DECLARATIONS TELEVISEES DE MACRON, PROPOSITION DE Mme LUCIE CASTETS COMME PREMIERE MINISTRE PAR LE « NOUVEAU FRONT POPULAIRE »
COMMUNIQUE DU PÔLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE (24 juillet 2024)
Après la lamentable réélection à la présidence de l’Assemblée nationale de la macroniste Braun-Pivet, cette ennemie acharnée des retraites solidaires, de la désescalade en Ukraine et du salut du peuple gazaoui massacré par Netanyahu, les déclarations télévisées de Macron montrent que le camp présidentiel, de plus en plus arrimé aux pseudo-« républicains » à la Retailleau (ce nostalgique mal dissimulé de la royauté !), prétend arrogamment poursuivre sa politique antinationale, antipacifique, antidémocratique et antisociale comme si les élections n’avaient pas eu lieu.
Certes, Macron concède du bout des lèvres que son camp a « perdu » l’élection. Mais au lieu d’en conclure qu’il lui faut nommer sans retard un Premier Ministre issu de la principale force électorale et parlementaire du pays – c’est-à-dire le Nouveau Front Populaire (NFP) et, en son sein, La France Insoumise (LFI) -, Macron appelle à une pseudo-trêve olympique qui n’a aucun fondement institutionnel. Ainsi, il annonce qu’il ne nommera pas de premier ministre avant la fin des J.O., il criminalise plus que jamais LFI et il prend même la défense du RN en regrettant que des députés refusent de saluer leurs élus xénophobes – alors que par le passé, Fillon ou Copé refusèrent de serrer la main de Marion Maréchal ! – ou que ces élus xénophobes, qui bafouent ouvertement la devise républicaine (laquelle appelle à l’égalité et à la fraternité…), soient très légitimement écartés des responsabilités. Et dire que certains dirigeants de la « gauche », voire quelques léninistes de posture, ont encore récemment osé présenter le vote macroniste de second tour, y compris pour Borne et Darmanin, ou le vote indécent pour Hollande, comme autant de « barrages » à la fascisation!
Pendant ce temps, le NFP propose la candidature pour Matignon de Lucie Castets, issue de l’ENA et de l’IEP, qui est présentée comme une militante des services publics. Nous n’avons pas la possibilité à ce stade de commenter ce choix, mais en démocrates, nous considérons qu’il faut absolument exiger que Macron entérine ce choix dès maintenant comme l’y oblige l’esprit des institutions. Et non de continuer à magouiller depuis l’Elysée, au mépris de la séparation des pouvoirs, pour mettre en place un gouvernement prétendument centriste – en réalité belliciste, austéritaire et euro-soumis – qui dessinerait une majorité relative totalement artificielle centrée sur la droite dure des LR. En réalité, le but du banquier-président désavoué par les urnes est de contourner le vote des Français comme l’avait déjà été en 2008, à l’initiative conjointe de Hollande et de Sarkozy, le Non du peuple à la constitution européenne. Si du reste Macron procédait finalement ainsi, il prendrait la responsabilité d’ouvrir une voie royale à Marine Le Pen pour 2027 et/ou de provoquer une immense insurrection du peuple français, exaspéré que le Parti Maastrichtien Unique au pouvoir depuis Mitterrand ne cesse de mépriser le peuple qui fit la Révolution de 1789 et la Commune.
Disant cela, le PRCF ne prétend nullement que le programme, ni même le périmètre partidaire du NFP, cette machine à recycler le PS maastrichtien, soient satisfaisants, bien au contraire. Nous l’avons déjà démontré à plusieurs reprises : ce programme qui n’ébrèche même pas la propriété capitaliste (rien ou presque sur les nationalisations ni sur la nocivité des institutions supranationales FMI, OMC et Banque mondiale), qui s’inscrit entièrement dans le cadre de l’UE et de l’euro, qui ne dit RIEN sur l’OTAN, qui promet de livrer à l’Ukraine « toutes les armes nécessaires » et qui s’interdit même toute négociation avec la Russie (le NFP fait un préalable absolu de la traduction en justice de Poutine !), est totalement insuffisant et même gravement biaisé en matière de rupture, fût-elle minimale, avec la domination du grand capital et de ses institutions internationales. Il est proprement inconcevable que le Parti « communiste » français, en totale rupture sur ce plan avec les traditions de ce parti jusqu’à 1981, ait rallié sans sourciller un tel programme. Qu’il soit clair qu’en aucune façon, le PRCF ne cautionnera globalement, d’où qu’il émane, quelque gouvernement de marche à la guerre mondiale comptant dans ses rangs ou dans ses soutiens revendiqués un danger public pour la paix mondiale tel que Glucksmann !
