Répression antisyndicale contre les Goodyear, Etat d’Urgence, menace sur les libertés,accélération de la fascisation, construction d’une alternative progressiste et d’une réponse populaire, Georges Gastaud secrétaire national du PRCF répond aux questions d’Initiative Communiste.
Initiative Communiste – Comment apprécies-tu la politique du gouvernement ?
Georges Gastaud – Elle est grave et honteuse sur tous les plans. Sur le plan de la politique étrangère, Hollande n’a infléchi qu’en surface sa ligne aventuriste, néocoloniale, ultra-atlantique, d’ingérence grossière dans les affaires intérieures de toute une série d’Etats, de la Syrie au Mali en passant par l’Ukraine. Cette ligne impérialiste est gravement contraire aux intérêts de la nation française. Pendant des années, Fabius a ciblé le régime légal et laïque de Syrie comme l’ennemi principal en présentant l’ « opposition » syrienne comme une force démocratique alors que, très rapidement, les pires intégristes ont pris la direction des opérations contre Damas avec l’aide de l’Arabie saoudite et du Qatar, voire de la Turquie. Mais, prenant là encore la succession de Sarkozy, Hollande s’est fait l’allié privilégié de Riyad et du Qatar, les financeurs mondiaux du fanatisme. Tout citoyen de bonne foi peut mesurer à quel point il est ridicule de voir le PS et ses affidés des médias s’acharner sur les prétendues violations des droits de l’homme à Cuba alors que les pétromonarchies saoudiennes et qataries bénéficient « en rafales » de toutes les indulgences en raison de leur extrême proximité avec l’oligarchie « française »…
Bien entendu il faut combattre sans pitié les massacreurs de Daech et leurs créatures européennes, mais sans oublier que l’impérialisme – et ses créatures parfois hors de contrôle (des néonazis ukrainiens aux talibans afghans en passant par Daech !) – restent les ennemis principaux des peuples avec leurs manigances permanentes contre la souveraineté des peuples. A l’arrière-plan, un système capitaliste de plus en plus régressif sur tous les plans (économique, militaire, culturel, environnemental) dont la course au profit maximal piétine partout le monde du travail, l’environnement et l’avenir même de l’humanité. Si l’on a compris cela, on comprend aussi combien est veule l’attitude de la « gauche » institutionnelle française qui, à l’exception de quelques députés courageux, a soutenu la prorogation de l’état d’urgence sans se demander une seconde qui sont les gens au pouvoir, quelle classe sociale et quelle politique ils servent et en croyant sottement que les sociaux-impérialistes qui nous gouvernent sont bien, comme ils le proclament, des serviteurs de la République et de ses valeurs ! Mais comment Hollande et Sarkozy, qui ne cessent ici de détruire les acquis sociaux, de violer la loi laïque de 1905, de régionaliser la « République une et indivisible », d’accompagner l’américanisation forcenée de la planète et de dissoudre la souveraineté française dans le bain d’acide de Maastricht, oui comment ces gens pourraient-ils défendre la liberté, l’égalité et la fraternité dont ils se réclament par antiphrase ?
