Le juge GENTIL qui a mis en examen Sarkozy – AFP photo Patrick Bernard
Pour nous la culpabilité de Sarkozy est un fait depuis longtemps établi. Il est en effet coupable d’avoir mené une politique antipopulaire et antipatriotique au service de l’Union européenne, de l’OTAN et de leurs collaborateurs du grand capital « français ». Là est l’essentiel.
Reste que la décision d’un juge d’instruction de mettre en examen N. Sarkozy dans l’affaire Bettencourt est révélatrice des mœurs des serviteurs du capitalisme. Mis en examen pour abus de faiblesse, ce qui signifie que le juge possède des indices graves ou concordants est un événement politique. Après la condamnation d’un ancien Président de la République, après la mise en examen du ministre Cahuzac, de la directrice du FMI, C. Lagarde, de DSK, de Guérini dans les Bouches du Rhône etc, et sans préjuger de l’issue de ces affaires judiciaires, dans lesquelles doit être respectée la présomption d’innocence, on est en droit de constater que le capitalisme corrompt même, surtout ceux qui le servent avec zèle. C’est particulièrement vrai de l’actuel « capitalisme monopoliste d’Etat », où les mécanismes de l’Etat et des trusts fusionnent pour garantir le profit maximal aux grands actionnaires, sans oublier leurs zélés commis politiques qui circulent sans cesse impudemment de la haute fonction publique aux conseils d’administration patronaux.
La justice de notre pays reste une justice de classe et cela indépendamment de ceux qui composent ce corps de l’État, le Droit étant toujours, fondamentalement, le reflet des rapports de forces sociaux et idéologiques. Cependant, on doit saluer l’indépendance et le vrai courage dont certains juges font preuve dans des affaires qui touchent des dirigeants politiques ou économiques. Le juge Gentil n’est pas catalogué comme un juge de gauche, un juge « rouge », mais nous devons le défendre contre toute la droite coalisée, notamment contre l’odieux Guaino, qui l’accuse d’intenter un procès à charge, dès lors que l’arrogantissime Sarkozy est rappelé à la loi commune.
Cet événement met en lumière des choses connues : le financement occulte des campagnes électorales des « grands » partis, leur connexion avec les détenteurs des grandes fortunes dont ils servent les intérêts. Qu’en sera-t-il de l’affaire Karachi, où des tripatouillages internationaux semblent bien avoir abouti à la mort de nombreux concitoyens ?
Bien entendu le dégoût que ces affaires provoquent parmi nos concitoyens est exploité avec impudeur par l’extrême-droite et par la châtelaine de Montretout à Fontainebleau. Ce n’est pas une raison pour taire les vices des classes dirigeantes. Au contraire, il faut expliquer sans relâche que l’ennemi n’est pas le travailleur étranger, le musulman, le Rom, le fonctionnaire ou l’allocataire du RSA… mais ces « bons Français » milliardaires qui pillent leur pays, le désindustrialisent, cassent ses services publics, ses acquis sociaux et jusqu’à sa langue pour s’assurer une place au soleil de la mondialisation : des « bons Français » dont Sarkozy demeure le prototype le plus impudent.