Néanmoins, puisque le NFP – notamment LFI et le PCF – prétend pouvoir changer radicalement la vie des Français sans ébrécher la propriété capitaliste, sans rompre avec l’UE-OTAN et en demeurant dans les clous de la monnaie unique gérée par la BCE (en réalité, par Berlin), il serait salutaire que ses dirigeants aient l’occasion de montrer concrètement aux travailleurs de quoi ils sont capables. Bien entendu, les militants franchement communistes du PRCF les appuieront chaleureusement sur ces points si, pour abroger la contre-« réforme » des retraites, les dispositifs Attal sur le collège, porter le SMIG à 1600 € par décret, soutenir les paysans travailleurs, etc., le NFP parvenu à Matignon appelle les travailleurs à descendre dans la rue, voire à occuper les entreprises comme l’avaient fait les prolétaires en 1936 à l’appel des syndicalistes CGT de classe Frachon, Monmousseau, Tillon, Croizat, Paul, etc. – soit tout le contraire de ce que propose une Sophie Binet stérilement adepte du « dialogue social ». C’est cette mobilisation des masses qui permit d’arracher au grand patronat les grands acquis de 1936 malgré les tergiversations de Léon Blum, avant tout désireux d’anesthésier le mouvement populaire, avant de « décréter la pause » et de lâcher honteusement l’Espagne républicaine.
Cela dit, deux grandes questions sont posées au NFP en général, à LFI et à la direction actuelle de la CGT en particulier :
- oui ou non, allez-vous suivre la ligne Glucksmann à propos de l’Ukraine, c’est-à-dire celle d’une confrontation « sans lignes rouges » avec la Russie, ce qui signifie, à l’interne, un surarmement massif et ruineux accompagné, à l’externe, d’un risque majeur de marche à la guerre mondiale entre l’UE-OTAN, France en tête, et la puissance nucléaire majeure qu’est la Russie?
- oui ou non, vous engagez-vous dès aujourd’hui à ECONDUIRE l’UE, le FMI et la BCE qui débarqueront en France en septembre pour mettre en place le plan géant d’austérité préparé par la Troïka capitaliste, celle qui a déjà brisé le peuple grec avec la complicité de la « gauche radicale » de Tsipras, en plaçant la France sous tutelle pour « déficit excessif »? IL EST EVIDENT QUE L’ON NE PEUT PAS A LA FOIS RENOUER AVEC LE PROGRES SOCIAL ET ACCEPTER L’ASSERVISSEMENT SUPRANATIONAL DE NOTRE PAYS et que ceux qui prétendent qu’on peut faire les deux choses à la fois sont des bonimenteurs. Bref, nous attendons le maçon au pied du mur et nous souhaitons que le NFP, LFI et PCF inclus, nous dise laquelle de ces deux citations il préfère : celle de Mitterrand expliquant être partagé par deux ambitions, « celle de la construction européenne et celle de la justice sociale (et chacun sait ce qu’il a choisi en désindexant les salaires en 1983) ; ou celle de Jaurès déclarant longtemps avant lui que « l’émancipation nationale est le socle de l’émancipation sociale« ?
Dans tous les cas, les communistes, les syndicalistes de classe, les patriotes républicains, les amis de la paix et les militants antiracistes ne se tromperont pas si, se souvenant après Marx que « l’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes », ils travaillent à s’affranchir dès aujourd’hui de l’ensemble des appareils euro-formatés et s’ils redoublent d’efforts pour qu’un grand mouvement populaire jouant crânement sa propre carte profite le plus vite possible de la relative ingouvernabilité du pays pour exiger au minimum :
- la paix, la désescalade en Ukraine et partout (Corée, Indopacifique, Proche-Orient), la sortie de la dangereuse OTAN, la reconnaissance de l’Etat palestinien et la condamnation par la France du gouvernement génocidaire de Netanyahou
- l’abrogation de toutes les contre-réformes, privatisations, délocalisations liées à l’ « économie de marché ouverte sur le monde » et à la « concurrence libre et non faussée » des traités européens
- le primat absolu, pour commencer, des lois françaises sur les directives européennes, le refus absolu du saut fédéral européen en marche et de toute indigne mise en surveillance de notre pays par l’UE, le refus catégorique de régler la prétendue dette « due » par le peuple travailleur de France aux usuriers des « marchés financiers »
- l’augmentation sensible immédiate des salaires et des revenus du travail, la taxation des profits capitalistes, le retour à l’échelle mobile des prix et des salaires supprimée par Mitterrand-Delors en 1983 pour lancer la marche à l’euro.
- Sachant que pour enclencher une rupture durable et offensive avec l’ordre néolibéral, impérialiste, raciste et fascisant du grand capital, il faudra plus que jamais sortir de l’euro, de l’UE, de l’OTAN, de la Françafrique néocoloniale et du capitalisme en reconstruisant un P.C. de combat et une Alternative rouge et tricolore rouvrant la voie de l’Europe des luttes et du socialisme dans notre pays.