par Georges Gastaud* et Gilliatt de Staërck
Depuis plus d’un an, les demandes d’adhésion en nombre significatif qui parviennent au site du PRCF sont très majoritairement celles d’étudiants et de travailleurs, généralement âgés de moins de vingt-cinq ans et n’ayant jamais adhéré au PCF.
Sans que cela retire rien du mérite historique des camarades plus âgés qui ont construit et continuent de construire le PRCF (sans parler de nos vétérans de la Résistance…), les organisations départementales les plus dynamiques du PRCF sont animées par des jeunes militants, dignes successeurs de Bernard Parquet (94), de René Lefort (75) ou de Jacques Coignard (Bretagne).
La désignation par le PRCF de Fadi Kassem, co-secrétaire national du PRCF, âgé de 36 ans, comme porte-parole du Pôle dans la pré-campagne des élections présidentielle et législative reflète cet élan nouveau qui se traduit aussi par le dynamisme du réseau « Jeunes pour la Renaissance Communiste en France ».
Sur l’internet on remarque aussi un « frémissement » culturel du côté du communisme. Entre autres exemples, le rappeur Tovaritch arbore fièrement dans ses rythmes et sur sa peau (tatouage de la faucille et du marteau) les références aux Soviets et au combat de classe
À l’international, des chansons célébrant l’Union soviétique ou des sondages indiquant l’attachement indéfectible des Russes, jeunes inclus, à l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, « affichent la couleur » et bravent les contre-révolutionnaires et impérialistes du monde entier.
En Amérique latine, malgré le siège en règle que Trump fait subir à Cuba et aux pays de l’Alternative bolivarienne des Amériques (ALBA), non seulement le pays de Fidel et du Che tient bon, non seulement le fantoche états-unien Juan Guaido n’a pas ébranlé le gouvernement légitime de Maduro, et encore moins le PC du Venezuela, mais Evo Morales (chassé par un putsch fomenté par Washington) est triomphalement revenu en Bolivie. Au Chili, des manifs de masse conduites par le Parti communiste ont porté l’estocade à la constitution réactionnaire héritée de Pinochet et le candidat le plus populaire en vue de la prochaine présidentielle chilienne est d’ailleurs un élu communiste de terrain…
En Europe, seuls les deux partis communistes qui n’ont pas renié le marxisme-léninisme, le PC portugais et le PC de Grèce, sont demeurés des partis de masse alors que les partis « eurocommunistes » qui ont renié, congrès après congrès, tous les éléments constitutifs de l’identité communiste, ont disparu (c’est le cas du PC italien) ou se sont terriblement rétractés, à tous les sens de ce verbe.
Globalement, le capitalisme perd du terrain dans les têtes, même si les gens, gavés d’anticommunisme et de forgeries antisoviétiques depuis les bancs de l’école, ne se tournent pas encore massivement vers la seule alternative au capitalisme qui soit, le socialisme-communisme. Partout les gens peuvent constater que l’État le plus sordidement empreint des fascisantes et bellicistes « valeurs » capitalistes, les États-Unis d’Amérique, est incapable de contenir la pandémie et que des tendances ouvertement racistes, fascistes et putschistes s’y font jour dangereusement : à l’inverse, fût-ce sous une forme balbutiante et social-démocrate, l’émergence et l’ancrage du mouvement « socialiste » cristallisé par Bernie Sanders, et surtout, les luttes dures menées par le Mouvement « Black Lives Matters » ( « les vies noires comptent » ) ne se démentent pas. Chacun constate au contraire que les pays socialistes ou de culture socialiste, de Cuba au Vietnam et à la Chine, ont contenu la pandémie en prenant appui sur les traditions collectivistes de la population et en mobilisant leur service public de santé ainsi que le secteur industriel nationalisé : services publics et secteur industriel nationalisé qu’ont méthodiquement démonté les présidents maastrichtiens successifs, de Mitterrand à Macron en passant par Chirac, Sarkozy et Hollande, uniquement préoccupés d’exécuter la feuille de route destructive fixée par les Traités européens néolibéraux.
Chez nous, ceux qui croyaient que Macron avait enterré le « clivage droite/gauche » (écho déformé des clivages de classe) ont perdu pas mal de leur morgue : lors du puissant mouvement social pour la défense des retraites, les travailleurs ont tenu bon durant des mois malgré la trahison ouverte de la CFDT et de quelques autres, et les Gilets jaunes ont carrément fait paniquer l’Élysée et le CAC 40. Alors, oubliés chez nous la Révolution française, la Commune de Paris, le Front populaire, les ministres franchement communistes de 1945 et la grève ouvrière de masse de Mai 1968 ? Ou plutôt, rougeoiement de plus en plus visible des braises insurrectionnelles qu’étouffent de moins en moins les cendres grisâtres de nos temps (provisoirement!) contre-révolutionnaires ?
