La clarification politique et syndicale, le débat citoyen au plus près de tous les secteurs en lutte est le meilleur moyen de soutenir l’impétueux soulèvement populaire en cours.
« Quand ceux d’en haut ne peuvent plus, quand ceux d’en bas ne veulent plus… »
La crise politique et sociale s’accélère brutalement en France et pourrait même déboucher sur un soulèvement populaire de portée prérévolutionnaire. Il faut rappeler que Sarkozy n’avait pu être réélu et que Hollande n’a même pas pu se représenter. Quant à Macron et à sa majorité complètement factice (56% des électeurs n’ont pas voté au second tour des législatives !), ils n’ont pas eu besoin de deux ans pour se carboniser auprès des couches populaires.
De plus en plus apparaît la grande actualité de la remarque de Lénine: « quand ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant, quand ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant, alors s’ouvre une période de révolution ».
Aller au mouvement de masse tel qu’il est pour le faire avancer
Il ne s’agit certes pas d’idéaliser le mouvement des Gilets jaunes dont les faiblesses idéologiques initiales sont bien moins imputables aux citoyens insurgés qu’aux énormes manquements des états-majors syndicaux et politiques qui ont renié depuis des décennies la lutte idéologique contre le capitalisme, pour le socialisme et pour le pouvoir de la classe ouvrière. Et en l’absence d’un véritable parti communiste combatif et 100% anti-UE, faute d’un mouvement syndical de classe débarrassé des lubies du « dialogue social », faute aussi d’une France franchement insoumise à l’UE supranationale du capital et d’une Gauche populaire et patriotique mettant le monde du travail au centre d’un nouveau CNR, tout mouvement populaire peut aisément devenir la proie des démagogues de l’extrême droite à la Wauquiez ou à la Le Pen. Comme Lénine l’avait également compris: « sans théorie révolutionnaire ( et sans parti d’avant-garde du prolétariat !), pas de mouvement révolutionnaire ».
Or, loin d’ouvrir des perspectives révolutionnaires au mouvement populaire, la gauche politico-syndicale établie prise de court par les G.J. offre un pitoyable spectacle:
- sourd à ses bases CGT combatives qui tendent la main aux gilets jaunes et qui veulent construire le tous ensemble contre le pouvoir, l’état-major confédéral de la CGT a trop longtemps snobé et dénigré le mouvement des gilets jaunes au lieu de mettre d’emblée le paquet pour que confluent partout les « gilets jaunes » et les « gilets rouges », pour aider le mouvement à s’auto-organiser démocratiquement autour de revendications de classe claires, pour appeler à passer du blocage des routes au blocage du profit capitaliste dans les entreprises et autour d’elles ; ne parlons pas de l’état-major de la CFDT, ce « berger du capital » dont la mission patronale et gouvernementale est de rabattre vers le dialogue social bidon à la Macron ;
- le congrès du PCF a au mieux accouché d’une souris rose vif. En effet le nouveau secrétaire national Fabien Roussel, assisté de l’inamovible Pierre Laurent, s’est empressé de renchérir dans l’anti-léninisme, qui forme le socle de la « mutation » réformiste de ce parti, de récuser toute idée de nationalisation des grandes entreprises, de dénigrer l’idée de sortir par la gauche de l’euro et de l’UE (Frexit progressiste), la résolution adoptée au Congrès réalisant même l’exploit de condamner globalement la France insoumise tout en ouvrant grande la porte à l’union PS/PCF aux municipales des le premier tour (ce qui revient de nouveau à critiquer Mélenchon de droite !). A défaut de rétablir la faucille et le marteau comme emblème du parti, la nouvelle direction parle même d’une liste commune aux européennes avec le revenant socialiste Hamon… Et dire qu’on ose présenter ce « changement » comme un recentrage « identitaire » du PCF !
- la F.I. est entrée dans une crise sérieuse qui voit la tendance néo-mitterrandienne hélas soutenue par JLM exclure brutalement les éléments républicains, patriotes, anti impérialistes et plus proches des aspirations populaires. Le PRCF, qui a bien fait d’apporter un soutien critique mais dynamique à la candidature JLM, n’est pas surpris par la différenciation de classe croissante de la FI. Nous avons toujours dit que la FI était un mouvement de masse composite dont une partie, liée aux couches supérieures des métropoles, rêve de remplacer feu le PS, alors que la masse des travailleurs qui ont voté JLM aspire à une politique d’opposition claire à l’UE capitaliste. Plus que jamais le PRCF appelle à former un large Front antifasciste, patriotique, populaire et écologiste porté par une Gauche populaire et patriotique mettant « le monde du travail au centre de la vie nationale » (comme y invitait le programme du CNR), ce qui implique la reconstruction la plus rapide possible d’un parti communiste de combat.
Dans cet esprit, le PRCF propose:
- un Tour de France du Frexit progressiste, antifasciste et internationaliste. Il faut combattre à la fois le Parti Maastrichtien Unique qu’incarne Macron, le proconsul de Merkel, et la droite Wauquiez/Le Pen qui ne veut même pas sortir de l’UE supranationale. Par le débat pluraliste, faisons tomber les tabous sur l’euro, cette austérité continentale faite monnaie, sur l’UE, cette prison des peuples gouvernée par Berlin, sur l’OTAN, cette machine à mondialiser les guerres US à venir contre les peuples russe, iranien et chinois, et sur le capitalisme, ce système obsolète qui conduit l’humanité à sa perte sur tous les terrains !
- union de combat des syndicalistes de lutte; honte aux états-majors des confédérations syndicales euro-formatées qui, depuis tant d’années, ont refusé d’organiser le blocage du profit capitaliste en lui préférant le dialogue social bidon et le mensonge moisi de l’Europe sociale. Syndicalistes de lutte, coordonnons-nous en bas et à l’inter-pro en préférant la colère sociale aux appareils assoupis ! Pourquoi ne pas débattre par exemple du principe d’une grande manifestation de combat sur les Champs-Élysées sur le mot d’ordre d’augmentation générale des salaires, d’abrogation de l’ensemble des contre – reformes maastrichtiennes et des privatisations, d’une grande réforme fiscale démocratique taxant les grandes fortunes et les capitalistes à l’avantage de la classe ouvrière et des couches moyennes ?
- soutien aux mobilisations des Gilets jaunes, discussion avec eux sur un pied d’égalité et de respect mutuel, aide au mouvement pour s’organiser démocratiquement en élisant partout des délégués révocables à tout instant, non pour cautionner le dialogue social bidon du gouvernement, mais pour élargir et coordonner l’action à tous les niveaux, sans oublier les entreprises, les zones commerciales et industrielles, les lieux dans lesquels travaille, vit et étudie la jeunesse populaire trop souvent sacrifiée de notre pays. Soutien également aux lycéens en lutte contre Parcoursup et la casse du lycée à la française.
Seul le peuple est souverain !
Sans s’interdire de crier avec les gilets jaunes « Macron-Démission » ou « Macron, dégage ! », rappelons qu’en République seul le peuple est souverain et que dans la première constitution républicaine de la France, celle de 1793, il était écrit, à l’inspiration de Robespierre :
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».