1 juin 2022 – Les « économistes » d’État et les éditorialistes pro-MEDEF sont à la manœuvre pour expliquer qu’il faut, certes, reculer de trois ans l’âge de départ à la retraite et diminuer les indemnités chômage, bref, taper sans fin sur le monde du travail, mais qu’en revanche, augmenter de manière globale les petits et moyens salaires, ce serait plomber la France et lancer le « cycle infernal de l’inflation »… D’ailleurs l’État n’a pas les moyens, nous dit-on, de « tordre le bras » aux patrons puisque « charbonnier est maître chez lui »…
Tout cela n’est que mensonge intéressé au seul profit des capitalistes. Cela au moment même où pousser par la crise systémique du capitalisme et sa guerre impérialisate en Ukraine, l’inflation dépasse très officiellement les 5% en ce mois de mai 2022
LA PREUVE PAR MAI 68 : +35% pour le SMIC, +10% pour tous les salaires
Tout d’abord, rappelons un fait historique que ma génération a vécu en 68: alors que le ministre des Finances d’alors, Giscard d’Estaing, expliquait déjà qu’il fallait comprimer les salaires pour préserver l’économie, les indociles salariés de l’époque se sont massivement mis en grève à l’appel du PCF et de la CGT de classe d’alors; Pompidou et le grand patronat craignant de perdre le pouvoir ont alors accepté de massives augmentations de salaires, et non seulement l’économie ne s’est pas effondrée, mais la France a connu la plus grande expansion de l’après guerre. Certes le patronat a tenté de rattraper le coup en augmentant les prix, mais les travailleurs d’alors ne cessaient pas de revendiquer si bien que la séquence de l’après mai 68 a surtout débouché sur une période de luttes intenses pour le progrès social, le mouvement ouvrier passant à l’offensive et le capital parant les coups…
SALAIRES, PRIX… ET PROFITS
Car il y a un gros mensonge dans l’idée que l’augmentation des salaires aboutirait forcément à la hausse des prix. C’est oublier la plus value du capital, socle de l’exploitation capitaliste. En réalité, il est possible que les salaires augmentent et pas les prix. Il suffit pour cela que le patronat paie réellement cette augmentation salariale, non pas en la reportant sur ses clients, c’est à dire pour finir, sur des salariés, mais en réduisant ses profits et autres dividendes. Et à notre époque, il s’agit même d’un simple rattrapage salarial urgent, tant les salaires ont stagné tandis que les profits explosaient, sans parler de la valeur moyenne du CAC 40 et des actions en général.
En 2021 les profits ont continué d’augmenter de façon considérables. les profits cumultés des 40 premières entreprises de la capitalisation boursières à Paris (CAC40) ont dépassé les 137 milliards d’euros et ces entreprises ont versés 70 milliards d’euros de dividendes ou de rachats d’action, soit une hausse de 15% par rapport au précédent record de 2007 (57 milliards d’euros). Des profits qui plus largement gonflé par les aides publiques versées en 2020 au titre du covid-19 au grand groupe mais également par le soutien apporté par les financements directs de la BCE. Sur cette même année 2021, les salaires n’ont quasiment pas évolués (+1.4% d’après l’INSEE). L’inflation officielle était du double, 2.8%.
DEUX DISPOSITIFS SIMPLES POUR CONTRAINDRE LE PATRONAT A NE PAS REPORTER SUR LES PRIX LES AUGMENTATIONS SALARIALES.
Il suffirait pour l’essentiel,
a) de bloquer les prix des denrées essentielles,
b) de rétablir l’échelle mobile des salaires et des prix telle qu’elle exista jusqu’en 83, avant que Mitterrand et Delors, ministre des Finances et futur président de la commission européenne, aidés pour ce sale boulot par le ministre « communiste » de la fonction publique Anicet Le Pors, n’eussent supprimé l’indexation des salaires sur les prix. Tout cela au nom du » franc fort » et de la prochaine mise en place de la monnaie unique européenne arrimée au Deutsche Mark…
« CHARBONNIER MAÎTRE CHEZ SOI »… SAUF SI ON LE NATIONALISE…
Quant à l’argument selon lequel l’État n’a pas la main sur le privé, il est triplement mensonger.
D’abord, l’État au service du patronat est le premier à bloquer les salaires des travailleurs de la fonction publique depuis… 2008, donnant ainsi le la pour l’ensemble des négociations salariales y compris dans le privé. Il s’agit aussi pour nos gouvernants maastrichtiens successifs, les Sarko, Hollande et autre Macron, de stabiliser l’arrimage du franc au Mark allemand, bref de ménager à tout prix l’euro, clé européenne de la mondialisation capitaliste.
