Réponse à François Asselineau sur les communistes en France – Vidéo
Rectification des propos de François Asselineau
MISE AU POIN(G)T. 11 décembre 2017
Dans une vidéo récente, M. Asselineau prétend que le PRCF a rallié ses positions sur le Frexit. C’est factuellement faux puisque le PRCF s’est prononcé dès sa création, en 2004 (cf l’affiche reproduite ci-dessous) pour une sortie révolutionnaire de l’UE et que, avant même que n’apparaisse le PRCF, les mouvements politiques où militaient antérieurement les fondateurs du PCF, du PCF de Jacques Duclos en passant par la Coordination communiste, avaient toujours combattu frontalement la « construction » euro-atlantique du capital. C’est même l’abandon par le PCF du marxisme-léninisme, logiquement accompagné par le ralliement à l’eurocommunisme du PCF (de la fin des années 70 à l’actuel « Parti de la gauche européenne ») qui a motivé la création d’une organisation franchement communiste afin de rassembler et d’organiser tout les communistes soucieux de faire renaître le « parti communiste français ».
L’assertion de M. Asselineau est en outre erronée politiquement puisque le PRCF, à la différence de l’UPR, affirme et démontre que le « Frexit » sera progressiste et tourné contre le grand capital, ou ne sera pas. Il n’y a donc eu aucun « ralliement » et il est facile de montrer, collection des « Initiative communiste », affiches et tracts du PRCF à l’appui, qu’en matière de lutte pour le Frexit progressiste, le PRCF devrait faire montre d’un peu moins de modestie mal placée en revendiquant la priorité en France, voire en Europe si l’on remonte, ne serait-ce qu’en 2004. C’est exactement ce que tend à démontrer l’analyse ci-après.
Le 9 décembre 2017, François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine (UPR) et candidat de l’élection présidentielle 2017, était invité par TV Libertés, pour évoquer un certain nombre de sujets, notamment celui qui constitue son credo politique depuis 2007, à savoir le Frexit (sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l’OTAN)1. Voici notamment ce qu’il a déclaré à ce sujet :
« Maintenant, il [Florian Philippot] se rallie à ce que je dis, bon bah très bien mais il n’est pas le seul, vous savez hein. Y en a du monde maintenant qui parle du Frexit. Moi j’ai vu, il y a des affiches qui ont fleuri depuis quelques mois de l’Action française ; moi j’ai vu des gens, des royalistes de l’Action française qui maintenant sont pour le Frexit. Il y a à l’autre bout de l’échelle, il y a un parti, un petit parti, il s’appelle le Parti pour une Renaissance communiste en France, le PRCF, avec Georges Gastaud, qui sont des communistes ancienne manière, qui refusent les évolutions du Parti communiste français depuis 1976, donc eux c’est des vrais marxistes-léninistes, eux aussi maintenant ils font campagne sur le Frexit. »
Reconnaissons à François Asselineau un double mérite : d’une part, sa sincérité dans sa volonté de Frexit (quand bien même nous verrons que cette volonté ne débouche pas sur une réelle perspective pour les travailleurs du pays) ; d’autre part, le fait d’affirmer que le PRCF soit composé de « vrais marxistes-léninistes ». En effet, le PRCF combat les directions mutantes du Parti communiste français (PCF) depuis Robert Hue et dénonce le tournant révisionniste sous couvert d’« eurocommunisme » des années 1970 ; il condamne l’abandon de la matrice à la base de l’Internationale créée en mars 1919 et de la Section française de l’Internationale communiste (SFIC)-PCF fondée en décembre 1920 au Congrès de Tours, à savoir le centralisme démocratique, l’unité de la classe prolétarienne au sein d’un grand parti appelant à la dictature du prolétariat pour construire le socialisme, la défense de l’indépendance et de la souveraineté populaires ET nationales (en somme, l’alliance du drapeau rouge ET du drapeau tricolore), etc.
Cependant, François Asselineau commet un certain nombre d’erreurs et surtout s’attribue la genèse d’un combat politique, le Frexit, que le PRCF a entamé bien avant que le dirigeant de l’UPR n’indique que tout le monde « se rallie à ce [qu’il] di[t] ». Signalons d’abord que le PRCF n’est pas un Parti mais un PÔLE : nous n’avons nullement la prétention de nous auto-proclamer parti communiste (contrairement d’ailleurs à d’autres formations politiques…) en lieu et place de l’actuel PCF (quand bien même ce dernier est dans un tel état léthargique de décomposition que son appellation « parti communiste » laisse plus que songeur…), mais bel et bien d’œuvrer à un rassemblement de toutes et tous les communistes, membres du PRCF, du PCF et de toute autre formation qui se revendique de l’héritage marxiste-léniniste et défend de manière critique mais franchement et sincèrement assumée le bilan de l’expérience socialiste, au sein d’un grand parti communiste appliquant les préceptes de Marx, d’Engels et de Lénine. A ce sujet, nous agissons notamment dans le cadre des Assises du communisme pour atteindre cet objectif.
