Par G. Gastaud, secrétaire national du PRCF, militant et responsable local du PCF de 1972 à 2004
Le conseil national du PCF qui s’est tenu le 25 août 2017 montre une fois de plus la crise profonde, existentielle, qui traverse le PCF-PGE, ces trois dernières lettres étant désormais déterminantes dans l’orientation du PCF statutairement arrimé à la « construction européenne » par le biais du Parti de la Gauche Européenne, et l’entière détermination de la direction du PCF à aller au terme de la liquidation, désormais qualifiée de « transformation » : c’est le mot même par lequel Macron désigne son offensive euro-thatchérienne et atlantique contre tout l’héritage progressiste du peuple français. Et pour cause, il est devenu difficile à P. Laurent de parler de « mutation », ou de « métamorphose » du PCF étant donné le bilan catastrophique qui s’attache à ces mots depuis Hue et Buffet, ni de cacher que le premier a piteusement rallié Macron, et que la seconde s’est organiquement laissée satelliser par la « France insoumise ».
Il n’en reste pas moins que la direction du PCF-PGE tient et tiendra avec résolution son cap liquidateur dans toutes ses dimensions : liquidation idéologique déjà parachevée, avec en particulier une pseudo-commémoration d’Octobre 1917 qui achèvera de dénigrer le léninisme et de criminaliser la première expérience socialiste de l’histoire, liquidation organique, avec l’insistance sur le changement de nom de ce parti, liquidation stratégique, puisqu’ aucune autocritique n’est faite – pour ne citer que quelques questions actuelles et particulièrement désastreuses -, ni du soutien pseudo-antifasciste du PCF et de ses fédérations, au second tour des régionales, des présidentielles et des législatives, au PS, à Macron, voire aux LR, ni de la préférence inassumée mais bien réelle du PCF pour sa subordination électorale obstinée au PS plutôt qu’à un soutien critique, indépendant, délié d’attaches organisationnelles, à la candidature Mélenchon (ou à défaut, à une candidature franchement communiste et 100% anti-UE à la présidentielle qu’ont refusée aussi bien P. Laurent qu’ A. Chassaigne), ni de l’enfermement total du PCF-PGE dans son adhésion de principe à la désastreuse « construction » européenne qui délite notre pays, ni du lâchage honteux du Venezuela bolivarien par P. Le Hyaric, alors que ce pays est présentement assiégé par l’oligarchie fasciste et par les USA de Trump…
Qu’il y ait des résistances au sein du PCF à cette ultime liquidation mérite d’être salué car nous, fondateurs du PRCF (2004), et avant cela, dès 1991, de la Coordination communiste du PCF, savons d’expérience combien la lutte interne est ingrate au sein d’une organisation imprégnée d’opportunisme jusqu’aux moelles, et dominée par un appareil rompu à toutes les manœuvres, à tous les coups bas et à toutes les censures. Encore faut-il constater, dans l’intérêt même des camarades communistes qui luttent dans ce parti foncièrement non communiste, que…
- Ces résistances internes n’auront aucune efficacité, et surtout, elles ne prépareront pas l’urgente renaissance d’un vrai parti communiste, si, clairement, elles ne remontent pas à la racine du mal: il faut en finir avec l’idée fausse, très insuffisamment autocritique et porteuse de renouveau, que l’essentiel du mal qui ronge le PCF-PGE remonterait seulement ou principalement au congrès de Martigues, le 30ème. Si désastreux que fût ce congrès, Martigues n’a fait que renforcer la cohérence des énormes dérives révisionnistes, anti-marxistes, anti-ouvrières, antisoviétiques, qui du 22ème congrès (abandon de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire de la conception marxiste-léniniste de la révolution, critique de l’URSS sur des bases social-démocrates) au 29ème congrès (ralliement au principe d’une participation ministérielle à un futur gouvernement PS sans poser le préalable d’un retrait de la France du traité de Maastricht) en passant par le 23ème congrès (abandon statutaire du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, adhésion à la théorie réformiste du « pas à pas vers le socialisme », référence à l’eurocommunisme), le 24ème congrès (validation de l’entrée du PCF, en position soumise, dans le gouvernement européiste, atlantiste et antisoviétique de Mitterrand-Mauroy-Delors, renvoi dos à dos de l’URSS et des USA sur la question de la guerre et de la paix), le 28ème congrès (statuts purgés de toute référence à la classe ouvrière, au marxisme, au socialisme, à la socialisation des moyens de production…) ont depuis longtemps coupé le PCF des principes communistes qui firent longtemps la force du parti fondé au Congrès de Tours dans la foulée d’Octobre 17 et des luttes contre la guerre impérialiste.