Écrivant tout cela, nous n’avons garde d’oublier la chasse aux sorcières anticommuniste et l’euro-maccarthysme que tente d’exciter la résolution scélérate du Parlement européen du 19 septembre 2019. Car ce dernier amalgame scandaleusement le Troisième Reich génocidaire à son principal vainqueur, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, au risque de criminaliser le communisme, cet idéal d’essence émancipatrice, au nazisme, ce capitalisme exhalant ses tendances exterminatrices. Mais si, plus de trente ans après la chute de l’URSS, les eurodéputés lepénistes, macronistes, LRistes, « socialistes » et « euro-écologistes » essaient en chœur de bannir de toute l’Europe l’emblème paysan et ouvrier de la faucille et du marteau, cela ne montre qu’une chose : que l’ennemi irréductible reste bien pour le capital ce Mouvement communiste international qui, plus calomnié que jamais, continue de hanter l’Europe contre-révolutionnaire de Maastricht. Et si, dans toute la France et dans toute l’Europe, les communistes – et plus particulièrement les jeunes communistes – relevaient le défi des chasseurs de sorcières et des proscripteurs de drapeaux rouges ? Et si, dans un fraternel élan unitaire national et international, les nôtres rougissaient derechef les murs de la forteresse capitaliste avec l’emblème ouvrier et paysan de la renaissance communiste? Alors, non seulement nos adversaires en auront pour leurs frais répressifs, mais il faudra même les « remercier » de nous avoir gracieusement fourni, bien malgré eux, un point d’appui fédérateur pour une contre-offensive symbolique d’ampleur nationale… et pourquoi pas, européenne et internationale, en ce 150ème anniversaire de l’immortelle Commune de Paris ?
Il ne s’agit pas de rêver tout haut que quelques hirondelles juvéniles suffiront à susciter le printemps de la Renaissance communiste. Il s’agit, tout d’abord, de se demander si le retour des hirondelles juvéniles n’annonce pas que quelque chose de fort et de prérévolutionnaire commence à émerger trente ans après la « catastroïka » qui a détruit la PREMIÈRE expérience socialiste de l’histoire. Il s’agit surtout de faire en sorte que, par l’organisation partout du PRCF et des JRCF, par le rebond national et international du syndicalisme de classe et par la Convergence Nationale des Résistances en gestation, la fracture idéologique se réduise en France entre un mécontentement de masse de plus en plus perceptible et l’« offre » politique qu’avaient provisoirement détruite la fausse gauche pro-Maastricht et le pseudo-« communisme » décaféiné et « mutant » qui ont conjointement obscurci la perspective révolutionnaire dans notre pays.
C’est à réduire cette fracture, à reconstruire une avant-garde franchement communiste que travaillent les militants bénévoles du PRCF et des JRCF quand ils appellent à reconstruire le parti de combat fondé à Tours et dénaturé par la « mutation », quand ils proposent à la classe ouvrière, à la jeunesse et au peuple de France une alternative rouge et tricolore , quand ils militent pour le Frexit progressiste, pour la nationalisation démocratique des secteurs clés de l’économie, pour un Front Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologiste isolant le grand capital et rouvrant concrètement la voie du socialisme-communisme à notre pays.Vous qui nous lisez, ne vous demandez plus passivement si oui ou non le « printemps » va bientôt venir, comme si le cours des « saisons » politiques était indépendant de la volonté humaine. Faites plutôt ce qui dépend de vous et de nul autre pour que, les « hirondelles » rouges se faisant de plus en plus nombreuses, le printemps du peuple et de la jeunesse de France, sans parler du printemps des peuples d’Europe et du monde, l’emporte enfin sur l’hiver contre-révolutionnaire qui domine depuis trente ans et plus le monde et notre pays. En ce solstice d’hiver où les nuits sont froides et longues, mais où la lumière grignote chaque jour du terrain, et d’une manière organisée comme il convient à tout(e) vrai(e) révolutionnaire, adhérez au PRCF et/ou aux JRCF !
Texte très beau, très bon, très juste. La référence à (et l’illustration par) la vidéo de « Tovaritch » est-elle vraiment, par contre, judicieuse ?