Mais au-delà de cette flatteuse erreur, nous contestons totalement la réécriture de l’histoire politique par François Asselineau lorsque celui-ci déclare que d’autres formations politiques parlent de Frexit à sa suite. Il suffit pour s’en convaincre de rétablir la chronologie : le PRCF ne cesse d’appeler à la sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l’OTAN depuis… janvier 2004, année de sa fondation, comme en témoigne l’affiche de la première Convention nationale, au message on ne peut plus clair et explicite. Que nous sachions, nous ne trouvons aucune trace de l’UPR à cette époque puisque François Asselineau, sauf erreur de notre part, était encore membre de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), y compris au cours de la campagne au cours de laquelle le PRCF s’est opposé au Traité établissant une constitution pour l’Europe (TECE), contribuant ainsi à l’historique victoire du NON le 29 mai 2005. Notons d’ailleurs que nous ne remettons pas en cause l’euroscepticisme de François Asselineau dès cette époque, son adhésion en 1999 au Rassemblement pour la France ET l’indépendance de l’Europe (RPF) de Charles Pasqua et Philippe de Villiers le prouvant, avant de rejoindre le Rassemblement pour l’indépendance et la souveraineté de la France (RIF) de Paul-Marie Coûteaux, puis de fonder l’UPR le 25 mars 2007, jour du cinquantenaire de la signature des traités de Rome ayant donné naissance à la Communauté économique européenne (CEE) et à la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA) et… trois ans après la fondation du PRCF ! Autrement dit, s’attribuer la paternité du Frexit relève de la plus grande malhonnêteté intellectuelle ; signalons d’ailleurs que le PRCF ne cherche pas à entrer dans une compétition d’attribution de genèse d’un discours politique (pour laquelle il occuperait malgré tout une place de choix), mais tout simplement à rassembler sur son projet qui constitue sa raison d’être depuis sa création en 2004, c’est-à-dire les QUATRE SORTIES : de l’UE, de l’euro, de l’OTAN ET du capitalisme.
C’est d’ailleurs une divergence fondamentale avec l’UPR, dont le projet de triple sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN ne propose pas de perspective pour les travailleurs, mais vise à retrouver – ambition tout à fait louable – la souveraineté et l’indépendance nationales… MAIS nullement populaires, c’est-à-dire faire de ce Frexit non une fin en soi mais un instrument au service de l’émancipation du prolétariat et de la lutte finale contre le capitalisme : en somme, réaliser un Frexit PROGRESSISTE porté par une classe ouvrière unie au sein d’un puissant Parti communiste franchement marxiste-léniniste. Ce Frexit progressiste nécessite de constituer un FRAPPE, un grand Front antifasciste, patriotique, populaire et écologiste rassemblant toutes les forces désireuses de reconquérir la souveraineté populaire et de construire le socialisme en rompant avec une UE anticommuniste dès ses origines, et ce avant 1945 : que l’on songe que la CECA n’est que le copier-coller de l’Entente internationale de l’acier (EIA) créée en septembre 1926 pour détruire les souverainetés populaires et nationales et construire une Europe germano-atlantiste hostile à l’Internationale communiste. Si François Asselineau veut revenir à une sorte de capitalisme gaullien des Trente Glorieuses, le PRCF veut construire le socialisme internationaliste.
A cette divergence fondamentale s’ajoute une autre concernant à la fois la stratégie et la cohérence même du projet de Frexit. En 2014, le PRCF a mené campagne en faveur du BOYCOTT des élections européennes par refus de cautionner une UE totalement illégitime, cette dernière n’étant qu’une dictature supranationale du capitalisme détruisant la souveraineté populaire, l’indépendance nationale, les acquis sociaux, les partis communistes (voit-on l’UE s’émouvoir de l’interdiction du Parti communiste polonais où l’extrême droite réactionnaire et fasciste défile sans problème comme à Varsovie le 11 novembre 2017), les syndicats (dont les états-majors capitulards ont adhéré à la Confédération européenne des syndicats (CES) « jaune ») et plus généralement la démocratie. Car comme l’a très justement rappelé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (par ailleurs expert en défiscalisation avantageuse pour les puissantes FTN plaçant leurs bénéfices dans les paradis fiscaux…) en janvier 2015 dans un rare élan de sincérité suite à la victoire électorale de Syriza en Grèce : « Il n’y a pas de choix démocratique contre les traités européens ». Il est donc très surprenant de constater que François Asselineau, auto-proclamé père du Frexit, présente des candidats aux élections européennes, donnant ainsi du crédit à une institution ne méritant que le mépris et le combat pour sa destruction sans aucun compromis. Peut-être existe-t-il la croyance, totalement illusoire et irréaliste, que le combat peut être mené de l’intérieur de l’UE ; peut-être aussi est-ce un moyen de recevoir des subventions, certes utiles et bienvenues mais contradictoires avec le message défendu, de la part de l’UE. Toujours est-il que ce choix constitue une grave faute politique et stratégique que refuse de commettre le PRCF car plus l’abstention est forte, plus l’illégitimité « démocratique » de l’UE est claire. L’appel au boycott rencontre d’ailleurs un grand écho auprès des classes populaires : faut-il rappeler que ces dernières ont massivement rejeté le TECE (79% !) le 29 mai 2005 et souhaitent de plus en plus sortir totalement et définitivement d’une UE qu’elles condamnent depuis longtemps.