Prenons le domaine des libertés : sans parler du fait que treize lois liberticides, dites sécuritaires ou antiterroristes, ont été adoptées au cours des douze dernières années, dont la loi Valls sur le renseignement qui livre à la police la correspondance privée de chacun, la prorogation à perpète de l’état d’urgence et sa prochaine « constitutionnalisation » réduisent à rien les prétendus contre-pouvoirs qui sont censés équilibrer en France celui du monarque élyséen. Juges à la trappe, manifs interdites à discrétion, organisations politiques mal-pensantes dissoutes à jamais et sans appel par l’exécutif, tout cela dans un paysage où chaque jour, on s’en prend aux militants désintéressés qui contestent l’ordre établi : écolos opposés à la casse de l’environnement par le grand capital et ses relais (Notre-Dame des-Landes…), travailleurs immigrés ou personnes simplement « basanées » que l’on contrôle arbitrairement à tous les carrefours et, de plus en plus, offensive liberticide concertée contre le mouvement ouvrier, spécialement contre la classe ouvrière et la CGT. On le voit à Air France, où les travailleurs sont arrêtés à 5 h du matin comme des bandits, à la SNCM, où de fascisants patrons corses appellent à la violence contre les marins grévistes ; et dernièrement à Good Year, où les courageux militants de classe qui dénonçaient un plan de licenciement illégal en défendant le produire en France sont frappés de prison ferme, pendant que des patrons voyous touchent tranquillement leurs indécentes retraites-chapeaux. Oui ce pouvoir est liberticide, il court pitoyablement derrière la droite sarkozyste elle-même en surenchère permanente avec le FN et les naïfs militants socialistes qui continuent de défendre Hollande en rêvant de Jaurès auraient besoin d’un traitement ophtalmologique d’urgence. Si latérale qu’elle paraisse par rapport aux problèmes de masse qui accablent les Français, l’affaire de la déchéance de nationalité montre que l’opportunisme de Hollande est sans limites puisqu’il reprend une formule du FN à la fois sans effet sur le terrorisme et gravissime sur le plan des principes républicains puisqu’elle discrimine les Français selon leur origine en violant le principe d’égalité des citoyens, y compris bien sûr les binationaux, devant la loi. Ce pouvoir hollandien méritait déjà l’épithète de social-eurocrate et de social-impérialiste (socialiste en paroles, impérialiste en fait), il tend désormais à mériter celle de social-fascisant tant il rappelle les gouvernements pseudo-démocratiques des années trente qui, dans le cadre de la guerre aux salaires menée par le patronat d’alors, rabotaient les salaires, dépeçaient la fonction publique, chassaient les « métèques », réprimaient les grèves… et préparaient la montée de l’extrême droite que stoppa net le Front populaire de 1936. La ligne hollandienne qui feint de combattre le FN en galopant derrière la droite, en humiliant la gauche antilibérale, en surenchérissant sur le FN, fait immanquablement son jeu en banalisant le racisme, l’anti-cégétisme et la xénophobie : c’est dans ce climat général qui résulte de la politique antipopulaire des gouvernements maastrichtiens successifs que prolifèrent des évènements indignes de la France comme l’agression antisémite de Marseille, ou comme les évènements pré-pogromistes d’Ajaccio : prenant pour prétexte la scandaleuse agression contre des pompiers, certains « bons Corses » ont dévasté une mosquée et prostitué la langue corse pour appeler à chasser les Arabes (« Arabi fora ! » (sic), alors que l’emblème corse est pourtant… une tête de Maure !
Le contenu de classe capitaliste et anti-progressiste de cette politique alignée sur le MEDEF, sur l’OTAN et sur l’UE berlinoise, et qui n’a de vrais ennemis que sur sa gauche, est évident : interdiction de la manif prévue par la Libre pensée pour le 110ème anniversaire de la loi laïque de 1905 (pour ceux qui croient à l’état d’urgence « protecteur », le meeting en salle de 2500 personnes, en plein 11ème arrondissement de Paris, a été laissé sans protection policière sérieuse !), sanctions de toutes sortes (et sous les applaudissements des dirigeants CFDT de plus en plus jaunissants !) – à l’appel du premier ministre – contre les syndicalistes CGT traités de « voyous », avec un but très clair que portent à la fois Macron et Valls : enterrer le CDI, les statuts issus de la Résistance, la Sécu, miner les indemnités-chômage pour aggraver la concurrence sur le marché du travail et donc, comprimer les salaires et doper les profits, diminuer toujours et toujours les cotisations payées par les patrons – donc mettre artificiellement en crise la Sécu, les caisses de retraite, les ASSEDIC, tout en gonflant la fiscalité des ménages – , repousser à 65 ans et plus l’âge de la retraite (accord sur les complémentaires), déclasser l’enseignement public en appauvrissant ses contenus et la valeur des diplômes qu’il prépare (contre-réforme du collège), Alors que ce pouvoir dit lutter contre le chômage, ce sont des milliers de licenciements et de suppressions de postes prévues à Air-France, Alsthom, à la SNCF, à l’EDF, c’est-à-dire dans des entreprises où Macron a les pleins pouvoirs. C’est une véritable guerre sociale que le gouvernement mène à la classe des travailleurs salariés, mais aussi aux petits paysans et éleveurs trahis par la FNSEA et surtout, à la jeunesse massivement plongée dans la précarité et sommée d’aimer ça au nom de la « modernité »..
