Par Georges Gastaud, directeur politique d’Initiative communiste
D’un côté, on a un pays, la France, qui, par-delà le triomphalisme factice de Macron sur le pouvoir d’achat et le « plein emploi », va mal: inégalités explosives, millions de gens peinant à payer les dépenses de base, services publics – Éducation nationale et Hôpital en tête !- en perdition, balance commerciale qui s’alourdit suite au délitement du « produire en France », outremers en pleine explosion sociale… Sans parler de ce symptôme criant de la violence sociétale latente – tous ces stades qui, chaque semaine désormais, sont le théâtre d’exactions lamentables…
La crise existentielle aiguë qui taraude notre pays, c’est aussi, comme le montre le politiste Jérôme Fourcret, une France qui ne sait plus qui elle est, tant l’ont déstabilisée durant des décennies l’euro-mondialisation capitaliste et l’américanisation galopantes. Un pays qui, à la veille d’un choix crucial, et alors que les confédérations syndicales font service minimum pour fédérer les frondes sociales – tangue entre l’identitarisme fascisant d’un Zemmour (la créature inquiétante de l’oligarque multimilliardaire Bolloré) et le nihilisme national d’une oligarchie qui renie tout de l’héritage de notre pays, de sa langue nationale sacrifiée au tout-anglais managérial aux conquêtes du CNR en passant par la loi laïque de 1905 censée séparer la République de toutes les Églises…
Car ce n’est évidemment pas la campagne électorale officielle qui peut aider nos concitoyens à s’orienter dans le domaine social, économique et politique : une droite « républicaine » qui ne sait que faire pour concurrencer l’extrême droite, un Macron qui, pour piper l’électorat LR, ne cesse de matraquer les chômeurs et d’étrangler les libertés en attendant d’estoquer les retraites par répartition, un candidat « vert » dont l’ennemi principal est EDF (c’est-à-dire le socle d’une renaissance du produire en France), une candidate PS encore plus atlantiste, antirusse et antichinoise que la droite, une France jadis « insoumise » qui courtise les bobos d’EELV et qui, en esquivant le débat sur le Frexit progressiste à l’instar du « communiste » Roussel, ne fait rien de sérieux pour rendre espoir à cette masse d’ouvriers et d’employés qui a compris que la « construction » européenne est incompatible avec la souveraineté nationale, le progrès social et la coopération internationale véritable.
Rassurons-nous: nous avons Arnaud Montebourg qui, entre deux diatribes contre la « dictature biélorusse » (dame, il faut bien donner des gages à la bonne bourgeoisie…), prétend restaurer un « niveau raisonnable de souveraineté » (comme si l’on pouvait être à demi souverain!) tout en s’interdisant d’avance d’opter pour le Frexit progressiste: que voilà un « bras de fer » avec Bruxelles et Berlin qui ira loin, c’est évident ! On a aussi l’inévitable pléthore de candidats trotskistes qui, ignorant l’adage matérialiste « qui peut le plus peut le moins », promet la révolution permanente mondiale sans même sortir de la fascisante UE arrimée à l’OTAN… Mais qui diantre peut encore croire à des fables pareilles qui n’ont jamais permis autre chose, depuis le référendum sur Maastricht où Arlette Laguiller avait cru bon de s’abstenir (sachant que le Non fut battu de justesse!), que de peindre en rouge le belliqueux Empire capitaliste européen en gestation?
Mais notre peuple est-il vraiment dupe? Certes non. Il suffit de discuter avec des travailleurs quittant leur usine ou avec des ménagères regagnant, le cabas à demi vide, leur cage d’escalier souvent délabrée, pour voir qu’ils et elles savent très bien que le Parti Maastrichtien Unique (celui que composent ensemble les Sarkozy, Hollande, Macron et leurs micro-satellites vert-pomme et rouge-pâle) a violé la volonté populaire en bafouant le Non de 2005 à la constitution européenne . Ils savent aussi que le régime actuel n’est « république » que de nom. Que le soulèvement sauvagement réprimé des Gilets jaunes de 2019 était LEUR révolte. Que le pouvoir en place est foncièrement illégitime (est-ce un hasard si au second tour des législatives de 2017, 56% des Français sont restés chez eux, si, même lors des municipales et des régionales, les 2/3 des gens ont refusé de voter, si toutes les élections européennes sont boycottées par la masse des travailleurs, ouvriers en tête?). On annonce d’ailleurs – faut-il s’en attrister? – un niveau historiquement bas de participation aux prochaines présidentielles…
Alors une question se pose: notre pays n’est-il pas aux portes, sinon de la guerre civile entre nationaux-identitaires à la Le Pen et faux internationalistes à la Macron, du moins d’une forme d’ingouvernabilité radicale?
Dans ces conditions, qui ne voit l’urgence de reconstituer cette avant-garde ouvrière et populaire que fut longtemps le PCF avant qu’il ne fût dénaturé par l’euro-réformisme mutant? Une avant-garde politique qui, lors du Front populaire de 1936, de la Résistance armée et des luttes anticoloniales d’après-guerre, sut associer le drapeau de l’indépendance nationale au drapeau rouge international du combat pour le socialisme. Une alliance rouge et tricolore qui est d’autant plus nécessaire aujourd’hui pour fédérer, contre leur commun ennemi le grand capital, les Gilets jaunes chanteurs de Marseillaise et les syndicalistes de classe chanteurs de l’Internationale…
C’est à cette confluence indispensable pour transformer l’implosion sociale en révolution populaire et progressiste que travaille d’arrache-pied le PRCF. Lequel vient coup sur coup de réussir sa première Université populaire d’automne, de changer profondément la maquette du mensuel Initiative communiste, de rénover son site informatique et de procéder au renouvellement générationnel de sa direction.
Oui, il y a urgence pour le monde du travail, pour le pays, pour la paix mondiale que menace lourdement la course au « conflit de haute intensité » avec les peuples russe et chinois fomentée par Joe Biden, l’homme dont Fabien Roussel se demande sans rire s’il n’a « pas pris sa carte au PCF ».
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