Salle comble à Calonne-Ricouart pour le 70e anniversaire des rapatriements
Aux bâtisseurs de la Pologne populaire
Nous sommes en mai 1946. Le « grand retour à la maison » commence. A l’appel de la Pologne qui tourne le dos à son passé féodal et fascisant, des centaines d’immigrés polonais du Nord-Pas-de-Calais font le choix d’un retour outre-Oder.
Un dépôt de gerbe au pied du chevalement-potence « Pierre-Overney » en guise de préambule. Un acte symbolique en forme d’hommage à l’ensemble des mineurs de charbon polonais aux prises avec un patronat des Mines qui a, de tout temps, privilégié le rendement au détriment de la sécurité et du bien-être des travailleurs. « Au début des années 1920, les Polonais appréhendaient la France comme un Eldorado. Fuyant un pays aux mains des grands propriétaires terriens, ils venaient y chercher leur pain blanc. En guide d’Eldorado, ils seront confrontés aux accidents au fond des puits, à des morts précoces rongés par la silicose », y rappelle Jacques Kmieciak de l’association Les Amis d’Edward Gierek. La cérémonie se poursuit en mairie dans une salle comble, par la diffusion d’un documentaire imaginé, il y a une vingtaine d’années, par André Delcourt désormais maire et conseiller départemental honoraires de Calonne-Ricouart.
Une page d’histoire méconnue
L’arrivée des Polonais, l’émergence d’un puissant mouvement associatif, l’influence de l’Eglise, les luttes sociales, les expulsions pour raisons politiques sont abordées… De quoi offrir à Jacques Kmieciak de prolonger par un topo sur les retours en Pologne de 62 000 Polonais de France (soit un sur cinq) de 1946 à 1948. Il s’agit « d’une page méconnue, voire occultée, de notre histoire. Un évènement en contradiction avec l’hypothèse d’une intégration qui allait de soi des Polonais dans la société française. En République populaire de Pologne, ces rapatriés acheminés, pour la plupart, en Silésie, contribueront à la renaissance d’un pays meurtri », insiste-t-il avant de céder la parole à Wanda Jakubiak. La conseillère déléguée à Calonne évoque alors son voyage en Pologne, près de Cracovie, à l’été 1948 dans le cadre d’une colonie de vacances. Bucolique escapade dont elle conserve un « excellent souvenir ». Une séance de dédicaces autour du livre de Jacques Estager (Découverte de la Pologne, 1948) a ponctué cette soirée inédite