En réalité, la prétendue « lutte pour l’emploi » du sieur Macron – ce loup patronal grimé en prince charmant – n’a d’autre fin que doper la course au profit maximal des capitalistes « français » qui encaissent sans contrepartie les dégrèvements fiscaux, la suppression des cotisations familiales, la généralisation rampante du travail du dimanche, la précarisation d’ensemble de la jeunesse, le feu vert permanent du pouvoir aux délocalisations, tout en aggravant sans cesse le solde négatif de la balance de l’emploi ! Les progressistes se doivent donc d’expliquer que les « assistés » ne sont ni le travailleur étranger, ni le chômeur dont on « saque » les maigres indemnités, ni les retraités dont les pensions sont bloquées, ni le SMICARD qui survit sans perspective de carrière, ni les fonctionnaires (hospitaliers, enseignants, pompiers, etc.) qui continuent de faire tourner le pays malgré les campagnes de haine à leur égard et le blocage de leur salaire depuis 2008 : les vrais assistés, ce sont les actionnaires du CAC-40 obsédés d’ « optimisation fiscale » et clients des paradis fiscaux, c’est le grand patronat gavé d’argent public par Hollande, sans oublier les hauts fonctionnaires européens qui vivent grassement aux frais de la princesse tout en prônant l’austérité pour les « petits »…
Sur le plan de la souveraineté nationale et des institutions républicaines, mêmes régressions sans fin : la contre-réforme territoriale sur fond d’euro-austérité ne signifie pas seulement la dégradation lourde du service public territorial (mairies, départements, régions) qui va surtout frapper les populations socialement fragiles. L’hyper-régionalisation de la France, sa « länderisation » à l’allemande ouvrent la voie au dépeçage du territoire national. On le voit en Corse, où de francs réactionnaires s’assoient impunément sur la Constitution, sur la loi, sur l’article II de la Constitution (« la langue de la République est le français ») pour appeler à un séparatisme revendiqué… Quel mépris pour Paoli, qui soutint Robespierre, ou pour les patriotes FTPF de Corse qui libérèrent l’île du joug fasciste… Dans le contexte d’hyper-régionalisation et d’euro-austérité, il faut s’attendre à ce que des phénomènes délétères du même ordre prolifèrent dans d’autres régions périphériques, et ce n’est pas le prétendu front « national » qui s’y opposera : Mme le Pen ne siège-t-elle pas au parlement supranational européen à côté des députés du Vlaams Belang, ex-Vlaams Blok, qui persécute les francophones en Belgique (« rats français dehors ! »), qui veut ouvertement l’ « évaporation » de ce pays ami (« Que la Belgique crève ! ») et qui rêve d’annexer à la future Flandre pseudo-indépendante la ci-devant Flandre française !
Résumons-nous : bien que seul ou presque pendant des années à gauche, le PRCF a eu raison de dénoncer la montée parallèle de l’euro-décomposition nationale et de la fascisation galopante et dont le lepénisme est l’aile marchante, portée par le décalage vers la droite de l’Arc politique français, fausse gauche et PCF « mutant » hélas inclus ; le fond de la fascisation, c’est que l’oligarchie veut écraser son peuple qui refuse de disparaître dans l’euro-mondialisation sans âme du grand capital : délocalisation de l’industrie (cf la scandaleuse vente à la découpe d’Alsthom), casse des services publics institués par le CNR, substitution rapide du tout-anglais « transatlantique » à la langue nationale commune, déclassement et précarisation galopante de millions de citoyens, etc. Alors, ce peuple récalcitrant, on le viole sans cesse, comme on l’a fait en lui imposant cette constitution européenne bis qu’est le Traité de Lisbonne « agrémenté » du traité d’euro-gouvernance budgétaire : en clair, la mise sous tutelle berlinoise du budget ex-national ! Pas de viol sans violence… ni de violence sans violeurs ! Malheureusement, comme le Parti communiste n’existe plus que de nom en France – et ce nom, les dirigeants du PCF l’ont provisoirement conservé pour que la reconstruction communiste ne puisse pas s’opérer dans la clarté –, comme il n’y a plus d’avant-garde léniniste telle que l’était le PCF de Cachin, Thorez, Frachon, Croizat et Duclos, comme la CGT engoncée dans la C.E.S. (Confédération européenne des syndicats, pro-Maastricht) a répudié sa référence statutaire au syndicalisme de classe et de masse, les travailleurs, le peuple et la jeunesse n’y voient pas clair sur la signification de classe de ce qui se passe et ils attaquent les chômeurs, « les musulmans », « les juifs », « Paris », « les syndicats », « les fonctionnaires », sans cibler les grands actionnaires qui poussent au démontage de l’Etat-nation au profit d’une Europe des Länder dominée par Berlin qui ne laissera pas pierre sur pierre de nos acquis et de nos libertés.
