste désignée qui est le faire-valoir parisien d’Anne Hidalgo à la mairie boboïsante et social-libérale de Paris au lieu de mener, avec le PRCF, une bataille de clarification sur la signification 100% négative de la « construction européenne » ?
- Oui ou non, le PCF va-t-il dire clairement, non pas seulement ses critiques à l’égard de Mélenchon (qui jusqu’ici, malgré ses évolutions récentes contestables, reste à GAUCHE du PCF sur nombre de questions), mais s’engager radicalement, y compris aux législatives et aux sénatoriales, à ne plus s’allier sous prétexte d’une introuvable « Europe sociale », à une alliance électorale sans principe avec le PS ?
Aux camarades du PCF qui ce soir espèrent, et peut-être, nourrissent des illusions sur ceux qui veulent devenir califes à la place du calife, nous tendons la main en leur disant deux choses :
- Participez aux débats que le PRCF va organiser dans nombre de régions pour débattre de la vraie question stratégique du moment : la question du Frexit progressiste, antifasciste et internationaliste dans la perspective du socialisme pour la France !
- Rejoignez le PRCF qui, tout en tendant la main aux autres forces qui se réclament du marxisme-léninisme, propose une ligne de classe et de masse fondée sur les quatre sorties, de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme !