Par Georges Gastaud, Annie Lacroix-Riz, Léon Landini, Antoine Manessis et Aymeric Monville, militants du PRCF
Cœur historique du prolétariat français, de la gauche politique (le guesdisme est né dans le Nord), du communisme français (Maurice Thorez) et de la Résistance antifasciste (100 000 mineurs grévistes ont répondu en mai 1941 à l’appel du PCF clandestin), le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais traditionnellement « rose » ou « rouge » a offert d’impressionnants succès électoraux au FN (comme Hénin-Beaumont, Lens vient hélas d’élire un conseiller FN). Au cœur du prolétariat industriel largement déclassé et désemparé par les délocalisations, des petits- fils de mineurs croient émettre un vote de classe « antisystème » en élisant des nostalgiques de Vichy dont le vrai programme est de mettre au pas les jeunes, les syndicats, les chômeurs, les travailleurs immigrés et les fonctionnaires au risque de déshonorer à jamais la France de 1789, de 1936 et de 1945 !
Certes, dans le Nord comme partout, le premier parti ouvrier, et le premier parti de France, est, et de loin, celui de l’abstention. Et certes, il serait positif que les travailleurs perdent leurs dernières illusions sur ce système pseudo-démocratique où, quoi qu’on vote, c’est toujours Bruxelles, le MEDEF, Berlin et Washington qui gagnent et qui décident. Si cette abstention populaire en grande partie salutaire se traduisait en luttes, on pourrait franchement se réjouir : mais chacun voit les difficultés qu’éprouvent les militants pour « tirer » aux manifs nombre de travailleurs et de jeunes que l’abrutissant système médiatique en place tend à enfermer dans le chacun pour soi et le repli familial.
DES TRAHISONS DE LA FAUSSE GAUCHE A LA FASCISATION DE LA VRAIE DROITE
Ce constat amer ne peut nourrir que le découragement s’il ne s’accompagne pas d’une analyse politique. Si trop de travailleurs en viennent à voter pour leurs pires ennemis, la « gauche » bobo, dirigeants nationaux du PCF-PGE inclus, n’a vraiment aucune leçon à leur donner à ce sujet. Qui en effet, si ce n’est la direction « mutante » du PCF (désormais affilié à la « Gauche européenne »), a patiemment détruit la radicalité communiste en reniant successivement la dictature du prolétariat (1976), le marxisme-léninisme (1979), la référence à la classe ouvrière et à la socialisation des moyens de production (1994), Lénine et le pays de Stalingrad (1991), et pour finir le produire en France, les nationalisations et la défense de la souveraineté nationale ? Qui, si ce n’est cette direction « euro-constructive », a neutralisé le Non de classe à Maastricht (1992) et le Non populaire à la constitution européenne (mai 2005) en ralliant le mensonge social-démocrate de l’introuvable « Europe sociale » et de la mythique « réorientation progressiste de l’euro » ?
Et qui, profitant de cette social-démocratisation continue du PCF, a systématiquement trahi les promesses de changement social, et s’est mué en second pilier du Parti Maastrichtien Unique (le premier étant l’UMP) et en auxiliaire du MEDEF, si ce n’est la social-démocratie de Mitterrand, de Jospin et aujourd’hui, de Hollande et de Valls-MEDEF ?
Qui enfin, profitant du recyclage « social »-libéral du PS, s’est « extrême-droitisé » sous l’égide du dangereux Sarkozy en abandonnant officiellement la politique extérieure gaulliste et toute référence à la souveraineté nationale et en adoptant le discours ultraréactionnaire, xénophobe et antisyndical du FN, ce dernier devenant ainsi le point focal du glissement à droite de tout l’arc politique établi ?
En réalité, quand le PCF vire au rose et que le PS tourne au bleu clair, faut-il s’étonner si l’UMP vire au bleu marine et si, à la droite du FN soi-disant « dé-diabolisé », grouillent une myriade de groupes « identitaristes » franchement « bruns » ou carrément « noirs », sans parler des intégristes religieux de tous poils et des euro-régionalistes séparatistes qui s’acharnent à détruire la République laïque, une et indivisible héritée de la Révolution jacobine ? Hollande et Fabius sont d’ailleurs les derniers à pouvoir protester, eux qui ont encensé les putschistes ukrainiens de l’Euro-Maïdan dont l’aile marchante a toujours été Pravy Sektor et sa phalange de néonazis revendiqués !
CONSTRUIRE LE FRONT ANTIFASCISTE, PATRIOTIQUE ET POPULAIRE
Mais l’espérance refuse de mourir dans notre pays dont l’histoire multiséculaire montre qu’il est celui des sursauts vitaux et de « la lutte des classes menée jusqu’au bout » (Marx). Par millions, des travailleurs refusent de voter pour le Parti Maastrichtien Unique et pour l’U.M.’ Pen en gestation, lesquels prennent en tenaille notre peuple pour le forcer à choisir… son genre de mort : l’euro-dissolution de la République dans l’Empire euro-atlantique et/ou l’euro-déchéance dans la fascisation et la xénophobie d’Etat ?
En effet, dans la CGT et la FSU, une fronde se dessine contre les états-majors euro-formatés qui depuis vingt ans, ont abandonné le syndicalisme de classe gagnant pour courtiser les bergers trompeurs de la CFDT et intégrer les cénacles feutrés de l’euro-« syndicalisme » d’accompagnement. Le 9 avril, la CGT, FO, SUD et la FSU appellent enfin à une journée nationale d’action SANS la CFDT nationale (et tant mieux !) pour combattre l’austérité, même si hélas, les directions syndicales occultent encore le lien entre l’austérité et la monnaie unique, cette arme de choc contre le progrès social et la souveraineté des peuples, et s’abstiennent de dénoncer les guerres néocoloniales ruineuses que l’impérialisme franco-atlantique mène tous azimuts, achevant de casser les salaires et de détruire les services publics.
Surtout, un mouvement vers l’unité d’action des communistes franchement euro-critiques se dessine avec notamment l’appel des Assises du communisme à manifester les 9 et 30 mai prochains pour que la France sorte de l’UE atlantique sur la base d’un programme progressiste et dans la perspective d’un affrontement clairement assumé avec le grand capital. Il faut maintenant passer partout aux travaux pratiques car si aucune perspective de rupture PAR LA VOIE PROGRESSISTE avec l’UE n’émerge rapidement aux yeux des travailleurs, Marine le Pen et tous ceux qui font d’elle l’exutoire de l’UE et du système capitaliste, ont de beaux jours devant eux, contrairement au peuple français.
DEUX DRAPEAUX POUR UNE RÉSISTANCE
A l’inverse, nous tous qui restons fidèles aux Jours heureux chers au CNR, nous n’avons plus une heure à perdre. Forgeons dans l’unité des organisations franchement communistes, des syndicalistes de combat et des républicains progressistes, le rassemblement rouge-Marianne qui, en unissant le drapeau rouge au drapeau tricolore, forgera dans l’action un grand Front antifasciste, patriotique et populaire. Et tournons-nous prioritairement vers la classe ouvrière et les milieux populaires dont l’action de classe peut seule briser l’étau que resserrent sur la France le PMU maastrichtien et le bloc bleu-marial/bleu marine en formation.
- Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, philosophe
- Léon Landini, ancien officier FTP-MOI, président du PRCF
- Bruno Drweski, directeur de La Pensée libre
- Danielle Gautier, militante CGT et FSC
- Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine à Paris-VII
- Antoine Manessis, responsable international PRCF
- Jean-Pierre Page, rédacteur en chef de La Pensée Libre
- Pierre Pranchère, a. député, a. FTPF, vice-président PRCF
- Hermine Pulvermacher-Landini, a. FTP, a. secrétaire du groupe parlementaire PCF
- Léon Pulvermacher, interprète international
- Roger Silvain, ancien responsable CGT Renault, président-fondateur du Front syndical de classe
- Yves Vargas, philosophe.