Initiative Communiste – Quelle issue politique proposer ?
Georges Gastaud – Mais d’abord, répondrai-je, quelles fausses issues, proprement suicidaires, combattre catégoriquement en évitant les multiples pièges tendus à notre peuple ?
- d’abord il faut refuser absolument les pièges du racisme, du régionalisme et du communautarisme, qui dégradent et fractionnent la citoyenneté française, d’essence universaliste, laïque, égalitaire, en de multiples « communautés » régionalistes, religieuses, corporatistes (les travailleurs du privé contre ceux du public : en pleine privatisation des services publics, quelle aberration !) ; au contraire, il faut nationaliser (et si possible, internationaliser) les luttes, il faut y aller « tous ensemble et en même temps » contre le grand capital et sa funeste « construction » européenne et atlantique, y compris en promouvant l’Europe des luttes non pas DANS le cadre piégé de l’U.E. supranationale, mais contre ce cadre. Prière à gauche de ne plus confondre niaisement l’Internationale avec la Supranationale, et refus total de laisser amalgamer le noble patriotisme républicain cher aux Soldats de l’An II ou aux Communards avec la hideuse xénophobie, avec l’anti-jacobinisme primaire des féodalités régionalistes, avec ce communautarisme hexagonal mal déguisé qu’est le prétendu front « national ». Non, Mariane n’est pas vêtue du drap marial européen (les douze étoiles figurant les apôtres !) et sa robe n’a jamais été brune ou bleue marine, Marianne porte le bonnet rouge des esclaves insurgés et elle brandit le drapeau tricolore de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité guidant le peuple ! Ni front bleu Marine, ni UMPS bleue mariale, vive l’Alternative Rouge Marianne, aux « A.R.M. » citoyens !xénophobie, avec l’anti-jacobinisme primaire des féodalités locales, avec ce communautarisme mal déguisé qu’est le prétendu front « national ». Mariane n’est pas vêtue du drap marial européen (les douze étoiles figurant les apôtres !) et sa robe n’est pas bleue marine, elle porte le bonnet rouge des esclaves en rébellion et le drapeau tricolore guidant le peuple ! Non au rassemblement bleu Marine, vive l’Alternative Rouge Marianne, aux « A.R.M. » citoyens !
