Préambule
La bataille de Valmy, le 20 septembre 1792, permit à l’armée française de défaire les armées austro-prussiennes et de conforter la Révolution qui venait d’abolir la monarchie avant de proclamer, le lendemain 21 septembre, la première République. Goethe, qui assistait à la bataille et qui vit de ses yeux la victoire remportée par une « armée d’avocats et de savetiers » sur l’armée professionnelle du Duc de Brunswick, déclara alors que cette date marquerait une nouvelle ère de l’histoire mondiale. À l’occasion de cet anniversaire la direction du Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) a pris l’initiative d’un travail de mémoire portant sur les actions de la Résistance française conduites par les Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF) et les (FTP-MOI) en référence à la bataille de Valmy. Dans le contexte politique actuel, les valeurs des principes découlant de la victoire sur le nazisme, le 8 mai 1945, s’inscrivent naturellement dans le combat pour la reconquête de l’indépendance de la France.
La Résistance et Valmy
Lorsque de Munich à Vichy la boucle fut bouclée, la Résistance sur le sol français commença. Appuyons-nous en premier lieu sur ce que nous connaissons. Les archives conservent aujourd’hui plusieurs références à Valmy, qu’il agisse d’un journal clandestin, intitulé Valmy et tiré à sept numéros en janvier 1941, le 20 septembre 1942 un papillon de la CGT clandestine qui appelle à manifester pour le 150ème anniversaire de la victoire de Valmy à Paris et partout en France, un appel national à la grève et aux actions en référence à Valmy diffusé le 20 septembre 1943 ou encore un tract, tiré à Limoges, et lui aussi intitulé Valmy qui proclame :
« Grève nationale, la classe ouvrière française montre le devoir : elle a dit non à Hitler. Elle a dit non à la relève, à la réquisition, au travail forcé pour l’ennemi. Tous les français doivent être avec elle, à ses côtés dans la lutte, dans la Résistance, pour la victoire. La défaite de l’Allemagne est certaine ».
Ce texte rappelle le rôle essentiel de la classe ouvrière, c’est la reprise par tous les signataires représentant les mouvements de Résistance (CNR), du rôle défini par Maurice Thorez et Jacques Duclos dans l’appel au peuple de France du 10 juillet 1940. Citons : « …c’est autour de la classe ouvrière ardente et généreuse, pleine de confiance et de courage que peut se constituer le Front de la liberté, de l’indépendance et de la renaissance de la France ».
En Corrèze, la grève patriotique préparée par la CGT clandestine avec le concours du Parti communiste, le Front national (le vrai) et les Mouvements unis de Résistance (MUR) est déclenchée à l’usine de la Marque (Brandt) le 20 septembre à 17 heures. Les 1 000 ouvriers occupent l’usine. Le 21 septembre, les 3 000 ouvriers de la Manufacture d’armes (MAT) rejoignent la grève. L’organisation des FTP joue un rôle décisif pour l’occupation des locaux. Les ouvriers et ouvrières des autres entreprises de la ville débrayent à leur tour, on compte ce jour-là plus de 4 000 grévistes dans la ville. Les cahiers de revendications élaborés sont confiés aux délégations élues des comités de grève. Dans l’après-midi du 21 septembre, une délégation de toutes les entreprises en grève se rend à la préfecture à l’invitation du préfet. L’autorité allemande présente exige la reprise du travail et menace de faire intervenir les automitrailleuses qui viennent d’arriver. L’unité des grévistes oblige les Allemands et les vichystes à satisfaire l’essentiel des revendications et surtout ils n’osent prendre aucune sanction alors que les délégués étaient des résistants clandestins.
Au cours de cette journée d’action, les détachements FTP, surtout de la Haute-Corrèze, sabotèrent les lignes de chemin de fer. Dans un des trains immobilisés il y avait 170 officiers et sous-officiers allemands qui partaient en permission et qui furent très marqués par ces attaques.
Un dernier document citant Paris attire l’attention [1]. Il s’agit d’une affichette clandestine diffusée en septembre 1943 pour célébrer la victoire de Valmy. Retenons sa conclusion : « Parisiens aux armes ! Enrôlez-vous dans les formations de Francs-Tireurs Partisans. En avant et mort aux boches ». Que ce mot d’ordre véritablement central s’exprime dans la capitale montre la place qu’occupent alors les Francs-Tireurs et Partisans.
Nous n’avons rien de précis sur le déroulement de l’anniversaire de Valmy en 1943 à Paris. Dans le même temps, les FTP Marcel Rajman et Celino Alfonso [2], du groupe Manouchian, préparent l’attentat de la rue Pétrarque qui, le 28 septembre, supprime Julius Ritter, président allemand du service de la main-d’œuvre en France.
L’occupant nazi profitant de la contribution criminelle des forces policières du régime du traître Pétain engage dès le premier semestre 1941 une répression sanglante exécutant résistants et otages, lesquels sont presque tous des communistes [3].
Les « actions Valmy » qui consistent en des manifestations publiques s’inscrivent néanmoins dans le contexte régnant dans la période où s’impose une action armée de masse. Le Parti communiste fonde l’Organisation spéciale (OS) (reconnue officiellement à la libération) en 1941, les Bataillons de la jeunesse, le Front national ; les premières actions armées sont programmées dès juillet-août 1941. De cet ensemble naissent les Francs-Tireurs et Partisans début 1942 (FTP) et les FTP-MOI dont il est avéré que ces derniers jouèrent un rôle remarquable dans la lutte armée à l’image des détachements Manouchian et Carmagnole-Liberté préfigurant la période insurrection-libération tant à Paris qu’à Lyon.