- Ce qui signifie par contrecoup réaffirmer l’urgente nécessité d’un retour plénier au marxisme-léninisme en coupant tout flirt idéologique avec ceux qui développent des thèses semi-mutantes, néo-menchéviques ou trotskistes et qui, sur ces bases, accusent en permanence la « matrice léniniste » d’être responsable de « l’échec » des pays socialistes. C’est au contraire l’éloignement croissant par rapport au marxisme-léninisme, tantôt par dogmatisme, tantôt et surtout par révisionnisme et par opportunisme de droite, c’est le reniement final et total des enseignements cardinaux de Marx, d’Engels et de Lénine par l’opportunisme international qui a conduit au plus grave recul communiste de tous les temps et qui, en France, a favorisé l’énorme glissement réactionnaire du spectre politique national. Le PCF devenu social-démocrate, il fut plus facile au PS de s’afficher atlantiste et euro-libéral et à la droite classique de lorgner de plus en plus vers l’ultra-réaction fascisante des Sarkozy et autre Wauquier, toutes dérives qui ont à la fois désarmé la classe ouvrière, favorisé les dérives européistes dans le mouvement syndical et ouvert une voie royale à la fois à la fois à Le Pen et à Macron-MEDEF.
- Cette réaffirmation du marxisme-léninisme ne serait elle-même que verbale si elle ne s’accompagnait d’un appel clair et net à rompre totalement, définitivement, avec toute forme d’allégeance avec le PS moribond, avec toute forme de désistement pseudo- républicain en faveur du PS, de Macron ou des LR sous prétexte de barrage anti-Le Pen. C’est au contraire ce type de comportement politicien qui dévalue l’antifascisme et qui rabat une partie des ouvriers vers le FN. Et plus encore, il faut mettre au cœur de la renaissance communiste la dénonciation militante, publique, tournée vers les masses, de toute forme d’adhésion de principe à l’Union Européenne, à l’euro, à l’OTAN, à la mensongère et désarmante « Europe sociale », à la fumisterie idéologique d’une « réorientation progressiste de l’euro » tant il est clair que l’UE-OTAN et l’euro sont des obstacles stratégiques à la reconquête de l’indépendance nationale, à la reconquête des conquis du CNR et à la marche révolutionnaire de la France vers une société socialiste, interdite par la fascisante UE anticommuniste, atlantiste et de plus en plus fascisante . Il faut montrer aux masses, à la fois contre Le Pen, qui d’ailleurs s’affiche de moins en moins eurosceptique, et contre Macron, que la sortie de l’UE par la voie progressiste ne servira pas à « isoler la France », qu’elle n’a rien à voir avec on ne sait quelle union avec les souverainistes réactionnaires prônée par quelques faux communistes, et qu’elle vise au contraire à étendre la coopération internationale tous azimuts, avec tous les continents, et qu’elle est indispensable pour rouvrir à la France la perspective de la révolution socialiste. C’est dans cet esprit que, sans privilégier les batailles d’appareil, en allant prioritairement ensemble à la porte des entreprises sur un programme révolutionnaire, les vrais communistes doivent militer ensemble pour que la France sorte au plus tôt, par la voie progressiste de l’euro, de l’UE et de l’OTAN sur la base d’un large Front antifasciste, patriotique, populaire, pacifique, écologique réassociant le drapeau rouge au drapeau tricolore comme sut le faire le PCF lors du Front populaire, de la Résistance patriotique, des grandes réformes de la Libération, des grandes luttes progressistes, pacifiques, anticolonialistes notamment, de l’après-guerre.