Ensuite, ce sont les gouvernements maastrichtiens successifs qui n’ont cessé de privatiser, là encore pour obéir aux traités européens. C’est le privé qui décide, nous objecte-t-on ? Mais qui décide de ce qui est privé ou de ce qui ne l’est plus, si ce n’est l’État? Que le mouvement ouvrier impose à nouveau comme en 1937 ou en 1945, une vague de nationalisations et même qu’il exige que soit nationalisé, sans indemnisation pour les gros actionnaires gavés de subventions publiques dispensées sans contrôle, et l’on verra si le patronat ne file pas doux, comme il fut forcé de le faire en 1945 quand existait encore en France un PCF marxiste-leniniste et une CGT de classe… Et quand notre classe ouvrière rouge n’avait pas peur de brandir le mot d’ordre de dictature du prolétariat porté par les militants franchement communistes de cette époque !
EN RÉALITÉ, ON NE PEUT AVANCER D’UN PAS sur les revendications salariales et autres si l’on craint
a) de heurter frontalement l’UE et l’euro, ces dispositifs conçus de A à Z pour écraser les travailleurs tout en dopant l’exploitation capitaliste,
b) contester la propriété capitaliste des moyens de production et le pouvoir d’État du grand capital
c) mettre en cause l’OTAN et la politique de guerre de l’impérialisme euro-atlantique et de son vassal français: ils ont de l’argent à revendre pour entretenir la guerre en Ukraine, mais ils crient misère quand il s’agit de permettre aux travailleurs de gagner honnêtement leur pitance ou d’avoir accès aux urgences hospitalières dans des conditions décentes…
d) travailler au Tous ensemble et en même temps des travailleurs pour les salaires, les retraites, les services publics, le produire en France. Pour cela, il faudra secouer la chape de plomb des directions syndicales euro-formatees qui restent l’arme au pied alors que les salariés tirent la langue, que les richards se gavent, que l’OTAN et l’UE coalisés marchent vers une conflagration globale avec la Russie… Il est vrai que les actuels états-majors confédéraux n’ont actuellement d’autre souci que de ménager le dialogue social bidon d’Élisabeth Borne, que de complaire à la Confédération Européenne des Syndicats et que de ne pas lâcher d’un pas la direction super-jaune de la CFDT…
GRANDS ET PETITS PATRONS
Il n’y a pas que le grand patronat qui exploite grandement, mais l’on peut entendre que nombre de PME n’ont pas les moyens d’augmenter fortement les salaires. Mais d’abord, il n’y a aucune raison pour que les salariés portent seuls le poids de l’inflation. Si les prix augmentent et que les salaires ne suivent pas, il faut bien que la différence aille dans la poche de quelqu’un… Ensuite, il revient au patronat, grand, moyen et petit de créer un mécanisme de péréquation permettant l’augmentation des salaires sans ruiner les petits patrons au profit des gros. Si le MEDEF, protecteur en réalité du CAC 40, ne veut pas de ce mécanisme de péréquation, il revient à l’État de l’imposer; et si l’État (bourgeois) ne veut pas l’imposer, il incombe aux travailleurs de l’imposer à l’État, voire de licencier cet Etat pour mettre en place LEUR État au service de la population laborieuse.
LA FAUTE À LA GUERRE EN UKRAINE ?
Il est largement mensonger d’accuser la guerre en Ukraine d’être la cause exclusive de l’inflation actuelle des prix car cette inflation avait commencé bien avant le 24 février. Comment en outre ne pas voir que la multiplication par trois du prix moyen du blé sur le marché mondial est avant tout liée à la spéculation sur les matières premières: en effet, la honteuse surinflation du prix du blé s’applique évidemment au blé récolté à l’été 2021, bien avant la guerre ouverte en Ukraine… Et en admettant que la guerre actuelle ait un rôle inflationniste, cela signifie qu’il faut d’urgence lier l’action pour le pouvoir d’achat à l’exigence de négociation et de désescalade, et non à la furie guerrière russophobe des Macron, Le Maire, Sandrine Rousseau, et autres membres du « New PS » qui prennent même Macron de droite en appelant irresponsablement à « humilier Poutine »…
Bref, la clé pour l’augmentation générale des salaires et des pensions, ce n’est pas de s’en remettre aux emplâtres sur une jambe de bois de Macron et du faux syndicalisme d’accompagnement, c’est de construire le rapport des forces « en bas », sans s’en remettre à quelque bonimenteur que ce soit, c’est de travailler du même pas à la République sociale, à l’indépendance nationale et à la défense de la paix mondiale.
Sans perdre de vue la nécessité du socialisme pour la France et de la paix pour le monde.
C’est urgent !
Signez la pétition pour l’augmentation des salaires et le blocage des prix cliquez ici
A lire : Karl Marx salaires, prix et profits