- il faut aussi rejeter totalement l’officialisation en cours de l’UMPS maastrichtienne que Valls, Macron et Hollande veulent mettre en place en liquidant la gauche – y compris la gauche « modérée » – , tout en réprimant la gauche « rouge » et la CGT et en tendant peu discrètement la main à Raffarin, Gattaz, Bertrand, Estrosi etc. : une UMPS officielle qui, sous couvert de pseudo-lutte anti-FN et en imitant la « grande coalition » SPD-CDU au pouvoir à Berlin, taperait encore plus fort contre les droits sociaux, le temps de travail, les retraites, l’Education nationale, le droit de grève, le « coût du travail » (salaires directs, mais aussi Sécu, services publics, indemnisation du chômage, allocs, APL…). Une UMPS renforcée dont la mission n°1, en fait d’ « union de tous les Français », serait d’accélérer la sacro-sainte « intégration européenne » qui est l’alpha et l’oméga du Parti Maastrichtien Unique (PS et ex-UMP). Et surtout, il faut comprendre à temps que cette UMPS ne servira même pas à ralentir la progression du FN qu’au contraire elle renforce en lui donnant le beau rôle de la pseudo-force « antisystème » ; c’est pourquoi le PRCF se félicite de n’avoir PAS appelé les travailleurs à voter Bertrand ou Estrosi aux régionales. On ne combat pas la tenaille UMPS/ UM’ Pen en gestation (en gros, la ligne Wauquier, Ciotti, etc.) en renforçant une mâchoire de la tenaille contre l’autre même s’il faut toujours combattre spécifiquement, sans le banaliser en rien, le Front « national » (aux régionales, les militants PRCF n’ont pas appelé à voter UMP : mais ils ne sont pas restés à la maison et ils ont activité invité les ouvriers à NE PAS voter FN au premier tour et au second !).
- il faut aussi rejeter totalement l’officialisation en cours de l’UMPS maastrichtienne que Valls, Macron et Hollande veulent mettre en place en liquidant la gauche – y compris la gauche « modérée » – , tout en réprimant la gauche « rouge » et la CGT et en tendant peu discrètement la main à Raffarin, Gattaz, Bertrand, Estrosi etc. : une UMPS officielle qui, sous couvert de pseudo-lutte anti-FN et en imitant la « grande coalition » SPD-CDU au pouvoir à Berlin, taperait encore plus fort contre les droits sociaux, le temps de travail, les retraites, l’Education nationale, le droit de grève, le « coût du travail » (salaires directs, mais aussi Sécu, services publics, indemnisation du chômage, allocs, APL…). Une UMPS renforcée dont la mission n°1, en fait d’ « union de tous les Français », serait d’accélérer la sacro-sainte « intégration européenne » qui est l’alpha et l’oméga du Parti Maastrichtien Unique (PS et ex-UMP). Et surtout, il faut comprendre à temps que cette UMPS ne servira même pas à ralentir la progression du FN qu’au contraire elle renforce en lui donnant le beau rôle de la pseudo-force « antisystème » ; c’est pourquoi le PRCF se félicite de n’avoir PAS appelé les travailleurs à voter Bertrand ou Estrosi aux régionales. On ne combat pas la tenaille UMPS/ UM’ Pen en gestation (en gros, la ligne Wauquier, Ciotti, etc.) en renforçant une mâchoire de la tenaille contre l’autre même s’il faut toujours combattre spécifiquement, sans le banaliser en rien, le Front « national » (aux régionales, les militants PRCF n’ont pas appelé à voter UMP : mais ils ne sont pas restés à la maison et ils ont activité invité les ouvriers à NE PAS voter FN au premier tour et au second !).
- Face à cela, et sans mettre en rien ce républicain, progressiste mais inconséquent, sur le même plan que les personnages susnommés, il est incompréhensible que M. Mélenchon ne saisisse pas la main tendue des forces progressistes, dont le PRCF, qui l’appellent à rompre clairement avec l’UE, à en finir avec les mythes à la Tsipras sur la « réorientation de l’euro », à faire litière des « Plans B » pour l’Europe qui font rire les ouvriers et à construire avec d’autres un Front Indépendantiste pour l’Emancipation et la République Sociale (F.I.E.R.S. !).
