De manière de plus en plus insupportable, les agressions incessantes et les mises en cause récurrentes visant des maires ou des élus municipaux se multiplient. Par ailleurs, de nombreux maires et élus municipaux envisagent de ne pas se représenter aux prochaines élections tant l’exercice quotidien de leur fonction républicaine est devenu ingérable. Dans ce contexte, les déclarations présidentielles faisant l’éloge des maires apparaissent comme pure démagogie hypocrite quand on voit comment sont traitées les communes de France et quand on constate que Macron compte diriger depuis l’Elysée la future campagne municipale. Sur le fond, les maires – et au-delà d’eux, les communes qu’ils dirigent – sont confrontés à une contradiction tenaillante :
- d’un côté, la politique maastrichtienne mise en œuvre successivement par les Jospin, Sarkozy, Hollande et autre Macron ne cesse de réduire les prérogatives des communes, de les insérer de force dans des « métropoles », ou au sein de « communautés d’agglomération » ou de « communautés de communes » qui exercent la réalité du pouvoir local sous l’égide de ces nouvelles féodalités que sont les euro-régions. C’est là l’effet d’une « construction européenne » qui, pour se conformer au modèle fédéraliste des Länder allemands, détruit notre héritage républicain issu de la Révolution française, héritage qui repose sur le triptyque jacobin « communes/départements/Etat-nation »,. Ce « pacte girondin » voulu par Macron, et que va encore aggraver l’inscription dans la Constitution du « droit à la différenciation des territoires », favorise une « reconfiguration des territoires » réclamée par le MEDEF : celui-ci revendique officiellement la mise en place d’un triptyque néolibéral « euro-métropoles, Etats-Unis d’Europe, Union transatlantique », qui mettrait fin à la fois à l’existence même des communes, des départements et de la République française une et indivisible. Ajoutons que pour entrer dans les clous de la monnaie unique européenne et des critères d’austérité de Maastricht, les subventions d’Etat aux communes se réduisent de plus en plus, amenant de nombreuses municipalités à réduire l’offre de services publics, à accepter les transferts de compétences, à pressurer les fonctionnaires territoriaux, à réduire l’embauche, à précariser les personnels et à engager de ruineuses privatisations des offices municipaux. Cela n’empêche pas le pouvoir, avant tout soucieux de favoriser le grand patronat et les privilégiés, d’avoir mis fin à la taxe professionnelle, et désormais de supprimer la taxe d’habitation et l’impôt sur la fortune…
- D’un autre côté, face à la crise de l’Etat central qu’engendre la politique de l’Union Européenne et l’absence d’alternative imposées par la « construction » euro-atlantique, les maires sont sans cesse sollicités par l’Elysée pour éteindre les incendies sociaux, gérer les affrontements intercommunautaires, assurer la sécurité des citoyens, amortir les dégâts des politiques capitalistes et néolibérales, entretenir des ouvrages d’art abandonnés par l’Etat, dépolluer des sites délaissés par les industriels ou empoisonnés par la grande agriculture capitaliste, etc. Comment s’étonner alors que nombre d’édiles « rendent leur tablier », tant ils mesurent leur impuissance à répondre aux injonctions contradictoires qui les somment d’en faire toujours plus avec toujours moins de moyens ?
Ce constat ne diminue pas la responsabilité politique de nombreux maires issus de LREM, des soi-disant « Républicains », du prétendu parti « socialiste » qui soutiennent la ruineuse « construction » européenne, notamment de ces « grands élus » carriéristes et courtisans qui bénéficient égoïstement de la politique de métropolisation, qui ont toujours « accompagné » les délocalisations et les privatisations, qui ont soutenu Maastricht, la Constitution européenne et le Traité de Lisbonne, qui ne s’opposent pas au CETA, qui fraient quotidiennement avec le grand capital, qui promeuvent illégalement l’anglicisation forcenée de la communication territoriale, qui financent l’école privée et qui privatisent eux-mêmes à tour de bras les services municipaux.
A fortiori, cela ne diminue pas notre détermination à combattre le RN, dont toute la politique consiste, à défaut de combattre véritablement l’UE, à diviser la population et à faire des habitants d’origine étrangère les boucs émissaires des politiques capitalistes.
C’est pourquoi, nous, élus ou anciens élus franchement communistes, déclarons notre détermination, lors des prochaines municipales,
- à combattre l’UE, le MEDEF et les partis à leur dévotion
- à dénoncer la métropolisation des territoires et sa logique de polarisation (pôles d’activités, pôles de compétitivité) qui sapent l’égalité des communes et des Français ; à promouvoir au contraire l’autonomie et la libre coopération de nos communes ;
- à défendre la vitalité de nos centres-villes, le dynamisme du commerce de proximité et des productions locales (agricoles, industrielles, halieutiques…), pour faire vivre et développer le « produire en France » ;
- à défendre les services publics (d’État et territoriaux), à soutenir l’école publique, l’hôpital public, la protection sociale et les retraites de nos compatriotes ;
- à soutenir les luttes des agents et usagers pour que la Poste redevienne un véritable service public; les luttes des cheminots et usagers pour la défense et le développement des lignes ferroviaires et guichets SNCF, etc.
- à continuer à faire de nos communes le cadre de l’épanouissement du sport amateur et des irremplaçables activités associatives.
Bref, nous RESISTERONS à côté de la population en n’ayant d’autre souci que l’emploi, le progrès social, la lutte contre la misère, les libertés démocratiques, le vivre ensemble républicain et, plus généralement, le bien-être de nos concitoyens inséparable de la souveraineté de notre pays.
- Laurent Nardi – élu municipal à Pasy – 74
- Jean Michel Padot – élu municipal à Bully-les-Mines – 62
- Bernard Colovray – ancien élu de Vénissieux – 69
- Madelaine Dupont – ancienne élue de Liévin – 89
- Jany Sanfelieu – ancienne adjointe au maire de Dannemoine – 89
- Annette Mateu Casado – ancienne adjointe au maire de Villemolaque – 66
Déclaration co-signée par
Georges Gastaud secrétaire national et parte parole national du PRCF et Fadi Kassem secrétaire national adjoint et porte parole national adjoint du PRCF
Excellent