- Alors que la direction du PCF multiplie déjà les manigances pour piper de A à Z le congrès extraordinaire en posant de fausses questions et en évitant toute remise en cause globale de sa ligne liquidatrice, une bataille purement interne au PCF n’a aucune chance de réorienter le parti, ni même d’infléchir sa ligne si elle ne s’articule pas prioritairement à l’action commune immédiate des communistes qui, comme les militants du PRCF, se sont organisés démocratiquement et indépendamment de l’appareil muté du PCF-PGE. Aucune chance non plus de peser si, prenant le risque de dériver avec l’appareil liquidateur, les camarades opposés à la direction sur des positions de gauche n’annoncent pas clairement et par avance leur refus absolu d’accompagner les nouvelles dérives si celles-ci l’emportent au congrès. Il est temps de déclarer que, face à Macron-Thatcher, face à la fascisation rampante du pays que comporte sa politique terriblement anti-ouvrière, face au FN, face à l’OTAN et à sa marche vers la mondialisation des guerres, face à l’UE qui criminalise le communisme historique et qui dissout la France, ses acquis sociaux, son legs républicain jacobin et laïque, et jusqu’à sa langue sacrifiée au tout-anglais du TAFTA, il est urgent pour passer à la contre-offensive populaire de reconstituer, sans et contre la direction traître du PCF-PGE, un vrai parti communiste, c’est-à-dire…
- un parti marxiste-léniniste centré sur la classe ouvrière, le monde du travail et la jeunesse populaire,
- un parti à la fois patriote, internationaliste, antifasciste et anti-impérialiste,
- un parti d’avant-garde démocratiquement lié au peuple,
- un parti militant et de combat refusant l’électoralisme et subordonnant ses élus et ses directions aux militants ancrés dans les combats populaires.
Bref, c’est l’efficacité même du combat interne qui commande qu’un clair avertissement soit donné aux dirigeants liquidateurs, et à travers eux, à la classe dominante de France : face au blitzkrieg macroniste contre ce qui subsiste de la France souveraine et des acquis sociaux, le peuple travailleur ne peut subordonner ses destinées aux congrès programmés par les directions en faillite du PS et du PCF-PGE : notre peuple a besoin d’un vrai parti communiste et pour cela, il faut se souvenir du mot du camarade André Tollet s’adressant à Hue :
« il y a eu, il y a et il y aura un vrai parti communiste en France, avec vous, sans vous ou contre vous« .
Les dérives étant devenues telles au fil des décennies, la rupture officielle avec le marxisme-léninisme a débuté en 1976, que c’est désormais sur ce dernier point, souligné par nous, que porte désormais l’accent principal.
- Dans cet esprit, le PRCF appelle fraternellement les camarades agissant dans le cadre du PCF à se parler, à discuter de manière ouverte et constructive des divergences et à agir ensemble sans préalable contre les ordonnances Macron. Allons avec un matériel de masse commun (ce qui n’interdit pas les expressions spécifiques) vers toutes les manifestations programmées en septembre contre les Ordonnances Gattaz-Macron-Merkel. Ensemble, tendons la main aux syndicalistes de classe, mais aussi aux militants issus du peuple et aux centaines de milliers de jeunes qui se réclament de l’insoumission. Allons-y, non pour « suivre » ou « cautionner » qui que ce soit, mais pour porter ensemble, sous nos couleurs franchement communistes et anti-UE, l’exigence de dégager les ordonnances scélérates, et aussi, car les affrontements de classes à venir peuvent déboucher sur une crise politique explosive, tant la politique de Macron est antinationale, de faire mûrir l’exigence que dégage ce pouvoir minoritaire (56% d’abstentions au second tour des législatives !) qui ne se gêne pas, lui, pour exiger le départ de présidents légalement élus… à l’étranger, et de faire enfin du neuf en sortant au plus tôt la France, par la porte à gauche, de l’euro, de l’UE-OTAN et du capitalisme.