La Résistance à l’occupant s’en trouve sérieusement consolidée. En témoigne la lettre que le général de Gaulle adresse le 10 février 1943 aux membres du comité central du Parti communiste français, dont voici un extrait :
« … la mise à ma disposition en tant que commandant en chef des forces françaises des vaillantes formations de Francs-Tireurs que vous avez constituées et animées, voilà autant de manifestations de l’unité française ; voilà une nouvelle preuve de contribuer à la libération et à la grandeur de notre pays… »
Les résistants qui se revendiquaient de Valmy furent aussi parmi les victimes des tortures et des assassinats perpétrés par les nazis et les suppôts vichystes de la collaboration. Il existe un fleuve de sang entre nos martyrs et ces criminels. Il est d’autant plus urgent de le rappeler avec force et énergie qu’aujourd’hui des laudateurs du pétainisme, de la collaboration, des néo-fascistes avérés osent se servir du glorieux nom de Valmy.
Fidèles à la défense des acquis sociaux de 1945 démantelés au nom de la « construction » européenne, au refus des guerres impérialistes menées sous l’égide de l’OTAN, au combat contre les lois liberticides, au racisme, l’intégrisme et la fascisation, aux valeurs de la bataille de Valmy et de la Résistance antifasciste, victorieuse le 8 mai 1945,
Fidèles à l’idée plus juste que jamais du rôle dirigeant de la classe ouvrière dans la bataille pour l’indépendance nationale, inséparable à nos yeux de la lutte pour le progrès social et contre l’ensemble des contre-réformes inspirées par l’UE,
Nous appelons à l’action ouvrière, patriotique et républicaine pour la sortie par la voie progressiste, de l’Euro, de l’Union Européenne, de l’OTAN et du capitalisme.
- Georges Gastaud, Secrétaire national du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF); fils de résistant ; philosophe.
- Henriette Dubois (Nelly), d’octobre 1943 à la Libération elle assura la liaison de l’Etat-major des FTPF avec toute la Zone Sud, Légion d’Honneur à titre militaire, Carte de Combattant Volontaire.
- Léon Landini, Président du PRCF, président de l’Amicale des Anciens FTP-MOI de la région Rhône-Alpes, Ancien Officier FTP-MOI, Officier de la Légion d’Honneur, Médaille de la Résistance, Grand Mutilé de Guerre, président du PRCF.
- Pierre Pranchère, résistant FTP, Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, adhésion au PCF en mai 1943, secrétaire fédéral de la Corrèze, membre du comité central 1964-1990, député 1956-1958 et 1973-1978, député européen honoraire, conseiller général 1973-1985, vice-président du PRCF et président de sa commission des relations internationales.
- Hermine Pulvermacher, ancienne FTP-MOI, Chevalier de la Légion d’Honneur, Chevalier dans l’Ordre National du Mérite, 37 ans secrétaire générale du groupe des députés communistes à l’Assemblée Nationale.
- Léon Pulvermacher, fils de déportés morts à Auschwitz.
- Lina Girelli, ancienne combattante FTP-MOI.
- Elise Pranchère-Mazenoux, résistante FTP, croix du CVR (19).
- Jean-Pierre Hemmen, Vice-président du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), fils de Jean Hemmen, qui fut volontaire dans les Brigades Internationales en Espagne avec le grade Commandant responsable Politique – En 1940, son père participa à la création de l’O.S. (Organisation Spéciale du PCF) arrêté il fut fusillé au Mont-Valérien en 1942, membre du secrétariat du PRCF.
- Vincent Flament, rédacteur en chef d’Initiative Communiste, membre du secrétariat du PRCF.
- Jo Hernandez, secrétaire national du secteur Lutte/entreprise et membre du secrétariat du PRCF.
- Annette Mateu-Casado, membre du secrétariat et trésorière du PRCF, fille de Républicains espagnols communistes et résistants.
- Antoine Manessis, secrétaire de la commission internationale et membre du secrétariat du PRCF.
- Jany Sanfelieu, membre du CC et du secrétariat du PRCF, fille de combattant antifasciste en Espagne et en France (89).
- Benoît Foucambert, enseignant, syndicaliste (81), membre du secrétariat du PRCF.
- Bernard Parquet, membre du secrétariat du PRCF.
- Jean-Pierre Combe, ingénieur Ecole Polytechnique, chef d’escadron de réserve du service d’Etat-major honoraire, membre du comité central du PRCF
- Gilda Guibert, fille de combattant FTP-MOI.
- Mireille Landini, fille de combattant FTP- MOI
- Christiane Combe, professeure certifiée collège et lycée, trésorière PRCF Corrèze, ancienne maire de St. Martin-la-Méanne (19), fille de Jean Tricart ancien député de la Haute-Vienne, ancien membre du comité central du PCF
- Marcelle Sage-Pranchère, fille de résistant, membre du PRCF, militante associative, adjointe-au-maire de St. Merd-de-Lapleau (19)
[1] Les Résistants (récits, témoignages et documents inédits du Musée de la Résistance Nationale).
[2] Marcel Rayman et Celino Alfonso ultérieurement arrêtés sont fusillés le 21 février 1944. L’Affiche Rouge
[3] Serge Klarsfeld en apporte les preuves dans son ouvrage « le livre des otages » publié aux éditeurs français réunis.
Rappelons en ce 11 novembre 2016 que, le 11 novembre est également la date anniversaire d’un des premiers actes de résistance populaire à l’occupation nazie, avec la manifestation du 11 novembre 1940, impulsée par les jeunesses communistes, réunissant plusieurs milliers de lycéens et d’étudiants parisiens sur les Champs-Élysées et devant l’Arc de triomphe de l’Étoile en commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918. Elle fut durement réprimée par les occupants nazis.