Cette question stratégique explique d’ailleurs l’attitude du PRCF lors de la dernière élection présidentielle. Alors que des observateurs auraient pu s’attendre à un appui à l’UPR, le PRCF a choisi de soutenir un candidat portant, avec ses contradictions, un projet débouchant sur le Frexit progressiste : Jean-Luc Mélenchon. Ce soutien critique à la candidature du principal représentant de la France insoumise (FI) obéissait à une tactique cohérente : défendre un projet de gauche – quand bien même imparfait et insuffisamment à gauche pour les communistes que nous sommes, mais tellement plus à gauche que les orientations fixées par la direction du « PCF » – nécessitant de rompre avec une UE qui n’aurait jamais accepté, et n’acceptera jamais, un tel programme progressiste. Autrement dit, il était préférable de peser et d’influencer sur une candidature qui pouvait espérer atteindre le second tour (ce qui fut le cas à 700.000 voix près) et susceptible de réduire l’influence de l’européiste Front national (objectif d’ailleurs en partie atteint, en témoigne le score – toujours trop élevé – de Marine Le Pen le soir du premier tour le 23 avril dernier), plutôt que de soutenir une candidature à très faible écho médiatique et qui, de surcroît, ne se signalait pas par son projet anticapitaliste que l’on retrouve volontiers dans le programme et les discours de Mélenchon et de certains de ses amis. Signalons ainsi qu’à la Convention nationale de la FI le 25 novembre dernier, Jean-Luc Mélenchon a repris dans son discours un des slogans proclamés depuis longtemps par le PRCF en évoquant la nécessité de « Briser les chaînes » : oui, BRISONS LES CHAÎNES DE L’UNION EUROPEENNE, comme ne cessent de le proclamer nos affiches sans avoir attendu la candidature de François Asselineau2 ! Ce dernier peut certes dénoncer – assez justement – le silence médiatique (toutefois pas total dans le cas de l’UPR, contrairement à celui subi par les militants du PRCF…) ayant réduit son score à la portion congrue (0,92%, soit moins que la candidature de Jean Lassalle) ; mais l’absence de cohérence idéologique, électorale (on ne peut convaincre des classes moyennes qui acceptent encore l’UE à défaut d’y adhérer réellement) et stratégique explique ce résultat, alors que le choix du PRCF n’était pas loin de s’avérer victorieux – du moins pour un accès au second tour de l’élection présidentielle, car gageons que la droite réactionnaire et fascisante et une partie de la « gauche » « socialiste » aurait appelé au barrage à JLM, tandis que le FN aurait certainement massivement appelé à l’abstention.
De fait, il n’existe qu’un seul Frexit possible : le FREXIT PROGRESSISTE, conduit par la classe ouvrière réunie au sein d’un véritable parti communiste assumant l’héritage marxiste-léniniste et qui prendrait la tête d’un FRAPPE ouvert aux forces patriotes ET progressistes, seul capable de créer un véritable rapport de force pour définitivement briser les chaînes de l’Union européenne. N’en déplaise à François Asselineau, nous n’avons nullement besoin de nous rallier à ce qu’il condamne (fort justement) pour nous positionner en faveur d’un Frexit, que nous défendons depuis presque 14 ans dans le total silence médiatique et qui est une première étape fondamentale pour construire le socialisme ! De même, nous continuerons notre campagne (entamée bien avant le printemps 2017 !) d’affichage partout, d’Auch à Paris, de Bordeaux à Rennes, de Lille à Marseille, de Nice à Montreuil, pour porter notre message : SORTIR DE L’UE, DE L’EURO, DE L’OTAN ET DU CAPITALISME !
1 L’entretien intégral est disponible au lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=2TcbiLa5Q5o
2 Voir à ce sujet l’article au lien suivant : https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/france-insoumise-capitalisme-leurope-analyse-discours-de-jlm-samedi-25-novembre-2017/
-Je suis toujours avec attention vos articles mais si vous êtes d’accord sur l’essentiel seule la méthode diverge pour sortir du Frexit… mais l’oligarchie a tellement été surprise qu’ils se sont jurés qu’on ne les y reprendraient plus. Ce qui menace le + viendrait de la BCE et des banques qui jouent au casino avec les économies des épargnants jusqu’ les rincer. Les médias mainnstream font silence là-dessus : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-tocsin-199651
https://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2017/11/21/bce-veut-bloquer-comptes-bancaires-en-cas-de-crise-financiere/
..et sonner le glas de cette UE. Un seul refuge l’or comme les anciens qui gardaient autrefois des napoléons chez eux mais Macron qui cherche à ramener le fric dans les banques, prendra des mesures pour taxer aussi l’immobiler, les assurances-vie pour 2018 et oups !… car l’Etat Français considère les métaux précieux comme 1 signe extérieur de richesse mais pas dans nos pays alentours…c’est 1 parade contre l’insécurité des marchés :
https://www.capital.fr/votre-argent/or-vos-napoleon-seront-bientot-plus-fortement-taxes-1251171