Bien pire encore, car il se dit communiste tout en « décaféinant » totalement ce mot, M. Pierre Laurent, plus patron du PGE que secrétaire du parti « communiste », défend bec et ongles le maudit euro qui ne fait qu’un avec le mécanisme de la « dette » et de l’austérité à perpétuité ; la direction du PCF « dialogue » comme si de rien n’était avec le MEDEF de combat de Gattaz pendant que Valls emprisonne des militants CGT, ses députés votent comme un seul homme l’état d’urgence prorogé sans se demander ce qu’en feront Valls et Macron contre les syndicats. M. Laurent s’est aussi rendu à Athènes pour y soutenir, non pas le PC de Grèce – qui combat l’UE, lui ! – mais le capitulard Tsipras ; en Espagne, le PCF-PGE soutient davantage les alter-européistes de (No-)Podemos que les communistes espagnols en rupture d’UE… Aux régionales, pour être sûr de pouvoir soutenir Bartolone en RP (l’homme qui a arraché le « 93 » au PCF !), le PC-PGE a interdit toute campagne nationale claire du FDG avec le terrible résultat qu’on voit, y compris pour le PCF dont l’écroulement électoral ne nous réjouit pas parce qu’il se fait à l’avantage… du PS, qui sauve sa mise en écrasant sa gauche et en courtisant la droite. Cette politique plus euro, bobo, dodo que coco désarme le peuple, castre la gauche de gauche, discrédite le mot « communiste », abandonne aux Le Pen, Sarko et autres contrebandiers du patriotisme le drapeau tricolore que tinrent jadis si fermement Duclos, Sémard ou Marchais. Répétons-le, la dérive à droite de la société française a commencé quand, sous la pression de son aile ultra-révisionniste, les Elleinstein, Juquin, Fiterman, etc., le PCF s’est social-démocratisé, a glissé vers l’ « eurocommunisme », puis a suivi le liquidateur Gorby, a cautionné les gouvernements européistes de Mitterrand puis de Jospin, s’est livré à la mutation-dénaturation de R. Hue (Hue aime PS, oserai-je dire !) en abondant l’antisoviétisme le plus grossier, en désertant les usines, en reniant le syndicalisme de classe et en brisant la boussole idéologique du marxisme-léninisme : ces dérives suicidaires et pseudo-modernistes ont facilité le glissement à droite du PS – qui ne demandait que ça ! A son tour, la dérive droitière du PS a « décomplexé » la droite classique en pleine surenchère avec le FN…
Il est donc temps de jeter l’ancre rouge avant que le mouvement ouvrier et la nation n’y passent tout entiers, et c’est ce que fait le PRCF en s’adressant fraternellement aux courageux militants critiques du PCF ; sans rêver d’un impossible « retour du PCF sur les rails de la lutte des classes » (comme si en acceptant le principe de la « construction européenne », en reniant l’indépendance nationale chère à Marchais et à Krazucki, la direction du PCF ne s’était pas irréversiblement engagée du mauvais côté du combat de classe !), sans interrompre votre engagement pour gagner au marxisme des militants, des sections et des cellules dans ce qui fut aussi notre parti, il nous faut d’urgence construire ensemble l’action commune des vrais communistes, de l’intérieur (du PCF) et de l’extérieur, pour le socialisme et contre l’UE atlantique, si nous voulons qu’émerge à temps une alternative visible à l’ « UM-Pen-S ».
Car la seule alternative possible est celle que porte le PRCF depuis sa fondation en 2004 : l’unité d’action des forces communistes 100% anti-FN et anti-UE, la convergence des syndicalistes de lutte sans attendre les feux verts d’action des états-majors euro-béats, la construction autour du monde du travail d’un Front Antifasciste, Patriotique et Populaire pour sortir la France de l’euro-UE-OTAN dans la perspective d’une sortie révolutionnaire du capitalisme ; car à notre époque, un nouveau CNR (l’adjectif compte ici presqu’autant que le sigle !) ne pourrait que provoquer un affrontement de classes national et intenational entre le peuple travailleur et l’UE du capital : en posant la question du pouvoir de classe, cet affrontement remettrait la question du socialisme pour la France au centre de la problématique politique non pas en paroles, comme s’y emploient stérilement les groupes gauchistes ou trotskistes, mais dans la pratique, en faisant de la classe travailleuse l’épicentre de la lutte patriotique et internationaliste.
L’idée de cette réorientation stratégique radicale a fait des progrès en 2015. En Europe, plusieurs PC se sont détachés des illusions euro-constructives semées par le Parti de la Gauche Européenne. En France, de prestigieux intellectuels progressistes ont compris, notamment à l’occasion de la capitulation de Tsipras, qu’AUCUNE politique d’indépendance nationale, de progrès social et de coopération internationale n’est pensable à l’intérieur de la prison européenne chapeautée par Berlin, couronnée par le « TAFTA » et belliqueusement gardée par l’OTAN.