Bilan et stratégie, la direction s’enferme dans le refus du débat. Cela suffit
Le Conseil national était réuni ce jour, vendredi 25 août, pour débattre de la préparation du Congrès extraordinaire.
Notre parti sort d’une période électorale difficile, la stratégie mise en place ces 10 dernières années nous a conduit d’échec en échec et la visibilité nationale du PCF est en chute libre. Alors que la rentrée s’annonce chargée, vu ce que veut nous imposer le capital avec Macron en passant à une nouvelle étape dans l’exploitation et la mise en concurrence des salariés, la casse de la protection sociale, la destruction des services publics et l’accaparement des richesses nationales, la domination de l’union européenne sur la France.
Dans ce cadre, l’exécutif a proposé un questionnaire censé permettre aux communistes de participer à l’élaboration de l’ordre du jour du Congrès.
Mais il s’agit surtout pour la direction de détourner les communistes des questions stratégiques et d’un bilan, et de corseter l’assemblée des animateurs de section prévue le 14 octobre.
Le questionnaire proposé mêlait indigence et évitement des questions stratégiques, ce qui nous a conduits à refuser de souscrire à une telle démarche. Il a finalement été rejeté en l’état par le Conseil National dont à peine la moitié était présente.
Une fois de plus la direction nationale n’est pas arrivée à convaincre sur sa copie et le CN est apparu divisé.
Mais la direction s’entête à produire un nouveau questionnaire et prend prétexte de cette réécriture pour repousser l’assemblée des animateurs de section.
Donc, non seulement elle veut une fois de plus parler de tout pour ne parler de rien et éviter les questions essentielles pour l’avenir du PCF et de notre pays, mais en plus, en modifiant la date elle remet en cause une des rares décisions qui fait l’unanimité chez les communistes, qui voient en cela un possible moment de débat fraternel et de rassemblement.
Aurait-elle peur que se reproduise ce qui s’était passé à l’Assemblée extraordinaire des animateurs de section en 2007 ? Cette assemblée avait en effet rejeté la perspective du changement de nom de notre parti et sa disparition au profit d’une nouvelle force de gauche.
Nous sommes d’autant plus alertés que le questionnaire proposé, comme les diverses déclarations du secrétaire national, vont toutes dans le sens de la poursuite de la « transformation » du PCF, transformation destinée en fait à justifier l’effacement de notre parti et le renoncement à notre identité communiste.Le débat doit s’ouvrir vite et à partir du bilan depuis le 30ème congrès de Martigues qui reste la ligne directrice de la direction nationale. Il n y a pas d’issue ni d’unité des communistes possibles sans ce travail.
La fuite en avant devant chaque échec ne peut plus durer.
Nous appelons les communistes à ne pas se laisser paralyser. Ils doivent être les vrais maîtres de leur parti, des choix stratégiques et de leur destin militant et prendre sans attendre les initiatives permettant le débat nécessaire et urgent, en même temps que les initiatives adaptées à la situation politique et sociale, avec la première étape du 12 septembre.
Nous nous mettons à disposition de ce débat que nous avons déjà largement traité au travers de notre dernier texte de congrès et de nos 5 chantiers. Nous donnons rendez vous à tous au stand de la revue « Unir les communistes » à la Fête de l’humanité.
Caroline Andreani, Danielle Trannoy, Gilles Gourlot, Jean-Pierre Meyer, Jean-Jacques Karman, Paul Barbazange, Anne Manauthon, Marie-Christine Burricand, Michaele Lafontant, membres du Conseil National et Hervé Poly, secrétaire départemental du Pas-de-Calais
Michelle Bardot (67), Gilbert Rémond (69), Hervé Fuyet (92), Michel Dechamps (04), Robert Brun (26), Pierre-Alain Millet (69), Amandine Lampin (31), Danielle Bleitrach (13), Leila Moussavian-Huppe (67), Sandrine Minerva (34), Alain de Poilly (94), Olga Touitou (13)…