Initiative Communiste – Quels obstacles pour déployer cette politique ?
Georges Gastaud : tout d’abord, il faut vaincre le découragement qu’ont créés dans le monde du travail plusieurs décennies de combats syndicaux et politiques trahis. Plus tard réagira la classe ouvrière, qui demeure l’axe du changement social, plus proliféreront la précarité et la misère, et plus il sera difficile de réagir alors que les attaques du capital s’aggraveront sans autre limite que notre résistance. Il faut travailler d’arrache-pied, et pourquoi pas dans l’unité avec tous ceux qui le souhaitent, à construire une grande manifestation nationale unitaire pour soutenir tous ensemble et en même temps les travailleurs d’Air France, de Goodyear et de la SNCM, persécutés par la justice de classe. C’est eux, qui sont l’honneur de notre classe, qui doivent marcher en tête de manif et donner le ton ! Et à cette occasion, il faut clairement désigner l’ennemi : l’U.E. de toutes les régressions, le gouvernement Valls-MEDEF et ses aiguillons de la droite, les guerres impérialistes déstabilisantes et ruineuses avec leur cortège de terrorisme sanglant, les attaques contre les libertés, l’ensemble des contre-réformes maastrichtiennes, le démontage de la République une et indivisible ; et parallèlement il faut faire pièce au FN et aux fausses alternatives UMPS, FN, régionalistes et communautaristes en réclamant la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, un plan de relance du produire en France, le retour à la souveraineté nationale et populaire, le progrès social avec une forte augmentation des salaires petits et moyens, la fin des exonérations fiscales et sociales des grandes entreprises, la confiscation des fortunes des fraudeurs fiscaux capitalistes, une politique étrangère fondée sur la recherche de la coopération internationale et du droit des nations à disposer d’elles-mêmes, sans oublier un plan d’urgence pour secourir les millions de Français – notamment de chômeurs, de travailleurs pauvres, de femmes seules élevant des enfants pauvres dans la grande pauvreté, de mal logés – qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté, la reconstruction des services publics, des retraites et de la Sécu… Et pour commencer, allons nombreux aux manifs locales prévues pour les Goodyear afin d’y porter un message de solidarité de classe et de contre-offensive progressiste.
Initiative Communiste – Quelle initiatives concrètes promouvoir pour avancer vers l’émergence d’une alternative progressiste anti-UE et anti-Le Pen.
Georges Gastaud – le PRCF continuera à faire signer l’appel-pétition des progressistes pour un référendum permettant à la France de se prononcer pour la sortie de l’UE et de l’euro. Les premières 1500 signatures recueillies dans les Cités populaires seront remises prochainement aux autorités à Marseille. Le PRCF appelle un maximum de progressistes à rallier cet appel qui peut ouvrir une perspective offensive, gêner toutes les composantes de l’U.M.-PEN-S, repositionner la problématique politique sur un objectif fédérateur et populaire. Par ailleurs, nous travaillons aussi à la mise en place d’une table ronde des forces progressistes pour la sortie par la gauche de l’UE et nous avons d’ores et déjà reçu pour cela des soutiens intéressants.
Entretien réalisé le 15 janvier 2016 – www.initiative-communiste.fr – reproductible en intégralité sous condition d’en indiquer la source et un lien vers www.initiative-communiste.fr et de ne pas le modifier
Georges Gastaud a publié en 2015 aux éditions Delga « Marxisme et universalisme, classes, nations, humanité ».
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#vidéo : Une conférence de Georges Gastaud [Marxisme et universalisme]
A regarder, à lire, conférence et interview de Georges Gastaud :
Après les Régionales, entretien avec Georges Gastaud – Vidéo
Conférence de Georges Gastaud à Annecy le 6 octobre #conférence #débat #annecy #PRCF
Vidéo : en 3 minutes Pourquoi lutter contre le TTIP / TAFTA / GMT et sortir de l’UE !
30 mai – Discours de Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF #vidéo
Tout à fait d’accord avec G.Gastaud, il faut un nouveau CNR le plus rapidement possible Hollande nous amène dans le mur.